Infection à SARS-COV2, épidémiologie
La pandémie mondiale de la COVID-19 est à l’origine de 33,4 millions de contamination et d’environ 150000 décès en France depuis mars 2020 (1). Les atteintes liées au virus du SARS-COV2 sont multiples (respiratoire, cardiaque, neurologique). Ce virus se lie par le biais d’une protéine S membranaire à la glycoprotéine « enzyme de conversion de l’angiotensine II », ce qui permet son entrée dans les cellules exprimant cette glycoprotéine. Cependant, la distribution anatomique d’ACE2 ne semble pas corrélée aux principales atteintes organiques en lien avec l’infection (2).
SARS-COV2 et atteinte respiratoire
Au début de l’infection, le virion du SARS-COV2 va cibler les cellules de l’épithélium nasal, bronchique ainsi que les pneumocytes de type I et II. Une fois ces cellules infectées, va s’en suivre une réaction inflammatoire par recrutement de neutrophiles, lymphocytes T et monocytes puis une production de cytokines pro inflammatoires. La persistance de cette réaction inflammatoire va entrainer un épaississement de l’interstitium alvéolo-capillaire ainsi qu’une majoration de la perméabilité capillaire notamment par activation du système kininekallikréine (2). Ces différentes modifications de l’endothélium alvéolo-capillaire vont entrainer à plus long terme la survenue d’un œdème pulmonaire, la formation d’une membrane hyaline ainsi que l’influx de neutrophiles et de monocytes qui vont pérenniser le mécanisme lésionnel.
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), stade le plus grave de l’atteinte respiratoire, est décrit selon trois phases : inflammatoire aigue, subaiguë, et chronique fibroproliférative. A partir de la deuxième semaine suivant l’altération respiratoire, dans la majorité des cas une phase résolutive débute, marquée par l’activation de la prolifération, de la migration et de la différenciation des pneumocytes de type I en pneumocytes de type II. Ceci engendre un renouvellement de l’épithélium pulmonaire et une régression progressive de l’œdème. Dans de rares cas cette phase résolutive peut entrainer une prolifération de fibroblastes pulmonaires aboutissant à une fibrose pulmonaire irréversible .
Syndrome de détresse respiratoire aiguë mortalité et morbidité
La mortalité intra-hospitalière en lien avec le syndrome de détresse respiratoire aiguë à tendance à diminuer ces dernières années pour atteindre environ 25% (4). Le risque de décès après la sortie de l’hôpital reste important chez ces patients allant de 11% à un an à 15% à trois ans. Herridge & al (5) ont étudié le devenir des 109 patients ayant présenté un SDRA entre 1998 et 2002. Une majorité des patients présentent une altération de la fonction respiratoire de type restrictive avec une altération de la capacité vitale forcée ainsi que de la capacité de diffusion du monoxyde de carbone (DLCO) qui est prédominante à trois mois et tend vers l’amélioration au fur et à mesure du suivi. La distance parcourue en 6 minutes lors du test de marche est aussi diminuée (49% de la théorique) avec une valeur nadir à trois mois. On retrouve par ailleurs une tendance à une plus mauvaise évaluation respiratoire à trois mois en lien avec la durée de séjour en réanimation, l’administration ou non d’une corticothérapie ainsi que la présence ou non d’une défaillance d’organe supplémentaire.
Qualité de vie et hospitalisation
La qualité de vie a été définie, dans le domaine de la santé par l’Organisation Mondiale de la Santé en 1993 comme « la perception qu’un individu a de sa place dans la vie, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. C’est donc un concept très large qui peut être influencé de manière complexe par la santé physique du sujet, son état psychologique et son niveau d’indépendance, ses relations sociales et sa relation aux éléments essentiels de son environnement». L’intérêt de son évaluation a donné lieu à la mise en place de différents instruments ayant pour but d’une part d’évaluer de façon multidimensionnelle les états de santé et d’autre part de les quantifier. Depuis quelques années, est apparue la notion de syndrome post-réanimation ou PICS (post intensive care syndrome), il rassemble les différentes altérations physiques, cognitives et psychologiques pouvant altérer la qualité de vie chez une majorité des patients de réanimation (6)(7). Plusieurs outils ont été utilisés afin d’évaluer la survenue de ce syndrome tels que le formulaire abrégé SF-36 (8), le World Health Organization’s Disability Assessment Schedule 2.0 (WHODAS) et le Healthy Aging Brain Care Monitor (HABC-M SR). Tous sont des autoquestionnaires et nécessitent donc que le patient puisse les remplir lui-même. L’étude BRAIN-ICU (9) a mis en évidence qu’un delirium de plus de cinq jours est un facteur favorisant la survenue de troubles cognitifs à trois et douze mois de la sortie de réanimation. Nous savons également qu’il existe une dégradation de la qualité de vie chez les patients ayant présenté un SDRA ou les patients dont la durée de ventilation mécanique a dépassé 3 jours (10) (11). Récemment, quelques auteurs ont mis en évidence une prévalence élevée de symptômes d’anxiété (de 12% à 36%) et de dépression (de 16% à 29%) chez les patients hospitalisés en service conventionnel pour une pneumopathie à SARS-COV2 (12) (13) (14). En plus de la persistance de la dépression après la sortie d’hospitalisation pour les patients hospitalisés en réanimation (15), il est mis en évidence une majoration des douleurs et des symptômes de dépression et d’anxiété à six mois ainsi que de nombreux symptômes de détresse posttraumatique (16) (17).
Compte-tenu de ces éléments, dès l’apparition de la pandémie au printemps 2020, nous avons étudié le devenir des patients hospitalisés pour pneumopathie à SARS-COV2 en service de médecine infectieuse et tropicale et dans les services de réanimation chirurgicale et polyvalente du CHU de Nantes pour la période du mois de mars 2020 au mois d’avril 2021, afin de comparer le devenir de ces patients en fonction de la gravité de leurs symptômes à la phase aiguë. L’objectif principal de cette étude est de comparer les données du test de marche de six minutes (TM6) entre les patients hospitalisés en réanimation et ceux hospitalisés en service conventionnel. Les objectifs secondaires évaluent la fonction respiratoire à trois mois par les épreuves fonctionnelles respiratoire (EFR) et l’échelle de Borg. Nous nous sommes également intéressés au devenir psychologique des patients, ainsi qu’à leur qualité de vie à trois mois.
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Table des matières
INTRODUCTION
Infection à SARS-COV2, épidémiologie
SARS-COV2 et atteinte respiratoire
Syndrome de détresse respiratoire aiguë mortalité et morbidité
Qualité de vie et hospitalisation
MATERIEL & METHODE
Critères d’inclusion et d’exclusion
Données recueillies
Critères de jugement
Test de marche six minutes
Score HADS
Plan statistique
RESULTATS
Données démographiques
Données de réanimation
Critère principal
Critères secondaires
DISCUSSION
Fonction pulmonaire
Anxiété et dépression
Corticothérapie et fonction respiratoire
Suivi des patients post-réanimation
Limites
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE