INTRODUCTION
ย ย Lโinfection ร VIH est une pandรฉmie non encore maรฎtrisรฉe et qui pose un grave problรจme de santรฉ publique dans le monde, et en particulier dans les pays en dรฉveloppement dont fait partie Madagascar. Concernant Madagascar, la prรฉvalence de lโinfection ร VIH ne cesse dโaugmenter depuis la dรฉcouverte de la premiรจre personne vivant avec le VIH (PVVIH) en 1987. Lโinfection ร VIH est actuellement ร sa phase de gรฉnรฉralisation. Dโaprรจs les derniรจres enquรชtes en 2003 chez les femmes enceintes, la sรฉroprรฉvalence de lโinfection ร Madagascar est de 1,03% (1). Comme le nombre de la population malgache actuelle est de 17 millions, on estime par projection quโil y a environ 170.000 personnes supposรฉes porteuses de ce virus ร Madagascar. La situation ร Madagascar recense une cinquantaine de personnes suivies comme รฉtant sรฉropositive ร VIH dans tous les centres qui sโen occupent et seul quarante deux de ces patients sont suivies au CHU JRBefelatanana- Antananarivo- MADAGASCAR. Une des explications ร ce faible taux de personnes dรฉpistรฉes pourrait รชtre en premier lieu la mรฉconnaissance par les praticiens des signes prรฉsomptifs de lโinfection ร VIH ร Madagascar. Cette situation limiterait les propositions des tests de sรฉrologie ร VIH, sans oublier les insuffisances du dispositif dโaccรจs au dรฉpistage et aux soins ร Madagascar.
HISTORIQUE
ย ย Lโinfection ร VIH a commencรฉ ร se diffuser ร la fin des annรฉes 70, au dรฉbut des annรฉes 80 dโune part dans la population masculine homosexuelle et bisexuelle de certaines zones urbaines dโAmรฉrique, dโAustralie et dโEurope Occidental et dโautre part, chez les hommes et les femmes ร partenaires sexuels multiples de certaines rรฉgions des Caraรฏbes et dโAfrique centrale et orientale. Puis la propagation sโest dรฉveloppรฉe parmi les usagers de drogues par voie intra- veineuse, puis leurs partenaires sexuels. Les premiers cas de SIDA ont รฉtรฉ dรฉcouverts ร Los Angeles, aux USA en 1981 chez les homosexuels masculins. Le virus a รฉtรฉ isolรฉ pour la premiรจre fois ร l โ Institut Pasteur de Paris en 1983 et a portรฉ le nom de LAV. Plus tard, en 1986, le comitรฉ de nomenclature lui a attribuรฉ le nom de HIV (Human Immunodeficiency Virus). Vers la fin des annรฉes 1999, le VIH est prรฉsent dans tous les pays du monde, ร des degrรฉs divers. A Madagascar, la premiรจre personne infectรฉe par le VIH a รฉtรฉ dรฉcouverte en 1987.
EPIDEMIOLOGIEย
Dans le monde LโONU/SIDA et l โ OMS estiment ร 40 millions le nombre total des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en 2004, dont environ 37,5 millions dโadultes et 2,5 millions dโenfants. On a enregistrรฉ environ 5 millions de nouveaux cas, la mรชme annรฉe. Le nombre de dรฉcรจs de SIDA est estimรฉ ร 3 millions en 2004.
En Afrique LโAfrique est le continent le plus touchรฉ avec plus de 60% (environ 25 millions de PVVIH) des personnes infectรฉes dans le monde en 2004. On constate que les femmes sont plus frรฉquemment touchรฉes par lโinfection que les hommes. Le nombre de dรฉcรจs dรป au VIH est le plus รฉlevรฉ par rapport aux autres continents. Les dรฉcรจs concernent surtout la population jeune active entraรฎnant un impact socio รฉconomique non nรฉgligeable surtout pour les pays fortement touchรฉs par la pandรฉmie. Cโest surtout le cas en Afrique Subsaharienne. Lโaccessibilitรฉ au traitement antirรฉtroviral constitue un gros problรจme pour ce continent.
A Madagascar Si Madagascar faisait encore partie des pays ร faible prรฉvalence pour lโinfection ร VIH, le nombre de personnes nouvellement infectรฉes ne cesse dโaugmenter, de 02 en 1987, elle est passรฉe ร 17 en 1990, 101 en 1995, 219 en 2000. A partir de la derniรจre enquรชte de sรฉroprรฉvalence de lโinfection ร VIH effectuรฉe sur les femmes enceintes en 2003, on a retrouvรฉ un taux de 1,03% pour la population gรฉnรฉrale (1). Cette progression risque encore de se poursuivre tant que la prise en charge de cette maladie ne soit pas effective.
Structure virale
ย Le virus de l โImmunodรฉficience Humaine ou VIH est un virus ร ARN appartenant ร la famille des rรฉtrovirus. Cette notion de rรฉtrovirus est en lien avec une particularitรฉ de ces virus qui sont dotรฉs dโune enzyme (la transcriptase inverse ou reverse transcriptase), capable de transformer l โ ARN du virus en ADN proviral รฉtape nรฉcessaire pour pouvoir infecter les cellules humaines qui sont des cellules ร ADN. Actuellement, la famille des rรฉtrovirus est divisรฉe en trois sous- groupes : les oncovirus, les spumavirus et enfin les lentivirus dont fait partie le VIH. Sur le plan structurel, les VIH sont des particules rondes de 100 nm de diamรจtre environ constituรฉes, de dehors en dedans (Cf. Schรฉma 01) :
– dโune enveloppe qui comporte deux glycoprotรฉines (Gp) majeures : une Gp externe (Gp 160 et 120 pour VIH-1 ; Gp 140 pour VIH-2) et une Gp transmembranaire (Gp 41 pour VIH-1 et Gp 36 pour VIH-2).
– dโune matrice qui se situe juste sous lโenveloppe virale et qui est nรฉcessaire pour maintenir la structure du virion VIH. Elle contient une protรฉine de matrice qui est la protรฉine p17.
– de la nuclรฉocapside avec une protรฉine interne majeure qui est la protรฉine p24. A lโintรฉrieur de cette nuclรฉocapside se trouvent les enzymes de la rรฉplication (transcriptase inverse, intรฉgrase, protรฉase) et lโARN viral en double brins.
– Le gรฉnome viral est constituรฉ dโenviron 9000 nuclรฉotides. Lโorganisation du gรฉnome VIH est trรจs complexe. Les variations entre les diffรฉrents constituants des virus sont ร lโorigine de la diversitรฉ gรฉnรฉtique du VIH. Deux types de virus sont actuellement connus : le VIH 1 et le VIH 2.
๏ Le VIH-1 lui-mรชme se divise en trois groupes distincts :
– groupe M ou Major qui regroupe jusquโร prรฉsent au moins dix sous- types dรฉsignรฉs de A ร J. La surinfection ร partir des sous- types non recombinants ou ยซ purs ยป prรฉcรฉdents est ร lโorigine des formes recombinantes circulantes (CRF). Par exemple : CRF01-AE ; CRF03-ABโฆ
– groupe O ou Outlier identifiรฉ au Cameroun et au Gabon
– groupe N ou non-M non-O identifiรฉ aussi au Cameroun
๏ Le VIH-2 lui est classรฉ actuellement en 7 sous- types distincts (A,B,C,D,E,F,G). Ces diversitรฉs gรฉnรฉtiques ont des impacts sur la pathogรฉnicitรฉ des virus, sur le diagnostic, et sur la prise en charge.
La rรฉplication viraleย ย
ย Elle a lieu dans de nombreux tissus de lโorganisme dans lesquels se trouvent les cellules cibles des VIH et faite de plusieurs รฉtapes :
1- La reconnaissance par lโenveloppe virale des rรฉcepteurs (molรฉcule CD4) et co-rรฉcepteurs du VIH qui sont ร la surface des cellules cibles. Cette reconnaissance est assurรฉe par les glycoprotรฉines externes de lโenveloppe virale.
2- La fusion de lโenveloppe virale et de la membrane de la cellule cible;
3- La pรฉnรฉtration du virus dans la cellule;
1- La rรฉtro transcription grรขce ร lโenzyme Transcriptase Inverse qui transforme lโARN viral en ADN proviral;
2- Lโintรฉgration de lโADN proviral dans le gรฉnome de la cellule cible grรขce ร lโenzyme Intรฉgrase;
3- La transcription de lโADN proviral en ARN messager grรขce ร lโenzyme ARN polymรฉrase II de la cellule cible;
4- La traduction de ces ARN messagers par les ribosomes ร lโorigine des polyprotรฉines virales;
5- Le clivage des polyprotรฉines grรขce ร lโenzyme Protรฉase;
6- Lโassemblage des glycoprotรฉines, les protรฉines virales et lโencapsidation des ARN viral;
7- Le bourgeonnement puis la libรฉration dโune nouvelle particule virale dans le milieu extรฉrieur qui va infecter une nouvelle cellule cible.
Phase symptomatique
ย La phase asymptomatique รฉvoluera progressivement vers la phase symptomatique au fur et ร mesure de la diminution des CD4 cโest-ร -dire au fur et ร mesure de lโaggravation du dรฉficit immunitaire. Mรชme si les symptรดmes ne sont encore une fois de plus spรฉcifiques, leurs รฉvolutions (rรฉcidivante, grave, sans facteur favorisant connu et rebelle au traitement) sont des arguments ร prendre en compte. Tous les appareils peuvent รชtre touchรฉs. Les รฉtiologies peuvent รชtre : bactรฉriennes, virales, fongiques et/ou parasitaires mais on note surtout la frรฉquence des infections dโorigine fongique et virale dont lโapparition sans facteur favorisant connu incite la recherche dโune infection VIH . Les appareils les plus frรฉquemment touchรฉs sont surtout les appareils :
– tรฉgumentaires : les atteintes peuvent รชtre superficielles ou profondes (dermite seborrhรฉique surtout รฉtendue, folliculites, impรฉtigo, molluscum contagiosum diffus, herpรจs, zona, candidoses buccale et/ou gรฉnitale, โฆ) ;
– ORL surtout les infections bactรฉriennes des voies aรฉriennes supรฉrieures (sinusites,โฆ) ;
– pulmonaires ร lโorigine des bronchites et des pneumonies rebelles;
– digestives responsables en gรฉnรฉral de la diarrhรฉe persistante et lโรฉtat cachectique des personnes vivant avec le VIH. Sur le plan biologique, on note habituellement une thrombopรฉnie, une anรฉmie et une leucopรฉnie asymptomatique.
SIDA maladie
ย ย Stade avancรฉ de la maladie oรน lโรฉtat immunitaire de la personne est trรจs affaibli et ne peut plus assurer efficacement ses tรขches qui consistent ร lutter et maรฎtriser les diverses affections. Dโoรน lโapparition des infections et des tumeurs opportunistes. La plupart des infections opportunistes dont la survenue caractรฉrise le SIDA surviennent lorsque les lymphocytes CD4 sont infรฉrieurs ร 200/mm3. Ainsi quelque soit le stade de la maladie, les seuls moyens pour faire le diagnostic dโune infection ร VIH sont les tests sรฉrologiques.
CONCLUSION
ย Dans le monde entier et surtout en Afrique, les jeunes particuliรจrement de sexe fรฉminin sont les plus menacรฉs par le VIH. Cโest aussi le cas ร Madagascar. Dans notre sรฉrie, les antรฉcรฉdents d โInfection Sexuellement Transmissible ร rรฉpรฉtition font parties des critรจres qui augmentent les risques dโรชtre contaminรฉs par le VIH. Il faut se souvenir que dans la majoritรฉ des cas, la transmission hรฉtรฉrosexuelle reste la voie de contamination la plus frรฉquente ร Madagascar. Cliniquement, les troubles fonctionnels digestifs et respiratoires sont les plus souvent exprimรฉs par les patients. Lโรฉvolution (rรฉcidivantes, rebelles aux traitements) est un renseignement ร ne pas minimiser. La demande dโune sรฉrologie VIH en cas de tuberculose quelle que soit la localisation doit รชtre systรฉmatique. Lโaltรฉration de lโรฉtat gรฉnรฉral (asthรฉnie, amaigrissement,โฆ) surtout quand elle traรฎne et sans cause รฉvidente doit nous inciter ร rechercher dโautres arguments en faveur dโune รฉventuelle infection ร VIH. De mรชme, devant un antรฉcรฉdent de zona, il faut avoir le rรฉflexe de rechercher la notion de comportement ร risque mรชme dans le passรฉ le plus lointain et savoir proposer un test de dรฉpistage VIH avec tact. Les anomalies biologiques sont dominรฉes par les troubles de lโhรฉmogramme. Lโatteinte des trois lignรฉes peut survenir soit de faรงon isolรฉe ou simultanรฉe avec des degrรฉs dโintensitรฉ variable. La prรฉsence dโune hypergammaglobulinรฉmie polyclonale est pathologique. Il faut en tenir compte et rechercher la cause y compris le VIH. Une bonne dรฉmarche diagnostique doit complรฉter la rรฉflexion du clinicien pour lโamener ร proposer le test de dรฉpistage VIH. Enfin, si ร travers cette รฉtude nous avons pu tirer les aspects รฉpidรฉmiologiques et cliniques de lโinfection ร VIH ร Madagascar la faiblesse de notre รฉchantillon ne nous permet pas de conclure formellement. Toutes fois, ces rรฉsultats nous permettaient dโavoir une idรฉe sur lโimportance de cette pathologie ร Madagascar. Dโautres รฉtudes sur un รฉchantillon plus grand seraient nรฉcessaires pour confirmer ces donnรฉes.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : INFECTION A VIH
A- HISTORIQUEย
B- EPIDEMIOLOGIE
B.1- Dans le monde
B.2- En Afrique
B.3- A Madagascar
C- LโAGENT PATHOGENE
C.1- Structure virale
C.2- Rรฉplication virale
C.3- Les cellules cibles
C.4- Mรฉcanisme physiopathologique
D- MODES DE TRANSMISSION
D.1- Sexuelle
D.2- Sanguine ou autres liquides biologiques
D.3- Transmission materno-fลtale
E- CLINIQUE :
E.1 – Primo-infection
E.2 – Phase asymptomatique
E.3 – Phase symptomatique
E.4 – SIDA maladie
F- BIOLOGIEย
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE ET RESULTATS
1- PATIENTS ET METHODESย
1.1- PATIENT
1.1.1- RECRUTEMENT DES DOSSIERS
1.1.2- SELECTION DES DOSSIERS
1.2- METHODES
1.2.1- METHODES DโANALYSE
1.2.2- LES PARAMETRES A EVALUER
1.2.3- ANALYSE STATISTIQUE
2- RESULTATS
2.1- Sur le plan รฉpidรฉmiologique
2.2- Aspects cliniques et biologiques
2.2.1- Sur le plan clinique
2.2.2- Sur le plan biologique
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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