Dans la plupart des pays en voie de développement qui ne disposent pas de ressources minières, l’agriculture constitue la source principale des revenus et occupe la grande majorité de la population active (Cochereau, 1982). Pour la FAO, les activités de production agricole occupent près de 45% de la population mondiale (Charvet, 2007). Les céréales comme le maïs (Zea mays L.), le mil pénicillaire ou mil à chandelle (Pennisetum glaucum L.), le riz (Oryza glaberrima Steud., Oryza sativa L.), le sorgho (Sorghum bicolor Mench.) ont, de tout temps, constitué la principale ressource alimentaire dans le monde. Elles contribuent à la nutrition humaine pour environ 70 % de calories et 50 % des protéines (Kouassi, 1991). La production mondiale céréalière estimée à 2 302 millions de tonnes en 2011, soit près de 3% de plus qu’en 2010, est en baisse de 13 millions de tonnes par rapport aux prévisions publiées dans la revue perspective de l’alimentation (FAOSTAT, 2011). Le Sénégal couvre environ 60% de ses besoins céréaliers, d’où la volonté des pouvoirs publics de développer les recherches sur les céréales locales. Les céréales constituent l’aliment de base des populations sénégalaises aussi bien dans les campagnes que dans les villes. Ceci leur confère une importance particulière du point de vue économique et politique. Malgré cela la production céréalière et légumineuse est confrontée à d’énormes contraintes biotiques. En fait 20 à 30% de la production agricole (soit 1,2 à 1,8 millions de tonnes) ont été perdus (Cilss, 1992). Plusieurs agents de détérioration sont responsables de ces pertes qui peuvent être qualitative ou/et quantitative. Les plus importants sont les insectes (44%), les rongeurs (30%) et les champignons (26%) (Foua-bi, 1989). Chaque année, près de 20000 espèces d’insectes menacent la production agricole mondiale. Les insectes déprédateurs en particulier les coléoptères représentent une contrainte d’altération majeure des récoltes vivrières, soit par la consommation directe des réserves alimentaires stockées, soit par la dégradation de leur qualité nutritive (Thomas, 1981). Ils peuvent causer la perte totale d’un stock après quelques mois de stockage. Dans les pays tels ceux du Sahel où la saison sèche dure la majeure partie de l’année, le stockage des récoltes est une question de survie. Il n’est plus à démontrer que la conservation des récoltes permet d’assurer la disponibilité des ressources alimentaires qui est l’un des facteurs clés de la sécurité alimentaire d’un pays. Ceci est d’autant plus justifié que la production agricole est généralement saisonnière alors que les besoins des consommateurs s’étendent sur toute l’année d’où la nécessité de stocker la production sur une longue période (Kaoussi, 1991). Au Sénégal, le volet post-récolte a été négligé, en particulier la gestion des stocks de vivre et de semence. Pourtant les pertes à ce niveau sont souvent importantes tant au niveau paysan que les stocks collectifs (Ndiaye, 1997 ; Guéye, 2002). Les dommages causés par les ravageurs peuvent entrainer des pertes financières, des famines et des risques d’intoxication liés à la consommation des produits avariés ou traités avec des pesticides (Zuoxin et al., 2005 ; Thiaw et al., 2007). Donc un accent particulier devrait être mis sur l’identification, la dynamique et le contrôle des insectes déprédateurs dans les stocks.
Généralités sur les céréales étudiées
Fonio (Digitaria exilis Stapf.)
Généralités et position systématique
Le fonio (Digitaria exilis) s’adapte à presque toutes les conditions climatiques. Toutes les terres lui conviennent pourvu qu’elles ne soient pas imperméables ou trop lourdes (Badiane, 2006). L’inflorescence est composée de deux (2) à six (6) rameaux rassemblés en panicule digitée au sommet de la tige. Les graines sont de taille très petite avec un poids de 1000 grains de l’ordre de 0,5 à 0,6 g. Le fonio est une plante très rustique qui est caractérisée par sa tolérance à la sécheresse. Appelé « foñño » en Pular, « funde » en Soussou, « fonibaoulen », ou findi en Malinké, « fuñang » en Bassari, le fonio est une céréale millénaire aux vertus multiples. Chez les dogons du Mali, le grain du fonio appelé « Pon » constitue le « germe du monde » (Fofana et Fall, 2004). Le fonio est une monocotylédone glumacée de la famille des graminées, la série des Panicoïdes, la tribu des Panicées et du genre Digitaria. Les Digitaires regroupent plus de 300 espèces cultivées comme plantes fourragères dont seulement deux (2) espèces sont cultivées en Afrique de l’ouest comme céréales (Vodouhe et al., 2003).
Usage et intérêt
La production moyenne des 10 dernières années est évaluée à environ 1500 T de fonio par an au Sénégal (Guéye, 2008). Le fonio décortiqué entre dans de nombreuses recettes africaines : couscous, bouillie, boulettes, beignets, pains, etc. Très digeste, il est traditionnellement recommandé pour l’alimentation des enfants, des personnes âgées et pour les personnes souffrant de surpoids (Ndao, 2011). Le fonio est cultivé en Afrique de l’Ouest depuis des siècles. Longtemps réduit à l’état de céréale marginale à cause de la petitesse de ses grains, le fonio connaît aujourd’hui un regain d’intérêt en raison des qualités gustatives et nutritionnelles que lui reconnaissent les consommateurs. Des recherches récentes ont permis de mener plusieurs étapes de sa transformation pour mieux le valoriser sur les marchés urbains locaux ou à l’exportation vers l’Europe ou les Etats Unis. Le fonio cultivé au Sénégal surtout dans la région Sud du pays, est de cycle court et se sème tôt.
Des études récentes menées par l’ITA ont montré que le fonio bloque un gène de l’obésité chez des souris diabétiques. Les extraits de fonio bloquent le IL8 médiateurs important de plusieurs cancers et boostaient également le système immunitaire.
Contraintes liées à la culture du fonio
La culture du fonio est freinée par des contraintes de plusieurs ordres : les semences traditionnelles utilisées, les itinéraires techniques archaïques et non renouvelés, l’insuffisance des services d’appui et d’encadrement des producteurs et le post récolte (le fonio verse dès sa maturité car la tige est très frêle pour supporter les grains) (Guéye et Badé, 2008). Longtemps considéré comme une culture ne subissant que très peu d’attaques parasitaires, le fonio est de plus en plus la proie de nombreux prédateurs. Les observations effectuées au champ montrent que la culture est soumise à deux (2) types de ravageurs : une chenille glabre (à raies longitudinales multicolores) et un coléoptère (de type galéruque) dont les larves innombrables se nourrissent du parenchyme foliaire (Vodouhe et al., 2003).
Maïs (Zea mays L.)
Généralités et position systématique
Le maïs est une plante herbacée annuelle diploïde (2n = 20) dont la hauteur va de 40 cm à 4 m selon les écotypes. La tige est unique, grosse, pleine, lignifiée et formée de plusieurs entrenœuds longs d’environ 20 cm. Au niveau des entrenœuds sont insérées des feuilles alternativement sur la tige (disposition distique). Les feuilles, engainantes, peuvent être larges de 10 cm et longues d’environ 1 m. Leur nombre varie entre 12 et 20 selon les variétés et les conditions du milieu. L’aspect grossier de son système racinaire, rend le maïs moins compétitif face aux espèces ayant des racines fines (Lafitte, 2002). La couleur du grain est variable selon les variétés.
Usage et intérêt
Le maïs est l’une des cultures les plus utilisées pour l’alimentation humaine. Selon les statistiques de la FAO en 2004, la production mondiale du maïs était de 724.511.000 T, devant le blé et le riz. Les Etats-Unis d’Amérique occupe la première place mondiale avec près de 40% de la production mondiale, la Chine environ 20%, l’Amérique Latine 10 à 15% et l’Afrique Subsaharienne 5 à 7% (Mémento de l’agronome, 2002). Au Sénégal, la production de maïs se chiffre à 401.000 T (FAO, 2004), ce qui est largement inférieure aux besoins nationaux, d’où les importations qui s’élèvent à 13.231.000 T.
L’utilisation du maïs varie fortement selon le niveau de développement des pays. Ainsi, dans les pays en voie de développement, il est destiné essentiellement à l’alimentation humaine sous forme d’épis, de semoule et de farine. Selon le Mémento de l’Agronome (2002), les germes du maïs donnent une huile servant pour l’alimentation humaine et la fabrication de margarine, de savons, de vernis… Son utilisation par les industries pharmaceutiques et pour la fabrication de biocarburant est également en forte augmentation. Le développement du maïs avec des protéines de qualité, a permis de surmonter la déficience (Ndao, 2011).
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Table des matières
Introduction
Chapitre I : Synthèse Bibliographique
I.1. Généralités sur les céréales étudiées
I.1.1. Fonio (Digitaria exilis Stapf.)
I.1.2. Maïs (Zea mays L.)
I.1.3. Mil (Pennisetum glaucum L.)
I.2. Structure de stockage des grains de céréales
I.3. Insectes ravageurs des stocks céréaliers
I.3.1. Généralités et systématique des coléoptères
I.3.2. Morphologie des coléoptères
I.4. Pertes causées par les insectes
Chapitre II : Matériel et Méthodes
II.1. Cadre géographique
II.2. Zones d’étude
II.3. Echantillonnage
II.4. Traitement des échantillons au laboratoire
II.5. Tri et identification des coléoptères rencontrés dans les spéculations étudiés
II.6. Paramètres calculés et traitement des donnés
Chapitre III : Résultats et Discussion
III.1. Coléoptères ravageurs des stocks de céréales (fonio, maïs et mil)
III.2. Niveaux d’infestation du fonio au Sénégal Oriental/Haute Casamance
III.3. Niveaux d’infestation du maïs dans les deux (2) zones étudiées
III.3.1. Infestation du maïs dans le Bassin Arachidier
III.3.2. Infestation du maïs au Sénégal Oriental/Haute Casamance
III.4. Niveaux d’infestation du mil dans les deux (2) zones étudiées
III.4.1. Infestation du mil dans le Bassin Arachidier
III.4.2. Infestation du mil au Sénégal Oriental/Haute Casamance
Conclusion et Perspectives
Références bibliographiques