Emploi comme besoin fondamental
Exactement, l’emploi, si l’on se réfère à la définition du sous-développement, est un besoin. On parle ici de l’emploi défini comme une occupation confiée à une personne. En général, c’est à partir de son travail que l’homme reçoit le revenu avec lequel il peut satisfaire son minimum vital. Mais non seulement le minimum vital qu’il peut satisfaire, c’est surtout la capacité de se développer, d’agir et de créer c’est-à-dire c’est ce qui manque dans les pays sous-développés. Ici, l’importance du terme productif de notre sujet est évoquée. Dans les économies sous-développées, le problème de l’emploi se manifeste principalement par le problème de sous-emploi. Cela nous conduit à répondre aux questions posées précédemment.
Les revenus
Quand on parle d’emploi, on parle forcement des revenus. Ce sont deux éléments qu’on ne peut pas être séparés. L’écart entre les revenus dans un pays ainsi que leur niveau nous permet de caractériser l’emploi dans ce pays. Dans les pays riches, les revenus sont distribués d’une façon plus égalitaire avec un niveau moyen assez élevé alors que dans les pays pauvres l’écart entre les revenus des pauvres de niveau très bas et les revenus des riches de niveau élevé est très important. Ainsi dans les pays riches l’emploi a un caractère productif car les gens sont plus motivés alors que dans les pays pauvres l’emploi est précaire. Les pauvres travaillent à la routine. Ils ne sont pas motivés. Ils ne pensent qu’à leur survie alors qu’ils sont nombreux. Pour le cas de Madagascar en 2005, on enregistre un salaire moyen annuel de 991 000 Ar. Le salaire moyen annuel est le rapport entre les revenus salariaux au cours d’une année et le nombre total des salariés. Il existe un grand écart entre le salaire moyen annuel en milieu rural et le salaire moyen annuel en milieu urbain car pendant ce même année, le salaire moyen annuel en milieu rural est évalué à 691 000 Ar7 tandis qu’en milieu urbain, on enregistre presque le double, c’est-à-dire 1 296 000 Ar8 . On peut dire alors qu’en milieu rural où habite la grande majorité de la population, l’emploi est moins rémunérateur qu’en ville. De ce fait, les salaires ruraux ne permettent pas au gens d’améliorer leur emploi. Encore pire, la productivité de l’emploi rural se détériore, d’abord à cause de l’incapacité à épargner alors que le crédit rural n’est pas encore très développé. Faute de moyen financier, l’emploi se dégrade. Ensuite, les ruraux sont victimes de la hausse des prix des biens de production, des matières nécessaires à la production comme les engrais par exemples. Ces problèmes, étant valables pour les ruraux qui perçoivent des revenus non salariaux, empêchent l’emploi rural d’avoir un caractère productif. En ville, même si le salaire moyen annuel est le double de celui en milieu rural, les revenus sont faibles. Peu de citadins consacrent une part de leur revenu dans les investissements productifs. Cette situation peut être expliquée par l’inégalité importante entre les revenus des pauvres et ceux des riches. L’écart qui existe entre les salaires moyens des femmes et des hommes qui sont respectivement de 750 000 Ar9 et 1 147 000 Ar10 en 2005 se traduit par la précarité de l’emploi des femmes par rapport à celui des hommes ou par la persistance de la discrimination. Toutefois, la participation des femmes dans l’activité économique contribue énormément à la croissance économique.
Les initiatives dans la première république et dans la deuxième république
Une enquête a été effectuée dans le service de direction de création et de promotion d’emploi du Ministère de la Fonction Publique du Travail et des Lois Sociales. Les responsables n’ont pas pu nous fournir toutes les données concernant tous les projets se rapportant sur la création et la promotion d’emploi productif pendant les deux premières républiques. Cela est dû par plusieurs raisons que nous verrons dans la partie critique de cette section. Néanmoins, ils nous ont fourni quelques explications sur les résultats et les principaux problèmes rencontrés des quelques projets réalisés durant ces périodes. Généralement, les projets réalisés durant la première et la deuxième ont, pour la plupart, une dimension sectorielle se limitant dans une localité déterminée. Mais il avait quelques projets qui visent la promotion de l’emploi productif en milieu rural, comme par exemple le projet SOMALAC. Ce projet consistait à fournir des matériels agricoles nécessaires aux activités des paysans afin qu’ils puissent améliorer leur productivité. Le projet avait proposé des crédits pour soutenir financièrement ces paysans dans le but de l’utilisation des techniques modernes qui permettent d’accroître leur productivité. Le projet s’engage dans le cadre de :
Financement des petits métiers artisanaux et agricoles dans les villes et dans les milieux ruraux.
Formation technique notamment pour les paysans et formation professionnelle notamment pour les groupes sociaux vulnérables.
Construction des infrastructures,
Approvisionnement des matériels artisanaux et agricoles,
Appui technique sur terrains des collaborateurs.
Cependant, les problèmes sont :
Les projets n’affectent pas toute la population,
Les apports de certains projets ne sont pas durables,
Non adaptation des objectifs des projets aux vrais besoins de la population,
Les projets ne sont pas bien étudiés,
Le manque de moyens financier, technique et humain est généralisé
Mais le problème se trouve sur le fait que les paysans n’ont pas utilisé l’argent à cet effet. Ils ont acheté des matériels pour satisfaire leur besoin personnel comme des vêtements, radio… au lieu d’acheter des matériels pour leur travail. Et le pire c’est qu’ils ont dû vendre leur bien ou s’endetter pour rembourser l’argent. Les paysans n’arrivent pas à comprendre à ce qu’ils doivent faire. Par conséquent, l’objectif du projet n’était pas atteint, c’était un échec.
Les objectifs prioritaires pour promouvoir l’emploi
Comme toutes les politiques de développement, la PNE dispose des objectifs prioritaires. Le but est de promouvoir l’emploi pour favoriser la croissance afin d’atténuer la pauvreté. Pour arriver à ce point, on doit atteindre cinq objectifs prioritaires. D’abord, pour promouvoir l’emploi, il faut que l’environnement économique, politique, sociale, technologique, extérieur et juridique offre une opportunité aux acteurs à investir et par suite, les activités sont très productives et contribuent énormément à la croissance économique. Ensuite, il faut appuyer le secteur privé. Ce secteur tient un rôle très important seulement du fait qu’il est un grand pourvoyeur d’emplois productif. Ainsi, l’initiative visant à promouvoir le secteur privé comme le PNSP méritent d’être analysée séparément. Puis, la PNE vise au développement du secteur informel et du secteur rural vu leur grande importance à Madagascar. Dans le domaine éducatif, Madagascar rencontre deux problèmes majeurs : non adaptation du système éducatif au marché de travail et faible niveau d’instruction de la population surtout en milieu rural. La PNE vise particulièrement à améliorer l’accès de travailleurs du secteur informel et du secteur rural à l’éducation et à la formation professionnelle pour une meilleure productivité. La PNE encourage aussi le développement des activités génératrices de revenu garant de la croissance économique. Et, finalement, en constatant les difficultés rencontrées par les groupes sociaux sensibles lorsqu’ils veulent accéder au marché de l’emploi et en considérant l’importance de leur nombre, la PNE appuie l’accès de ces groupes au marché de l’emploi.
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Table des matières
Introduction
PARTIE I : LIEN ENTRE EMPLOI PRODUCTIF ET SOUS-DEVELOPPEMENT, ANALYSE DU MARCHE DU TRAVAIL DE MADAGASCAR PAR RAPPORT A SA SITUATION ECONOMIQUE
Chapitre 1 : Lien entre emploi et sous-développement
1-1) Le concept du sous-développement
1-1-1) Le sous-développement défini par référence aux besoins fondamentaux de l’homme
1-2) Lien entre le problème de l’emploi et le sous-développement
1-2-1) Emploi comme besoin fondamental
1-2-2) Sous-emploi, caractéristique essentielle du sous-développement
1-2-3) Le chômage et le sous-développement
1-3) L’emploi et les cercles vicieux du sous-développement
Chapitre 2 : Rapport entre le marché du travail et la situation socio-économique de Madagascar
2-1) Situation socio-économique de Madagascar
2-1-1) Evolution du PIB
2-1-2) Les revenus
2-1-3) L’éducation
2-2) Les indicateurs sur l’emploi
2-2-1) Le taux d’activité
2-2-2) Le taux de chômage
2-2-3) Le taux de sous-emploi
2-2-4) Les autres indicateurs
2-3) La structure de l’emploi à Madagascar
2-3-1) L’emploi rural
2-3-2) L’emploi informel
2-3-3) L’emploi moderne
2-3-4) L’emploi temporaire
2-4) Les groupes sociaux fragiles et monde de travail
2-4-1) Les femmes
2-4-2) Les chômeurs diplômés
2-4-3) Les jeunes non qualifiés
2-4-4) Les handicapés
2-4-5) Les déflatés
PARTIE II : ANALYSE ET CRITIQUE DES INITIATIVES DE PROMOTION ET DE CREATION D’EMPLOI PRODUCTIF A MADAGASCAR
Chapitre 1 : Les initiatives de création et de promotion d’emploi productif à Madagascar
1-1) Les initiatives dans les deux premières républiques
1-2) Initiatives récentes
1-2-1) L’IJVA ou Insertion des Jeunes à la Vie Active
1-2-2) Le programme PER ou Promotion de l’Emploi et du Revenu
1-2-3) La Politique Nationale de l’Emploi ou PNE
1-2-4) Le Programme National de Soutien à l’Emploi ou PNSE
1-2-5) Le Programme National d’appui au Secteur Privé ou PNSP
Chapitre 2 : Synthèse
2-1) croissance durable plus équilibrée
2-1-1) Emploi et croissance durable
2-1-2) Emploi et croissance plus équilibrée
2-1-3) Croissance économique et lutte contre la pauvreté
2-2) Accumulation de capital humain et redistribution plus égalitaire de revenu, conditions primordiales de la croissance
2-2-1) Accès à l’éducation et accroissement de la productivité
2-2-2) Formation professionnelle et croissance économique
2-2-3) Politique de redistribution et lutte contre la pauvreté
2-3) Développement des activités génératrices de revenus
2-4) Assurances de l’accès des groupes sociaux vulnérables aux marchés de l’emploi
2-5) L’appui au secteur privé
2-6) Améliorer l’accès des travailleurs du secteur informel et du secteur rural à l’éduction et à la formation professionnelle
Conclusion
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