Taxonomie
Du fait de l’étude du génome, la taxonomie des bactéries est en perpétuelle évolution. Celle des Neisseriaceae est particulièrement complexe. Actuellement, la famille des Neisseriaceae est distincte des familles des Moraxellaceae et Branhamaceae. Au sein de la famille des Neisseriaceae, on distingue deux genres d’intérêt médical : le genre Kingella et le genre Neisseria [3]. Le genre Neisseria comprend :
groupe I des Neisseria pathogènes dont les deux principales espèces sont Neisseria gonorrhoeae et Neisseria meningitidis,
groupe II des Neisseria commensales (Neisseria subflava, Neisseria flava, Neisseria perflava…) et les espèces rarement isolées (Neisseria canis, Neisseria denitrificans, Neisseria flavescens…) [4].
Caractères bactériologiques de Neisseria gonorrhoeae
Caractères morphologiques Neisseria gonorrhoeae se présente sous forme de diplocoques à Gram négatif « d’aspect en grain´´ de café dont les faces planes se regardent. Chaque coque mesure 0,7µm à 0,8µm de diamètre. Il existe une encoche au niveau du milieu de la face aplatie (encoche D’ESCHAUM).
Production d’anticorps spécifiques
Certains antigènes du gonocoque sont immunogènes et induisent une réponse immunitaire humorale et la sécrétion d’anticorps spécifiques. C’est le cas du LOS, de la porine (protéine I) et des pili [18]. Pour échapper à ces anticorps, la bactérie dispose de différents mécanismes. Ainsi, la chaîne oligosaccharidique du LOS se termine en épitopes qui miment les glycosphingolipides humains et ne sont ainsi plus reconnus par les anticorps de l’hôte [18]. Les porines du gonocoque sont constituées de régions variables au niveau de leur surface exposée. Cette variabilité antigénique leur permet d’échapper aux anticorps [22]. Pour les pili, le gonocoque dispose de deux systèmes de variation qui lui permettent soit de ne pas les exprimer (c’est la variation de phase), soit de modifier leur expression antigénique (c’est la variation antigénique) [23].
Infections uro-génitales
Les infections uro-génitales gonococciques sont bruyantes chez l’homme alors qu’elles sont souvent asymptomatiques chez la femme.
Chez l’homme : L’urétrite est une inflammation de l’urètre le plus souvent d’origine infectieuse et sexuellement transmissible. Elle se définit par des critères cytologiques, à rechercher chez un patient n’ayant pas uriné depuis au moins 2 heures, par :
La présence de plus de 5 polynucléaires neutrophiles au frottis urétral, au grossissement 100.
La présence de plus de 10 polynucléaires neutrophiles à l’examen du premier jet d’urines centrifugées au grossissement 40.
L’urétrite gonococcique se manifeste cliniquement par un écoulement plus ou moins abondant, purulent (jaunâtre ou blanchâtre), séreux, voire hémorragique associé à des brûlures ou douleurs mictionnelles, une dysurie et un prurit canalaire. La période d’incubation est muette et dure environ 10 jours [25]. Dans 93,6% des cas chez l’homme, il s’agit d’une urétrite aiguë. L’urétrite peut également être subaiguë (dans 5 à 15 % des cas) et parfois asymptomatique (dans moins de 10 % des cas).
Chez la femme : L’infection gonococcique est le plus souvent asymptomatique (70% des cas). Lorsqu’elle est symptomatique, elle se manifeste par un tableau de cervicite discrète avec un col d’aspect normal ou parfois rougeâtre avec du pus provenant de l’orifice cervical. Elle peut entraîner une pesanteur pelvienne, des leucorrhées purulentes volontiers associées à une urétrite (brûlures mictionnelles, dysurie, œdème et rougeur du méat).
Prévention
La prévention passe tout d’abord par une éducation et une information de la population en matière d’IST et notamment de gonococcies. La sensibilisation du public est en effet nécessaire pour une meilleure compréhension des risques encourus à court terme mais également à moyen et long terme (complications, stérilité…). Aujourd’hui, le VIH fait moins peur, ce qui entraîne une modification des comportements sexuels: relations non protégées, fréquentation des milieux de prostitution… [3]. Le préservatif, qui est le moyen de prévention le plus efficace contre les IST, est aujourd’hui loin d’être utilisé systématiquement. Pour pallier au manque d’information, des campagnes doivent être régulièrement lancées par le Ministère de la Santé pour sensibiliser le grand public sur les IST. L’idéal serait la disposition d’un vaccin assurant d’une protection efficace contre ces infections. Mais les recherches pour le développement d’un vaccin contre le gonocoque, en cours depuis plus de 30 ans, ont peu de succès jusqu’à présent. Deux facteurs expliquent ces difficultés : la rapide variation antigénique des protéines de surface du gonocoque et la faible réponse immunitaire induite. Une combinaison d’antigènes de gonocoque serait le meilleur espoir pour le développement d’un vaccin [14].
Par acquisition d’une pénicillinase plasmidique
Mutations horizontales résultant de l’acquisition de matériel génétique nu ou de l’acquisition d’éléments génétiques mobiles. L’acquisition d’ADN nu est favorisée par la capacité naturelle de transformation de cette espèce [42]. Le matériel génétique provenant d’autres souches de Neisseria gonorrhoeae ou de souches de la flore commensale bactérienne (N. flavescens, N. cinerea…) peut s’intégrer par recombinaison homologue dans le chromosome de Neisseria gonorrhoeae [42]. Ce mécanisme concerne essentiellement les modifications du gène des protéines de liaison des pénicillines (PLP) au niveau desquels des fragments d’ADN exogène se sont intégrés, créant de véritables gènes mosaïques codant des PLP d’affinité diminuée pour les pénicillines. L’acquisition d’éléments génétiques caractérisée est impliquée dans la résistance aux pénicillines (pénicillinase plasmidique) et aux tétracyclines. Ces mutations confèrent un haut niveau de résistance à la pénicilline G (CMI de 1 à plus de 64mg/L) et inactivent les amino, carboxy et uréidopénicillines. L’activité de ces -lactamines est restaurée lors de l’association avec un inhibiteur de -lactamase mais cette restauration partielle est insuffisante en clinique. Les céphalosporines de deuxième (céfuroxime, cefpodoxime) et troisième génération (céfixime, ceftriaxone, céfotaxime, ceftazidime) restent actives [38, 40,43].
Transport et conservation
La fragilité du gonocoque impose un acheminement rapide au laboratoire et un ensemencement immédiat sur des milieux préchauffés à 37°C. En effet, dans des conditions défavorables (variations de température, dessiccation…), le gonocoque présente une autolyse spontanée avec sécrétion d’autolysines, enzymes actives sur le peptidoglycane (celles-ci ne sont inactivées qu’à une température inférieure à -60°C). L’utilisation d’un milieu de transport liquide ou gélosé est importante pour l’acheminement: milieu de Stuart (glycérophosphate de sodium, chlorure de calcium et acide mercaptoacétique) ou milieu d’Amies (thioglycolate de sodium, tampon phosphate et sels de chlorure). Ils permettent une survie du gonocoque pendant environ 24 heures, contrairement aux écouvillons secs en dacron où la survie est de 4 heures en moyenne [1].
Examen microscopique
Le frottis réalisé lors du prélèvement génital est fixé à l’alcool, coloré au Gram puis observé à l’objectif x100 avec de l’huile à immersion. Cet examen n’est pas toujours évocateur. Cependant on peut noter dans le cas d’une gonococcie :
une forte réaction leucocytaire,
peu de bacilles de Döderlein (Flore de type III) ou une absence totale de ces bacilles (Flore de type IV)
la présence de diplocoques à Gram négatif intracellulaires et extracellulaires.
Les gonocoques sont souvent peu abondants et peuvent être associés à d’autres agents pathogènes, en particulier Trichomonas vaginalis.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
Chapitre I: Généralités sur Neisseria gonorrhoeae
1. Définition
2. Taxonomie
3. Caractères bactériologiques
4. Epidémiologie
5. Physiopathologie
6. Pouvoir pathogène
7. Prévention
Chapitre II: Sensibilité aux antibiotiques de Neisseria gonorrhoeae
1. Résistance naturelle
2. Résistance acquise
Chapitre III : Diagnostic au laboratoire de la gonococcie
1. Produit pathologique
2. Examen microscopique
3. Culture
4. Identification
5. Antibiogramme
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
Chapitre I : Cadre de l’étude
Chapitre II : Matériels et Méthodes
1. Matériels
2. Méthodes
Chapitre III : Résultats
1. Indice d’infestation
2. Résultats après examen microscopique et culture
3. Sensibilité aux antibiotiques
Chapitre IV : Discussion
1. Résultats globaux
2. Résultats après analyse cytobactériologique
3. Sensibilité des gonocoques aux antibiotiques
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
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