INFESTATION D’UNE POPULATION NATURELLE DE Centella asiatica (TALAPETRAKA)

Données botaniques

                   Centella asiatica est une plante vivace rampante qui se développe dans les zones marécageuses. Elle appartient à la Famille des Apiaceae. Elle est rencontrée partout à Madagascar sauf dans la partie sud ouest. Trois variétés de C. asiatica sont reconnues dans le monde : typica, abyssinica et floridana (Goetz, 2007). Mais les deux premières variétés sont présentes à Madagascar (Ratsimiala Ramonta et al., 2009). Plusieurs noms vernaculaires sont utilisés pour désigner C. asiatica : talapetraka, anampetraka, anamanitra (malagasy), hydrocotyle (français), gotu kola (indien), indian pennywort, marsh pennywort (anglais), pegaga (malais). C. asiatica possède des feuilles longuement pétiolées, et disposées en rosette par 4 ou 5. La plante se propage par des stolons, mais elle peut aussi se reproduire par voie sexuée. La pollinisation est de type entomophile. Les fleurs de couleur rose apparaissent à l’aisselle des feuilles. La graine présente 2 à 3 côtés courbées et saillantes.

Phytochimie

                 Les principes actifs sont des triterpènes pentacycliques qui se trouvent à l’état de génine. Il s’agit de l’acide asiatique et de l’acide madécassique (Annexe I et II), et des hétérosides (madécassoside et asiaticoside) qui sont des complexes sucrés constituant la forme de réserve de l’acide madécassique et de l’acide asiatique (Inamdar et al., 1996). La feuille de C. asiatica contient également des monoterpènes et des sesquiterpènes (Patri et al., 2002). La plante contient des saponines comme la brahminoside, la brahmoside et la centelloside (Jorge et Jorge, 2005). De plus, trois autres constituants chimiques ont été isolés à partir de la partie aérienne de C. asiatica. Il s’agit de la centelline, l’asiaticine et de la centellicine (Siddiqui et al., 2007). C. asiatica contient également un arabinogalactane acidique hydrosoluble appelé Hexagonal Boron Nitride (HBN) qui stimule les activités immunitaires des lymphocytes T et B (Wang et al., 2005). La plante renferme aussi des flavonoïdes, du phytostérol, des acides gras, des sucres tels que le rhamnose, l’arabinose, le fructose, le sucrose et la raffinose. La présence de résine, de pectine, d’acides aminés, de sels minéraux et de traces d’alcaloïdes a été rapportée chez C. asiatica (Patri et al., 2002).

Pathologies et ravageurs de Centella asiatica

                  Le stress biotique est un stress résultant de l’action d’un organisme vivant (pathogène) sur un autre organisme vivant (7). Ces pathogènes peuvent être des plantes, des insectes, des champignons, des virus. Plusieurs pathologies et ravageurs de C. asiatica ont été reportés dans la littérature. Les cochenilles de type Eulecanium provoquent l’apparition de trous sur les feuilles. Ce symptôme est aggravé par l’insuffisance en eau lors des repousses. La noctuelle Agrotis ipsilon cause la coupure des jeunes plants au niveau du collet. Cette chenille dévore le limbe et ne laisse que les nervures principales (Raharison Ramiaramanana, 1983). D’autre part, les nématodes comme Meloidogyne graminicola (Bridge et al., 2005), qui sont rencontrés surtout à Andranovaky Mahitsy, causent des flétrissements aux heures chaudes de la journée. Ils provoquent également un ralentissement de la croissance comme si la plante était sujette à un manque d’eau ou d’éléments fertilisants. La présence de Meloidogyne graminicola se manifeste par l’apparition de galles au niveau de la racine (Raharison Ramiaramanana, 1983). 21 autres espèces de nématodes sont des parasites, dont le Tylenchorynchus mashhodi, Aphelenchus avenae, Helicotylenchus dihystera, Basiria varians, Cephalenchus lobus, Scutellonma brachyurus (Devi, 2009). Le CMV (Cucumber Mosaic Virus), transmis par les pucerons cause le jaunissement de la feuille (Cardin et Moury, 2010). La rouille est causée par un agent cryptogamique. L’attaque se traduit par des petites taches qui apparaissent sur les feuilles et au niveau de la tige de C. asiatica (Raharison Ramiaramanana, 1983). Le champignon Cercospora centellae est impliquée dans la formation de « leaf spot » chez la plante. Le bord de la feuille est de couleur marron, tandis que la zone centrale devient pâle (Manoharachary et al., 2003).

Le taux d’infestation de Centella asiatica varie en fonction des parcelles

                  L’infestation des rameaux de C. asiatica est nettement plus élevée au niveau des parcelles P1 et P2 où elle est associée respectivement à des goyaviers et à des Gramineae par rapport à P3, où elle est associée à Ageratum conyzoides. Ces trois parcelles diffèrent par la composition des plantes associées à C. asiatica. La flore associée à C. asiatica peut influencer le choix potentiel de ponte de l’insecte. En effet, les plantes associées peuvent être des hôtes potentiels du parasite, ou des plantes insecticides, ou des plantes à effet soit attractif, soit répulsif pour le parasite. Le charançon Apion onopordi (Coléoptère) choisit d’effectuer son oviposition chez un hôte de substitution, le chardon Cirsium arvense sain, alors que ce dernier n’est pas son hôte préféré. Cet insecte opte pour un hôte secondaire sain dans un environnement où il y a une forte densité de plantes infestées par Puccinia punctiformis, l’agent de la rouille du chardon (Moravie et al., 2006). Certaines plantes comme les œillets d’Inde ont un effet insecticide sur les pucerons. Dans la parcelle P3, C. asiatica est associée principalement à Ageratum conyzoides. Les substances volatiles émises par cette plante pourraient agir en repoussant les insectes femelles en quête de plante-hôte pour y déposer leurs oeufs. En effet, de la précocène I et II ont été isolées à partir d’A. conyzoides. Ces substances agissent sur le corpora allata, la glande responsable de la synthèse d’hormone juvénile chez l’insecte (Bowers et al., 1976), et ont été utilisées comme insecticides. D’autre part, les plantes comme l’achillée attirent les insectes par leur forte odeur, tandis que les plantes aromatiques comme le romarin repoussent les insectes par leur essence (Le Gall, 2008). En outre, l’environnement influe sur le comportement de ponte des insectes. L’abeille Hypochrysops halyaetus (Lycaenidae), qui a comme plante hôte principale Jacksonia sternbergiana et hôte secondaire Daviesia divaricata, choisit son site d’oviposition en fonction de la zone où son hôte potentiel se développe. J. sternbergiana est préféré par l’insecte parce qu’il se développe dans une zone dénudée, alors que D. divaricata est associée à une végétation plus mature (Dover et al., 2009). L’identité et la distance entre les plantes hôtes potentielles et leurs plantes voisines peuvent influencer la probabilité des premières d’être attaquées par d’autres insectes herbivores (Atsatt et O’Dowd, 1976 ; White et Whitham, 2000). Enfin, la préférence de l’insecte pour les rameaux de C. asiatica se trouvant dans les parcelles P1 et P2, pourrait résulter de l’apparence externe de ces derniers. Nos résultats ont montré que les rameaux dans ces deux parcelles présentent une plus grande surface foliaire par rapport à ceux qui se développent au niveau de la parcelle P3. D’autres auteurs ont montré que la morphologie externe de la plante hôte était déterminante pour le choix du site d’oviposition (Araújo et al., 2006 ; Trager et al., 2009). De plus, il a été remarqué que les rameaux de C. asiatica qui se trouvent au niveau de la parcelle P3, comportaient une plus grande proportion de feuilles rouges, ou tachetées rouges (résultats non publiés). Or, la coloration des feuilles en rouge indique souvent une perturbation de l’état physiologique chez C. asiatica (Randriamanana et al., 2011). La couleur de la plante hôte en effet, permet à l’insecte comme les aphides, de déterminer si la plante permettrait le développement des larves ou non (Moericke, 1952).  L’infestation provoque une réduction de la surface foliaire chez les feuilles  infestées et se manifeste plus particulièrement chez les feuilles matures. La réduction de la surface foliaire pourrait traduire un détournement partiel de l’énergie destinée à la croissance du limbe foliaire, au profit de l’épaississement du pétiole. D’autres insectes comme la mite eryiophyid Leipothrix dipsacivagus, causent également une réduction de la taille des feuilles de sa plante hôte, le Dipsacus laciniatus (Pecinar et al., 2009). Tous les organes de la plante sont en effet corrélés, si bien que l’attaque d’un organisme étranger sur un organe cible peut altérer la qualité des autres organes qui n’ont pas été touchés. Bien que le symptôme ait été enregistré surtout au niveau des feuilles matures , il est probable que l’induction de la boursouflure du pétiole ait commencé quand la feuille était encore jeune. En effet, la majorité des pétioles infestés sont de plus courte taille et il est exclu que l’infestation ait pu entraîner un raccourcissement du pétiole mature en fin de croissance. L’insecte a favorisé la croissance en épaisseur et a inhibé la croissance en longueur du pétiole. Ceci pourrait résulter du fait qu’à ce stade de leur développement, les feuilles accumulent les substances nécessaires à sa construction. D’autres insectes montrent également une préférence pour les feuilles jeunes. C’est le cas du Lépidoptère mineuse Phyllocnistis citrella (Gracillariidae), qui attaque les agrumes. Cet insecte montre une préférence pour les feuilles jeunes, car elles contiennent beaucoup plus de substances nutritives par rapport aux feuilles matures (Kharrat, 2005). L’insecte pourrait donc profiter de cette fenêtre étroite du développement de la feuille pour s’introduire à l’intérieur du pétiole, et profiter de la phase de division active des cellules afin de faciliter la formation de la cavité larvaire.

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Table des matières

Introduction
Généralités
1- Données botaniques
2- Importance économique
3- Phytochimie de Centella asiatica
4- Propriétés pharmacologiques et utilisations traditionnelles
5- Pathologies et ravageurs de Centella asiatica
Matériels et méthodes
1- Site d’étude
2- Matériel végétal
3- Pourcentage d’infestation
4- Identification du pathogène
5- Paramètres de croissance de Centella asiatica
6- Observations microscopiques
7- Essais de reproduction de la morphologie « petite banane » par traitement hormonal
8- Analyses statistiques
Résultats
1- Evolution mensuelle des paramètres de croissance des rameaux de Centella asiatica
a) Nombre des rameaux
b) Nombre des feuilles
c) Surface foliaire
2- Identification du pathogène
3- Fréquence d’infestation dans les trois parcelles
4- Modifications morphologiques et anatomiques induites par la présence de l’insecte 
a) Modifications macroscopiques
– Taille du pétiole
– Surface foliaire
– Nombre de feuilles
b) Modifications microscopiques
5- Fréquence de l’infestation selon l’âge de la feuille
6- Essais de reproduction du symptôme de la petite banane par traitement hormonal
Discussion
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques
Webographie

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