Influences, courants éducatifs et place de l’enfant dans le mouvement

Définition et actualité

Avant tout défini comme un hobby destiné aux jeunes, dès l’âge de 5 ans, le scoutisme touche 40 millions1 de membres à travers le monde. On reconnaît le scoutisme à travers deux symboles : la fleur de lys et le trèfle. Le premier est le signe des garçons et le second celui des filles. La fleur de lys représente le nord qui était le point cardinal que devaient suivre les soldats de l’armée britannique (Baden-Powell, 1988). Le trèfle à trois feuilles symbolise les trois points de la promesse que doit faire une scoute ou un scout lors d’un rituel qui marque son admission en tant qu’éclaireuse et éclaireur. Le trèfle à trois feuilles et la fleur de lys symbolisent aussi la recherche du sens de la vie, la responsabilité envers les autres et sa propre remise en question. Le salut scout avec trois doigts rappelle également ces trois points. Le scoutisme, c’est aussi un regroupement de six à huit enfants du même âge qu’on appelle patrouille ou meute. Au sein de la meute, chacun est considéré sur le même pied d’égalité.

L’uniforme scout représente le fait de faire partie d’un même groupe et l’égalité entre chaque membre. Les enfants sont regroupés par tranches d’âge : les enfants de 5 à 6 ans (les castors), puis les 6 à 10 ans (les louveteaux), ensuite les adolescents de 10 à 14 ans (les éclaireurs) et les 14 à 17 ans (les pionniers) et enfin les jeunes adultes à partir de 17 ans (les routiers). Chaque groupe représente un échelon à passer avec des épreuves, des rites, des activités, des jeux, des apprentissages et des responsabilités adaptés. À l’origine, « un éclaireur est un soldat, choisit pour son intelligence et son courage, qui précède […], l’armée pour découvrir où se tient l’ennemi et rapporte à son chef tout ce qu’il a su savoir » (Baden-Powell, 1988, pp.13-14). Dans le scoutisme, l’éclaireur prend une autre signification. Celui-ci incarne tout d’abord la paix. C’est une personne « […] sachant vivre dans la jungle, capable de toujours retrouver son chemin […] » (p.14). Et aussi, quelqu’un qui « sait prendre soin de sa santé, fort et hardi, prompt à affronter tous les dangers et toujours prêt à l’entraide ». (p.14)

Ce loisir est pratiqué à l’extérieur, en pleine nature – considéré comme le lieu idéal pour faire des découvertes et éveiller la curiosité des jeunes. Les rencontres scoutes sont rythmées par des activités sportives et physiques adaptées à l’âge des enfants et propres au scoutisme. Par exemple, apprendre à nouer une corde de différentes manières, se déplacer d’un point A à un point B à l’aide d’une carte, demander à des habitants des renseignements sur un sujet donné, chanter des chansons scoutes, raconter des histoires autour d’un feu, organiser le campement. L’attitude à adopter face à la nature et face aux plantes sauvages est également apprise. Ces activités, perçues pour certains comme dépassées, sont pour d’autres amusantes, attrayantes et synonymes de réussite. À travers ces activités, des savoir-faire, des savoir-être et des savoir-vivre sont développés et acquis. Lorsqu’ils sont maîtrisés, ils sont récompensés par un badge encourageant l’effort. Celui-ci est cousu sur l’uniforme du scout.

Les patrouilles se distinguent par leur animal totémique. Celui-ci figure sur le fanion de chacune d’entre elles. De plus, chaque membre apprend à l’imiter. Ce qui sera leur signe de reconnaissance lors des activités à l’extérieur. Un Chef de patrouille, plus âgé, supervisé par les responsables adultes, encadre les scouts plus jeunes. Souvent considéré comme un grand frère ou une grande soeur, son rôle est déterminant puisqu’il fait figure d’exemple pour les plus jeunes (Thériault, 2001). La patrouille est organisée hiérarchiquement : chaque membre a un rôle et des responsabilités bien précises. L’expérience de la vie de groupe développe chez eux des compétences telles que l’esprit d’équipe, la solidarité, l’ouverture, la confiance, le courage, l’entraide, la responsabilité, le soutien, le respect, la débrouillardise. Les enfants se rencontrent, en général, une fois par semaine, le samedi ; et une fois par année ceux-ci participent un camp d’été d’une durée pouvant aller d’une semaine à plusieurs semaines, selon l’âge des scouts. Les patrouilles, d’âges différents, se retrouvent parfois aussi pour des activités communes.

L’enfant à travers la société anglaise

Le contexte temporel et physique dans lequel BP crée le scoutisme nous offre également des clés pour comprendre le mouvement, c’est pourquoi il nous paraît utile de l’étudier d’un point de vue socio-historique. La société anglaise se définit tout d’abord par l’influence philosophique forte datant du siècle des Lumières, mais aussi par la révolution industrielle, la renaissance et l’anglicanisme (Hendrick, 1997). Le début du XXe siècle est marqué par le règne d’Édouard VII, successeur de sa mère, la reine Victoria. Ce début de siècle garde cependant encore une forte empreinte du XIXe siècle, appelé époque victorienne. Celle-ci est décrite surtout par la révolution industrielle et le libéralisme. Nous allons donc nous efforcer de décrire le contexte de ce début de XXe siècle à travers certains éléments datant du siècle précédent. Vincent (2008) constate un essor démographique et une urbanisation très forte à partir du XIXe siècle. « La population anglaise double en cinquante ans pour atteindre 17 millions d’habitants en 1851, dont la moitié vit dans des villes » (p.92).

Le mode de vie des Anglais change et l’industrialisation y contribue fortement. Gillard (2011) décrit justement les bouleversements entraînés par celui-ci : The factory system increased the division and specialisation of labour and resulted in large numbers of people moving to the new industrial cities, especially in the midlands and the north. It also resulted in low wages, slum housing and the use of child labour. Ces bouleversements touchent également le domaine de l’enfance. Hofstetter, qui retrace en 2012 comment l’enfance a été transformée en une période dédiée essentiellement à l’apprentissage, explique que l’industrialisation provoque de gros changements pour l’enfant. Elle écrit : « les sociétés à dominante agraire et artisanale passent à des sociétés commerciales et industrielles, d’une économie familiale à une économie de marché » (p.34). Le rôle social de l’enfant change, « celui-ci prend alors une valeur marchande en dehors de la sphère familiale » (p.34). Il devient exploitable, ce qui le rend utile et rentable – à la fabrique, à l’usine, à la mine, etc. L’industrialisation modifie donc le mode de vie des individus qui fait apparaître de nouvelles problématiques, comme l’exploitation enfantine, la vente d’enfant ou la mendicité (Becchi & Julia, 1998-b ; Droux, 2011 ; Gillard, 2011 ; Hofstetter, 2012). L’enfance, à cette époque, est qualifiée comme une période vécue au travail, dans la pauvreté et la misère. Dans son ouvrage, Hendrick (1997) s’intéresse à la société anglaise en se focalisant sur l’enfance entre 1880-1990 à travers les recherches historiques, sociologiques et éducatives.

Il avance justement que, avant l’ère industrielle, les enfants des campagnes travaillaient déjà à la ferme, aux champs et dans les métiers artisanaux, mais que l’industrialisation vient élargir le spectre des possibilités. De plus, la main-d’oeuvre enfantine devient intéressante parce qu’elle est d’une part docile et d’autre part rentable à l’usine et à la mine, mais aussi nécessaire pour la survie des familles des classes moyennes (Clarke, 2003). Travailler est indispensable pour les enfants, car il en va de la survie de la famille. Dans ce contexte d’industrialisation, une série de lois sociales apparaissent pour réguler son développement, pour améliorer les conditions des travailleurs adultes et pour protéger les enfants de l’exploitation (Hendrick, 1997). Gillard (2011) et Robertson (1975) évoquent par exemple la Peel’s Factory Act of 1802, qui était la première loi de ce type. « […] It was still the first act of legislation intended to insure the well-being of a class of citizens solely because they were young » (Robertson, p.427). Cette loi voulait préserver la santé et la morale des apprentis anglais travaillant dans le domaine du coton et de la laine. Elle obligeait les employeurs à offrir un enseignement en lecture, écriture et calcul pendant les quatre premières années de l’apprentissage qui durait sept ans.

Influences, courants éducatifs et place de l’enfant dans le mouvement Même si BP refuse de reconnaître les nombreux points communs qu’a le scoutisme avec l’armée, ceux-ci sont indéniables. Dans toutes les recherches, réalisées sur le mouvement, que nous avons lues – Avon (2001), Cholvy (2000), Baubérot & Duval (2006), Da Costa (2006), Rosart, Scaillet & Wittemans (2007), Seyrat (2007), Van Effenterre (1947) – l’influence de l’armée dans le mouvement apparaît comme une évidence. Ce lien est fait en premier lieu avec l’homme qui est à la tête du mouvement, BP. Il est décrit avant tout comme un militaire aimant passer du temps dans la nature. Il est connu pour ses talents musicaux, de dessinateur et d’acteur comique. Enfant, il a été formé dans une école qui donnait « une importance aux activités physiques et sportives de plein air, ainsi qu’aux activités artistiques, tandis qu’une place secondaire était accordée aux disciplines purement intellectuelles » (Da Costa, 2006, p.13). Puis, il a reçu une formation militaire qui l’a amené à combattre les populations colonisées notamment.

Au sein de l’armée, « il se fit une réputation d’excellent officier de renseignement, capable de forcer les défenses de l’ennemi et de recueillir les informations nécessaires » (p.14). Durant ses missions, il a côtoyé beaucoup de tribus indigènes qui l’inspireront pour façonner sa méthode d’éducation. Au sein de l’armée, il a observé très vite que la formation militaire des jeunes n’était pas optimale. En 1899, il a donc publié un recueil de conseils destinés aux jeunes militaires qui a connu un succès important. Mais c’est surtout l’expérience de Mafeking qui a été déterminante. Alors qu’il devait défendre la ville de Mafeking, en Afrique du Sud, contre les pionniers hollandais et que les hommes qu’il avait n’étaient pas suffisants pour y arriver, il a mobilisé de jeunes garçons âgés de 12 à 18 ans qu’ « il a employés comme agents de liaison, espions, éclaireurs, signaleurs » (p.16). La confiance et les responsabilités qu’il leur a octroyées furent déterminantes pour vaincre les assiégés. Cette expérience lui a montré à quel point ces garçons pouvaient être utiles à des fins militaires si on leur faisait confiance et qu’on les respectait : deux ingrédients essentiels pour l’efficacité de sa méthode. Il eut ensuite d’autres expériences, toujours dans l’armée, qui lui permirent d’affiner sa méthode d’entraînement qui permettrait de maintenir la grandeur de l’Empire britannique(Baubérot & Duval, 2006).

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Table des matières

1 Introduction
1.1 Les scouts
1.2 L’inter‐ et la transdisciplinarité
1.3 Objectifs et méthode de travail
2 Origine et contexte d’émergence du scoutisme
2.1 Définition et actualité
2.2 L’enfant à travers la société anglaise
2.3 Influences, courants éducatifs et place de l’enfant dans le mouvement
3 Développement du mouvement
3.1 Guidisme
3.2 Rôle des femmes durant la guerre et guidisme
3.3 Entre guerre et paix : changements et évolution
4 Le scoutisme international
4.1 Impact de la religion
4.2 Les nouveaux textes internationaux et le scoutisme
4.3 OMMS : implication et partenariats
5 Conclusion
5.1 Succès du mouvement
5.2 Bilan
5.3 Ouverture
6 Bibliographie
7 Annexes

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