Dans un monde en perpétuelle évolution, le progrès des nations et des sociétés, de chaque individu est probablement plus que jamais liés à leur capacité d’adaptation au changement ainsi qu’à leur capacité d’acquisition et de partage de connaissance.
La théorie du capital humain, approche économique contemporaine de l’éducation qui s’est développée à partir de la fin des années 1950 avec les travaux de Théodore Schultz (1961), Garry Becker (1962) et Jacob Mincer (1958, 1974), a depuis lors influencé l’évolution des systèmes d’enseignement. De nos jours, la prise en compte de la dimension économique de l’éducation s’est imposée. Les liens entre l’éducation, les salaires, le chômage, la croissance économique et les inégalités sociales sont au cœur du débat public, comme en témoigne l’inscription par les Nations Unies de l’universalisation de l’enseignement primaire parmi les « Objectifs du Millénaire » à atteindre en 2015 pour réduire la pauvreté.
Interaction entre Education et Pauvreté
LA PAUVRETE A MADAGASCAR
La pauvreté est la condition dans laquelle se trouve un être humain qui est privé de manière durable ou chronique des ressources, des moyens, des choix, de la sécurité et du pouvoir nécessaires pour jouir d’un niveau de vie suffisant et d’autres droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. La pauvreté se définit comme l’impossibilité de satisfaire les besoins fondamentaux de la vie et de l’inaptitude de l’individu ou du ménage à se procurer le minimum de bien et de service nécessaire. La définition adoptée par l’Union Européenne le souligne tout en rappelant que la pauvreté ne se réduit pas à l’insuffisance des ressources monétaires , qu’elle se caractérise aussi par le cumul des handicaps en matière de relation sociales , d’ instruction , de santé , etc. : « Sont pauvres les individus , les familles et les groupes de personnes dont les ressources (matérielles , culturelles et sociales ) sont si faibles qu’ils sont exclus des modes de vie minimaux acceptables dans l’Etat membres dans lequel ils vivent . » .
SITUATION GENERALE DE LA PAUVRETE
Malgré les potentialités de Madagascar en ressource naturelle, Madagascar est classé parmi les Pays les Moins Avancés (PMA). A la fin des années 70, le PIB par habitant à Madagascar correspondait à la moyenne des autres pays en développement, il n’est plus aujourd’hui que d’environ la moitié. En 2008, le produit intérieur brut (PIB) était de 6 milliards de dollars, soit un PIB par habitant de 373 dollars. La Grande Ile a vécu trois décennies de déclin économique et appartient désormais à la catégorie des pays à faibles ressources humaine. Le Malgache moyen s’en retrouve sensiblement plus pauvre que ne l’étaient ses parents ou ses grands-parents. Selon le rapport Mondial sur le développement Humain 2006 , Madagascar fait partie des pays à faible développement humain et se retrouve à la 146è position sur 177 pays. À l’égard d’un taux d’incidence très élevé de 69% en 2008, la situation de pauvreté de Madagascar s’est quelque peu redressée entre 2002 et 2008. Ce perfectionnement est susceptible particulièrement en milieu urbain. Elle n’est pas toutefois univoque pour chaque faritany, puisque si certains voient leur situation s’améliorer, pour d’autres, elle s’est détériorée. D’un autre côté, le milieu rural n’a cessé de s’appauvrir. L’état actuel du niveau du revenu à Madagascar est venu d’un long processus caractérisé, entre autres, par une faiblesse de croissance économique qui résulte d’un niveau insuffisant de l’investissement (moins de 15% du PIB) et un taux démographique relativement élevé (de l’ordre de 2,8%).
ANALYSE DE LA PAUVRETE
La pauvreté peut être définie comme un non jouissance des fruits de la croissance pour satisfaire les biens essentiels de base. Selon cette définition, l’analyse de la pauvreté est basée sur les caractéristiques de la pauvreté et les profils de la pauvreté .
Caractéristique de la pauvreté
La pauvreté se caractérise par le niveau de pauvreté mesuré par le taux de pauvreté, l’intensité de pauvreté et l’indicateur de développement humain élevé. Les normes internationales définissent les pauvres comme les individus dont les ressources sont insuffisants pour consommer, en plus des éléments non alimentaires indispensables, une ration alimentaire de 2133 calories par jours, le minimum censé être nécessaire pour entretenir une vie normale et active. En appliquant cette définition, le seuil de pauvreté a été évalué à 1$ par jour par individu en 2008, ce qui a permis de calculer le taux de pauvreté ou incidence de pauvreté. Ce taux détermine la proportion des gens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et est estimé à 69.6% en 2008 pour Madagascar.
Pour connaître le sort des pauvres, le taux de pauvreté est complété par l’intensité de pauvreté. Elle mesure la gravité de la situation des pauvres et détermine l’écart en pourcentage du revenu moyen des pauvres par rapport au seuil de pauvreté. Cette dernière est évaluée à 34.9% en 2008. La crise politique de 2002 a eu des répercussions négatives sur la situation de la pauvreté qui s’est détériorée en 2003 par rapport en 2000(73.3% contre 70.2%) et est devenu plus intense. Mais le redressement économique depuis 2003 se traduit par une amélioration progressive de la situation, le taux de pauvreté en 2006 étant estimé à 70.4% niveau comparable à celui de 2000. Cette amélioration s’est poursuivie jusqu’en 2008 pour atteindre une baisse de l’incidence de pauvreté de 69.6%. Par contre l’intensité nous révèle un état presque stationnaire de la pauvreté. Madagascar est encore classé parmi les pays les plus pauvres du monde. Plus de deux personnes sur trois sont pauvres. L’indicateur de pauvreté humaine (IPH), permet ainsi de situer le progrès de développement de Madagascar par rapport aux autre pays. L’indicateur se concentre sur trois aspects essentiels sous l’angle des manques de la vie humaine : la longévité, l’instruction et des conditions de vie décente. Avec un IPH de 0,467 en 2007, Madagascar fait partie des pays dont la pauvreté humaine est élevée. Pourtant, par rapport à l’année 2002, l’IPH (0,6) a connu une baisse de 13.3%, traduisant une amélioration de la répartition du développement humain au sein de la population.
Profil de la pauvreté
La pauvreté à Madagascar est un phénomène rural et connait des variations importantes d’une région à l’autre ainsi que suivant les groupes socioéconomiques et le genre.
Phénomène rural
Plus de trois quart des pauvres habitent en milieu rural. Les consommations par tête en milieu rural, elles sont inférieures au seuil de pauvreté et représentent 32.5% en moins par personne par rapport à celle de la Capitale. Quant à l’intensité de la pauvreté, elle est plus prononcée (39.8% contre 18.3%) en 2007 et accuse une dégradation de la situation des pauvres en milieu rural.
Hétérogénéité de la pauvreté suivant les régions
Le phénomène de pauvreté connaît des variations importantes d’une région à l’autre. En termes de revenu, la pauvreté est localisée à Fianarantsoa et Toamasina avec un taux de pauvreté avoisinant 80% en 2007. Elle est moins forte dans la province d’Antananarivo par rapport aux autres régions. Il est 10% plus probable qu’une personne soit pauvre si elle vit à Fianarantsoa par rapport à Antananarivo. A Toamasina ce taux est de 13%.
En générale, la catégorie socioéconomique du chef de ménage détermine le niveau de dépense du ménage, donc sa situation vis-à-vis de la pauvreté monétaire. L’étude de l’INSTAT confirme que les ménages dont le chef exerce comme principale activité l’agriculture ou l’élevage sont dans la majorité les plus touchés par la pauvreté.
Incidence du genre
En milieu rural, la disparité de la pauvreté est très marquée avec un bas niveau d’Indicateur Sexo-spécifique de Développement Humain (ISDH) de 0.354 par rapport au milieu urbain où il est de 0.596. Au niveau régional, la disparité sociologique entre Homme et Femme vis-à-vis du développement humain se retrouve dans toutes les régions avec un accent plus marqué pour la province de Fianarantsoa. Au niveau de l’éducation, on constate que l’analphabétisme concerne plus que les femmes (50.6%). Le taux net de scolarisation du sexe féminin est de 70.2% contre 79.8% pour le sexe Masculin. Le taux de transition des filles (du primaire au secondaire) est souvent inférieur à celui des garçons.
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Table des matières
INTRODUCTION
Première partie. Interaction entre Education et Pauvreté
CHAPITRE I : LA PAUVRETE A MADAGASCAR
I. SITUATION GENERALE DE LA PAUVRETE
II. ANALYSE DE LA PAUVRETE
1. Caractéristique de la pauvreté
2. Profil de la pauvreté
III. FACTEURS DETERMINANTS DE LA PAUVRETE
Les facteurs déterminants de la pauvreté sont les niveaux d’accès aux actifs incorporés dans la production et les facteurs entravant l’augmentation de la productivité
1. Les actifs primordiaux
2. Les facteurs entravant l’augmentation de la productivité
CHAPITRE II : L’EDUCATION A MADAGASCAR
I. L’ENSEIGNEMENT
1. La petite enfance
2. L’éducation de base
3. Formation technique et professionnelle
4. Enseignement supérieur
II. STRUCTURE DU SYSTEME EDUCATIF MALGACHE
1. L’offre en matière d’éducation
1. La demande en matière d’éducation
CHAPITRE III : EDUCATION VERIFIE LA PAUVRETE
I. LE NIVEAU D’INSTRUCTION
L’ALPHABETISATION
II. CORRELATION ENTRE PAUVRETE ET NIVEAU D’INSTRUCTION
Deuxième partie. Education : une priorité pour la lutte contre la pauvreté
CHAPITRE IV : EDUCATION : UN INVESTISSEMENT EN CAPITAL HUMAIN
I. PORTEE MICROECONOMIQUE DE L’EDUCATION
1. Modèle de Ben- Porath
2. Modèle de Becker
II. PORTEE MACROECONOMIQUE DE L’EDUCATION
III. LA CONNAISSANCE : UNE NECESSITE POUR LE DEVELOPPEMENT
1. L’importance de l’investissement dans le capital humain
2. Le développement résultant de la connaissance
3. Retombées pour la croissance économique générale
CHAPITRE V : LES PROBLEMES ET DEFIS DU SECTEUR EDUCATIF MALGACHE
III. Initiatives pour la réforme et le développement du secteur
1. Priorisation de l’éducation
2. Actions éducatives susceptibles d’être propices aux plus pauvres
CONCLUSION
TABLE DES MATIERES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES