Les IST dโorigine bactรฉrienne (3)(4)(5)
ย ย ย ย ย ย Dans ce groupe on distingue principalement la gonococcie, la syphilis vรฉnรฉrienne, le granulome inguinal, le chancre mou ou chancrelle, les chlamydioses.
La gonococcie La gonococcie est due ร Neisseria gonorrhoeae ou gonocoque. Chez lโhomme, lโurรฉtrite aiguรซ ou blennorragie est la manifestation la plus courante. Elle se traduit par des brรปlures mictionnelles, lโรฉmission dโurines troubles et la prรฉsence dโune goutte de pus au mรฉat. Chez la femme, la gonococcie est souvent latente. Elle peut se traduire par une cervicite (leucorrhรฉes purulentes), une urรฉtro-skรฉnite (avec dysurie, pollakiurie et issue dโune goutte de pus ร la pression du mรฉat), une bartholinite (douleurs labiales unilatรฉrales). Annexite, rectite et amygdalite peuvent รฉgalement se rencontrer. La gonococcie de la femme est souvent nรฉgligรฉe du fait mรชme de sa latence clinique sauf en cas dโinfection haute (endomรฉtrite, salpingite). Chez lโenfant, la conjonctivite du nouveau-nรฉ, contaminรฉ lors de lโaccouchement, peut aboutir, faute de soins ร la fonte purulente de lโลil. La vulvovaginite des petites filles peut rรฉsulter dโune contamination indirecte (linges de toilette souillรฉs, par exemple), mais doit faire rechercher un abus sexuel.
La syphilis vรฉnรฉrienne La syphilis vรฉnรฉrienne est due ร Treponema pallidum. Le chancre gรฉnital ou anal est classiquement une exulcรฉration superficielle, unique, indolore, propre, ร bords nets, reposant sur une base indurรฉe, accompagnรฉe dโadรฉnopathies inguinales fermes, indolores. Les lรฉsions cutanรฉo-muqueuses de la phase secondaire sont polymorphes (rosรฉole, syphilides). Les accidents tertiaires sont frรฉquentes : cutanรฉs, osseux (gommes) et surtout cardiovasculaires (aortite, anรฉvrysme de la crosse), et neurologiques (paralysie gรฉnรฉrale, tabรจs).
Le granulome inguinale ou donovanose (6) Le granulome inguinale est dรป ร une bactรฉrie proche de Klebsiella, Calymmatobacterium granulomatis et nโest pas toujours transmis par contact vรฉnรฉrien. Il se rencontre dans les deux sexes. Cโest une ulcรฉration gรฉnitale chronique, granulomateuse, irrรฉguliรจre, indolore. Lโรฉvolution spontanรฉe sโรฉtale sur des annรฉes.
Le chancre mou ou chancrelle (7) Le chancre mou est dรป au bacille de Ducrey ou Haemophilus ducreyi. Il sโobserve surtout chez lโhomme. Il siรจge au niveau des organes gรฉnitaux externes ou autour de lโorifice anal. Cโest dโabord une papule puis une pustule et trรจs vite une ulcรฉration ร bords surรฉlevรฉs, marquรฉs de poids purpuriques, ร fond irrรฉgulier et sale, ร la base empรขtรฉe mais non indurรฉe. Le chancre mou est douloureux. Il sโaccompagne dโadรฉnopathies satellites susceptibles de se ramollir et de se fistuliser.
Les chlamydioses Les chlamydioses urogรฉnitales et nรฉonatales sont dues ร Chlamydia trachomatis. Chez lโhomme, elles se manifestent sous forme dโurรฉtrite non gonococcique et post-gonococcique, dโรฉpididymite ou de prostatite. Chez la femme, lโinfection est souvent silencieuse. Elle se complique ร bas bruit de salpingite chronique, cause majeure de stรฉrilitรฉ et de grossesse extra-utรฉrine.ย Le lymphogranulome vรฉnรฉrien ou maladie de Nicolas-Favre est dรป ร des sรฉrotypes particuliers de C. trachomatis. Il sโobserve surtout chez les homosexuels masculins et dans certains pays tropicaux (Inde, Afrique Noire). La symptomatologie est trรจs riche, diffรฉrente selon le sexe. Le chancre dโinoculation passe inaperรงu dans 50% des cas. Il apparaรฎt 1 ร 3 semaines aprรจs le contage. Cโest une ulcรฉration herpรฉtiforme des organes gรฉnitaux ou de lโanus. Le bubon inguinal qui lui succรจde sโobserve surtout chez lโhomme. Il est fait de plusieurs adรฉnopathies plus ou moins coalescentes, dโabord mobiles, elles adhรจrent ensuite ร la peau, se ramollissent et se fistulisent (fistulisations multiples ยซย en pomme dโarrosoirย ยป).
Lโรฉpidรฉmiologie descriptive et analytique
ย ย ย ย ย ย ย ย ย La description des phรฉnomรจnes est basรฉe sur lโutilisation de multiples indicateurs permettant de suivre une รฉvolution : lโincidence, la prรฉvalence mais aussi selon le domaine dโรฉtudes des indicateurs dโactivitรฉs de soins (le nombre de consultations), dโoffre (nombre de mรฉdecins, le nombre de litsโฆ). La simple description dโun problรจme de santรฉ est le point de dรฉpart de son analyse. Cette รฉtape est indispensable dans la recherche en santรฉ car elle permet lโanalyse de lโimpact des facteurs favorisant les phรฉnomรจnes sur les รฉtats de santรฉ observรฉs. Trois niveaux interdรฉpendants caractรฉrisent la dรฉmarche analytique :
– la formation des hypothรจses ร partir de lโobservation et la description du phรฉnomรจne,
– lโanalyse proprement dite qui fait appel aux techniques spรฉcifiques basรฉes sur la rรฉalisation dโenquรชtes,
– lโinterprรฉtation des rรฉsultats des enquรชtes.
Rรฉpartition des cas
i) Selon la tranche dโรขge et le sexe : Nos rรฉsultats montrent que dans 50,9% des cas, les IST concernent les jeunes de 15 ร 24 ans, et dans 61,6% des cas, il sโagit de personnes de sexe fรฉminin. Dโaprรจs EDS 2004, il faut noter que 31% des femmes ont dรฉjร eu leurs premiers rapports sexuels avant dโatteindre 15 ans et 22% des hommes. La prรฉvalence dรฉclarรฉe de cas dโIST au cours des hommes. La prรฉvalence dรฉclarรฉe de cas dโIST au cours des 12 derniers mois qui prรฉcรจdent lโenquรชte est plus faible chez la femme que chez lโhomme de 15 ร 24 ans (24). Dans le cas dโAmbohipo, il est probable que seules les femmes atteintes dโIST consultent, les hommes se contentent souvent de faire recours ร lโautomรฉdication.
ii) Situation matrimoniale et niveau dโinstruction : Nos rรฉsultats montrent que 73,4% des sujets atteints dโIST sont cรฉlibataires, 15,1% sont illettrรฉs, 23,5% du niveau primaire, 35,7% du niveau secondaire et 25,7% du niveau universitaire. EDS 2004 rapporte quโune proportion plus รฉlevรฉe dโhommes cรฉlibataires que de femmes ont dรฉclarรฉ avoir eu des rapports prรฉ-maritaux (50% contre 39%). Parmi eux, 13% ont utilisรฉ un condom au cours des derniers rapports sexuels. Les cas dโIST dรฉclarรฉs sont chez les femmes cรฉlibataires de 2,2%, en union 2% et en rupture dโunion 2,2%. Chez les hommes, les cas dโIST sont de 5,4% pour les cรฉlibataires, 3,2% pour ceux en union et 8,1% pour ceux qui sont en rupture dโunion. Quant au niveau dโinstruction, EDS 2004 rapporte pour les femmes (24) :
– sans instruction : 2,1%
– du niveau primaire : 1,8%
– du niveau secondaire ou plus : 2,4%
Pour les hommes :
– sans instruction : 2,9%
– du niveau primaire : 4,5%
– du niveau secondaire ou plus : 4%
iii) Profession et domicile : Nos rรฉsultats montrent que les plus concernรฉs par les cas dโIST sont :
– les รฉtudiants (46,3%),
– ceux qui travaillent dans le secteur informel (29,1%),
– les cultivateurs (10,6%).
Les fokontany les plus concernรฉs sont :
– Ambohipo avec 38,2% des cas,
– Ambolokandrina avec 34,6%.
Il faut noter que beaucoup dโรฉtudiants habitent dans ces deux fokontany.
iv) Variations saisonniรจres : En 2009, au CSB2 dโAmbohipo, le nombre de cas dโIST enregistrรฉs chaque mois de lโannรฉe est รฉlevรฉ de janvier au mois de juillet (supรฉrieur ร 47 cas par mois). Ce nombre diminue nettement au mois dโaoรปt (24 cas), au mois de septembre (35 cas), et au mois dโoctobre (14 cas), pour remonter ร partir du mois de novembre. Ces variations font correspondre apparemment le nombre de cas dโIST รฉlevรฉ ร la pรฉriode dโรฉtude universitaire et scolaire, et le nombre de cas peu รฉlevรฉ ร la pรฉriode de vacances pendant laquelle beaucoup dโรฉtudiants rentrent chez eux.
CONCLUSION
ย ย ย ย ย ย ย ย ย ย ย Lโรฉtude รฉpidรฉmio-รฉconomique sur les infections sexuellement transmissibles que nous avons menรฉe au Centre de Santรฉ de Base niveau 2 ou CSB2 dโAmbohipo a permis de mieux cerner la situation dans le domaine de la distribution de la maladie et du coรปt รฉconomique de prise en charge thรฉrapeutique. En effet, les rรฉsultats de notre รฉtude montrent quโen 2009, au CSB2 dโAmbohipo, 529 cas dโIST ont รฉtรฉ enregistrรฉs. Dans 50,9% des cas, les patients sont รขgรฉs de 15 ร 24 ans. Les patients sont cรฉlibataires dans 73,4% des cas, et 16,6% seulement sont mariรฉs. Parmi les patients, il y a beaucoup dโรฉtudiants universitaires puisque ces derniers reprรฉsentent 25,7% des cas. Les patients du niveau secondaire reprรฉsentent 35,7% des cas, ceux du niveau primaire 23,5%, et les illettrรฉs 15,1% des cas seulement. Dans 46,3% des cas, les patients sont des รฉtudiants et plus de la moitiรฉ habitent ร Ambohipo et Ambolokandrina. Les cas dโIST sont frรฉquemment enregistrรฉs pendant la pรฉriode scolaire et universitaire, de janvier ร juillet 2009. Le nombre de cas enregistrรฉs diminue pendant les vacances et durant lesquelles beaucoup dโรฉtudiants rentrent chez eux. Lโรฉtude รฉconomique a permis dโรฉvaluer le coรปt financier des IST ร 850.450 Ariary. Le coรปt รฉconomique rรฉunit le coรปt financier, le coรปt de production, le coรปt des pertes dโactivitรฉs domestiques et loisirs, et sโรฉlรจvent ร 1.719.713,38 Ariary. Afin dโamรฉliorer la lutte contre les IST/SIDA et pour rรฉduire le coรปt รฉconomique, nos suggestions ont dโabord portรฉ sur le renforcement des activitรฉs dโIEC/IST/SIDA dans le secteur sanitaire. Il sโagit de mener en double stratรฉgies (fixe et mobile), des sรฉances dโIEC en utilisant la technique de CCC (Communication pour le Changement de Comportement). Nos suggestions portent ensuite sur lโamรฉlioration de lโaccessibilitรฉ aux moyens de lutte contre lโIST/SIDA au niveau des citรฉs universitaires dโAnkatso I et II, dโAmbohipo et dโAmbolokandrina.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES ET LโANALYSE EPIDEMIO-ECONOMIQUE
1. LES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
1.1. Les IST dโorigine bactรฉrienne
1.1.1. La gonococcie
1.1.2. La syphilis vรฉnรฉrienne
1.1.3. Le granulome inguinale ou donovanose
1.1.4. Le chancre mou ou chancrelle
1.1.5. Les chlamydioses
1.2. Les IST dโorigine parasitaire ou mycosique
1.2.1. La trichomonase
1.2.2. Les ectoparasites
1.3. Les IST dโorigine virale
1.3.1. Herpรจs gรฉnital
1.3.2. Infection ร cytomรฉgalovirus (CMV)
1.3.3. Hรฉpatites virales
1.3.4. Infection ร Human Papilloma Virus (HPV)
1.3.5. Infection par le Virus de lโImmunodรฉficience Humaine ou VIH/SIDA
2. LโANALYSE EPIDEMIO-ECONOMIQUE
2.1. Lโรฉpidรฉmiologie
2.1.1. Lโรฉpidรฉmiologie descriptive et analytique
2.1.2. Lโรฉpidรฉmiologie รฉvaluative
2.2. Les mรฉthodes dโรฉvaluation รฉpidรฉmio-รฉconomique
2.2.1. Recherche de lโoptimum
2.2.2. Critรจres dโรฉvaluation
2.3. Lโรฉvaluation des actions de santรฉ publique
2.3.1. Pourquoi รฉvaluer les actions de santรฉ publique
2.3.2. Les mรฉthodes dโapproche et protocoles
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EPIDEMIO-ECONOMIQUE DES ISTย AU CSB2 DโAMBOHIPO
1. CADRE DโETUDE
1.1. Lieu dโรฉtude
1.1.1. Plan du CSB2 et organisation
1.1.2. Organisation
1.1.3. Personnel du CSB2
1.2. Secteur sanitaire
1.2.1. La dรฉmographie
1.2.2. Les fokontany du secteur sanitaire
2. METHODOLOGIE
2.1. Type dโรฉtude
2.2. Pรฉriode dโรฉtude
2.3. Population dโรฉtude
2.3.1. Critรจres de sรฉlection
2.3.2. Echantillonnage et taille de lโรฉchantillon
2.4. Approche mรฉthodologique
2.4.1. Etude รฉpidรฉmiologique
2.4.2. Etude รฉconomique
2.5. Recueil des donnรฉes
2.6. Saisie et traitement
2.7. Limite et รฉthique
2.8. Paramรจtres dโรฉtude
3. RESULTATS
3.1. Les malades enregistrรฉs
3.2. Les cas dโIST
3.3. Rรฉpartition des cas
3.3.1. Selon la tranche dโรขge
3.3.2. Selon le sexe
3.3.3. Selon la situation matrimoniale
3.3.4. Selon le niveau dโinstruction
3.3.5. Selon la profession
3.3.6. Selon le domicile
3.3.7. Selon les variations saisonniรจres
3.3.8. Prรฉvalence
3.3.9. Type dโIST
3.4. Schรฉma thรฉrapeutique
3.5. Coรปt des schรฉmas thรฉrapeutiques
3.6. Etude รฉconomique
3.6.1. Coรปt financier
3.6.2. Coรปt des pertes de production
3.6.3. Coรปt des pertes dโactivitรฉs domestiques et de loisirs
3.6.4. Coรปt รฉconomique
TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. DISCUSSIONS
1.1. Nombre de cas
1.2. Etude รฉpidรฉmiologique
1.2.1. Rรฉpartition des cas
1.2.2. Prรฉvalence des IST
1.3. Etude รฉconomique
1.3.1. Coรปt financier
1.3.2. Coรปt รฉconomique
2. SUGGESTIONS
2.1. Renforcement des activitรฉs dโIEC/IST/SIDA
2.1.1. Objectif
2.1.2. Stratรฉgies
2.2. Amรฉlioration de lโaccessibilitรฉ aux moyens de lutte contre lโIST/SIDA
2.2.1. Objectif
2.2.2. Stratรฉgies
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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