INFLUENCE DES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES SUR LES MOUVEMENTS À FAIBLE PROFONDEUR DU REQUIN DU GROENLAND

INFLUENCE DES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES SUR LES MOUVEMENTS À FAIBLE PROFONDEUR DU REQUIN DU GROENLAND

Matériels et méthodes Sites d’étude

Le requin du Groenland fréquente quatre baies de la rive nord de l’estuaire du Saint-Laurent dans la région de Baie-Comeau, Québec, Canada (Figure 1). Ces baies boréales sont caractérisées par un milieu littoral assujetti aux variations saisonnières et offrant une variété de proies connues du requin du Groenland y compris des poissons, crustacés et mollusques. La baie des Anglais (Station 1) (49.267596° N, -68.127496° W) est la plus grande avec une longueur d’environ 4,4 km et une profondeur maximale qui dépasse 100 m. La baie du Garde-feu (Station 2) (49.280868° N, -68.051043° W) mesure 1 km de long par 0,5 km de largeur. Sa profondeur maximale est aussi de 70 m. La Baie-Saint-Pancrace (Station 3) (49.287314° N, -68.045956° W), deuxième en superficie, est la plus étroite (environ 250 m de large par 1500 m de longueur), ce qui concentre le trafic des requins sur une plus petite surface et augmente les chances de poser un émetteur en plongée. Sa profondeur maximale est aussi de 70 m. La baie du Loup marin (Station 4) (49.280448° N, -68.009428° W) mesure seulement 30 m de longueur par 200 m de largeur. Elle diffère des autres baies par son profil abrupte (~ 40 0) et profond (> 150 m). Les trois autres baies présentent plutôt un profil en pente douce (::; 20°). Les quatre baies du lieu d’étude débouchent sur l’estuaire du SaintLaurent qui est large d’environ 56 km. La profondeur maximale du Chenal Laurentien au centre de l’ estuaire est de 350 m.

Émetteurs-récepteurs

Afm de suivre les mouvements du requin du Groenland, nous avons posé des émetteurs acoustiques sur huit requins (longueur moyenne = 3 m) dans la Baie Saint-Pancrace (Station 3) les 18 et 19 juin 2005. Aucun requin n’a été pêché ou retenu afin de minimiser les risques de blessures aux requins et aux plongeurs. Les émetteurs acoustiques V16 (VEMCO© Halifax, Canada) ont été fixés à l’aide d’une perche tel un harpon (<< Hawaiian sling ») par un plongeur équipé d’un scaphandre autonome à circuit ouvert. Un grappin de métal retenait l’émetteur dans le tissu superficiel du requin. L’émetteur était relié au grappin par un fil en acier inoxydable de 10 cm pris en sertissure (résistance à la traction de 90,9 kg). L’émetteur V16 émet un code d’identification unique afin que chacun des requins soit identifié individuellement. L’émetteur est équipé de capteurs mesurant la profondeur (pression) et la température (OC).

Les émetteurs ont été programmés pour transmettre des données alternantes à 69 kHz à toutes les 60 secondes pendant la période d’échantillonnage du 19 juin au 19 août 2005. Les signaux étaient transmis sur une distance pouvant atteindre 600 m selon les conditions environnementales et la bathymétrie. La date et l’heure de chacun des signaux ont été archivées dans la mémoire d’un récepteur. Quatre récepteurs passifs VR2 (VEMCO© Halifax, Canada) ont été placés à 6 m du fond dans les quatre baies. Les signaux enregistrés par les récepteurs ont été récupérés à l’aide d’un ordinateur portable muni d’une interface VRI PC (VEMCO© Halifax, Canada) à la fin de la période d’échantillonnage.

Données complémentaires

Pour déterminer les effets de la marée, nous avons utilisé les données tidales de Pêches et Océans Canada (Station #2840 / Baie-Comeau). Les données tidales étaient composées de deux variables. La marée haute comprenait les données des trois heures précédent et des trois heures suivant la marée haute. La marée basse comprenait les données des trois heures précédent et des trois heures suivant la marée basse. Cette distinction a été faite afm de créer une période tampon permettant aux requins de s’ ajuster aux mouvements d’eau lors du flux et du reflux. Les données de température provenaient de la bouée du réseau thermographe de l’Institut Maurice Lamontagne (Pêches et Océans Canada) qui est amarrée au large de Baie-Comeau (49.201663° N, -68.056660° W). Les niveaux de lumière pour la région de Baie-Comeau ont été mesurés en variables jour et nuit en se basant sur les données envirOlmementales en ligne d’Environnement Canada. Les données sur les phases lunaires ont été obtenues en ligne de la National Aeronautics and Space Administration (NASA) et elles étaient composées de deux variables. La pleine lune comprenait les données des sept jours précédent et des sept jours suivant la pleine lune (début du premier quartier au début du dernier quartier). La nouvelle lune comprenait les données des sept jours précédent et des sept jours suivant la nouvelle lune (début du dernier quartier au début du premier quartier). Cette distinction a été faite afin de permettre aux requins de s’adapter aux niveaux de lumière croissant et décroissant la nuit.

Température Contrairement aux températures de l’océan Arctique qui sont froides à l’année et qui varient peu selon la profondeur (-1 ,8 oC à -0,5 oC; Skomal and Benz 2004), les variations importantes de la température de l’eau à Baie-Comeau semblent affecter les mouvements du requin du Groenland en eaux peu profondes. Pendant la période d’échantillonnage, les requins atteignaient majoritairement les plus faibles profondeurs lorsque les eaux de surface étaient plus froides et plus sombres que de jour (Figure 6). Ce pourrait être une indication que le requin du Groenland est sensible à la température et qu’il ne peut ainsi accéder à ces profondeurs que lorsque les températures sont relativement froides. La durée et le nombre de mouvements à faible profondeur pourraient donc être en partie déterminés par la température de l’eau. L’analyse des données sur une période de 60 minutes (16 juillet de 17 h 00 à 18 h 00) (Figure 4) démontre qu’un des requins a traversé des écarts de température de 10 °C à trois reprises.

Les mouvements de six des requins étaient similaires avec pour exception la vitesse et le nombre d’incursions dans les baies. Les requins nageaient sur de longues distances en longeant le fond pour entrer et sortir des baies. Hulbert et al. (2006) ont démontré que les mouvements du requin dormeur du Pacifique étaient caractérisés par des oscillations verticales avec de courtes transitions. De façon similaire, les requins dans notre étude ainsi que ceux étudiés par Stokesbury et al. (2005) passaient peu de temps dans les eaux plus chaudes avant de repartir vers les plus eaux froides du large. Ce faisant, ils ont démontré une préférence pour des températures se situant entre 1 et 2 oC (Figure 5). Les mouvements en eaux plus chaudes pourraient aussi servir à réguler la température corporelle des requins. La petite roussette Scyliorhinus canicula, chasse dans les eaux plus chaudes la nuit puis retourne en eau profonde de jour où les températures plus froides facilitent la digestion (Sims et al. 2006). Si le requin du Groenland est plus charognard que prédateur actif, les eaux froides pourraient ralentir son processus digestif pour ainsi compenser pour un métabolisme plus lent et une alimentation sporadique.

Niveau de lumière

Dans l’étude de Hulbert et al. (2006), les mouvements verticaux diels ininterrompus du requin dormeur du Pacifique duraient jusqu’à 330 heures (3 mouvements sur 100) mais la plupart duraient au plus 25 heures (92 mouvements sur 110). Le plus long mouvement diel dans notre étude, qui fut interrompu par le retrait des trois récepteurs acoustiques, était de 27 jours et il pourrait avoir été influencé par des conditions environnementales (Figure 3). Dans l’océan Arctique, le requin du Groenland évolue pendant de longues périodes dans un environnement rendu obscur par un couvert de glace, la profondeur extrême et des latitudes élevées. On peut donc supposer que la vision joue un rôle de moindre importance lors de la quête de proies. Cette hypothèse est corroborée par des études anatomiques démontrant que la majorité des requins du Groenland dans l’Arctique ont une acuité visuelle fortement réduite dû au parasitisme (Borucinska et al. 1998). Hulbert et al. (2006) prétendent que la méthode de chasse du requin dormeur du Pacifique serait principalement contrôlée par des indices olfactifs.

D’ailleurs, il n’est pas connu si le requin du Groenland chasse surtout de jour ou de nuit, ou s’il s’alimente de façon opportuniste à tout moment. De nuit, les Inuits réussissent à attirer le requin du Groenland à la surface en projetant de la lumière aux abords d’un trou dans la glace (Idrobo 2008). Ce faisant, ils pourraient simuler un rayon de soleil passant à travers d’un trou de respiration de phoque. Attiré vers une proie potentielle, le requin remonte jusqu’à la surface tout en demeurant dans l’obscurité, hors de la vue de sa victime. Trop de lumière pourrait à la fois retirer l’avantage furtif du prédateur en plus de nuire à sa vision qui est adaptée à l’obscurité totale sous la glace et sous la zone photique « 200 m). Dans le fjord du Saguenay, les captures du requin du Groenland lors de la pêche blanche au cours du dernier siècle ont eu lieu de jour comme de nuit à des profondeurs dépassant 100 m et dans l’obscurité totale (Gallant and Harvey-Clark, données non publiées).

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Table des matières

LISTE DES T ABLEAUX
LISTE DES FIGURES
CHAPITRE 1 INFLUENCE DES CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES SUR LES MOUVEMENTS À FAIBLE PROFONDEUR DU REQUIN DU GROENLAND (SOMNIOSUS MICROCEPHALUS)
Introduction
Matériels et méthodes
Sites d’étude
Émetteurs-récepteurs
Données complémentaires
Analyses statistiques
Résultats
Détections par requin
Détections par station
Telnpérature
Niveau de lulnière
Marée
Profondeur
Limitations
Discussion
Température
Niveau de lulnière.
Marée
Influence de la profondeur
Autres facteurs environnementaux15
Facteurs biologiques
CHAPITRE II INFLUENCE OF PHYSICAL VARIABLES ON THE MOVEMENT AND BEHA VI OUR OF THE GREENLAND SHARK (SOMNIOSUS MICROCEPHALUS) IN SHALLOW W ATER
Abstract
Introduction
Methods
Study Sites
Transmitters and Receivers
Additional Data
Statistical Analysis
Results
Detections per Shark
Detections per Station
Temperature
Light Level
Tide
Depth
Limitations
Discussion
Temperature
Light Level
Tide
Depth
Other Environmental Factors
Biological Factors
Acknowledginents
References
Figure captions
ANNEXE INSTRUCTIONS AUX AUTEURS

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