Influence des types de sanctions sur la récidive
RECENSION DES ECRITS
Cette section présente les écrits scientifiques sur la problématique de la délinquance juvénile. Dans un premier temps, les concepts importants reliés à l’étude sont définis, soit la délinquance juvénile et la récidive. Par la suite, les différents facteurs de risque identifiés de la délinquance et de la récidive sont exposés. Puis, les connaissances concernant le sens des délits, c’est à-dire les explications que les adolescents donnent à leurs comportements délinquants, sont présentées. Enfin, la dernière partie de ce chapitre porte sur l’impact des conséquences légales sur la décision d’adopter ou non des comportements délinquants.
Concepts importants Délinquance
Généralement, le terme délinquance est utilisé pour qualifier les comportements délictueux des adolescents, alors que le terme criminalité est davantage employé pour parler de l’ensemble des crimes commis par les adultes. Les écrits scientifiques sur la délinquance juvénile ne font pas consensus sur la définition à donner à ce concept. Elle diffère selon les auteurs (Cloutier, 1996; Frechette & LeBlanc, 1987; LeBlanc, 1994b;Ouimet, 2009) et selon leur domaine d’étude (psychologie, criminologie, sociologie). La définition de la délinquance juvénile varie également dans le temps et selon la perspective dans laquelle on l’aborde (explicative, causale, comprehensive, etc.). Il est toutefois possible d’identifier trois perspectives dans la définition de la délinquance, selon que cette dernière est centrée sur le délit commis, sur le délinquant lui-même ou sur la délinquance en général (Frechette & LeBlanc, 1987; Ouimet, 2009). La première perspective s’attarde aux causes immédiates qui ont incité le jeune à commettre le délit, par exemple, le besoin d’argent pour l’achat de drogues. La deuxième perspective, quant à elle, s’intéresse aux facteurs d’initiation et de développement de la délinquance sur le
plan individuel, par exemple, l’histoire familiale ou les traits de caractère. Enfin, la troisième perspective porte sur les facteurs associés à la délinquance observée à un endroit et pour une période donnée, par exemple, la variation du taux de criminalité.
Cette dernière permet de comparer la criminalité entre les pays, par exemple, et d’expliquer pourquoi elle diffère.Bien que la délinquance soit une réalité souvent jugée diffuse et complexe (LeBlanc, 2003a), certains auteurs ont avancé des définitions afin de circonscrire ce phénomène. Le fait de proposer une définition permet de clarifier le phénomène et de favoriser un consensus social autour de la question. Pour des raisons pratiques, c’est souvent la définition légale qui est retenue par les chercheurs. À ce sujet, Cloutier (1996) parle de façon générale de la délinquance juvénile comme étant l’ensemble des infractions commises par les jeunes. Il précise que cette délinquance se situe sur un continuum de gravité des délits. Il mentionne à cet effet que « la délinquance, ce n’est pas quelque chose que l’on a ou que l’on n’a pas, mais plutôt une réalité plus ou moins présente qui peut s’aggraver ou se résorber dans le temps sous l’influence de différents facteurs » (Cloutier, 1996, p. 259). Cet auteur mentionne également que la majorité des adolescents participent à un moment ou à un autre à des activités délinquantes et ce, qu’ils y soient mêlés de près ou de loin. Pour sa part, LeBlanc (2003a) qualifie la délinquance juvénile d’épiphénomène de l’adolescence, en ce sens qu’elle est plutôt généralisée (un grand nombre d’adolescents ayant participé au moins une fois à un acte délinquant) et limitée à cette étape de vie. Il s’agit également d’une activité avant tout
malicieuse et hédoniste qui, selon cet auteur, est un accident de l’adolescence ou une expérience momentanée (LeBlanc, 2003a). Ouimet (2009), quant à lui, se base sur la définition de Cusson (1998) pour dégager les éléments associés à la définition de la délinquance juvénile. Le premier critère réfère au fait que l’acte doit être en violation d’une disposition du Code criminel. Il exclut donc les délits statutaires, c’est-à-dire les actes permis pour les adultes, mais interdits aux mineurs, par exemple, se trouver dans un bar. Le second critère renvoie au fait que l’acte délinquant doit causer du tort à autrui même si le dommage n’est pas important. La consommation de drogues ne serait donc pas un comportement inclus dans cette définition. À ce sujet, Ouimet (2009) mentionne qu’une distinction doit être faite entre les comportements délinquants et les conduites déviantes. Tandis que les premiers contreviennent à une loi, les conduites déviantes suscitent une désapprobation morale d’une grande part de la société. En fait, la déviance est un phénomène plus large qui englobe la délinquance lorsque celle-ci est moralement désapprouvée par la société. Toutefois, il arrive parfois que des comportements illégaux ne soient pas considérés comme contraires à la morale. C’est pourquoi une distinction peut parfois être faite entre la délinquance et la déviance. Enfin, à la suite de plusieurs études dans le domaine, Frechette et LeBlanc (1987) ont éélaboré une définition qui est
encore fréquemment utilisée dans les études récentes. Cette définition distingue les différents éléments de la conduite délinquante :
Une conduite JUVÉNILE, c’est-à-dire une conduite dont l’auteur est un mineur aux yeux de la loi, une conduite DÉROGATOIRE, puisqu’elle va à Vencontre des prescriptions normatives écrites — une priorité stricte étant accordée aux violations « criminelle » par opposition aux violations « statutaire » —, une conduite INCRIMINABLE, dont le caractère illégal a été, ou pourrait être, validé par une arrestation ou une comparution devant un tribunal et qui est passible d’une décision à caractère JUDICIAIRE et une conduite SÉLECTIONNÉE, puisqu’elle n’englobe qu’un nombre limité d’actes dont le calibrage, en matière de dangerosité sociale, est acquis et présente un haut degré de stabilité.
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Table des matières
Sommaire
Table des matières
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Problématique
Recension des écrits
Concepts importants
Délinquance
Récidive
Facteurs de risque de la délinquance et de la récidive
Facteurs personnels
Facteurs familiaux
Facteurs sociaux
Motifs et sens des délits
Impact des sanctions
Influence des types de sanctions sur la récidive
Perceptions des jeunes de leur sanction et l’effet sur le risque de récidive
Cadre de référence
Interactionnisme symbolique
Interactionnisme et délinquance
Étude des trajectoires
Méthodologie
Objectifs et questions de recherche
Stratégie de recherche
L’approche qualitative
La méthode d’entrevue
Collecte de données
Population à l ‘ étude et mode de recrutement des participants
Déroulement et contexte des entrevues
Analyse des données
Considérations éthiques
Résultats
Portraits des participants
Synthèse des caractéristiques des participants
Parcours délinquants des adolescents
L’entrée dans la délinquance
La progression de l’agir délinquant
La régression ou le désistement de la délinquance
Analyse personnelle de leur délinquance
Discussion
Motifs et facteurs de délinquance et de récidive
Impact des sanctions
Sens de la délinquance
Forces et limites de la recherche
Avenues et perspectives de recherche
Conclusion
Références
Annexe 1 Consentement de transmission de renseignements
Annexe 2 Dépliant
Annexe 3 Fiche signalétique
Annexe 4 Guide d’entrevue
Annexe 5 Formulaire de consentement pour le parent ou le tuteur du participant
Annexe 6 Formulaire de consentement pour le participant
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