Influence de l’age, du sexe et du niveau socioculturel (NSC) sur la comprehension pragmatique

INFLUENCE DE L’AGE, DU SEXE ET DU NIVEAU SOCIOCULTUREL (NSC) SUR LA COMPREHENSION PRAGMATIQUE

Effets de l’âge sur les compétences pragmatiques

Les habiletés communicationnelles requièrent un accès aux ressources cognitives. Or ces ressources évoluent en fonction de l’âge. Il paraît donc important de s’intéresser aux effets de l’âge sur les compétences pragmatiques. Plusieurs études tentent d’évaluer les effets du vieillissement sur la compréhension du matériel linguistique complexe, les actes de langage indirects et les processus inférentiels (Duchêne, 1997). En 2001, Papagno étudie la compréhension des métaphores et des expressions idiomatiques et remarque que les personnes plus âgées auraient plus de difficultés à sélectionner l’information adéquate et à rejeter le sens littéral non pertinent. La même année, Qualls, Obler, Connor et Albert (2001), cités par Qualls et Harris (2003) constatent que plus les sujets sains sont âgés, plus leur interprétation métaphorique, proverbiale et idiomatique est laborieuse. Ces troubles seraient directement en lien avec la saturation de la MDT, qui influe sur la compréhension pragmatique. Cette limitation de la MDT avec l’âge est appuyée par Iskandar en 2014. Lors de la passation de son « Metaphor Interpretation Test » par 80 personnes, les 40 jeunes adultes apportent plus de réponses contenant des inférences que les 40 adultes âgés qui restent très proches du sens littéral et concret. Il suggère ainsi un effet de l’âge sur l’interprétation des métaphores. Les premiers résultats des sujets à la GARI corroborent l’existence d’un effet significatif de l’âge sur les compétences pragmatiques puisque « plus les participants sont âgés, plus leur performance décroît » (Kétèle, 2015). En 2006, Champagne et al. tentent de déterminer si l’âge influe sur le traitement du langage non-littéral. Ils évaluent les capacités de traitement de 40 individus jeunes et 40 plus âgés (2 niveaux de scolarité dans chaque groupe) en langage littéral et non-littéral sur un support textuel informatisé. Aucun effet direct de l’âge sur le traitement du langage non-littéral n’est observé. Cependant, l’éventualité d’un effet du vieillissement sur une étape précoce de la tâche de traitement est avancée. Pour Rousseau, St André et Gatignol (2009), l’influence du facteur « âge » sur les capacités de communication des personnes âgées saines n’est pas significative.

Effets du sexe sur les compétences pragmatiques

Selon Franck, Baron-Cohen et Ganzel (2015), la compréhension pragmatique du langage est plus efficiente chez les femmes que chez les hommes. Les femmes utiliseraient davantage les inférences et leurs capacités communicationnelles se développeraient plus précocement. Précédemment Baron-Cohen (2002) avait décrit ce qui, selon lui, caractérise les deux différentes formes de cerveaux : la prépondérance de l’empathisation ou de la systémisation. Le « cerveau masculin » aurait plutôt une prédisposition à la systémisation. C’est le mode de fonctionnement de la majorité des hommes. Tous les paramètres d’une situation donnée sont analysés et organisés en un système de variables. Cela permet de déduire les règles sousjacentes qui régissent ce système et ainsi de le contrôler. La systémisation concerne des phénomènes réglementés et prédictibles : leur explication est exacte et leur valeur de vérité peut être testée (ex : « La lumière est éteinte car l’interrupteur est en position basse »). La systémisation est donc pratiquement inutile dans le cas d’une analyse de comportement humain. Quant au « cerveau féminin », il s’appuierait davantage sur l’empathisation. L’empathie permet d’identifier les émotions de l’interlocuteur et supposer quelles vont être ses réactions. L’empathisation permet donc de réagir de façon plus appropriée aux ressentis de l’autre. Cela implique de bonnes capacités à inférer sur les pensées et les émotions de l’interlocuteur, ce qui est indispensable dans le traitement des informations non-littérales et fait partie des compétences pragmatiques. Ce mode de fonctionnement concernant la majorité des femmes, on peut affirmer que celles ci sont plus efficientes dans le traitement des informations implicites.

Dans le cadre du test de la compréhension de l’ambiguïté, la variable « sexe » n’est pas significative (Munos, 2013). Cependant les premiers résultats de la GARI démontrent un effet significatif du facteur « sexe » : les femmes ont obtenu des scores significativement plus élevés que les hommes (Kétèle, 2015).

Effets du niveau socioculturel (NSC) sur les compétences pragmatiques 

En 1994, McGlone, Glücksberg et Cacciari rapportent un effet du niveau socioculturel sur la compréhension du langage non-littéral, à la fois chez les jeunes adultes et chez les personnes âgées, en particulier pour les expressions idiomatiques . Plusieurs auteurs privilégient l’hypothèse d’une influence du niveau d’éducation sur la compréhension du langage non-littéral plus importante que celle de l’âge (Champagne, 2006 ; Champagne et al., 2012 ; Glücksberg, Newsome et Goldvarg, 2001). Pour Champagne et al. (2012), le niveau d’éducation influence particulièrement le traitement des métaphores : les personnes de bas NSC éprouvent plus de difficultés à traiter les expressions métaphoriques conventionnelles par rapport aux personnes de haut NSC. Le NSC aurait un impact sur le décodage du langage non-littéral et permettrait d’en saisir le sens implicite. Le niveau social et culturel influencerait les capacités pragmatiques d’un individu autant que ses capacités cognitives et linguistiques (Adams, 2002). D’autre part, Munos (2013) retrouve un effet significatif du niveau d’étude pour le test de la compréhension de l’ambiguïté sans effet significatif du sexe. Le NSC serait donc un facteur déterminant dans la compréhension du langage non-littéral. Cependant, les premiers résultats de la GARI ne permettent pas de confirmer cette hypothèse : « la comparaison des performances des sujets met en évidence un effet non-significatif » (Kétèle, 2015).

LES TROUBLES PRAGMATIQUES ET LEUR EVALUATION

A la suite d’un TC ou d’un AVC, des troubles de la pragmatique peuvent apparaître. Ces lésions sont plus ou moins importantes et affectent la compréhension comme l’expression du patient. Longtemps, ces atteintes n’étaient pas considérées comme des troubles de type aphasique, seul l’aspect formel du langage était pris en compte (Joanette et Ansaldo, 1999 ; Joanette et al., 2004). Pourtant, leurs répercussions sur la communication sont importantes et responsables de comportements inadaptés. Ces difficultés à réagir et répondre de façon appropriée entraînent un handicap communicationnel et social. Il est donc primordial de repérer, évaluer et prendre en charge ces troubles (Mazaux, 2008). La notion d’aphasie pragmatique est proposée pour désigner cliniquement tous les symptômes liés à ces atteintes (Joanette et Ansaldo, 1999 ; Joanette et al., 2004).

Supports neuro-anatomiques des troubles pragmatiques

Rôle de l’hémisphère droit (HD)

Selon la latéralité d’une lésion, on observe différents troubles (Bernicot et al., 2001). Le rôle de l’HD dans les habiletés langagières a été démontré à plusieurs reprises (Joanette, 2004 ; Joanette, 2007). Une lésion de l’HD peut entraîner des troubles de la prosodie, du comportement, de la sémantique (Bernicot et al., 2001 ; Ferré et al., 2011 ; Love et Brumm, 2014), des troubles de l’analyse contextuelle (Duchêne, 1997 ; Huber et Gleber, 1982), de l’interprétation métaphorique (Yang, 2014) ou encore des troubles pragmatiques et méta-pragmatiques (Bernicot, 2005; Coté et al., 2007). Cependant des troubles pragmatiques ne sont pas à exclure en cas de lésion de l’HG (Joanette et al., 2004). Par ailleurs une communication efficace nécessite une participation des deux hémisphères cérébraux (Ferré et al., 2011 ; Joanette, 2004) et la nature de la lésion (ischémique ou hémorragique) aurait plus d’impact que sa localisation (Lajoie, Ferré et Ska, 2010).

Rôle des régions frontales

Après une lésion du lobe frontal, des troubles du langage sans aphasie peuvent apparaître chez les patients (Dardier et al., 2011). Ils affectent l’aspect social du langage. Les sujets lésés frontaux ont des difficultés à s’adapter aux exigences requises dans une situation conversationnelle et leur discours n’a pas la même structure que celle des sujets normaux (Bernicot, 2005 ; Dardier et Bernicot, 2000). L’importance des troubles diffère selon l’étiologie des lésions (Bernicot, 2005) : lors d’une épreuve de compréhension contextuelle d’énoncés, les patients victimes d’AVC ont des résultats quasi-identiques aux sujets-contrôles, tandis que les patients traumatisés crâniens ou avec une démence fronto-temporale obtiennent des résultats plus faibles. Les lésions diffuses dans les régions frontales auraient ainsi plus d’impact sur la pragmatique que les lésions focales (Bernicot, 2005).

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
1. COMPREHENSION PRAGMATIQUE CHEZ LE SUJET SAIN
1.1. Interprétation de l’implicite
1.2. Le traitement des informations non-verbales
1.3. Raisonnement inférentiel
1.4. Raisonnement inférentiel et autres compétences cognitives
2. INFLUENCE DE L’AGE, DU SEXE ET DU NIVEAU SOCIOCULTUREL (NSC) SUR LA COMPREHENSION PRAGMATIQUE
2.1. Effets de l’âge sur les compétences pragmatiques
2.2. Effets du sexe sur les compétences pragmatiques
2.3. Effets du niveau socioculturel (NSC) sur les compétences pragmatiques
3. LES TROUBLES PRAGMATIQUES ET LEUR EVALUATION
3.1. Supports neuro-anatomiques des troubles pragmatiques
3.2. Les atteintes pragmatiques à la suite d’un AVC ou de traumatisme crânien
3.3. Evaluation des troubles pragmatiques – Outils d’évaluation
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
METHODOLOGIE
1. POPULATION
1.1. Critères d’inclusion et d’exclusion
1.2. Description de la population
2. MATERIEL
2.1. Epreuve d’inclusion
2.2. Epreuves neuropsychologiques du protocole
2.3. Epreuves orthophoniques du protocole
3. METHODE
3.1. Recrutement des participants
3.2. Présentation du protocole d’étude
3.3. Consignes de la GARI et procédure
4. ANALYSE DES DONNEES
4.1. Variables
4.2. Hypothèses opérationnelles
RESULTATS
1. EFFETS DU SEXE, DE L’ÂGE ET DU NIVEAU SOCIOCULTUREL SUR LES PERFORMANCES A LA GARI
2. CORRELATIONS ENTRE LES PERFORMANCES A LA GARI ET LES EPREUVES NEUROPSYCHOLOGIQUES ET LES EPREUVES DU PROTOCOLE MEC
2.1. Corrélations entre les performances à la GARI et les épreuves neuropsychologiques
2.2. Corrélations entre les performances à la GARI et les épreuves du protocole MEC
DISCUSSION
1. CADRE THEORIQUE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
2. ANALYSE DES RESULTATS DES SUJETS
2.1. Analyse des effets du sexe, de l’âge et du nombre d’années d’études sur les résultats des sujets à la GARI
2.2. Corrélations entre les performances à la GARI et celles des empans de la WAIS-III et BAMS-T
2.3. Corrélations entre les performances à la GARI et les épreuves de compréhension d’actes de langage indirects et d’interprétation de métaphores du protocole MEC
3. INTERÊTS, LIMITES ET PERSPECTIVES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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