Rรฉsistance aux autres antibiotiques
ย ย ย ย Le taux de rรฉsistance aux autres antibiotiques est plus รฉlevรฉ chez les souches ยซPSDP ยป. La rรฉsistance aux Macrolides est due dans la majoritรฉ des cas ร une modification de la cible de cet antibiotique (mรฉthylation de lโARN23S) dโoรน une diminution de lโaffinitรฉ. Cette rรฉsistance est appelรฉe MLSb (Macrolides, Lincosamides et Synergistine). La rรฉsistance aux Macrolides peut รฉgalement รชtre due ร un mรฉcanisme dโefflux confรฉrant une rรฉsistance ร lโรฉrythromycine sans toucher les autres molรฉcules de la classe. La rรฉsistance aux Fluoroquinolones ร activitรฉ antipneumococcique (levofloxacine, moxifloxacine) survient en cas de modification de la cible de ces antibiotiques (ADN-gyrase et/ou topoisomรฉrase IV) ou dโefflux actif. Elle ne concernait que 0,3% des souches de pneumocoqueย en 2001[18]. Aucune rรฉsistance nโest dรฉcrite in vitro en France pour les Glycopeptides et la pristinamycine [22]. Le PNO est dit multirรฉsistant sโil nโest pas inhibรฉ par au moins trois familles dโantibiotiques diffรฉrentes.
LES PRELEVEMENTS
ย ย ย ย La recherche de S. pneumoniae sโeffectue dans les liquides biologiques ร savoir le LCR, le sang, le liquide de ponction pleurale ou de pรฉritonite, les pus. Dans les cas de pneumonie, lโexamen cytobactรฉriologique des expectorations est peu fiable du fait du risque de contamination par la flore oropharyngรฉe. Les mรฉthodes invasives par fibroscopie (lavage bronchoalvรฉolaire, brossage bronchique, prรฉlรจvement distal protรฉgรฉ) ou ponction transtrachรฉale sont prรฉfรฉrables. Apres prรฉlรจvement, le transport doit se faire rapidement au laboratoire car le pneumocoque est une bactรฉrie fragile.
ANTIBIOGRAMME STANDARD
ย ย ย ย Lโantibiogramme est devenu indispensable en raison de lโimportance croissante des PSDP et des pneumocoques multirรฉsistants. Le dรฉpistage des PSDP sโeffectue par la mรฉthode de diffusion en milieu gรฉlosรฉ ร lโaide dโun disque dโoxacilline chargรฉ ร 5 ยตg. . En cas dโinfection sรฉvรจre, dโรฉchec clinique ou devant une souche de PSDP, il est nรฉcessaire de dรฉterminer la CMI de la Pรฉnicilline G et celle dโau moins une des bรชta-lactamines dont les propriรฉtรฉs pharmacodynamiques sont compatibles et comportent une efficacitรฉ thรฉrapeutique : amoxicilline, imipenรจme, cรฉfuroxime, cefotaxime, ceftriaxone, cรฉfรฉxime, cefpirome. Les autres antibiotiques ร tester sont : tรฉtracycline, รฉrythromycine, lincomycine, clindamycine et pristinamycine, chloramphรฉnicol, cotrimoxazole, glycopeptides et fluoroquinolones.
Le vaccin polysaccharidique (Pneumo 23ยฎ)
ย ย ย Cโest un vaccin antipneumococcique polysaccharidique contenant vingt-trois valences commercialisรฉ depuis 1983. Chaque antigรจne est prรฉsent ร 25ug. Les diffรฉrents sรฉrotypes sont : 1, 2, 3, 4, 5, 6B, 7F, 8 ,9N ,9V ,10A, 11A, 12F, 14, 15B, 17F, 18C ,19A, 19F, 20, 22F, 23F, 33F. Il est prรฉsentรฉ dans une seringue prรฉ remplie de 0,5ml. La conservation se fait entre +2ยฐC et +8ยฐC ; il ne doit donc pas รชtre congelรฉ. La vaccination se fait par voie intramusculaire ou sous cutanรฉe.
Sensibilitรฉ du pneumocoque aux antibiotiques
ย ย ย ย Dans notre sรฉrie nous avons retrouvรฉ une faible prรฉvalence (5cas de PSDP) comme rapportรฉ lors des รฉtudes antรฉrieures rรฉalisรฉes ร HEAR. Cโest ainsi que Thiongane sur une รฉtude portant sur les infections respiratoires aigues nโavait isolรฉ quโune seule souche de PSDP [94]. Alors que Ba et Nadia nโavaient retrouvรฉ aucune souche de PSDP dans leurs travaux portant respectivement sur les sรฉpsis bactรฉriens pรฉdiatriques et les mรฉningites bactรฉriennes pรฉdiatriques [95, 67]. Certains auteurs ont rapportรฉ, comme nous, des incidences faibles de PSDP : Bettinger au Canada et Viktor en Inde avaient trouvรฉ respectivement 6,3% et 1,6% de PSPD [87 ,96]. Cependant lโรฉmergence des souches de PSDP est un phรฉnomรจne trรจs prรฉoccupant dans certains pays ; en Tunisie cette prรฉvalence est lโordre de 52,8% [21]. La France reste lโun des pays dโEurope oรน lโincidence des PSDP est la plus รฉlevรฉe avec 71% en 2001 et 50,2% en 2007 [20]. Dโautres pays europรฉens comme la Finlande, lโItalie et la Slovรฉnie ont des prรฉvalences plus faibles avec respectivement 13,2 %, 14,8 % et 16,9 % [20]. Une รฉtude multicentrique rรฉalisรฉe dans 4 villes africaines en 2001 (Abidjan, Casablanca, Dakar et Tunis) avait trouvรฉ 22,4% de rรฉsistance ร la pรฉnicilline. [97] .Ce taux de PSPD รฉlevรฉ par rapport ร celui retrouvรฉ dans notre sรฉrie sโexplique par la nature des prรฉlรจvements. Cette diffรฉrence de prรฉvalence des souches de PSPD entre les pays sโexplique par la pression de lโantibiotique qui va sรฉlectionner des germes rรฉsistants [20, 84, 98]. Nos isolats sont trรจs sensibles ร lโรฉrythromycine et au chloramphรฉnicol alors quโils rรฉsistent au cotrimoxazole 92,3%. Le constat est le mรชme dans lโouest de lโAsie [99]. La rรฉsistance du pneumocoque aux macrolides est due ร la mรฉthylation de lโARN 23S qui diminue lโaffinitรฉ des macrolides pour leur cible. Cette rรฉsistance est croisรฉe pour tous les macrolides [4]. Nous nโavons pas retrouvรฉ de rรฉsistance ร la vancomycine dans notre รฉtude. La rรฉsistance ร la vancomycine รฉtait รฉgalement inexistante au cours des รฉtudes rรฉalisรฉes en Inde et en Algรฉrie [96, 100]. Les premiรจres souches rรฉsistantes ร la vancomycine ont รฉtรฉ isolรฉes au cours dโinfections communautaires et commencent ร รชtre signalรฉes dans plusieurs pays [101]. En fin, il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ quโil existe une relation quasi linรฉaire entre la quantitรฉ dโantibiotiques consommรฉs et la prรฉvalence des PSDP. Les antibiotiques en cause sont les bรฉta-lactamines, le cotrimoxazole et les macrolides [102,103] .Dans notre sรฉrie, une antibiothรฉrapie antรฉrieure est retrouvรฉe dans 54% des cas.
CONCLUSION
ย ย ย Notre รฉtude a concernรฉ 218 enfants atteints dโIIP hospitalisรฉs du 1er Janvier 2008 au 31 Dรฉcembre 2013pour infections invasives ร pneumocoque (IIP) au Centre Hospitalier National dโEnfants Albert Royer, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
– La prรฉvalence hospitaliรจre des IIP au CNHEAR est de 0,79%.
– Lโรขge moyen des patients est de 36,1 mois, parmi eux 61,4% des patients ont moins de 24 mois.
– Les garรงons sont plus atteints que les filles avec un sex-ratio de 1 ,27.
– Les IIP surviennent surtout entre les mois de janvier ร avril, correspondant entre la saison sรจche et froide avec un pic au mois de mars.
– La localisation mรฉningรฉe est la plus frรฉquente (61% des cas), suivie de la localisation pleurale (18, 3%) et pleuro-pulmonaire (6,9%).
– Des localisations articulaire, ORL (abcรจs rรฉtro pharyngien), digestive (abcรจs appendiculaire) et pรฉritonรฉale ont รฉtรฉ รฉgalement retrouvรฉes.
– Les mรฉningites surviennent dans 75,63% chez les moins de 2ans (p=0,5).
– La comorbiditรฉ รฉtait dominรฉe par la malnutrition (26,6%) la drรฉpanocytose homozygote, lโinfection ร VIH, la cardiopathie congรฉnitale, le syndrome nรฉphrotique et le spina bifida .
– La PCR a รฉtรฉ le test diagnostic le plus sensible et le plus spรฉcifique lors des mรฉningites ร bactรฉriologie nรฉgative.
– Nous avons retrouvรฉ 5 souches de PSPD et 1 souche de rรฉsistante ร lโรฉrythromycine. Toutes les souches รฉtaient sensibles ร la vancomycine.
– Les sรฉrotypes les plus frรฉquemment rencontrรฉs sont : 1, 6A, 14, 5, 23F ,80% dโeux sont couverts par le PCV10 et 74% par le PCV13.
– Les cรฉphalosporines de 3รฉme gรฉnรฉration รฉtaient les molรฉcules les plus utilisรฉes (65% des cas).
– Nous avons dรฉplorรฉ un taux de lรฉtalitรฉ de 17,4% (soit 38 patients).
– Lโรขge et le sexe ne constituaient pas des facteurs de risque de dรฉcรจs dans notre sรฉrie (p > 0,005), contrairement ร la localisation mรฉningรฉe qui รฉtait significativement associรฉe au dรฉcรจs (p=0,0016).
– Les cas de dรฉcรจs รฉtaient liรฉs surtout aux sรฉrotypes 14, 9F, 3, 5,6A.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES INFECTIONS INVASIVES A PNEUMOCOQUE
1.1. Historique
1.2. Agent pathogรจne
1.2.1. Classification
1.2.2. Caractรจres morphologiques
1.2.3. Caractรจres culturaux
1.2.3.1. Milieux de culture
1.2.3.2. Conditions de culture
1.2.3.3. Aspect des colonies
1.2.4. Caractรจres biochimiques
1.2.5. Caractรจres antigรฉniques
1.2.5.1. Principaux antigรจnes
1.2.5.2. Sรฉrotypes capsulaires
1.2.6. Rรฉsistance aux antibiotiques
1.2.6.1. Profil de rรฉsistance
1.2.6.2. Sรฉrotypes et rรฉsistance aux antibiotiques
1.3. Epidemiologie
1.3.1. Epidรฉmiologie analytique
1.3.2. Epidรฉmiologie descriptive
1.3.2.1. Incidence globale
1.3.2.2. Mortalitรฉ
1.3.3. Epidรฉmiologie bactรฉrienne
1.3.3.1. Rรฉservoir
1.3.3.2. Transmission
1.3.3.3. Facteurs de risque
1.4. Physiopathologie des infections invasives a pneumocoque
1.4.1. Les pneumonies
1.4.2. Les bactรฉriรฉmies et le sepsis
1.4.3. Les mรฉningites
CHAPITRE 2 : ENTITES CLINIQUES
2.1. Les pneumonies
2.1.1. Type de description : pneumonie franche lobaire aigue non compliquรฉe chez lโenfant dโรขge scolaire
2.1.1.1. Phase de dรฉbut
2.1.1.2. Phase dโรฉtat
2.1.1.3. Evolution
2.1.2. Formes cliniques
2.1.2.1. Formes compliquรฉes
2.1.2.2. Formes selon lโรขge
2.1.2.3. Forme selon le terrain
2.1.2.4. Formes selon la gravite
2.1.2.5. Formes topographiques
2.2. La meningite a pneumocoque
2.2.1. Type de description : Forme commune du grand enfant
2.2.1.1 .Phase de dรฉbut
2.2.1.2. Phase dโรฉtat
2.2.1.3. Evolution
2.2.2. Formes cliniques
2.2.2.1. Forme selon lโรขge
2.2.2.2. Formes symptomatiques
CHAPITRE 3 : DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE
3.1. Les prelevements
3.2. Technique dโidentification du germe
3.2.1. Diagnostic direct
3.2.2. Recherche des antigรจnes solubles capsulaires
3.2.3. Culture
3.2.4. Mรฉthodes molรฉculaires
3.2.5. Sรฉrotypage
3.3. Antibiogramme standard
CHAPITRE 4 : TRAITEMENT
4.1. Traitement curatif
4.1.1. Buts
4.1.2. Moyens
4.1.2.1. Moyens mรฉdicaux
4.1.2.2. Moyens chirurgicaux
4.1.3. Indications
4.1.3.1. Antibiothรฉrapie
4.1.3.2. Traitement symptomatique
4.2. Traitement preventif
4.2.1. Prรฉvention primaire
4.2.1.1. Vaccination antipneumococcique
4.2.1.2. Chimio prophylaxie par la pรฉnicilline
4.2.1.3. Lutte contre les facteurs favorisants
4.2.2. Prรฉvention secondaire
4.2.3. Prรฉvention tertiaire
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
CHAPITRE 1 :CADRE DโETUDE- MATERIELS ET METHODE
1.1. Cadre de lโetude
1.1.1.Le Centre Hospitalier National dโEnfants Albert Royer (CHNEAR)
1.1.2.Mรฉdical Research Council
1.2. Materiels et methodes
1.2.1. Population de lโรฉtude
1.2.1.1. Critรจres dโinclusion
1.2.1.2. Critรจres de non inclusion
1.2.2. Matรฉriels
1.2.3. Mรฉthodes
1.2.3.1. Type et pรฉriode de lโรฉtude
1.2.3.2. Mรฉthodologie
CHAPITRE 2 : RESULTATS
2.1. Aspects epidemiologiques
2.1.1. Prรฉvalence hospitaliรจre
2.1.2. Rรฉpartition selon le sexe des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.1.3. Rรฉpartition selon lโรขge des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.1.4. Rรฉpartition selon lโorigine gรฉographique des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.1.5. Rรฉpartition mensuelle des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.1.6. Rรฉpartition annuelle des enfants admis pour INFECTIONS INVASIVES ร PNEUMOCOQUE
2.2. Antecedents des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.2.1. Vaccination
2.2.2. Taille de la fratrie
2.2.3. Antibiothรฉrapie rรฉcente
2.3. Aspects cliniques
2.3.1. Symptomatologie ร lโentrรฉe des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.3.2. Rรฉpartition des patients selon le tableau clinique de lโinfections invasives ร pneumocoque
2.3.3. La porte dโentrรฉe des infections invasives ร pneumocoque
2.3.4. Co morbiditรฉ chez les enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.3.5. Le Terrain des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.3.5.1. Lโรฉtat nutritionnel
2.3.5.2. Autres terrains
2.3.6. Rรฉpartition de la localisation de lโinfections invasives ร pneumocoque selon les tranches dโรขge des enfants admis pour infections invasives ร pneumocoque
2.4. Donnรฉes biologiques
2.4.1 Rรฉsultats de lโhรฉmogramme
2.4.2 Rรฉsultats de la C-Rรฉactive Protรฉine
2.5. Donnรฉes bacteriologiques
2.5.1. Technique dโidentification bactรฉriologique du pneumocoque
2.5.2. Antibiogramme
2.5.3. Sites dโisolement du Streptococcus pneumonie
2.5.4. Sรฉrotypes des pneumocoques
2.5.4.1. Rรฉpartition des sรฉrotypes en fonction de la localisation
2.5.4.2. Principaux sรฉrotypes
2.6 Aspects therapeutiques des cas dโinfections invasives ร pneumocoque ร lโHEAR
2.6.1. Antibiothรฉrapie
2.6.2. Traitement symptomatique
2.7. Aspects evolutifs des cas dโinfections invasives ร pneumocoque a lโHEAR
2.7.1. Rรฉpartition selon la durรฉe dโhospitalisation
2.7.2. Modalitรฉs รฉvolutives
2.7.3 Complications
2.7.4. Sรฉquelles
2.7.5. Dรฉlai de survenu des cas de dรฉcรจs
2.8. Facteurs influenรงant lโevolution des cas dโ infections invasives ร pneumocoque ร lโHEAR
2.8.1. Rรฉpartition des cas de dรฉcรจs selon les tranches dโรขge
2.8.2. Survenue des cas de dรฉcรจs selon le sexe
2.8.3. Rรฉpartition des cas de dรฉcรจs selon la localisation
2.8.4. Rรฉpartition des cas de dรฉcรจs selon les sรฉrotypes de PNO
CHAPITRE 3 : COMMENTAIRES ET DISCUSSION
3.1. Donnรฉes sociodemographiques
3.2. Donnรฉes cliniques
3.2.1 Symptomatologie ร lโentrรฉe
3.2.2. Localisation de lโinfection invasive ร pneumocoque
3.2.3. Le terrain
3.3. Donnรฉes bacteriologiques
3.3.1. Techniques dโisolement du pneumocoque
3.3.2. Site dโisolement du pneumocoque
3.3.3. Sensibilitรฉ du pneumocoque aux antibiotiques
3.3.4. Les sรฉrotypes isolรฉs
3.4. Traitement
3.5. Evolution
3.6. Facteurs influenรงant les dรฉcรจs
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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