INTEGRATION DES PHYTOMEDICAMENTS DANS LE SYSTEME DE SOINS DE SANTE

Dรฉfinition de la qualitรฉ d’un phytomรฉdicament

ย  ย  ย  ย  ย  Chacun des diffรฉrents acteurs du domaine de la santรฉ peut donner une dรฉfinition concernant le mot qualitรฉ. La dรฉfinition idรฉale serait celle qui tient compte d’un certain nombre de facteurs trรจs importants voir mรชme indispensables. La qualitรฉ peut รชtre dรฉfinie comme la somme des caractรฉristiques et des propriรฉtรฉs variables qui peuvent influencer de faรงon importante l’efficacitรฉ et l’innocuitรฉ. L’assurance qualitรฉ serait alors la mรฉthode par laquelle le fabricant garantit que les variations potentielles de matiรจres premiรจres, de procรฉdรฉs et de produits finis demeurent dans les limites acceptables [4]. Selon la norme ISO 9000 version 2000, la qualitรฉ est l’aptitude d’un ensemble de caractรฉristiques intrinsรจques ร  satisfaire des exigences. JURAN dรฉfinit la qualitรฉ de faรงon plus simple en disant que c’est l’aptitude ร  l’emploi, la meilleure adรฉquation au besoin. Selon MICHEAL Mc GUFFIN, la question est de savoir si le produit a rรฉpondu ร  toutes les attentes du consommateur. En faisant une analogie avec la cuisine, il affirme que des matiรจres premiรจres de bonne qualitรฉ sont essentielles ร  la production d’un produit de qualitรฉ et que mรชme si des critรจres objectifs comme les marqueurs quantitatifs pourraient รชtre utiles ou nรฉcessaires dans certains cas, rien ne remplace l’expรฉrience subjective pour รฉvaluer les caractรฉristiques de la qualitรฉ. ยซย Ne pas tenir compte de cette expรฉrience et expertise รฉquivaut ร  assumer qu’un repas gastronomique peut รชtre fait avec de mauvais ingrรฉdients ยซย . Il propose que chaque composant essentiel ร  la production de produits de qualitรฉ comprenne :
โ€ข des plantes de grande qualitรฉ ;
โ€ข du personnel expรฉrimentรฉ ;
โ€ข une formulation appropriรฉe ;
โ€ข d’excellentes mรฉthodes de fabrication ;
โ€ข des tests adรฉquates des produits finis tout au long de la durรฉe de conservation prรฉvue [28].

La Normalisation

ย  ย  ย  ย  De nos jours, certains fabricants utilisent le terme normalisation dans son contexte historique pour signifier un extrait de plante produit selon des normes uniformes, comme par exemple, un indice d’extraction spรฉcifique, une formule type ou une procรฉdure opรฉrationnelle standard. Selon les documents publiรฉs par l’AHPA. ยซย La normalisation fait rรฉfรฉrence aux informations et aux contrรดles nรฉcessaires pour produire des matiรจres raisonnablement constantes. On y parvient en minimisant les variations inhรฉrentes de la composition des produits naturels au moyen de mรฉthodes d’assurance qualitรฉ qu’on applique aux procรฉdรฉs agricoles et de fabricationย ยป [17]. La normalisation du composรฉ marqueur est rรฉalisรฉe en mรฉlangeant diffรฉrents lots. Selon les directives de l’AHPA c’est la meilleure mรฉthode pour assurer la constance du lot. Ainsi donc la normalisation trouve son importance d’autant plus qu’elle permet :
โ€ข la constance d’un lot ร  un autre ;
โ€ข la confirmation de la quantitรฉ exacte d’extrait par unitรฉ de posologie ;
โ€ข le contrรดle positif pour indiquer les pertes ou dรฉgradation possibles pendant la fabrication.
Mรชme si la vรฉrification de la constance du contenu marqueur est un aspect important de la normalisation, elle n’รฉquivaut pas en soi ร  un produit normalisรฉ. Selon l’opinion europรฉenne, la normalisation exige une surveillance attentive de la qualitรฉ des matiรจres premiรจres et des procรฉdรฉs de fabrication. Certains spรฉcialistes l’รฉlargissent en affirmant qu’elle comprend toutes les mesures menant ร  un produit reproductible sans l’ajout de substances รฉtrangรจres. Ainsi il n’est pas รฉvident d’obtenir un extrait ou un produit normalisรฉ si on se rรฉfรจre aux diffรฉrentes dรฉfinitions. C’est ainsi que beaucoup de fabricants, spรฉcialistes du marketing, consommateurs , versions diffรฉrentes ร  la normalisation ([12], [17]).

Les mรฉthodes anciennes

ย  ย  ย  ย  ย  ย  Depuis que l’homme utilise les plantes mรฉdicinales pour se soigner, l’รฉvaluation de la qualitรฉ de ces plantes a toujours รฉtรฉ une prรฉoccupation. Les anciens รฉrudits romains et grecs ont beaucoup travaillรฉ sur les propriรฉtรฉs thรฉrapeutiques des plantes mรฉdicinales mais รฉgalement sur les divers aspects du point de vue de la qualitรฉ. L’utilisation des mรฉthodes organoleptiques pour รฉvaluer la qualitรฉ d’une plante remonte des siรจcles avant. Il y a plus de 2000 ans Thรฉophraste (vers 370 โ€” 287 avant JC) a dรฉcrit un certain nombre de facteurs qui pourraient influencer la qualitรฉ des plantes. Parmi ces facteurs : l’รขge de la plante, la mรฉthode de rรฉcolte, la partie de la plante utilisรฉe, la mรฉthode de prรฉparation et les conditions d’entreposage [47]. Dioscoride (1′ siรจcle vers 40 โ€” 80 aprรจs JC) รฉcrit un texte qui s’intitule De Materia Medica (sur la matiรจre mรฉdicale) oรน il dรฉcrit un traitรฉ sur la prรฉparation, les propriรฉtรฉs et l’essai de plus de 1000 mรฉdecines naturelles. Il a fourni รฉgalement des tests organoleptiques et des instructions prรฉcises en vue de dรฉtecter quelques problรจmes de qualitรฉ รฉventuels tels que les substitutions ; les contaminants ; les adultรฉrants et la dรฉtรฉrioration causรฉe par le temps ; par les parasites ou par les stockages inappropriรฉs. Il a รฉgalement dรฉcrit un certain nombre de tests physico-chimiques comme la coloration de flamme et la solubilitรฉ [14]. Dans l’oeuvre classique historique naturelle, Pline l’Ancien (vers 23 โ€” 79 aprรจs JC) recommande des tests organoleptiques pour dรฉtecter des problรจmes sur la qualitรฉ des plantes tels que les fraudes et les adultรฉrations. Il a dรฉcrit aussi des tests physico-chimiques comme les rรฉactions acides, la viscositรฉ, la volatilitรฉ et la densitรฉ [39]. Galen (vers 129 โ€” 210 aprรจs JC) prรฉcise l’importance d’apprendre ร  distinguer des produits de bonne qualitรฉ en fonction des caractรจres organoleptiques de la puissance pharmacologique et de la source gรฉographique. Selon Stieb, il a fallu attendre le XIXiย ยป siรจcle avant que des solutions efficaces aux problรจmes de qualitรฉ variable des plantes soient mises au point bien que l’homme รฉtait confrontรฉ ร  ce problรจme depuis des milliers d’annรฉes. L’analyse microscopique vit le jour dans les annรฉes 1850 entraรฎnant ainsi l’amรฉlioration remarquable de la qualitรฉ botanique des plantes. Le physicien anglais Arthur Hill Hassle a รฉtรฉ le premier ร  appliquer de faรงon mรฉthodique et globale la microscopie ร  la qualitรฉ des aliments et des mรฉdicaments ouvrant la voie ร  un tout nouveau domaine de la science analytique et fournissant les premiers moyens sรปrs de dรฉtection de l’adultรฉration [45]. Au dรฉbut du XX’ siรจcle, les paramรจtres de qualitรฉ et les tests des plantes mรฉdicinales continuaient d’รชtre fondรฉs sur des รฉvaluations macroscopique et microscopique.

PROBLEMES TECHNIQUES LIES A LA PRODUCTION DES PHYTOMEDICAMENTS

ย  ย  ย  ย  ย La culture des plantes mรฉdicinales constitue un dรฉfi important d’autant plus que certaines prรฉparations peuvent contenir des ingrรฉdients actifs provenant de plus de cinq plantes indigรจnes diffรฉrentes. Dans certains cas l’acquisition de grandes surfaces de terres pour cultiver les plantes dรฉsirรฉes peut constituer un facteur limitant sรฉrieux, tandis que l’expertise locale pour la culture commerciale de plantes mรฉdicinales est รฉgalement limitรฉe. Il y a une pรฉnurie d’informations fiables sur les prรฉparations ร  base d’herbes mรฉdicinales qui sont utilisรฉes avec succรจs pour la prise en charge des maladies dominantes dans plusieurs pays africains, ceci constitue un dรฉfi important dans ce secteur surtout pour les investisseurs potentiels. En outre, le financement des diffรฉrents aspects des activitรฉs obligatoires de recherche et de dรฉveloppement des mรฉdicaments traditionnels est un facteur limitant. Ce facteur peut en effet expliquer la production commerciale limitรฉe des mรฉdicaments traditionnels africains standardisรฉs, surtout pour les recettes ร  bases d’herbes mรฉdicinales incluses dans la pharmacopรฉe africaine. L’investissement financier pour l’achat des machines et accessoires de production est trรจs lourd pour les investisseurs potentiels. Au Sรฉnรฉgal, les tradipraticiens ne disposent pas de moyens nรฉcessaires pour รฉlaborer des MTA succeptibles d’รชtre autorisรฉs sur le marchรฉ et les centres d’expรฉrimentation clinique qui devaient les encadrer ne sont pas fonctionnels par manque de ressources financiรจres. Ils font souvent recours ร  des mรฉthodes artisanales pour prรฉparer des produits qui n’ont aucune preuve d’efficacitรฉ et d’innocuitรฉ. Le manque de formation des intervenants dans des domaines tels que la collecte des plantes mรฉdicinales, le sรฉchage, le systรจme de production et de conservation constitue aussi un handicap. La sรฉcuritรฉ des prรฉparations ร  base d’herbes mรฉdicinales constitue un obstacle pour certains personnels de santรฉ qui demandent naturellement des preuves scientifiques et cliniques de sรฉcuritรฉ, d’efficacitรฉ et de qualitรฉ avant d’utiliser ou de dispenser de tels produits. La validation scientifique de plusieurs recettes ร  base de plantes mรฉdicinales en suivant les protocoles standards est trรจs fastidieuse et exige une certaine expertise. La formulation du produit et le dรฉveloppement de la technologie de transformation sont aussi des problรจmes qui entravent beaucoup la production [48]. Il existe une absence de politique incitative ร  la production de phytomรฉdi cament. Au Sรฉnรฉgal, les conditions lรฉgales pour une production et une commercialisation des mรฉdicaments ร  base de plantes ne sont pas rรฉunies, des rรฉsistances d’ordre lรฉgislatives et rรฉglementaires ont รฉtรฉ observรฉes dans le processus de mise sur le marchรฉ des quelques tisanes produites. Elles ont cependant pu รชtre contournรฉes grรขce ร 
– L’engagement de ENDA ;
– La dรฉtermination et l’audience des chercheurs de l’UCAD ;
– La motivation et l’obstination des pharmaciens partenaires.
Malgrรฉ tout une collaboration entre chercheurs et autoritรฉs administratives devrait รชtre envisagรฉe pour mieux faciliter la rรฉalisation des objectifs dรฉfinis.

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Table des matiรจres

Introduction
Premiรจre Partie : Gรฉnรฉralitรฉs sur les phytomรฉdicaments et leur mรฉthode d’รฉvaluationย 
Chapitre 1 : Caractรจres gรฉnรฉraux de la phytothรฉrapie รฉlรฉments de terminologie
1. Quelques รฉlรฉments de terminologie
1.1. Dรฉfinition d’un phytomรฉdicament
1.2. Dรฉfinition de la qualitรฉ d’un phytomรฉdicament
1.3. L’efficacitรฉ et la puissance
1.4. Les marqueurs
1.5. La normalisation
1.6. La pharmacopรฉe traditionnelle
2. Situation de la Mรฉdecine traditionnelle / Mรฉdecine complรฉmentaire dans le monde (MTR / MCP)
Chapitre 2: Evaluation de la qualitรฉ des phytomรฉdicamentsย 
1. Mรฉthodes d’รฉvaluation de la qualitรฉ des phytomรฉdicaments
1.1. Mรฉthodes anciennes
1.2. Mรฉthodes modernes
2. Difficultรฉs liรฉes ร  l’รฉvaluation de la qualitรฉ des Phytomรฉdicaments
2.1. La Puissance
2.1.1. Les dosages biologiques
2.1.2. Les marqueurs
2.1.3. Les mรฉthodes de validation
2.2. L’identitรฉ botanique
2.2.1. Les analyses organoleptiques et microscopiques
2.2.2. Les analyses chimiques
2.3. La Puretรฉ
2.3.1. Les contaminants
2.3.2. Les adultรฉrants
2.4. Les normes de rรฉfรฉrences
Chapitre 3: Mesures appropriรฉes au dรฉveloppement de la Mรฉdecine traditionnelle et de la phytothรฉrapieย 
1. Cadre politique et rรฉglementation nationale
2. Normes nationales, Directives techniques et mรฉthodologies pour l’รฉvaluation de la qualitรฉ
Deuxiรจme Partie : Intรฉgration des phytomรฉdicaments dans le systรจme de soins de santรฉ au Sรฉnรฉgal : Problรจmes et Perspectives
1. Objectif
1.1 . Obj ectif gรฉnรฉral
1.2. Objectifs spรฉcifiques
2. Contexte
Chapitre 1 : Situation des phytomรฉdicaments au Sรฉnรฉgalย 
1. Rรฉglementation des phytomรฉdicaments
2. Enregistrement ou Autorisation de mise sur le Marchรฉ (AMM)
2.1. Dรฉfinition
2.2. Prรฉsentation du dossier d’AMM allรฉgรฉ
2.3. Analyse comparรฉe du dossier d’AMM allรฉgรฉ et et du dossier classique
Chapitre 2: Aspects techniques liรฉs ร  la production des Phytomรฉdicamentsย 
1. Problรจmes techniques liรฉs ร  la production des phytomรฉdicaments
2. Problรจmes techniques liรฉs au contrรดle de qualitรฉ
3. Problรจmes techniques liรฉs ร  l’approvisionnement
Chapitre 3 : Perspectives pour une meilleure introduction des Phytomรฉdicaments dans le systรจme de soins
1. Valorisation des plantes mรฉdicinales
1.1. Bonnes Pratiques de Culture et de Rรฉcolte (BPCR)
1.1.1. Culture des plantes mรฉdicinales
1.1.2. Rรฉcolte et conservation
1.2. Dรฉveloppement de la production locale
2. Aspects rรฉglementaires
3. Orientations stratรฉgiques pour le dรฉveloppement de La recherche
4. Protocole standard de contrรดle qualitรฉ d’un mรฉdicament ร  base d’extraits de plantes
4.1. Tests d’identitรฉ
4.2. Tests de Puretรฉ
4.3. Dosages
4.4. Contrรดle de la stabilitรฉ
Conclusion gรฉnรฉrale
Rรฉfรฉrences
Annexes

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