Les différentes Conference of Parties (COP) dédiées au climat, depuis la première en 1995 à Berlin jusqu’à celle de novembre 2017 à Bonn (Allemagne) mais présidée par les Fidji, se sont centrées sur un engagement international à lutter contre le réchauffement climatique et ses impacts. En 2015, la COP21 s’est déroulée à Paris. Cette réunion mondiale, réunissant 195 délégations étatiques et l’Union Européenne, a permis d’aboutir à la signature de l’Accord de Paris sur le climat, acte majeur pour la limitation de la température à l’échelle internationale « bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels » ainsi qu’une limitation de la montée des eaux des océans. En effet, suivant les conclusions du dernier rapport du Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) datant de 2014, qui pointait l’urgence de la mise en place de mesures globales, la situation aurait été potentiellement dramatique à l’échelle mondiale si un accord n’avait pas pu être trouvé pour aboutir à une décarbonisation de la planète. Celle-ci concerne de nombreux volets, comme le stockage du carbone dans la végétation ou encore la réduction de l’utilisation des énergies fossiles. A l’heure actuelle, les Etats-Unis d’Amérique reste le seul pays et cependant l’un des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES) sur la planète qui n’a pas encore ratifié le traité de la COP21, deux ans après son élaboration. En parallèle, en France, l’exploitation des produits pétroliers s’arrêtera en 2040. Cela induit une démarche de transformation du parc automobile thermique vers un parc fonctionnant à l’électricité ou à l’hydrogène. En Europe, la Commission Européenne a lancé en 2008 la Convention des Maires suite à l’adoption du paquet énergie climat pour l’horizon 2020. Cette initiative des collectivités locales et régionales, à travers les pays membres de l’UE, vise la promotion des énergies durables et de la réduction des émissions de GES. L’objectif affiché pour 2020 est une réduction de 20% des émissions de GES, chiffre porté à 40% pour 2030.
Les discussions internationales et la prise en compte du climat
Le réchauffement climatique est un phénomène avéré et aggravé par les activités humaines. Par rapport à la période préindustrielle (1850-1900), il en découlerait, à terme, selon les études du GIEC, une hausse maximale de la température de l’air à l’échelle mondiale de 5,5°C dans le scénario RCP8.5, le plus alarmant pour la période 2081-2100 si aucune action n’est entreprise. Malgré la mise ne place de mesures drastiques à l’échelle mondiale associée au scénario le plus optimiste RCP2.6, cette hausse serait alors toujours pour 2081- 2100 comprise entre 0.85 et 2.4°C (5ème rapport du GIEC en 2013). La réalité et la gravité du changement climatique ont commencé à prendre forme parmi les discussions internationales à la fin du siècle dernier. Le GIEC, fondé sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à la fin des années 1980, a publié son premier rapport en 1990 en faisant état des effets de l’augmentation de la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre sur la température moyenne terrestre et le niveau des océans (4 scénarios selon les mesures prises). Le rapport mentionnait également les bouleversements profonds qu’un tel changement climatique apporterait sur l’humanité et les écosystèmes : baisse de productivité agricole, manque de ressources en eau, propagation des maladies… La première grande réunion internationale à prendre réellement en compte cette question fût le sommet de la Terre à Rio en 1992, qui eut lieu sous l’égide de l’ONU, 13 ans après la première convention sur le climat, qui s’était tenue à Genève. Mobilisant près d’une centaine de chefs d’Etat ainsi que de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG), le sommet a abouti sur la création de 3 conventions distinctes : une sur la diversité biologique, une sur la désertification et la troisième sur le changement climatique. Si le programme n’est pas contraignant d’un point de vue juridique, il a toutefois permis de lancer véritablement la réflexion internationale sur la nécessité d’engager l’ensemble des pays pour la lutte contre le changement climatique. Le programme d’Agenda 21, plan d’action ouvert sur le développement durable et à destination des collectivités, a vu le jour à la fin du sommet. En conséquence directe de la signature de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la première Conference of Parties (COP) a eu lieu en 1995. Parmi l’ensemble des conférences, l’emblématique conférence de Kyoto en 1997, qui a débouché sur le protocole du même nom, fixait de premiers objectifs nets de réduction des principaux gaz à effet de serre (GES). Entre la date d’entrée en vigueur du protocole après la ratification russe (2005) et sa clôture en 2012, ces réductions devaient être d’au moins 5% par rapport aux émissions de 1990. Si le succès du protocole est en demiteinte suivant les pays (les Etats-Unis, l’un des 2 plus grands émetteurs de GES, ne l’a pas ratifié), la situation européenne fait état d’une baisse moyenne de 8% de ses émissions de GES grâce à un système de taux qui module les réductions selon les pays.
En Europe, l’ambition semble affichée à travers la Convention des Maires. Au 1er décembre 2017, 7 690 maires européens avaient signé cette convention qui les engage à diminuer de 40% les émissions de CO2 de leur ville d’ici 2030. La Convention des Maires regroupe 242 073 000 habitants de l’Union Européenne soit près de la moitié (47%) de sa population.
Les villes et le changement climatique
Concentrant aujourd’hui plus de 54% de la population mondiale, les villes connaissent globalement une croissance continue ; d’ici 2050, près de 2 personnes sur 3 devraient vivre en ville (ONU, 2014). Ce chiffre atteint près de 73% en Europe. En plus de concentrer la majorité de la population mondiale, les villes consomment également les ¾ de l’énergie produite et émettent 60% du total des rejets de CO2 (UN-Habitat, 2011). L’augmentation des risques inhérents au changement climatique sont liés d’une part à l’augmentation de la puissance et fréquence des aléas (inondations, canicules, tempêtes…), d’autre part à l’augmentation des enjeux urbains (augmentation de la population citadine et des infrastructures associées) et la vulnérabilité des structures associées. Ce constat met en avant l’enjeu majeur de la prise en compte du changement climatique dans les villes : d’une part afin d’anticiper et atténuer ses effets sur la population (îlots de chaleur, risques climatiques, pollution) et d’autre part afin d’engager des politiques publiques en faveur d’une économie décarbonée aussi bien dans les transports ou le chauffage que la production d’énergie ou la gestion des déchets.
Documents cadres de la Convention des Maires pour 2020, les PAED donnent un plan générique pour concourir aux objectifs de réduction des émissions de GES d’au moins 20% d’ici 2020, en se basant sur les émissions de 2005. La nouvelle forme de la Convention des Maires, datant de 2015, porte cet objectif à 40% à l’horizon 2030 à travers la version mise à jour des PAED : les PAEDC (C pour climat). Ces plans sont soumis auprès de la Commission Européenne qui les valide ou demande des précisions auprès des instances. Les villes doivent également fournir un bilan de leur progression sur les objectifs du plan tous les 2 ans. La bonne tenue des objectifs affichés par les municipalités en matière de réduction d’émissions carbone mais également de promotion des énergies renouvelables passe par une prise en compte locale dans les plans d’urbanisme. L’association des divers enjeux locaux de l’aménagement urbain est cruciale pour la réussite de l’initiative lancée par la Convention des Maires.
La question de l’eau et ses risques inhérents dans les villes
L’eau représente un enjeu majeur dans les unités urbaines aussi bien en termes de consommation que de traitement et de protection. En effet, de nombreuses villes, pour des raisons évidentes d’approvisionnement en eau et de commerce, se sont développées autour de cours d’eaux permettant le transit de marchandises pendant des siècles ; cette activité perdure encore sur certains axes majeurs comme la Seine ou le Rhin. Il existe cependant un revers à cette proximité de l’eau : la présence d’un risque d’inondation, dont la provenance peut être diverse : montée des eaux du cours d’eau, non évacuation des eaux de surface par les systèmes d’assainissement, qui se retrouvent engorgés ou encore des crues provoquées par la marée haute dans des espaces d’estuaires. Les métropoles, à cause des enjeux régionaux voire nationaux qu’elles représentent sont des territoires qui peuvent être soumis à un important risque d’inondation du fait de leur relative vulnérabilité. Afin de prévenir les actions du changement climatique et de répondre aux aménagements parfois nécessaires contre le risque d’inondation, les municipalités peuvent centrer leur politique sur plusieurs axes : évitement, atténuation, adaptation et sensibilisation.
Généralités
Glasgow
Située à l’Ouest de l’Ecosse, Glasgow, forte de 600 000 habitants, est la troisième plus grande ville du Royaume-Uni, au centre d’une aire urbaine de plus de 1.8 millions d’habitants lui attribuant une place économique majeure à l’échelle européenne voire mondiale. La ville a ainsi notamment organisé, en 2014, les jeux de Commonwealth, évènement sportif majeur regroupant plus de 50 nations. Aujourd’hui en pleine renaissance après le déclin de son activité industriel au XXème siècle, la ville a pleinement pris acte de la nécessité d’un plan d’aménagement intégrant la perspective du changement climatique. La ville a adopté en mars 2017 un plan de développement territorial (« Glasgow city Development Plan ») qui sera dans cette étude mis en perspective avec le plan de développement stratégique (« Strategic Development Plan ») métropolitain, que l’on peut respectivement comparer au PLU et SCoT en France. Traversée par plusieurs rivières, la ville et son agglomération sont en particulier exposées au risque d’inondation.
Rouen
Rouen est localisée au Nord-Ouest de la France dans la région Normandie. Elle en est même le chef-lieu de région. Forte d’une métropole de 500 000 habitants et d’une ville de 110 000 habitants, l’aire urbaine de Rouen est attractive pour le commerce et l’industrie. En effet, Rouen est située sur la partie navigable de la Seine, ce qui permet un développement du trafic fluvial ainsi qu’un développement économique et industriel le long des berges rouennaises. La métropole a accompli un bon nombre de démarches pour prendre en compte le réchauffement climatique avec la signature de son agenda 21 en 2011, la mise en place d’un PPRI en novembre 2012 et la signature de la Convention des Maires en 2013.
Si les 2 villes sont marquées toutes deux par un climat océanique, elles diffèrent par leur taille, leur fonctionnement et en particulier leur politique d’aménagement. Ces villes ont toutes les deux soumis un Plan d’Action en faveur de l’Energie Durable (PAED) auprès de la Commission Européenne en intégrant des objectifs de réduction des rejets de CO2. Elles ont en outre inclus dans leurs plans d’aménagement une politique réfléchie et ambitieuse sur la gestion de l’eau, question cruciale dans un environnement urbain. Les actions et aménagements prévus par les 2 villes et agglomérations entendent agir sur plusieurs points clés : diminution des émissions de CO2, limitation des îlots de chaleur, réduction du risque d’inondation… Les stratégies mises en œuvre par les 2 métropoles seront finement analysées et comparées, afin de présenter d’éventuelles différences d’ampleur sur les politiques menées dans 2 pays d’Europe. Leur engagement au sein de la Convention des Maires ne s’est pas fait à la même date ; pour Glasgow l’engagement dans la Convention des Maires date d’août 2009 mais le plan d’actions n’a été approuvé qu’en février 2015. Pour Rouen, l’engagement dans la Convention des Maires date d’octobre 2013 et a été approuvé immédiatement. Dans le cas présent, Rouen, vise une réduction de ses émissions de GES de 20% d’ici 2020 (base de 2005) ; pour Glasgow, cet objectif passe à 30% (base de 2006).
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Table des matières
1 Avertissement
2 Remerciements
3 Sommaire
4 Table des sigles
5 Introduction
6 Démarche de recherche
6.1 Contexte
6.1.1 Les discussions internationales et la prise en compte du climat
6.1.2 Les villes et le changement climatique
6.2 Sujet de recherche
6.2.1 La question de l’eau et ses risques inhérents dans les villes
6.2.2 Justifications de l’échelle et des lieux d’études
6.2.3 Hypothèses
6.3 Déroulement de l’étude
7 Présentation des villes d’études
7.1 Généralités
7.1.1 Glasgow
7.1.2 Rouen
7.2 Glasgow
7.2.1 Situation
7.2.2 Règlementation
7.2.3 Etat des lieux
7.2.3.1 Industrie
7.2.3.2 Milieux naturels
7.2.3.3 Energie
7.2.3.4 Inondations
7.2.3.5 Jeu d’acteurs
7.2.4 Enjeux
7.2.4.1 Industrie
7.2.4.2 Espaces verts/milieux naturels
7.2.4.3 Energie
7.2.5 Objectifs et travaux
7.2.5.1 Energie
7.2.5.2 Risque inondation
7.3 Rouen
7.3.1 Situation
7.3.2 Règlementation
7.3.3 Etat des lieux
7.3.3.1 Industrie
7.3.3.2 Milieux naturels
7.3.3.3 Energie
7.3.3.4 Inondation
7.3.4 Jeu d’acteurs
7.3.5 Enjeux
7.3.5.1 Inondations
7.3.5.2 Prise en compte de la biodiversité
7.3.5.3 Canicules
7.3.5.4 Dégradation de la qualité de l’air
7.3.5.5 Ilots de chaleur
7.3.6 Objectifs et travaux
7.3.6.1 Energie – transport
7.3.6.2 L’écoquartier Luciline
7.3.6.3 La prise en compte de l’eau
7.3.6.4 Des îlots variés
7.3.6.5 L’insertion de l’écoquartier dans la ville
7.3.6.6 Financement
7.3.6.7 Critique du projet
8 Comparaison des 2 cas d’études
9 Conclusion
10 Bibliographie
11 Table des figures et des tableaux
12 Table des matières
13 Annexes
Annexe 1
Annexe 2
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