Les conflits d’intérêt, limités par la territorialité chez les espèces solitaires sont régulés étroitement dans les groupes sociaux. Ainsi, la dominance hiérarchique définie par la fréquence et l’orientation des interactions agressives, l’accès prioritaire à la nourriture, ou l’accès prioritaire aux partenaires sexuels peuvent être interprétés comme un mécanisme de régulation des conflits (13). Cependant, des études approfondies ne vont pas toujours dans ce sens. Premièrement, le rang social, comme tous les traits de sélection sexuelle (couleurs, ornementations, armes) peut être trompeur et n’être corrélé à aucune véritable « supériorité ». Même quand la hiérarchie se met en place par des combats entre mâles, ces combats sont rarement violents. En effet, les combattants utilisent souvent des armes spécifiques différentes de celles utilisées dans la défense contre les prédateurs. Les combats sont souvent ritualisés et transformés en danses ou en parades. Chez le chimpanzé, les prétendants à la dominance font des parades d’intimidation très violentes destinées à impressionner les autres mâles. On parle alors de bluff. Chez l’Homme, le bluff est généralisé et s’organise en systèmes de valeurs transmis par la culture et qui légitiment les critères de dominance. L’argent en est l’exemple le plus frappant.
Enfin, s’il est vrai que la dominance tend à diminuer l’agressivité dans les groupes sociaux, le statut de dominé est extrêmement anxiogène, comme en témoignent souvent des taux élevés de corticoïdes (hormones liées au stress) chez les subordonnés (44). Ainsi, l’absence d’agressivité souvent observée chez les subordonnés s’apparente plus à une inhibition de l’action, c’est-à-dire à une soumission qui peut s’avérer préjudiciable. L’acceptation de son sort correspond alors plus à une aliénation qu’à un véritable choix. La violence physique est alors remplacée par une violence symbolique exprimée par de simples approches qui font fuir par exemple chez les makis.
Des études ont analysé les relations complexes entre les hiérarchies de dominance et les systèmes sociaux des primates sauvages de Madagascar lesquels sont les lémuriens. Parmi les espèces de lémuriens existants dans l’île, la plus étudiée est Lemur catta (22) de la réserve privée de Berenty dans le sud de l’île. Des études socio-écologiques sur ce primate ont été conduites depuis 1963 jusqu’à ce jour. L’organisation sociale de cette espèce est de type multimâle multifemelle avec une hiérarchie intra sexe bien définie au sein du groupe et une dominance des femelles sur les mâles.
Situation géographique et statut de la réserve de Berenty
En 1936, avec la bénédiction de la population locale, les Tandroy, la Famille de Heaulme a décidé de préserver la biodiversité de la partie du sud de Madagascar en créant une réserve à côté des plantations de sisal et de l’usine qui les traite (24). C’est donc une réserve privée qui se situe le long du fleuve Mandrare dans la partie Sud de Madagascar (25°05’ latitude Sud, 46°18,5’ longitude Est) à 95 km environ à l’ouest de Fort Dauphin et à 11km au nord d’Amboasary Sud . Elle se divise en trois zones lesquelles sont : la forêt épineuse de Rapily dominée par des Didieraceae et Euphorbiaceae ainsi que des plantes xérophytiques (26), les forêts galeries dominées par les tamariniers sont Bealoka (100 ha), Malaza et Ankoba (200 ha). Ce sont des forêts encore naturelles avec une richesse en biodiversité élevée et elles sont parmi les rares forêts galeries existantes au bord du fleuve Mandrare . « La forêt galerie est une forêt qui pousse sur les rives d’une rivière et qui est entourée par une végétation différente, (dans le sud malgache par la forêt épineuse) » .
Climat et sol
Le climat de Berenty, comme ceux de la région sud de l’île, est de type semi-aride avec un hiver frais ou tempéré et une faible pluviosité. La pluviométrie moyenne annuelle varie d’une année à une autre de 22 mm à 912 mm (24) (44). La saison sèche dure 7 mois d’Avril à Octobre avec une précipitation moyenne de 27,3 mm et une température moyenne mensuelle de 22°5C; la saison humide dure 5 mois de Novembre à Mars avec une pluviométrie moyenne mensuelle de 73,1 mm et une température moyenne mensuelle au voisinage de 27°5C (41). Le sol est constitué essentiellement d’argile (29). Malgré l’aridité de cette partie Sud de Madagascar, des catastrophes naturelles comme les cyclones provoquent quelques fois la destruction de l’habitat et la perturbation des comportements des espèces animales de la réserve comme celle de 1991, de 1992 et de 2005 .
Végétations
La forêt de Malaza est constituée de quatre zones distinctes : la forêt galerie, la forêt de transition, la forêt épineuse et la zone aménagée ou touristique. Selon les zones, il existe cinq types de végétation bien distincts . La forêt galerie a une canopée fermée et une végétation stratifiée avec la strate supérieure formée par des arbres hauts de plus de 12m et composée essentiellement de Tamarindus indica, Celtis phillipensis, Celtis bifida, Acacia rovumae et Quisivianthe papinae; la strate intermédiaire dont les arbres sont hauts de 5 à 12m et sont Rinorea greveana, Enterospermum sp., Cordia caffra. et Crataeva excelsa ; la strate inférieure dont les arbres ont 1 à 5m de haut est composée de lianes comme Secamone discolor, Bythneria sp., Azima tetracantha, Capparis sepiaria(4). Le sous bois dont les plantes sont inférieures à 1m de haut est formée par des plantes appartenant aux familles des Acanthaceae et Comelinaceae .
La forêt de transition a aussi une végétation stratifiée et les mêmes compositions floristiques que celles de la forêt galerie, mais la canopée est plus ouverte. Elle est dominée par une liane Cissus quadrangularis . La forêt épineuse est dominée par les plantes des familles de Didieraceae et Euphorbiaceae et de plantes xérophytiques. La zone aménagée a une végétation formée essentiellement de plantes ornementales introduites comme Azadirachta indica, Eucalyptus sp. Cassia sp., Bougainvillea spectabilis, Cordia sinensis, Coesalpinia pulcherrima…, et par des espèces indigènes comme Didiera trollii et Euphorbia sp.…. (30). La forêt d’Ankoba est une forêt secondaire de 40 ha avec des arbres de 10 à 15 m de haut et dominée par Tamarindus indica, Acacia sp. et surtout par des plantes introduites telles que Pithecellobium dulce et Leuceana leucocephala, .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES ET METHODOLOGIE DE TRAVAIL
CHAPITRE 1 : MILIEU D’ETUDE
1-1- Situation géographique et statut de la Réserve privée de Berenty
1-2- Climat et sol
1-3- Végétations
1-4- Faune
CHAPITRE 2 : MATERIEL D’ETUDE
2-1-Matériel biologique : Lemur catta
2-1-1- Taxonomie
2-1-2- Morphologie
2-1-3- Mensuration
2-1-4- Organisations sociales
2-1-5- Alimentation
2-1-6- Reproduction
2-1-7-Comportement social
2-1-8-Aires de répartition et Ecologie
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE D’OBSERVATION DES COMPORTEMENTS
3-1- « Focal Animal Sampling »
3-2-« Scan sampling Instantaneous »
3-3- Les variables enregistrés
3-3-1- Les activités du groupe
3-3-2– Détermination des rangs hiérarchique
3-3-3-Confrontation
CHAPITRE 4 : METHODOLOGIE D’ANALYSE DES DONNEES OBTENUES
4-1- Test de Chi carré
4-2- Test de corrélation de Spearman
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS, ANALYSES ET INTERPRETATIONS
CHAPITRE 1 : LES GROUPES ETUDIES
1-1- Le groupe G3
1-2- Le groupe DIRECTION
CHAPITRE 2 : RYTHMES D’ACTIVITES
2-1-Budget d’activité
2-2-Budget d’activité en fonction de la hiérarchie
2-3- Interprétations
CHAPITRE 3 : INFLUENCE DE LA HIERARCHIE INTRA SEXE SUR L’ALIMENTATION
3-1- Régime alimentaire des deux groupes
3-2- Régime alimentaire selon la hiérarchie
3-3- Influence de l’hiérarchie intra sexe sur le niveau occupé par les femelles pendant l’alimentation
CHAPITRE 4 : CONFRONTATION
4-1- Confrontations intergroupes
4-2- Interprétations
4-3- Degré de confrontation
4-4- Influence de la hiérarchie lors des confrontations
CHAPITRE 5 : AGRESSIONS INTRAGROUPES
5-1- Agressions dans les deux groupes
5-2- Agresseurs des deux catégories hiérarchiques
5-3- Individus agressés par les deux catégories hiérarchiques
5-4- Degré d’agression intragroupe
5-5- Interprétations
CHAPITRE 6: LIENS SOCIAUX
6-1- Hiérarchie intra sexuelle et le toilettage
6-2- Nombre moyen d’individu entourant chaque femelle selon la hiérarchie
6-3- Résumé
TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS Et INTERET PEDAGOGIQUE
CHAPITRE 1 : DISCUSSION
1-1- Effet de la hiérarchie sur le budget d’activités des femelles
1-2- Effet de la hiérarchie sur le régime alimentaire
1-3- Effet de la hiérarchie sur le comportement social
1-4- Effet de la hiérarchie de dominance des femelles sur le comportement territorial
CHAPITRE 2 : INTERETS PEDAGOGIQUES
2-1- Objectifs spécifiques et démarche pédagogique
2-2- Organisation de la séance
2-3- Avantages de la méthode d’exposer
2-4- Inconvénients de cette méthode
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES