La transposition didactique dรฉfinie par Chevallard et Joshua(1985 )
ย ย ย ย ย ย ย Pour Chevallard, celui qui dรฉtient le savoir est la communautรฉ scientifique ; on parle ici de savoir savant. Cette transposition didactique sโintรฉresse alors ร un seul savoir. Pour lui, la construction du savoir de lโรฉlรจve c’est-ร -dire du savoir enseignรฉ doit avoir la mรชme construction que celui du savoir savant. Chevallard insiste sur le fait que lโadaptation du savoir au milieu scolaire ne doit pas รชtre simplifiรฉ, il doit รชtre reconstruit. La contrainte de cette dรฉfinition cโest que le savoir nโest pas enseignable sous forme de ยซ savoir savant ยป.Il faut trouver un mรฉcanisme prรฉcis pour rรฉaliser cette extraction de savoir de lโenvironnement du savant ร lโenvironnement de lโรฉlรจve, tout simplement parce que les discours y sont diffรฉrents. De cette difficultรฉ de prendre comme rรฉfรฉrence lโenvironnement du savant ร nโimporte quelle circonstance quโest nรฉe lโidรฉe de transposition de Martinand ( 1992).
Le rรฉfรฉrent empirique
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Le concept de rรฉfรฉrence nโest pas seulement liรฉ aux pratiques de rรฉfรฉrence, il lโest aussi avec la notion de champ empirique de rรฉfรฉrence ou rรฉfรฉrent empirique ( Martinand, 1986) Si la transposition didactique est une relation entre pratiques sociales de rรฉfรฉrence et activitรฉs scolaires, la notion de rรฉfรฉrent empirique rรฉside dans la relation entre modรจle et concept. Si le modรจle joue un rรดle analogue aux ยซ thรฉorรจmes ยป on lโappelle ยซ rรฉfรฉrent ยปโ. Mais en sciences expรฉrimentales ce modรจle peut aussi รชtre constituรฉ de descriptions, de manipulations ou de rรจges dโactions . dans ces cas il a un statut ยซ empirique ยป, le modรจle sera alors un rรฉfรฉrent empirique. Le rรฉfรฉrent empirique est donc lโensemble des objets, des phรฉnomรจnes, des actions qui sont mis en jeu pour la construction de concepts scientifiques.Martinand divise ce rรฉfรฉrent empirique en trois composants :
– la phรฉnomรฉnotechnique : cโest lโensemble des connaissances mises en ลuvre pour rรฉussir les manipulations,
– la phรฉnomรฉnographie : cโest la description basรฉe sur le ยซ dรฉjร lร ยป c’est-ร -dire avec un prรฉ-acquis ;
– et la phรฉnomรฉnologie qui est la description seconde dโun rรฉfรฉrent oรน le modรจle se projette sur un thรฉorรจme.
Vergnaud ( 1990 ) a proposรฉ lโarticulation entre la rรฉfรฉrence, le signifiรฉ et le signifiant dans le fonctionnement du concept scientifique. Appliquรฉ aux sciences expรฉrimentales et par rapport aux รฉtudes faites par Martinand sur lโรฉlรฉment chimique :
– le rรฉfรฉrent empirique peut รชtre des objets, des phรฉnomรจnes, des manipulations, des rรจgles, โฆ
– le signifiant reprรฉsente ce quโon ยซ voit ยป donc fait appel ร lโobservation ;
– et le signifiรฉ fait appel ร ยซ ce que cela veut dire ยป c’est-ร -dire lโinterprรฉtation.
Lโabsence de lโun dโentre eux alors remet en cause la raison dโรชtre des sciences expรฉrimentales. Dans le cas des collรจges de Madagascar oรน lโinfrastructure oblige ร ยซ inventer ยป lโenseignement de la chimie au collรจge, on peut affirmer quโil y a une variable didactique. A premiรจre vue, sans pour autant quโon puisse affirmer, il y a un manque de rรฉfรฉrent empirique chez les collรฉgiens. Nous sommes alors partant pour aller chercher ce rรฉfรฉrent empirique en dehors desquatre murs dโun laboratoire. Pour ce faire, nous allons nous placer dans le domaine du cadre thรฉorique de la transposition didactique de Martinand.
Enquรชte au niveau des praticiens
ย ย ย ย ย ย ย ย Cette enquรชte au niveau des praticiens est un peu le cลur du travail de DIALLO. Elle a pour objectif de repรฉrer ยซ ce qui peut รชtre utilisรฉ ยซ tel que ยป comme rรฉfรฉrent ยป. Il sโagit de savoir ce quโils font, ce quโils utilisent, ce quโils produisent mais aussi de savoir les risques de leur mรฉtier et leur avis et actes sur la protection de lโenvironnement. Cette enquรชte a รฉtรฉ abordรฉe sous forme dโentretiens ร deux รฉtapes. La premiรจre รฉtape sert ร choisir quelques types de pratiques. Ce choix est basรฉ sur lโaccessibilitรฉ, surtout par les รฉlรจves, des pratiques sociales. Elles doivent รชtre des pratiques courantes et permettre aux รฉlรจves un frais de dรฉplacement gratuit. Lโarticulation au programme est aussi un critรจre important ; la prioritรฉ est donnรฉe aux pratiques ouvrant ร plusieurs rรฉfรฉrents. Dix pratiques sociales ont รฉtรฉ alors choisies. Une fois ces choix faits, des sรฉries dโentretiens ont รฉtรฉ effectuรฉes avec au minimum deux professionnels par pratique sociale, soit 20 praticiens interviewรฉs. Lโenquรชteur a posรฉ des questions en termes รฉlaborรฉs selon le cheminement suivi par le professionnel. En gรฉnรฉral, pour tous les praticiens, le protocole dโentretien comporte des questions dont les buts sont de faire parler ces derniers :
– de leurs instruments de travail (de fabrication ou de vรฉrification)
– des techniques utilisรฉes dans sa profession (selon le cas, cela peut รชtre des techniques de sรฉparation, dโextraction, de fabrication, de mesure, de chauffage โฆ)
– des matiรจres premiรจres utilisรฉes, comment font-ils pour juger de la qualitรฉ de ces derniรจres ?
– du problรจme de sรฉcuritรฉ dans leur profession,
– du rapport de leur profession avec les transformations chimiques.
DIALLO a aussi demandรฉ, dโabord si le praticien accepte de recevoir la visite dโรฉlรจves ou dโenseignants. Dans lโaffirmation, comment compte-t-il prรฉsenter ses activitรฉs dans le cadre dโun enseignement de chimie ? Une grille dโanalyse des discours des professionnels a alors รฉtรฉ รฉtablie en fonction de lโanalyse du programme, des entretiens avec les enseignants et les rรฉsultats du questionnaire adressรฉ aux รฉlรจves. Ainsi, pour chaque profession, il a pu tirer :
– ce qui peut constituer un rรฉfรฉrent empirique
– ce que les professionnels peuvent apporter comme savoirs,
– et les relations quโils peuvent รฉtablir avec lโรฉcole.
De ces entretiens avec les praticiens, DIALLO affirme que des objets, des outils, des phรฉnomรจnes โฆ peuvent servir de rรฉfรฉrent dans le cadre du programme. Les techniciens et artisans sont prรชts ร collaborer pour montrer et commenter ce quโils savent. Ils sont conscients de la limite de leurs connaissances (la plupart dโentre eux ayant appris le mรฉtier par lโobservation) et de ce fait ils souhaitent que lโรฉcole apporte des bases pour amรฉliorer leur pratique. DIALLO affirme que la collaboration avec les praticiens peut รชtre faite sur la base de lโobservation, de beaucoup de patience et de peu dโexplication de leur part. Aprรจs ces entretiens, DIALLO sโest concertรฉ avec les quatre enseignants partenaires pour lโรฉlaboration dโactivitรฉs ร lโintention des รฉlรจves.
Points de vue des enseignants sur les savoirs des praticiens
ย ย ย ย ย ย ย ย Pour les techniciens dโusines, les enseignants sont unanimes quโils ont des savoirs et quโon peut compter sur eux pour aider ร lโenseignement de la chimie. Dโailleurs, lors des visites dโusines, les enseignants prรฉcisent seulement ร ces techniciens ce quโils veulent et ils sont lร aussi ร รฉcouter. Mais au niveau des artisans, trois points de vu sont sortis :
– le premier cโest quโil y en a qui accepte que ces praticiens ont des savoirs dโaction mais quโils ne veulent pas quโils interviennent dans les classes.
P3: ยซ Non, je vais me servir de lui seulement pour apprendre ร faire des expรฉriencesยป
– un autre groupe qui hรฉsite encore pour le faire participer,
P2: ยซ il se peut quโon puisse tirer quelque chose de ces artisans mais il faut bien sโarranger avec eux sur lโorganisation ; de toute faรงon parce que cโest leur mรฉtier donc ils savent quelque chose lร -dessus que moi ยป
P3 : ยซ Je ne crois pas trop quโils puissent nous aider [โฆ] mais cela peut se faire quand mรชme, mรชme si cโest pour sโapprocher des matรฉriels, des outils quโils utilisent [โฆ] sโils ont un bagage intellectuel, exemple des diplรดmรฉs mais en situation de chรดmage, ils peuvent nous รชtre trรจs utilesยป
– enfin, un autre groupe qui est particuliรจrement enthousiaste.
P5 : ยซ eh oui ! cela peut รชtre une bonne idรฉe dโaller visiter les artisans, โฆ je nโai jamais pensรฉ ร รงa,โฆยป
P1 : ยซ mais avec les artisans,โฆ cโest sรปr quโils ont des savoirs mais il faudrait rรฉflรฉchir comment on va travailler avec eux, cโest รงa, โฆ cโest รงa ยป
La grille dโobservation
La grille dโobservation comprend cinq parties concernant :
– la combustion
– les diffรฉrentes transformations de la matiรจre,
– la purification de lโor,
– les dangers liรฉs au mรฉtier dโorfรจvre
– lโavis des รฉlรจves sur lโactivitรฉ.
Les questions posรฉes sont ร chaque fois rรฉdigรฉes par rapport ร ce que nous pensons comme constituant dโobstacle aux รฉlรจves. Nous avons alors essayรฉ de les obliger ร ยซ engager un dialogue orientรฉ avec un objet dรฉterminรฉ ยป. La grille a รฉtรฉ expliquรฉe aux รฉlรจves avant leur dรฉpart et des consignes de recherche ont รฉtรฉ donnรฉes.Deux heures aprรจs le dรฉbut de la visite, la mise en commun des rรฉsultats est commencรฉe.
Le test
ย ย ย ย ย ย ย ย ย ย Nous avons proposรฉ une heure de temps pour le test. Le contenu de lโรฉnoncรฉ est exactement le mรชme que pour ce que les enseignants ont lโhabitude de donner sauf que nous avons introduit deux questions relatives ร lโactivitรฉ expรฉrimentale que nโimporte quel รฉlรจve ayant bien compris le concept de rรฉaction chimique pourrait rรฉpondre. Par rapport ร la taxonomie de Bloom, les capacitรฉs demandรฉes ร รชtre mobilisรฉes sont celles de mรฉmorisation, de comprรฉhension, dโapplication et dโanalyse.
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Table des matiรจres
Introduction
CADRE THEORIQUE
1. La transposition didactique
2. Le rรฉfรฉrent empirique
Premiรจre partie : Prรฉsentation de la thรจse mรจre
Mรฉthodologie de rechercheย
Les enquรชtes
1. Enquรชte au niveau des รฉlรจves
2. Enquรชte au niveau des enseignants
3. Enquรชte au niveau des praticiens
4. Proposition dโactivitรฉs
Deuxiรจme partie : rรฉplication du travail de Dialloย
PROBLEMATIQUE DE RECHERCHEย
1. Le programme officiel de chimie au collรจge de Madagascar
2. Questions de recherches
3. Hypothรจse de recherche
METHODOLOGIE DE RECHERCHEย
1. Les prรฉ-tests
2. Analyse des rรฉponses au questionnaire
3. Le questionnaire
4. Conclusion
Mรฉthodologie de lโenquรชte
1. Protocole dโentretiens
2. Analyse des entretiens avec les enseignants
3. Conclusion
Mรฉthodologie de lโenquรชte
Analyse des entretiens
1. Le rรฉfรฉrent empirique
2. Des procรฉdรฉs pour distinguer lโor de 18 carats des autres
3. Les techniques utilisรฉes
4. La sรฉcuritรฉ
5. Des idรฉes ร reprendre en classe
6. Des reprรฉsentations incompatibles avec un discours scientifique
7. La relation avec lโรฉcole
Conclusion
1. Choix du thรจme et du niveau
2. Choix des activitรฉs proposรฉes
3. Mรฉthodologie
4. La grille dโobservation
5. La mise en commun des rรฉsultats
6. Lโexposรฉ
7. Le test
8. Analyse des rรฉsultats
Conclusion gรฉnรฉrale
Annexe
Bibliographie
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