INFECTION A VIH CHEZ LES PATIENTS AGES DE 50 ANS ET PLUS

VIEILLISSEMENT ET SYSTEME IMMUNITAIRE

ย  ย  ย  ย Le vieillissement est un phรฉnomรจne physiologique qui sโ€™accompagne dโ€™une diminution des capacitรฉs fonctionnelles de lโ€™organisme. Ceci induit une rรฉduction de la capacitรฉ de lโ€™organisme ร  sโ€™adapter aux situations dโ€™agression. De plus, plusieurs systรจmes de rรฉgulation de paramรจtres physiologiques sโ€™avรจrent moins efficaces chez le sujet รขgรฉ (19). La rรฉduction fonctionnelle liรฉe au vieillissement est trรจs variable dโ€™un organe ร  un autre et dโ€™un individu ร  un autre. On a donc un vieillissement diffรฉrentiel inter-organe et inter-individuel. Les trois lignes de dรฉfense de lโ€™organisme contre lโ€™infection sont :
โˆ’ la premiรจre ligne de dรฉfense constitue une barriรจre mรฉcanique ร  la pรฉnรฉtration des germes : peau et les muqueuses. Cette barriรจre est aidรฉe par des moyens adjuvants chimiques et physiques ;
โˆ’ La deuxiรจme ligne de dรฉfense intervient contre les germes ayant pรฉnรฉtrรฉ dans lโ€™organisme. Elle rรฉunit les diverses cellules et activitรฉs bactรฉricides non spรฉcifiques ;
โˆ’ La troisiรจme ligne intervient quand le germe a pu passer ร  travers les filtres des deux premiรจres lignes de dรฉfense.
La premiรจre ligne de dรฉfense est la plus altรฉrรฉe chez le sujet รขgรฉ et conditionne surtout la frรฉquence accrue des infections. La deuxiรจme ligne de dรฉfense est la moins altรฉrรฉe par lโ€™รขge et lโ€™atteinte de la troisiรจme ligne de dรฉfense conditionne la gravitรฉ des infections chez certains sujets รขgรฉs.

VIH ET SYSTEME IMMUNITAIRE

ย  ย  ย  ย Lโ€™infection ร  VIH est une maladie infectieuse chronique due ร  un virus du genre lentivirus de la famille des Retroviridae se transmettant ร  lโ€™homme par voie sexuelle, sanguine et verticale provoquant une baisse voire perte dโ€™immunitรฉ progressive (24). Le syndrome de lโ€™immunodรฉficience acquise est le stade ultime de la maladie et se caractรฉrise par lโ€™apparition dโ€™infections dites opportunistes et de pathologies nรฉoplasiques. Les principales consรฉquences de l’infection par le VIH sont les suivantes :
– Lรฉsions du systรจme immunitaire, en particulier l’รฉpuisement des lymphocytes CD4+ ;
– Activation immunitaire : les lymphocytes CD4+ sont impliquรฉs dans l’immunitรฉ humorale et, dans une moindre mesure, dans l’immunitรฉ ร  mรฉdiation cellulaire.
La diminution du nombre de CD4+ peut rรฉsulter de :
– Effets cytotoxiques directs de la rรฉplication du VIH ;
– Cytotoxicitรฉ immunitaire ร  mรฉdiation cellulaire ;
– Lรฉsion thymique qui altรจre la production des lymphocytes.
Les lymphocytes CD4+ infectรฉs ont une demi-vie d’environ 2 jours, ce qui est beaucoup plus court que pour les cellules CD4+ non infectรฉes. Les taux de destruction des lymphocytes CD4+ sont liรฉs aux taux plasmatiques du VIH. Pendant la pรฉriode initiale ou lors de l’infection primitive, les taux de VIH sont les plus รฉlevรฉs (> 106 copies/ml), et les numรฉrations des lymphocytes CD4 circulants baissent rapidement. Une numรฉration normale des CD4 se situe autour de 750/mcl et l’immunitรฉ estย peu affectรฉe si la numรฉration est > 350/mcl. Si la numรฉration baisse en dessous d’environ 200/mcl, la perte de l’immunitรฉ ร  mรฉdiation cellulaire permet ร  une variรฉtรฉ de pathogรจnes opportunistes de rรฉactiver des รฉtats latents et de provoquer une maladie clinique. L’immunitรฉ humorale est รฉgalement dรฉfectueuse. L’hyperplasie des lymphocytes B dans les ganglions lymphatiques est responsable d’adรฉnopathies et d’une sรฉcrรฉtion accrue d’Ac contre les Ag dรฉjร  observรฉs, ce qui induit souvent uneย hypogammaglobulinรฉmie polyclonale. Les taux totaux d’Ac (notamment IgG et IgA) et les titres contre des Ag dรฉjร  observรฉs peuvent รชtre anormalement รฉlevรฉs. Cependant, la rรฉponse Ac ร  de nouveaux Ag (p. ex., vaccinaux) diminue ร  mesure que la numรฉration des CD4 diminue.ย Une รฉlรฉvation anormale de l’activation immunitaire peut รชtre provoquรฉe en partie par l’absorption de composants des bactรฉries intestinales. L’activation immunitaire contribue ร  la dรฉplรฉtion des CD4+ et ร  l’immunosuppression par des mรฉcanismes qui restent obscurs. Le VIH infecte รฉgalement les cellules monocytaires non lymphoรฏdes (p. ex. la microglie du cerveau, les cellules dendritiques de la peau, les macrophages) et les cellules du cerveau, du tractus gรฉnital, du cล“ur et des reins, provoquant la maladie dans les systรจmes d’organes correspondants. Les souches de VIH situรฉes dans plusieurs compartiments, tels que le systรจme nerveux central (cerveau et LCR) et le tractus gรฉnital (sperme, liquide cervicovaginal), sont gรฉnรฉtiquement diffรฉrentes de celles prรฉsentes dans le plasma, ce qui suggรจre qu’elles ont รฉtรฉ sรฉlectionnรฉes et se sont adaptรฉes ร  ces compartiments anatomiques(28). Ainsi, le taux de VIH et les gรฉnotypes de rรฉsistance dans ces rรฉgions peuvent varier indรฉpendamment de ceux observรฉs dans le plasma. Au cours des premiรจres semaines de la primo-infection, il y a des rรฉponses immunitaires humorales et cellulaires qui sont observรฉes :
– Humorale : les Ac anti-VIH sont habituellement mesurables quelques semaines aprรจs la primo-infection ; cependant les Ac ne peuvent pas contrรดler totalement l’infection par le VIH en raison des formes mutรฉes de VIH qui ne sont pas contrรดlรฉes par les Ac actuels gรฉnรฉrรฉs par le patient ;
– Cellulaire : l’immunitรฉ ร  mรฉdiation cellulaire est un moyen plus important de contrรดler les taux รฉlevรฉs de virรฉmie (habituellement plus de 106 copies/ml). Mais la mutation rapide des antigรจnes viraux ciblรฉs par la cytotoxicitรฉ ร  mรฉdiation lymphocytaire empรชche le contrรดle du VIH chez tous les patients sauf chez un petit pourcentage de patients. Les taux plasmatiques de virions VIH, exprimรฉs en nombre de copies d’ARN du VIH/ml, se stabilisent aprรจs environ 6 mois ร  une valeur (set point, valeur de consigne) qui varie largement d’un patient ร  l’autre mais se situe en moyenne entre 30 000 et 100 000 copies/ml (4,2 ร  5 log10/ml). Plus le set point est รฉlevรฉ, plus la numรฉration des CD4 baisse rapidement ร  des taux qui mettent gravement en jeu l’immunitรฉ (< 200/mcl) et dรฉclenchent des infections opportunistes et des cancers qui dรฉfinissent le SIDA (28). Le risque et la gravitรฉ des infections opportunistes, du SIDA et des cancers liรฉs sont dรฉterminรฉs par 2 facteurs :
– Numรฉration des CD4 ;
– Exposition ร  des pathogรจnes opportunistes potentiels.
Le risque de maladies opportunistes spรฉcifiques augmente en dessous du seuil de numรฉration des CD4 d’environ 200/mcl pour certaines infections et 50/mcl pour d’autres, comme dans ceux qui suit :
– Numรฉration des CD4 < 200/mm3 : risque accru de pneumonie ร  pneumocystis jiroveci, d’encรฉphalite toxoplasmique et de mรฉningite cryptococcique ;
– Numรฉration des CD4 < 50/mm3 : risque accru d’infections par le CMV et le Mycobacterium avium.
ร€ chaque multiplication par 3 (0,5 log10) de l’ARN du VIH dans le plasma chez le patient non traitรฉ, le risque d’รฉvolution vers le stade SIDA voire le dรฉcรจs dans les 2 ร  3 ans en l’absence de traitement augmente de prรจs de 50%. Sans traitement, le risque d’รฉvolution de l’infection par le VIH au stade SIDA est de 1 ร  2%/an pendant les 2 ร  3 premiรจres annรฉes aprรจs l’infection et de 5 ร  6%/an lors des annรฉes suivantes. Le SIDA finit presque toujours par se dรฉvelopper, chez les patients non traitรฉs.

Les mรฉdicaments antirรฉtroviraux (ARV)

ย  ย  ย  ย  Lโ€™utilisation large des trithรฉrapies antirรฉtrovirales (ARV) a permis de diminuer considรฉrablement la morbiditรฉ et la mortalitรฉ de lโ€™infection ร  VIH, mais รฉgalement ร  prรฉvenir la transmission du VIH et donc ร  contribuer ร  lโ€™amรฉlioration de la qualitรฉ de vie des patients. Il sโ€™agit de :
– Bloquer de faรงon durable la rรฉplication du VIH ;
– Obtenir et maintenir une charge virale plasmatique indรฉtectable ;
– Restaurer la fonction immunitaire ;
– Stopper lโ€™รฉvolution clinique, ou empรชcher la survenue dโ€™infection opportuniste ;
– Diminuer le risque de transmission du VIH et ainsi ;
– Contribuer ร  lโ€™amรฉlioration de la santรฉ et de la qualitรฉ de vie des patients.
On distingue pour le moment cinq classes mรฉdicamenteuses dโ€™ARV selon leur site dโ€™action sur le cycle (27).

Inhibiteurs de Fusion

ย  ย  ย  ย  ย Ils sont trรจs nombreux mais en cours dโ€™รฉtude. Seul lโ€™Enfuvirtide (T-20 ou Fuzรฉon*) est actuellement disponible sur le marchรฉ. Cโ€™est un peptide synthรฉtique qui se lie ร  une protรฉine de surface du VIH, la gp 41, empรชchant ainsi la fusion entre le virus et la cellule CD4 +.
– Mรฉcanismes dโ€™action : ces mรฉdicaments empรชchent la transmission par le virus de son patrimoine gรฉnรฉtique dans la cellule et donc lโ€™infection de la cellule par le virus ;
– Avantages : absence de rรฉsistance croisรฉe avec dโ€™autres classes, Les mutations de rรฉsistance au T-20 concernent une protรฉine du virus totalement diffรฉrente des protรฉines inhibรฉes par les autres classes, en lโ€™occurrence la protรฉine de lโ€™enveloppe du virus : la gp41. Ceci explique lโ€™absence de rรฉsistance croisรฉe avec les autres antirรฉtroviraux ;
– Inconvรฉnients : uniquement en injectable (SC), inflammation et douleur au site dโ€™injection, neuropathie pรฉriphรฉrique, perte de poids, prรฉdisposition aux pneumonies bactรฉriennes.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. DEFINITION
II. EPIDEMIOLOGIE DU VIH DU SUJET AGE
II.1. Epidรฉmiologie descriptive
II.1.1. Dans le monde
II.1.2. En Afrique
II.1.3. Au Sรฉnรฉgal
II.2. Epidรฉmiologie analytique
II.2.1. Dรฉterminants socio-รฉconomiques
II.2.2. Dรฉterminants socio-culturels
II.2.3. Les dรฉterminants sanitaires
III. VIEILLISSEMENT ET SYSTEME IMMUNITAIRE
III.1. Sur les barriรจres physiques
III.1.1. Barriรจre cutanรฉo-muqueuse
III.1.2. Autres barriรจres
III.2. Sur le systรจme de dรฉfense non spรฉcifique
III.3. Sur le systรจme de dรฉfense spรฉcifique
III.3.1. La rรฉaction ร  mรฉdiation cellulaire
III.3.2. La rรฉaction immunitaire ร  mรฉdiation humorale
IV. VIH ET SYSTEME IMMUNITAIRE
V. VIEILLISSEMENT โ€“ VIH โ€“ SYSTEME IMMUNITAIRE
VI. TRAITEMENT
VI.1. Buts
VI.2. Bilan prรฉ thรฉrapeutique
VI.3. Prophylaxie primaire des IO
VI.4. Les mรฉdicaments antirรฉtroviraux (ARV)
VI.4.1. Les inhibiteurs de la transcriptase inverse
VI.4.2. Les inhibiteurs de protรฉases (IP)
VI.4.3. Les inhibiteurs de lโ€™intรฉgrase
VI.4.4. Inhibiteurs de Fusion
VI.4.5. Les inhibiteurs de CCR5
VI.4.6. Les combinaisons thรฉrapeutiques
VI.4.7. Conduite du traitement
VI.4.8. Critรจres de dรฉfinition de lโ€™รฉchec thรฉrapeutique
VI.4.9. Suivi du traitement
DEUXIEME PARTIE
VII. MATERIEL ET METHODES
VII.1. Cadre dโ€™รฉtude
VII.2. Mรฉthodologie
VII.2.1. Type et pรฉriode dโ€™รฉtude
VII.2.2. Population dโ€™รฉtude
VII.2.3. Collecte des donnรฉes
VII.2.4. Saisie et analyse des donnรฉes
VII.2.5. Dรฉfinition opรฉrationnelle des donnรฉes
VIII. RESULTATS
VIII.1. Rรฉsultats descriptifs
VIII.1.1. Donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
VIII.1.2. Donnรฉes cliniques
VIII.1.3. Donnรฉes paracliniques
VIII.1.4. Donnรฉes thรฉrapeutiques
VIII.2. Rรฉsultats analytiques
VIII.2.1. Age et profil sรฉrologique
VIII.2.2. Age et stade clinique
VIII.2.3. Age et comorbiditรฉs
VIII.2.4. Age et coรฏnfections
VIII.2.5. Age et anรฉmie
VIII.2.6. Age et altรฉration de la fonction rรฉnale
VIII.2.7. Sexe et profil sรฉrologique
VIII.2.8. Sexe et comorbiditรฉs
VIII.2.9. Sexe et coinfection
VIII.2.10. Sexe et anรฉmie
VIII.2.11. Sexe et fonction rรฉnale
VIII.2.12. Sexe et hyperglycรฉmie
VIII.2.13. Stade clinique et coinfection
VIII.2.14. Profil sรฉrologique et stade clinique
VIII.2.15. Fonction rรฉnale et comorbiditรฉs
VIII.2.16. Anรฉmie et co-infection
IX. DISCUSSION
IX.1. Donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
IX.1.1. Selon la frรฉquence gรฉriatrique
IX.1.2. Sexe
IX.1.3. Situation matrimoniale
IX.1.4. Profil sรฉrologique
IX.2. Donnรฉes cliniques
IX.2.1. Stade clinique OMS
IX.2.2. Selon le poids et lโ€™IMC
IX.2.3. Selon les comorbiditรฉs
IX.2.4. Selon la coinfection VIH-Tuberculose
IX.2.5. Selon la coinfection VIH-VHB
IX.3. Donnรฉes Paracliniques
IX.3.1. Selon le taux de CD4
IX.3.2. Selon lโ€™anรฉmie
IX.3.3. Selon lโ€™hyperglycรฉmie
IX.3.4. Selon la clairance de la crรฉatinine
IX.3.5. Selon les transaminases
IX.4. Donnรฉes thรฉrapeutiques
IX.4.1. Traitement ARV
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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