Integration dans le monde scientifique

Partout dans le monde, les mesures de la diversité spécifique et celles de l’endémisme demeurent les deux éléments déterminants pour définir les priorités de conservation. Un aspect fondamental de la conservation de la biodiversité doit alors s’appuyer sur une connaissance suffisante de ce qu’on doit préserver. C’est un problème majeur compte tenu des contraintes financières et des compétences disponibles,nécessaire à mobiliser dans un pays tel que Madagascar. Par ailleurs,en prenant en considération le nombre de nouvelles espèces de l’île décrites ces dernières décennies (Goodman & Benstead, 2005) et les menaces qui pèsent (Harper et al., 2007), les mesures de préservation devraient être définies et prises bien avant les conséquences néfastes aux pressions exercées par l’homme sur la biodiversité.

La fragmentation des habitats naturels et la détérioration de leur intégrité écologique font partie des conséquences de la dégradation incessante des paysages naturels à Madagascar. L’investigation de l’impact de cette dégradation sur les taxa suffisamment mobiles comme les oiseaux, supposés capables d’abandonner assez vite les biotopes non convenables, pourrait apporter des informations utiles à la gestion des paysages naturels.Les oiseaux, reconnus comme étant parmi de bons indicateurs de la santé des écosystèmes forestiers à Madagascar (Andrianarimisa et al., 1997 ; Watson, 2007), devraient alors nous avertir sur l’impact de toute forme de dégradation des habitats naturels. De ce fait, le mode de distribution de la communauté avienne de quelques paysages naturels à Madagascar a été particulièrement étudié, avec comme objectif, une détermination des espèces les plus vulnérables à la dégradation des biotopes, une identification par le bais des modèles prédictifs d’habitats potentiels pour servir d’aires prioritaires de leur conservation.

Ainsi, le présent document résume les résultats de nombreuses années de recherche sur le mode de distribution des oiseaux endémiques de Madagascar à l’échelle du paysage et d’espèce,avec le concours de nombreux collègues et de divers organismes. Il traite ce sujet en deux volumes dans lesquels nous allons exposer aussi bien les grandes lignes de nos expériences en tant qu’ornithologue et écologiste du paysage que les résultats des recherches entreprises à Madagascar.

INTEGRATION DANS LE MONDE SCIENTIFIQUE 

Depuis 1990, j’ai pu bénéficier des compétences transmises aux jeunes chercheurs malgaches par de nombreux chercheurs nationaux et internationaux à travers les différents projets de recherche portant sur la conservation de la biodiversité à Madagascar. J’ai commencé aussi à prendre une part active dans ce domaine à partir de 1997. Le centre d’intérêt de ces recherches concerne principalement l’ornithologie, l’écologie du paysage, l’écologie quantitative et la mathématique biologique. Ces travaux de recherche m’ont amené à contribuer à l’échelle nationale à l’identification des paysages naturels prioritaires en matière de conservation de la biodiversité et au mode de distribution d’espèces. L’approche proactive intégrant la dimension humaine dans la préservation de la biodiversité m’a particulièrement intéressé, notamment l’utilisation rationnelle des ressources naturelles. J’ai pu ainsi examiner et étudier les différentes étapes de l’ornithologie et de la science environnementale tout au long de ces 18 ans de pratiques scientifiques.

Je me suis intéressé à l’ornithologie dès 1990 suite aux cours dispensés par Pr Pierre BEAUBRUN, de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Montpellier, pour les étudiants en préparation du mémoire de Diplômes d’Etudes Approfondies (D.E.A) du Département de Biologie Animale, de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo (DBA). Les bourses offertes par le projet Biosphère UNESCO/PNUD pour les étudiants méritants de l’époque, ont renforcé ce choix. Grâce à elles, des formations préparatoires aux travaux de terrain avec des spécialistes de différents centres de recherches, notamment ceux de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Montpellier et ceux de l’Université de Besançon en France, ont déterminé mon option pour l’ornithologie. Mon parcours de chercheur a alors commencé sous l’encadrement de Dr Solofo ANDRIANTSARAFARA, Pr Sylvère RAKOTOFIRINGA et Pr Pierre BEAUBRUN.

L’année 1992 constituera une étape importantepour mon intégration progressive dans le monde scientifique. Au cours de mes travaux de terrain de D.E.A, j’ai eu l’opportunité de côtoyer de nombreux scientifiques nationaux et internationaux, qui ont contribué à ma formation et à l’ouverture vers d’autres horizons. A l’instar des collaborations avec les chercheurs de « Wildfowl and Wetlands Trust » du Royaume-Uni et les japonais de « Osaka City University », j’ai pu largement bénéficierde leurs expertises en ornithologie. Ces collaborations ont abouti à mes deux premières publications scientifiques en 1992 : une sur la Sarcelle de Bernier (Andrianarimisa, 1992) et la deuxième en tant que co-auteur avec les japonais (Yamagishi et al., 1992).

La même année, mes rencontres avec M. Olivier LANGRAND et Dr Steven GOODMAN, initiées par Pr Sylvère RAKOTOFIRINGA, constituent une étape déterminante dans mon itinéraire scientifique. Suite à ces rencontres, j’ai été admis à participer à «Ecology Training Programme» (ETP) du « World Wide Fund for Nature » (WWF) Madagascar. C’est un programme de formation des jeunes chercheurs malgaches à la science biologique et environnementale. Comme tout étudiant de l’ETP, j’ai pu bénéficier de formationsen anglais, eninformatique, en rédaction de demande de financement et à celle d’articles scientifiques. Avec l’aide de l’ETP, une demande de bourse auprès de « International Council for Birds Preservation », l’actuel « BirdLife International », m’a permis pour la première fois d’assister à un congrès scientifique international : le « VIIIe Congrès Panafricain d’Ornithologie » (PAOC) de 1992 à Bujumbura, Burundi. A cette occasion, j’ai pu présenter et publier certains de mes résultats de recherche tirés du mémoire de D.E.A (Andrianarimisa, 1993).

Par ailleurs, le PAOC m’a permis de discuter et de garder le contact avec de nombreux ornithologues de renom, des enseignants et des chercheurs travaillant sur de nouvelles orientations en écologie, notamment sur l’écologie du paysage et sur l’écologie quantitative. Grâce à ces contacts, je me suis lancé dans l’utilisation des oiseaux dans l’écologie du paysage et l’écologie quantitative. Par exemple, Samantha STRINDBERG, à l’époque étudiante en mathématique biologique de « St Andrew University, Scotland », m’a ouvert le chemin de l’écologie quantitative et une familiarisation avec l’analyse des données biologiques. Des échanges par e mail et des documents envoyés par poste ont continué régulièrement après ce congrès. Cette sorte « d’enseignement à distance » a largement contribué à renforcer mes capacités sur l’utilisation des logiciels d’analyse des données biologiques, et dont quelques articles en sont les preuves (Goodman & Andrianarimisa, 1995 ; Goodman & Andrianarimisa, 1996 ; Andrianarimisa, 1998a).

D’autres acquis de ma participation au PAOC de 1992 étaient l’intérêt indéniable que je trouve dans l’écologie du paysage. Aussitôt, des recherches de financement et des visites de sites potentiels ont été entreprises. Ainsi, un mois après la soutenance de mon mémoire de D.E.A, j’ai suivi avec Dr Steve GOODMAN et M.Olivier LANGRAND une formation sur l’impact de la fragmentation forestière sur les oiseaux dans la montagne d’Usambara en Tanzanie entre juillet et août 1993. Grâce au financement alloué par « Deutsche Ornithologen Gesellschaft »(DO-G) de l’Allemagne et les appuis de l’ETP, j’ai débuté en 1993 les travaux de terrain relatifs à l’impact de la fragmentation forestière sur les oiseaux forestiers endémiques des Hautes Terres Centrales de Madagascar. Ces travaux entrent dans la préparation de ma thèse de doctorat dont certains résultats intermédiaires ont été publiés dès 1995 (Andrianarimisa, 1995).

En 1995, lors de l’atelier intitulé « Environmental Change in Madagascar »au «Field Museum of Natural History » (FMNH) Chicago, les échanges avec Dr Bruce PATTERSON avec d’autres chercheurs m’ont inspiré l’idée de la distribution des oiseaux à différentes échelles comme échelle pays, échelle paysage et autre. La présence-absence des espèces et l’identification de l’aire de conservation, en s’appuyant sur des méthodes prédictives,ont été une source de débat scientifique à l’époque. Tous ces sujets m’ont particulièrement intéressé et les travaux de terrain auxquels j’ai participé le démontrent (Goodman et al., 1996a ; Andrianarimisa & Goodman, 1998). Le recours aux oiseaux comme indicateurs de l’état des écosystèmes m’a aussi particulièrement intéressé(Andrianarimisa et al., 1997 ; Andrianarimisa, 1998b).

Grâce à ces thèmes de recherches, j’ai pu nouer et entretenir des contacts avec d’autres chercheurs. Il s’agit de personnalités et de groupes de chercheurs actifs en écologie du paysage et en métapopulation : le « Metapopulation Research Group » de « University of Helsinki » dirigé par Pr Ilkka HANSKI, Dr Clive NUTTMAN de « St Andrew University». Ces relations m’ont aidé à la concrétisation de mes recherches et à l’épanouissement dans ma carrière d’enseignant. C’est ainsi que grâce à Dr Clive NUTTMAN,je participe depuis 2007 à la formation des étudiants internationaux venant à Madagascar dans le cadre « d’école de terrain » du « Tropical Biology Association » (TBA). Et actuellement,avec un chercheur du « Metapopulation Research Group », j’assure l’encadrement du travail d’un étudiant du DBA associé à ses projets.

Pour ce qui est du programme environnemental, j’ai commencé à yprendre part à travers des recherches multidisciplinaires. Puis, lié au besoin d’outils de gestion de ressources naturelles lors du Programme environnemental II (PE II), je me suis lancé dans le thème de transfert de gestion (Andrianarimisa, 1998c) et le « contrat de conservation » ou « payement direct » (Durbin et al., 2001). Ce type de contrat est déjà pratiqué ailleurs ;il se base sur l’octroi d’appuis financiers aux communautés locales en fonction d’une atteinte d’objectifs environnementaux préalablement concertés. J’ai participé activement aux groupes de réflexion au niveau national sur la gestion de ressources naturelles, et sur l’intégration des communautés locales dans le processus de conservation (Watson & Andrianarimisa, 1997 ; Watson et al., 2000). Ces recherches marquent mon entrée dans le cercle environnemental à Madagascar : consultant senior scientifique auprès du « Projet d’Appui à la Gestion de l’Environnement » (PAGE), représentant de Madagascar au sein du groupe « Scientific and Technical Review Panel » (STPR) de la « convention Ramsar » (The Peregrine Fund, 2002 ; www.ramsar.rgis.ch/pdf/strp/strp11_doc28.pdf).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : ITINERAIRE SCIENTIFIQUE
I.1. INTEGRATION DANS LE MONDE SCIENTIFIQUE
I.2. PARCOURS PROFESSIONNEL
I.3. ENSEIGNEMENT ET ENCADREMENT
I.4. FORMATION ET RECHERCHE DE FINANCEMENT
CHAPITRE II : COMMUNAUTE AVIAIRE ET ECOLOGIE DU PAYSAGE
INTRODUCTION
II.1. MATERIELS ET METHODES
II.1.1. L’écologie du paysage à l’échelle paysage
II.1.2. L’écologie du paysage à l’échelle espèce
II.2. EXEMPLES DE RESULTATS
II.2.1. A l’échelle paysage
II.2.2. A l’échelle espèce
II.3. DISCUSSIONS
II.3.1. A l’échelle paysage
II.3.2. A l’échelle espèce
II.4. IMPLICATION A LA CONSERVATION
CHAPITRE III : PERSPECTIVES
III.1. EFFETS DE LA DEGRADATION DES HABITATS SUR LES OISEAUX
III.2. URGENCE EN ORNITHOLOGIE
III.3. OISEAUX ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
CONCLUSION
LISTE DE PUBLICATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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