INFECTIONS DU TRACTUS URINAIRE CHEZ LA TRUIE
Importance et prévalence des infections du tractus urinaire chez les truies en élevage intensif
Les infections urinaires sont toujours bien présentes dans les élevages français (30). La proximité anatomique entre l’appareil urinaire et l’appareil génital, semble être une des raisons responsables de la relation étroite entre infections urinaires et troubles de la reproduction ou de la mise bas. Parfois, elles sont également la cause de mortalités brutales, ou à défaut de réformes anticipées.
Incidence des pathologies urinaires chez la truie en élevage intensif.
Fréquence
Depuis le début des années 1980, les infections urinaires de la truie en élevage intensif constituent en France une préoccupation constante, malgré leur incidence clinique finalement assez faible. Les pathologies présentes au sein des élevages porcins ont évolué, et l’importance relative des infections urinaires ne fait pas exception Elles sont à l’origine de mortalités brutales, de réformes anticipées, et de troubles de la reproduction ou de la mise bas, responsables de pertes économiques importantes (6). Tous ces éléments en font un problème important et très surveillé dans l’élevage intensif actuel. De nombreuses études ont été menées en France depuis cette période, notamment par Madec et toute son équipe, que ce soit pour déterminer la prévalence et les facteurs de risque de ces troubles, ou mettre en place des méthodes fiables de diagnostic et de gestion de ce problème. Selon une étude réalisée par Madec (18), des proportions importantes d’infections urinaires ou de lésions du tractus urinaire sont retrouvées chez les truies en élevage intensif. Dans cette étude menée en 1983, suite à l’examen de tractus urinaires de truies à l’abattoir, 23% d’anomalies rénales (dont 3,7% de pyélites, souvent bilatérales) et 23% de vessies présentant des lésions (congestion et épaississement de la paroi, ou distension complète de la vessie) sont mises en évidence. Sur les analyses urinaires réalisées dans cette même étude, on retrouve de la même manière un pourcentage assez important d’anomalies: -17,6% des urines sont nitrites positives 11% contiennent des protéines, et 6,3% du sang. -36% des urines sont bactériuriques (dont 13,5 à plus de 106 germes par ml d’urine).
Cependant, une discordance marquée existe entre les réformes pour cause de troubles urinaires et la fréquence plus élevée de lésions constatées à l’abattoir sur les animaux de l’élevage (18). Cela montre encore une fois combien les troubles urinaires sont difficilement perceptibles, et leurs conséquences peu connues des éleveurs.
Facteurs favorisant l’apparition d’infections du tractus urinaire.
Diverses études ont été menées afin de faire ressortir les facteurs externes favorisant l’apparition des infections urinaires. La modification des modes d’élevage depuis une vingtaine d’années contribue à la survenue de ces infections, puisque les causes de contamination semblent principalement liées aux paramètres d’élevage : (30,9) -les conditions d’hygiène, auxquelles s’ajoutent des conditions défectueuses de ventilation en bâtiment de gestation (aboutissant au maintien d’une atmosphère humide et chargée en gaz de lisier) (21) -la sédentarité des animaux, expliquée par les méthodes d’élevage. -les troubles locomoteurs, qui aggravent l’effet de sédentarité et agissent sur les quantités d’eau ingérées et la fréquence de vidange de la vessie. -la constipation : cette notion est très difficile à quantifier, mais semble fréquemment associée à l’existence de troubles urinaires. -l’eau de boisson, qui a fait l’objet de nombreuses études. Ainsi, selon une étude de Madec menée en 1990, une trop faible consommation d’eau est à éviter, avec une recommandation de 15 litres d’eau par jour et par truie gestante. (21)Ces différents facteurs favorisent l’infection ascendante du tractus urinaire par des déjections en contact avec la vulve, et la stagnation prolongée d’une urine contaminée dans la vessie.
Des facteurs intrinsèques ont également pu être mis en évidence, tels que l’âge de la truie, l’activité motrice individuelle, les caractéristiques anatomiques de la truie (urètre court et large)…
Aspects cliniques
La discrétion des manifestations cliniques des infections urinaires chez la truie explique que les problèmes urinaires doivent le plus souvent se déclarer sous forme aigue (cystite purulente, pyélonéphrite) pour que cela affecte de manière suffisante le comportement de l’animal au point d’alerter les éleveurs. Pourtant, il est démontré que les troubles urinaires même chroniques et apparemment bien supportés par l’animal sont des facteurs de risque pour la mise bas et les performances de reproduction de manière plus générale (18, 36, 37). Chez les truies, une cystite ou une pyélonéphrite doivent être suspectées en cas d’inappétence, ce qui ne constitue aucunement un symptôme spécifique. D’autres signes cliniques observables sont des écoulements vulvaires, des mictions fréquentes, une douleur abdominale, de l’incoordination, des difficultés au lever, de la constipation… (3) Cependant tous ces symptômes ne permettent pas de détecter efficacement les troubles urinaires chez les truies, et ce d’autant plus que l’élevage intensif ne permet pas une observation régulière et efficace des truies. On note donc une différence importante entre les réformes pour cause de troubles urinaires et la fréquence des lésions constatées à l’abattoir sur les même animaux.
Il est à noter que cette étude a été réalisée il y a déjà plusieurs années. Cependant il reste vrai qu’un diagnostic uniquement clinique sous-estime fortement l’incidence réelle des troubles urinaires en élevage porcin intensif.
Eléments diagnostiques
Le manque d’accessibilité limite les examens physiques du tractus urinaire sur les animaux de rente. Un examen transrectal peut être réalisé chez les chevaux et le bétail, mais reste difficilement envisageable chez la truie. En élevage porcin, le système urinaire est donc largement inaccessible à l’examen physique. Les analyses d’urine restent donc les seuls éléments d’examen du système urinaire utilisables en élevage.La méthode de choix utilisée pour le diagnostic des infections du tractus urinaire est l’utilisation des bandelettes urinaires. La plage « nitrites » permet en effet de détecter une bonne part des infections urinaires chez la truie, puisqu’elles sont souvent liées à la présence de germes nitrate réductase positifs. Il s’agit d’autre part du moyen de détection le plus simple d’utilisation, le plus rapide et le moins onéreux. Des examens plus poussés, soit réalisés sur les urines, soit basés sur des études anatomopathologiques, peuvent aussi être utilisés (examen à l’abattoir des tractus urogénitaux des truies de réformes).
Etude des urines
Les examens réalisés sur les urines se font par prélèvements d’urine dans des conditions particulières, permettant d’améliorer leur qualité et faciliter l’interprétation des résultats : -collecte des premières urines du matin, en milieu de miction (27) -réalisation d’un échantillonnage représentatif (d’après Madec, au minimum 10% des truies). -emploi de flacons de prélèvement stériles.Plusieurs examens sont alors possibles sur les urines prélevées.
• Utilisation de bandelettes urinaires :
Les bandelettes urinaires du type Multistix® (Bayer) semblent être un moyen fiable de détection des infections du tractus urinaire, essentiellement par l’utilisation de la plage « nitrites ». Les bandelettes sont trempées dans l’urine fraîche, non centrifugée et préalablement homogénéisée. Après égouttage, les teintes obtenues sur chaque plage colorimétrique sont comparées avec une gamme de couleurs, permettant une évaluation semi-quantitative de chaque paramètre. Parmi les plages disponibles sur la plupart des bandelettes commercialisées, la plus utile pour la détection des infections urinaires est la plage « nitrites ». Les nitrites sont issus de la réduction des nitrates d’origine alimentaire par les bactéries du tractus urinaire dotées d’une nitrate réductase. Pour ce test, il convient de prendre en considération une limite pratique : la valeur du test des nitrites pour révéler une prolifération bactérienne est supérieure sur les urines du matin (prélevées lors de la première miction). (18) Ainsi, une réaction positive aux nitrites est généralement liée à la prolifération bactérienne. Cependant plusieurs conditions sont nécessaires pour que le processus aboutisse à une production de nitrites, conduisant parfois à l’obtention de faux négatifs, dont la proportion peut-être assez importante. Dans une conférence présentée en 2004 par MarLa méthode des bandelettes présente de sérieux avantages assez évidents, comme la simplicité de mise en œuvre, et la possibilité de lecture immédiate puisque les résultats sont obtenus de manière quasi instantanée. Cependant, quelques limites sont à retenir pour cette technique de détection : l’absence de renseignements sur les éléments figurés de l’urine (cellules diverses : leucocytes… ; calculs urinaires). D’autre part, on note une légère sous-estimation de la bactériurie, avec des faux négatifs pour la plage « nitrites ».
• Examen cytobactériologique des urines (ECBU) :
Une étude menée en 1992 (29) a confirmé que l’étude de la bactériurie de l’urine prélevée par miction volontaire estimait principalement la bactériurie vésicale. Par conséquent, la détermination de la bactériurie est une méthode efficace de détection des infections urinaires des truies. Pour cet examen, les échantillons doivent être récoltés sur de l’urine fraîche, obtenue par miction spontanée, et préférentiellement à l’aide de flacons stériles. Il s’avère en fait, comme nous en jugerons dans cette étude que les contaminations liées à l’utilisation de flacons de prélèvement non stériles sont inexistantes ou négligeables. Il est par contre toujours préférable d’éliminer les premiers jets, en effectuant le prélèvement en milieu de miction (18). Le dénombrement bactérien est ensuite assuré au laboratoire.
Deux méthodes sont possibles pour réaliser une analyse cyto-bactériologique des urines. Soit l’ensemencement sur milieu gélosé classique pour une numération de la flore totale ; soit le recours à un dispositif d’urotubes (type Countexact®). Ce dernier se présente sous la forme d’une lame plastique recouverte de gélose, qui sera trempée dans l’urine puis replacée dans son étui. Après 24 heures à l’étuve à 37°C, on est en mesure de détecter sur la gélose la présence ou non d’une croissance bactérienne. L’avantage de ce type de dispositif réside en l’utilisation simultanée de deux milieux de culture, de part et d’autre de la lame. Sur une face, le milieu Cled permet une croissance globale de tous les germes présents. Le milieu Mac Conkey situé sur l’autre face permet, lui, une croissance sélective des germes Gram négatifs . Après incubation, la lecture se fait par comparaison avec une grille de référence.
• Examen du culot de centrifugation :
Réalisé au microscope après centrifugation, cet examen permet une appréciation rapide de la quantité de bactéries présentes, ainsi que de leur morphologie ; et permet également la recherche de leucocytes ou autres cellules (cellules de desquamation, hématies…) ; ainsi que l’observation de calculs urinaires parfois identifiables par leur aspect. Cette méthode présente l’avantage de permettre une visualisation des éléments figurés de l’urine. Elle permet ainsi une première estimation assez fiable de la quantité de bactéries (ou diverses cellules) rencontrées, et ce avec une bonne correspondance avec le nombre de germes détectés par numération bactérienne. (18) Cependant cette technique reste largement moins utilisable en élevage pour des raisons techniques (nécessité d’un matériel spécifique, et d’une bonne technique de l’opérateur).
Examen anatomo-pathologique
Il s’agit vraisemblablement de la méthode permettant le mieux d’appréhender le problème. L’examen doit être réalisé sur les truies à l’abattoir, de manière systématique ; ou par autopsie sur des truies mortes à l’élevage. Cependant, les principales contraintes d’une telle méthode, assez évidentes, restent le coût élevé, et la complexité de réalisation. Une étude de Madec a permis de mieux connaître le type de lésions susceptibles d’être rencontrées dans les cas de troubles urinaires (21)
• Lésions vésicales
Deux séries d’examens des organes uro-génitaux de truies de réforme ont été réalisées en abattoir en 1981 et 1986-1987, en suivant des protocoles d’observation identiques (21). Cette étude rétrospective a montré l’existence d’un grand nombre de lésions vésicales, notamment lors du premier contrôle.
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Table des matières
INTRODUCTION
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I. IMPORTANCE ET PREVALENCE DES INFECTIONS DU TRACTUS URINAIRE CHEZ LES TRUIES EN ELEVAGE INTENSIF3 A. Incidence des pathologies urinaires chez la truie en élevage intensif
1) Fréquence
2) Facteurs favorisant l’apparition d’infections du tractus urinaire
B. Aspects cliniques
C. Eléments diagnostiques
1) Etude des urines
2) Examen anatomo-pathologique8
II. PHYSIOPATHOLOGIE DES INFECTIONS DU TRACTUS URINAIRE CHEZ LA TRUIE
A. Mécanismes de défense du tractus urinaire
B. Facteurs favorisants
C. Principaux germes rencontrés dans les infections du tractus urinaire chez la truie12
III. RELATIONS ENTRE LES INFECTIONS DU TRACTUS URINAIRE ET LES AUTRES CARACTERES PHYSIOLOGIQUES DES TRUIES
A. Évolution de l’incidence des troubles urinaires au cours de la carrière de l’animal 14 B. Évolution de l’incidence des troubles urinaires en fonction du stade physiologique des truies
C. Impact des infections du tractus urinaire sur les performances de reproduction…16
IV. RELATIONS ENTRE LES INFECTIONS DU TRACTUS URINAIRE ET L’ABREUVEMENT DES TRUIES
A. Données sur l’abreuvement des truies en élevage confiné intensif
1) Niveau d’abreuvement des truies en élevage intensif
2) Facteurs de variation de la consommation d’eau
B. Influence du niveau d’abreuvement sur l’apparition de troubles urinaires
1) Hypoabreuvement
2) Hyper-abreuvement
MATERIEL ET METHODE
I. PRESENTATION DE L’ETUDE
II. CADRE DE L’ETUDE : PRESENTATION DES DEUX ELEVAGES SELECTIONNES
A. Caractéristiques générales
B. Des politiques d’abreuvement très différentes
1) Gestion de l’alimentation et de l’abreuvement des truies dans l’élevage français
2) Gestion de l’alimentation et de l’abreuvement des truies dans l’élevage belge.
III. MESURES EFFECTUEES
A. Réalisation des prélèvements
B. Obtention des caractéristiques urinaires
C. Relevé des résultats de reproduction
RESULTATS ET DISCUSSION
I. DIFFICULTES ET BIAIS RENCONTRES AU COURS DE L’ETUDE
A. Difficultés de prélèvements
B. Biais liés aux analyses
C. Adaptations du protocole aux contraintes du terrain
II. ANALYSE DESCRIPTIVE : COMPARAISON DES NIVEAUX D’ABREUVEMENT DANS LES DEUX ELEVAGES
A. La densité urinaire comme marqueur de la consommation hydrique des truies
B. Utilisation des résultats pour la comparaison de l’abreuvement des truies dans les deux élevages
III. INCIDENCE DES INFECTIONS URINAIRES
A. Incidence des infections urinaires dans chaque élevage
1) Nomenclature utilisée dans la présentation des résultats
2) Résultats obtenus dans l’élevage français
3) Résultats obtenus dans l’élevage belge
B. Répartition des animaux concernés par les infections du tractus urinaire
1) Evolution en cours de gestation
2) Répartition selon le rang de portée des truies
C. Relation entre l’incidence des infections urinaires et le niveau d’abreuvement des truies
IV. REPERCUSSIONS DESkINFECTIONS DU TRACTUS URINAIRE SUR LES PERFORMANCES D’ELEVAGE
A. Résultats de reproduction obtenus dans les deux élevages
B. Discussion
. EFFICACITE DE LA DETECTION DES INFECTIONS URINAIRES
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