Elargissement de l’Union européenne
« L’élargissement constitue le projet le plus ambitieux que l’UE ait jamais entrepris : il s’agit en effet, de la réunification du continent européen qui avait été divisé au lendemain de la seconde guerre mondiale. Certes, des élargissements ont déjà eu lieu dans notre Europe morcelée, mais cette fois-ci, une telle option permettrait de réaliser le rêve des Pères fondateurs de l’UE : faire de l’Europe une entité unie et libre ». (Extrait du rapport de Wim KOK, « Elargissement de l’Union européenne – Résultats et défis » Commission européenne, 2003)
Le 1er mai 2004, soit à peine quinze ans après la chute du Mur de Berlin, l’Union européenne est passée à vingt-cinq Etats membres avec l’accueil de huit Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) et deux îles méditerranéennes, Chypre et Malte. Après plus d’une décennie de négociations politiques et d’efforts socio économiques imposés pour l’adhésion, l’intégration politique a été finalisée pour l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Slovénie, Chypre et Malte.
Ce processus d’élargissement était et est loin d’être achevé puisque deux nouveaux pays (la Roumanie et la Bulgarie) ont rejoint l’UE au 1er janvier 2007 et que de nouvelles négociations se sont ouvertes dès 2005 avec la Turquie et la Croatie. Depuis quinze ans, les PECO doivent faire face à des changements importants dus notamment au passage d’une économie centralisée et planifiée à une économie de marché ainsi qu’à l’instauration d’un système démocratique. Aujourd’hui, les PECO sont dans une période de « posttransition » qui implique une politique continue de réformes structurelles afin de s’adapter au nouveau contexte politique, institutionnel et socio-économique. Malgré leur héritage historique commun et leur même situation géographique au centre de l’Europe, des différences socio-économiques et spatiales existent.
Le cas de la Hongrie
Dans le cas de l’étude sur la coopération transfrontalière entre la Hongrie et la Roumanie, il est important de connaître le parcours de ces deux pays vers leur intégration à l’UE, mais aussi les éléments identitaires de chacun.
Au cours de son passé, l’État Hongrois était déjà une puissance déterminante en Europe. De nos jours, sur la liste des cinquante pays européens, la Hongrie occupe une place intermédiaire entre les « grands » et les « petits ». Le rétablissement effectif des relations entre la Hongrie et l’Europe de l’Ouest n’a pu débuter que dans la deuxième moitié des années quatre vingt avec la diminution progressive de l’influence de l’Union soviétique et la restauration de l’autonomie des pays de l’Est, ainsi que le changement du système socio-politique opéré parallèlement. La Hongrie était l’un des chefs de file de ce mouvement, elle a montré l’exemple aux autres pays d’Europe centrale et orientale. Au début des années 90, la Hongrie entretenait déjà des relations politiques étroites avec tous les États démocratiques occidentaux, ce qui a encouragé en partie les autres pays de la région à accélérer leur transition. Déjà avant la signature de l’Accord européen, la Hongrie a déclaré que son objectif principal était l’adhésion aux organisations euroatlantiques, notamment à l’OTAN et à l’UE. Pour cela, elle a développé son économie et son système politique en fonction des exigences de l’UE mais aussi en accord avec ses intérêts nationaux. Le 1er mai 2004, la Hongrie est devenue membre de plein droit de l’Union Européenne .
Situation géographique
La Hongrie est un pays qui comporte de nombreux voisins. Elle partage ses frontières avec sept pays : la Slovaquie, l’Ukraine, la Roumanie, la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l’Autriche. Comprise entre l’Europe des 15 et l’Europe des 25, la Hongrie joue un rôle de carrefour entre l’Europe de l’Est et de l’Ouest. Ainsi elle occupe une place territoriale stratégique : « un rôle de plateforme régional accrue à l’Europe des 25. » (J. Orosz, 2004). D’ailleurs 31,3 % du territoire hongrois est considéré comme région frontalière, ce qui représente 26 % de la population hongroise (Reichnitzer, Hardi, 2002).
Présentation générale
Relief : pays essentiellement plat, sauf dans le nord du pays qui présente de petits massifs montagneux.
Surface : 93 000 km²
Population : 10 millions d’habitants (2006)
Densité : 109 habitants /km².
Capitale : Budapest avec 1,65 millions d’habitants.
Deuxième ville du pays : Debrecen (200 000 habitants)
Régime politique: démocratie parlementaire, pays très centralisé
Situation socio-économique
Indice du PIB/habitants : 65,0 en PPA (2005)
(PPA = Parité de Pouvoir d’Achat) (moyenne européenne 103,9)
Taux de chômage : 7,2% en 2007 (moyenne européenne : 7,2%)
Intensité des IDE : 16,5 (2006)
IDH: 0,874 (2005), moyenne Europe : 0,808 (2005)
Découpage administratif
NUTSI : Hongrie
NUTS II: 7 régions économico-statistiques
NUTS III : 19 comtés ou comitats
LAU 1 : 168 microrégions
LAU 2 : 3100 municipalités
Disparités au sein du pays
Contrastée, les régions les plus riches se situant à l’Ouest et les plus pauvres à l’Est. La région la plus dynamique est celle de Budapest; c’est en effet la seule région non éligible à l’objectif « convergence » de l’Union européenne.
Le cas de la Roumanie
En 1965, avec l’arrivée au pouvoir de Ceausescu, la Roumanie s’est repliée sur elle-même. Elle est malgré tout le premier pays d’Europe centrale et de l’est à avoir engagé des relations officielles avec la Communauté Européenne depuis 1974. Après la chute du régime dictatorial en 1989, l’économie roumaine se retrouve centrée sur une industrie malheureusement peu compétitive. Le pays est donc marqué par un retard économique, un PIB faible et un système économique centralisé. Toutefois il commence à s’ouvrir comme l’illustre l’établissement de relations diplomatiques, la signature d’un accord sur les produits industriels et d’un accord de commerce et de coopération. La Roumanie a depuis adopté des principes démocratiques à l’intérieur de son pays et, sur le plan extérieur, s’est rapproché d’une Europe non seulement perçue comme phénomène géographique mais aussi comme structure politique, économique et culturelle. A partir de là, le parcours vers l’adhésion va s’intensifier. Le 1er janvier 2007, la Roumanie est devenue adhérente à part entière à l’Union Européenne.
Situation géographique
La Roumanie se situe à la frontière entre cinq pays : la Hongrie, la Serbie, la Bulgarie, l’Ukraine et la Moldavie. Située à l’extrême Est de l’Union Européenne, elle joue le rôle de frontière avec l’Europe Orientale tournée vers le Russie.
Présentation générale
Relief : pays très montagneux (1/3 du territoire est occupé par les Carpates)
Surface : 238 400 km²
Population : 22 millions d’habitants (2004)
Densité : 94 habitants /km².
Capitale : Bucarest avec 1,93 millions d’habitants
Deuxième ville : Iasi (320 000 habitants)
Régime politique : démocratie parlementaire
L’ouverture des frontières est l’une des premières conséquences directes de l’intégration européenne. De nouveaux réseaux émergent, favorisés par les échanges de personnes, de biens et de circulation, et sont immédiatement perceptibles sur les franges frontalières. L’un des premiers espaces à être recomposé est donc l’espace frontalier, leur question soulève des enjeux majeurs qui méritent l’attention. La gestion de ces espaces frontaliers constitue un enjeu d’autant plus avéré dans les PECO que, conséquence de leur petite taille, plus de la moitié de la population des nouveaux membres réside dans des zones frontalières (Lepesant, 2002).
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : Contexte général de l’étude
I. Intégration des Pays d’Europe Centrale et Orientale
I.1 Elargissement de l’Union européenne
I.2 Le cas de la Hongrie
I.3 Le cas de la Roumanie
II. Les espaces transfrontaliers
II.1 Présentation générale des espaces transfrontaliers
II.1.1 Définitions
II.1.2 Les enjeux de la structuration des espaces transfrontaliers
II.1.3. Handicaps de la structuration des espaces transfrontaliers
II.1.4. L’espace transfrontalier Hungaro-Roumain
II.2 La coopération transfrontalière
II.3 La politique régionale européenne et les fonds structurels
II.3.1 Les objectifs de la politique régionale européenne
II.3.2. Les fonds structurels
II.3.3 Principes d’intervention et approche stratégique
III. L’Eurorégion
III.1 Définition de l’Eurorégion
III.2 Objectifs et fonctionnement des eurorégions
III.3 Exemples des eurorégions en Hongrie et Roumanie
IV. Présentation de l’eurorégion Hajdú-Bihar-Bihor
Partie 2 : Diagnostic de l’eurorégion Hajdú-Bihar-Bihor
I. Méthode
I.1. Méthode d’analyse du territoire transfrontalier
I.2. Méthode SWOT (Strengths- Weaknesses- Opportunities- Threatens)
I.3. Application à l’eurorégion Hajdú-Bihar-Bihor
II. Espace idéel, enjeu 1 : l’appropriation du territoire de l’Eurorégion à favoriser
II.1 Evolution du nombre de points de passage de la frontière roumano-hongroise
II.2 Représentations de l’espace frontalier
III. Espace institutionnel, enjeu 2: un cadre institutionnel à conforter
III. 1 Création de l’Eurorégion
III. 2 Système d’acteurs
III. 3 Découpage administratif
III. 4 Les projets de l’Eurorégion
IV. Espace structurel, enjeu 3-4-5 & 6
IV. 1 Enjeu 3 : des ressources environnementales et touristiques à valoriser
IV.1.1 Un territoire avec une diversité d’espaces naturels protégés
IV.1.2 Un territoire avec du potentiel touristique mais insuffisamment mis en valeur
IV.1.3 Un territoire soumis à des risques de pollution
IV.2 Enjeu 4 : un territoire à rendre plus attractif
IV.2.1 Un tissu économique hétérogène en termes d’emplois
IV.2.2 Des potentialités en termes d’industrie et d’entreprises
IV.2.3 Une activité agricole conséquente sur l’Eurorégion
IV.2.4 Des échanges commerciaux peu importants entre les deux départements
IV.3 Enjeu 5 : une accessibilité et un maillage du territoire à renforcer
IV.3.1 Une armature urbaine fragmentée
IV.3.2 Un réseau de transport réduit
IV.4 Enjeu 6 : une qualité de vie à améliorer
IV.4.1 Une démographie marquée par un vieillissement de la population
IV.4.2 Un réseau de santé disparate et insuffisant
IV.4.3 Un réseau d’équipements publics fort mais hétérogène
IV.4.4 Un réseau énergétique mal réparti
V Opportunités et menaces
VI. Des obstacles de la coopération transfrontalière entre la Hongrie et la Roumanie
Partie 3 : Propositions
I. Logique de l’élaboration des propositions
II. Propositions
II.1 Propositions pour l’enjeu 1 : une appropriation du territoire de l’Eurorégion à favoriser
II.2 Propositions pour l’enjeu 2 : un cadre institutionnel à conforter
II.3 Propositions pour l’enjeu 3 : des ressources environnementales et touristiques à valoriser
II.4 Propositions pour l’enjeu 4 : un territoire à rendre plus attractif
II.5 Propositions pour l’enjeu 5 : une accessibilité et un maillage du territoire à renforcer
II.6 Propositions pour l’enjeu 6 : une qualité de vie à améliorer
Limites du travail
Conclusion
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