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AVC hémorragique :
L‟hémorragie cérébrale résulte de la rupture d‟une artère cérébrale. Le sang d‟une hémorragie intracérébrale s‟accumule et forme une masse qui peut disséquer et comprimer les tissus cérébraux adjacents, provoquant un dysfonctionnement neuronal. La pression liée aux hématomes supratentoriels et à l‟oedème les accompagnant peut provoquer un engagement cérébral. Les hémorragies intraventriculaires et les hématomes cérébelleux peuvent provoquer une hydrocéphalie aigue. L‟irruption de sang dans le parenchyme peut aussi avoir pour conséquence une ischémie par baisse de la perfusion cérébrale.
Plasticité cérébrale :
La plasticité cérébrale est le processus continu permettant des modifications à moyen et long terme de l’organisation synaptique pour une meilleure efficacité des réseaux neuronaux. Ainsi, les modifications plastiques sont des évènements fondamentaux qui sous-tendent aussi bien le développement cérébral normal (apprentissage) et le maintien des circuits neuronaux adultes (tous deux regroupés sous le terme de plasticité « naturelle »), que la réorganisation de la circuiterie faisant suite à une lésion (plasticité « post-lésionnelle »). L‟IRM fonctionnelle permet d‟étudier cette réorganisation fonctionnelle post-lésionnelle [21].
Les mécanismes de la plasticité synaptique associés à l‟activité fonctionnelle du cerveau adulte sont très semblables à ceux observés au cours du développement.
La plasticité du cerveau se manifeste à l‟âge adulte en réponse à certaines lésions cérébrales [31].
L‟amélioration spontanée des déficits moteurs et cognitifs observée dans les semaines qui suivent un accident vasculaire cérébral chez l‟homme adulte, révèle l‟existence d‟une plasticité cérébrale mettant en jeu une réorganisation des réseaux neuronaux post-lésionnels. Face à la prévalence des AVC dans les pays industrialisés et le peu de ressources thérapeutiques, la compréhension des phénomènes de plasticité cérébrale sont devenus un enjeu important et ont permis le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques [12].
Signes cliniques des AVC [9]
Ces signes cliniques sont identiques pour tout type d‟AVC ischémique ou hémorragique. Cependant, ils varient selon le territoire artériel.
Il s‟agit: des troubles moteurs, des troubles sensitifs, des troubles visuels, des troubles du langage, des troubles neuropsychologiques et des troubles de l‟équilibre.
Formes anatomo-cliniques des infarctus cérébraux
Infarctus du territoire carotidien
Infarctus du territoire de l’artère cérébrale moyenne
C‟est le plus fréquent des infarctus hémisphériques.
Infarctus sylvien total
Le tableau clinique associe: l‟aphasie, l‟hémiplégie controlatérale, l‟hémianesthésie, la déviation oculo-céphalique. Les autres signes sont : l‟hémianopsie latérale homonyme, l‟anosognosie.
Infarctus sylvien profond
Le tableau est dominé par une hémiplégie associée en cas de lésion de l‟hémisphère dominant à une aphasie dynamique avec réduction de la fluence.
Infarctus sylvien superficiel
Le tableau clinique associe l‟hémiparésie à prédominance brachio-faciale, l‟hémianopsie latérale homonyme, l‟aphasie, l‟apraxie idéo-motrice et l‟ héminégligence.
Infarctus du territoire de l’artère cérébrale antérieure
Les signes cliniques sont: la paralysie du membre inférieur, l‟hypertonie du membre inférieur associée à un grasping reflex, la tendance aux stéréotypies, des troubles du comportement urinaire. L‟aphasie dynamique et le mutisme akinétique sont également observés.
Infarctus du territoire de l’artère choroïdienne antérieure
Il se manifeste cliniquement par une hémiplégie avec hémi-déficit sensitif, une hémianopsie.
Infarctus du territoire vertébro-basilaire
Infarctus occipital
Le tableau clinique se traduit par une hémianopsie latérale homonyme, une cécité corticale, une agnosie visuelle, une anomie des couleurs et /ou une alexie pure sans agraphie, une prosopagnosie et des troubles mnésiques de type Korsakovien.
Infarctus thalamique
Il se traduit par : l‟apathie, le syndrome dysexécutif, l‟hémisyndrome sensitif, les troubles de la mémoire et du langage, les troubles visuo-spatiaux (lésions de l‟hémisphère mineur)
Infarctus du tronc cérébral
Il se traduit par un syndrome alterne associant une atteinte directe d‟un ou de plusieurs nerfs crâniens et une atteinte croisée des voies longues. C‟est le cas du syndrome de Weber par infarctus mésencéphalique paramédian, dominé par une paralysie complète ou dissociée du III homolatérale à la lésion, et une hémiplégie du côté opposé à la lésion.
Infarctus cérébelleux
Ses signes cliniques sont: des vertiges, des vomissements, une dysarthrie, une ataxie cérébelleuse, un nystagmus.
Formes anatomo-cliniques de l’hémorragie cérébrale :
Ces formes anatomo-cliniques sont : l‟hémorragie cérébrale avec inondation ventriculaire, l‟hémorragie capsulo-lenticulaire, l‟hémorragie thalamique, l‟hémorragie lobaire. D‟autres formes sont : l‟hémorragie du tronc cérébral et l‟hémorragie cérébelleuse.
Infarctus cérébraux
Prévention primaire
La prévention primaire passe par la prise en charge des facteurs de risque. L‟hypertension artérielle est le principal facteur de risque d‟AVC ischémique. En prévention primaire, faire baisser la pression artérielle permet une diminution continue du risque d‟AVC : plus la baisse est importante plus le risque diminue [34].
L‟hypercholestérolémie est un facteur de risque d‟infarctus cérébral. Les recommandations de l‟AHA/ASA préconisent, en prévention primaire, de traiter par des statines tous les patients à haut risque [25]. Le bénéfice du contrôle de la glycémie sur les complications macrovasculaires reste à démontrer, notamment pour ce qui concerne les AVC [1].
Les recommandations 2013 de l‟AHA/ASA sur les habitudes de vie en prévention du risque cardio-vasculaire préconisent la pratique d‟une activité physique aérobie pendant au moins 40 minutes au moins trois à quatre jours par semaine dans le but de réduire la tension artérielle et d‟améliorer le profil lipidique.
Les recommandations 2014 de l‟AHA/ASA [25] pour la prévention primaire de l‟AVC précisent ainsi:
– La réduction de la consommation de sodium et l‟augmentation de l‟apport de potassium
– Un régime de type DASH (fruits, légumes, produits laitiers peu gras et la réduction des graisses saturées), pour abaisser la tension artérielle
– Une alimentation riche en fruits et légumes, et ainsi riche en potassium,
– Un régime méditerranéen complété par des noix .
La sténose carotidienne est dépistée chez des patients diabétiques, et ceux ayant une maladie vasculaire (maladie coronaire, artériopathie oblitérante des membres inférieurs, maladie de l‟aorte).
Les recommandations de l‟AHA/ASA pour la prévention des AVC précise qu‟il est possible de donner de l‟aspirine chez les patients dont le risque vasculaire à 10 ans est supérieur à 10%. Elle peut être proposée en prévention d‟un premier accident ischémique cérébral en particulier chez les diabétiques [25].
Prévention secondaire
Que l‟on se situe en prévention primaire ou secondaire, quelle que soit l‟origine de l‟événement, la prévention repose sur trois piliers
– La prise en charge des facteurs de risque vasculaires
– Les médicaments antiagrégants plaquettaires et anticoagulants
– Les techniques de revascularisation chirurgicales ou endovasculaires.
Les recommandations de l‟American Heart Association/American Stroke Association (AHA/ASA) préconisent, en prévention secondaire une baisse de la pression artérielle en dessous de 140mmHg, mais considèrent qu‟il est possible, dans certains types d‟infarctus cérébraux comme l‟accident lacunaire, d‟abaisser les chiffres tensionnels en dessous de 130mmHg. En prévention secondaire, les statines sont également recommandées chez les patients dont le LDL-cholestérol est à plus de 1g/l, notamment si l‟accident a une origine athéroscléreuse [25].
Le bénéfice des antiagrégants plaquettaires dans la prévention des infarctus cérébraux chez les patients ayant un infarctus cérébral ou un Accident Ischémique Transitoire est largement démontré. Trois options peuvent être considérées comme équivalentes : l‟aspirine, le clopidogrel et l‟association aspirine-dipyridamole.
La sténose carotidienne symptomatique est associée à un risque très élevé de récidive d‟événement dans les jours ou semaines qui suivent ce premier événement. Dans cette situation, le bénéfice de la chirurgie est important, notamment en cas de sténose supérieur à 70%. L‟angioplastie stenting est une stratégie alternative.
Prévention tertiaire
La prévention tertiaire revet deux aspects : la réhabilitation motrice et la réinsertion socio-professionnelle.
La précocité de la rééducation motrice, son intensité et sa pluridisciplinarité sont des facteurs d‟efficacité constamment retrouvés.
La pratique quotidienne d‟un exercice est préférable à un exercice trois fois par semaine ; trois heures d‟exercice par jour sont préférables à trente minutes par jour, mais, dans le même temps, trois heures par jour sont plus efficaces que six heures de prise en charge quotidienne [26].
L‟intensité de prise en charge est donc un facteur essentiel de l‟efficacité de la rééducation, mais il existerait un effet plafond : des durées trop prolongées, une intensité trop importante peuvent avoir un effet contreproductif.
Une prise en charge pluridisciplinaire est nécessaire pour permettre l‟abord de tous les aspects de la rééducation motrice. Elle implique, de façon coordonnée, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes, neurologues et médecins rééducateurs [28].
Phase aigue
La thrombolyse intraveineuse consiste à injecter une dose de 0,9mg/Kg d‟alteplase (ou rtPA, Recombinant tissue Plasminogen Activator) à des patients présentant un accident vasculaire cérébral ischémique datant de moins de 4heures 30. Une méta-analyse portant sur près de 6000 patients confirme que la thrombolyse IV est efficace jusqu‟à 4h30 minutes après la survenue de symptômes d‟ischémie cérébrale, mais que son bénéfice diminue au fil du temps [15].
D‟après les recommandations 2018 de l‟AHA/ASA, l‟indication de la thrombectomie peut être étendue jusqu‟à 24 h après les symptômes chez des patients sélectionnés : il s‟agit de personnes âgées de plus de 18 ans, dont le score Rankin est de 0 à 1, dont les symptômes sont en lien avec une occlusion de la carotide interne ou du segment M1 de l‟artère cérébrale moyenne, qui se présentent avec un score NIHSS de 6 ou plus et dont l‟imagerie scanographique cérébrale retrouve un score Alberta Stroke de 6 ou plus [40].
L‟aspirine en phase aiguë de l‟infarctus cérébral réduit légèrement le risque de récidive [44]. Les associations d‟antiagrégants plaquettaires pourraient être bénéfiques en traitement très précoce de l‟accident ischémique transitoire ou de l‟infarctus cérébral mineur [51].
Aspects socio-économiques de l’AVC
Les nouvelles avancées thérapeutiques de la prise en charge de l‟attaque cérébrale ont changé la perception que l‟on avait de cette affection et nécessitent de bouleverser l‟organisation des soins, ce qui aura un impact sur les dépenses de santé. Les soins que nécessite l‟attaque cérébrale sont coûteux aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Les accidents hémorragiques sont les plus coûteux, mais leur prévalence est faible en Occident comparativement aux accidents ischémiques, et élevés dans les pays asiatiques. Les coûts directs de l‟AVC prennent la part la plus importante dans le coût global dans la plupart des pays, et cela s‟applique au premier AVC comme aux récidives. Le coût moyen d‟un AVC en France est de 18 000 euros sur les 12 premiers mois. Le niveau de handicap explique 42% de la variance du coût de l‟AVC. La première année, la phase aiguë représente 40% du coût. Les soins de suite en rééducation ou moyen séjour représentent 29% du coût, et les soins ambulatoires ne représentent que 8% du coût. Cependant, après 46 mois, le coût des soins ambulatoires dépasse les coûts des premiers 6 mois (phase aiguë plus soins de suite) [45]. Au Cameroun, Mapouré et al [35], avaient trouvé un cout moyen d‟AVC de 802.355fcfa. Au Togo, Balogou et al avaient estimé ce coût moyen direct d’un AVC par patient à 387452,6 FCFA [4].
Reprise professionnelle [43]
La reprise du travail après un AVC est complexe. La gravité initiale de l‟AVC ainsi que les séquelles cognitives semblent être des éléments déterminants. La réinsertion professionnelle d‟une personne handicapée dépend des particularités sociales, politiques, et culturelles de chaque pays.
La reprise du travail est négativement associée à l‟augmentation de l‟âge. Elle est positivement associée au sexe masculin, au niveau d‟éducation, à un haut statut socio-économique.
Il est fréquent que des patients ayant une apparente bonne récupération soient difficilement ou tardivement réinsérés [29].
Les causes en sont nombreuses : manque de motivation, décompensation d‟un syndrome anxio-dépressif, sous-estimation des séquelles neuropsychologiques ou des difficultés motrices. Il est alors important de faire un bilan objectif des séquelles, en particulier neuropsychologiques. Un bilan complet peut permettre, par exemple, d‟évaluer précisément les possibilités du patient en matière de raisonnement, de flexibilité, de mémoire de travail et d‟attention divisée.
Séquelles motrices
L‟existence d‟une hémiplégie intervient dans les possibilités de reprise de travail. C‟est évident lorsqu‟il s‟agit d‟une profession impliquant des sollicitations physiques (travail manuel, travail en hauteur, port de charges). Pour les personnes ayant un travail plus sédentaire, ce sont les difficultés de déplacement dues aux séquelles motrices qui sont souvent gênantes. La montée ou la descente des escaliers peuvent être difficiles, voire impossibles. À l‟extrême, il faut parfois que le lieu de travail soit accessible en fauteuil roulant ce qui, bien qu‟un tel accès soit obligatoire depuis plusieurs dizaines d‟années, est rarement le cas. De même, la reprise du travail peut aussi dépendre de la possibilité de déplacement à l‟extérieur, par, les transports en commun ou en voiture.
Séquelles cognitives
Leur évaluation semble essentielle pour la reprise de l‟activité professionnelle, en particulier pour les patients ayant des activités sédentaires dans le secteur tertiaire. En cas d‟aphasie, un quart environ des patients récupèrent un niveau de langage comparable au niveau antérieur, la moitié garde des séquelles invalidantes, et un dernier quart des difficultés sévères de communication. Cependant, même en cas de bonne récupération, des difficultés peuvent persister lors de la conversation à plusieurs, dans les atmosphères bruyantes. Les troubles cognitifs peuvent être isolés, ou associés à une hémiplégie ou à des troubles du langage. Il peut s‟agir particulièrement de troubles dysexécutifs frontaux, de troubles de l‟attention ou de la mémoire de travail. Ils sont particulièrement gênants en situation professionnelle, alors qu‟ils ont pu être jusqu‟alors peu invalidants dans des situations moins contraignantes de la vie quotidienne.
Fatigue
Les patients gardant des séquelles invalidantes d‟un AVC se plaignent dans 30 à 68 % des cas d‟une fatigabilité plus importante. C‟est une donnée qui peut rendre difficile et pénible une réinsertion professionnelle, en particulier dans le cadre d‟un travail à plein temps ou d‟une activité soutenue.
Autres séquelles
Une hémianopsie latérale homonyme ou une épilepsie mal contrôlée peuvent être des obstacles majeurs à la réinsertion, si elles impliquent des déplacements en automobile. En effet, la conduite d‟un véhicule suppose que “le conducteur soit juridiquement et physiquement apte”.
Le travail du praticien, aidé par les neuropsychologues, doit alors s‟articuler avec celui du médecin du travail. Ce dernier, via sa connaissance du poste de travail, pourra confronter les possibilités du patient et la réalité du poste de travail. Dans cette population, le délai minimal avant la reprise du travail est difficile à estimer. Il dépend essentiellement des sollicitations du poste de travail occupé par le patient, de sa motivation et de ses impératifs socioprofessionnels. Par ailleurs, il ne faut pas négliger la fatigabilité de ces patients [38] .Si la reprise peut s‟effectuer dans de bonnes conditions, un délai de un à deux mois après l‟AVC est une période raisonnable pour envisager une réinsertion.
Le rôle du médecin du travail est central, car c‟est sa connaissance de l‟entreprise qui permettra, au besoin, de reclasser un salarié handicapé. Exposer les difficultés séquellaires ainsi que, les capacités préservées ou récupérées au médecin du travail, peut permettre une adaptation du poste de travail et un maintien dans l‟emploi. L‟expérience montre qu‟il est souhaitable que les patients reprennent leur emploi dans l‟équipe où ils étaient précédemment intégrés [43].
Antécédents
Les antécédents médicaux retrouvés étaient: l‟HTA (n=23), les dyslipidémies (n=6), le diabète sucré (n=1), la cardiopathie emboligène (n=2). Ils n‟avaient pas été précisés chez les autres patients.
Données relatives à l’AVC
Nous avons recensé 30 patients (73%) avec un AVC ischémique, et 11 patients (37%) avec un AVC hémorragique. Le score de Rankin modifié étaient respectivement 2 (n= 14), 1 (n=7), 0 (n=6), 3 (n=6), 4 (n=5) et 5 (n=3), avec des extrêmes de 0 et 5. La répartition des patients selon l‟Index de Barthel est représentée sur la figure 5. Les extrêmes étaient 10 et 100.
Discussions
Données sociodémographiques :
Notre étude révélait un âge moyen de 52±9,6 ans, avec une prédominance masculine à 73%, sur un échantillon de 41 patients. La taille de notre échantillon était faible, car le taux de Chômage au Sénégal [2] comme dans d‟autres pays d‟Afrique [50] est assez élevé. Nous n‟avons inclus que deux types d‟AVC et, notre étude n‟avait duré que neuf mois.
En Corée du Sud, Chang et al. [10] avaient une moyenne d‟âge de 56,99 ans avec une prédominance masculine à 77,1%. En France, Muller et al. [33] avaient une moyenne d‟âge de 48,30 ans. En Suède, Westerlind et al. [50], avaient retrouvé des extrêmes d‟âge de 21 et 63 ans avec une prédominance masculine à 67,3%.
En Inde, Bonner et al. [6] notaient une moyenne d‟âge de 48±8,8ans. Au Japon, Tanaka et al. [47] avaient retrouvé à partir d‟une étude multicentrique réalisée dans 21 hôpitaux une prédominance masculine (79,7%), avec une moyenne d‟âge de 55,3±7,2ans.
En Australie, Hackett et al. [22], avaient une moyenne d‟âge de 52 ans, avec une prédominance masculine (68%). En Afrique du Sud, Duff et al. [14] avaient recruté 97 patients dans diverses unités de réadaptation. L‟âge moyen de ces patients était de 51±10,5 ans.
Ces différentes études montrent des données socio-démographiques assez similaires que les nôtres. .
Données relatives à l’AVC
Nos résultats révélaient une prédominance de l‟AVC ischémique à 73%. Chang et al. [10] avaient obtenu une prédominance de l‟AVC ischémique (77,3%). Westerlind et al. [50], avaient aussi noté une prédominance de l‟AVC ischémique (77,7%). Hackett et al. [22], avaient également retrouvé une prédominance de l‟AVC ischémique (83%). Nos résultats sont proches des autres auteurs. Cela peut s‟expliquer par le fait que l‟AVC ischémique, est le plus fréquent des AVC.
Reprise de travail
Fréquence
Nous avons obtenu un taux de reprise de travail à 32 %. Il était plus élevé (36%) après un AVC hémorragique. L‟AVC hémorragique a un meilleur pronostic fonctionnel par rapport à l‟AVC ischémique [16].
A Londres, Bush et al. [7] avaient obtenu un taux de reprise de travail de 35% sur un échantillon de 266 patients et dans un délai post-AVC de 12 mois.
En 2011, Muller et al. [33] avaient retrouvé en France, 18 patients (32,1%) sur un échantillon de 78 patients qui avaient repris une activité professionnelle dans un délai post-AVC de 19, 2 mois. En 2014, Duff et al. [14] en Afrique du Sud avaient noté un taux de reprise du travail de 34%, pour un délai post-AVC de 18 à 24 mois. Ces résultats sur le taux de reprise de travail sont superposables à ceux de notre étude, bien que nos patients aient un délai post-AVC minimal de deux mois. Des taux de reprise de travail plus élevés étaient observés au Nigeria, en Corée du Sud, en Suède, en Inde. Au Nigéria, Peters et al. [41] dans leur étude publiée en 2013, sur 101 patients recrutés dans sept Centres Hospitaliers Universitaires différents, avaient noté un taux de reprise de travail de 55%. Contrairement à l‟étude multicentrique déroulée au Nigéria, la nôtre n‟avait été réalisée que dans un Centre Hospitalier Universitaire.
Par contre en 2016, Chang et al. [10] en Corée du Sud avaient identifié 560 patients (60%) qui avaient repris le travail dans un délai de six mois après l‟AVC, sur un échantillon 933 patients. Parmi ces patients, 16 (2,9%) avaient changé de poste de travail. Dans notre étude un seul patient (7,7%) avait été reclassé.
En Suède, à partir d‟une étude incluant tous les sous-types d‟AVC, Trygged et al. [48] avaient noté un taux de reprise de travail de 69% sur un échantillon de 7081 patients, avec une prédominance masculine (71,3%) et une prédominance pour l‟AVC ischémique (69,3%). Plus tard encore en Suède, en 2017 Westerlind et al. [50] avaient retrouvé un taux de reprise de travail de 74,7%, sur un échantillon de 211 patients, dans un délai post-AVC de trois à six ans. En Australie, Hackett et al [22] avaient aussi noté un taux de reprise similaire à 75%, sur un échantillon de 271 patients. Nous constatons que l‟échantillon était de grande taille en Suède, en Australie et en Corée du Sud. Le taux de chômage dans ces pays est assez bas. En avril 2018, le service de presse d‟Eurostat notait un taux de chômage en Suède établi à 6,2%. Ce taux est plus bas en Australie, où il atteint 5,4% [17]. En Avril 2017, les données statistiques de Corée du Sud mettaient en évidence un taux de chômage à 4,2% [11].
Bonner et al. [6], avaient retrouvé un taux de reprise de travail égal à 52,5%, sur un échantillon de 141 patients, dans un délai post-AVC de trois mois à deux ans.
Dans une cohorte amiénoise de 106 patients, dont 82 cas d‟AVC et 24 cas d‟Accident Ischémique Transitoire âgés de 60 ans au plus, Ramy [42] avait retrouvé un taux de reprise de travail à 63%. Ces études comportaient un plus grand échantillon par rapport à la nôtre. La taille de notre échantillon était faible, car nous n‟avons inclus que deux types d‟AVC et, notre étude n‟avait duré que neuf mois. Le taux de Chômage au Sénégal [2] comme dans d‟autres pays d‟Afrique [49] est assez élevé. Au cours de l‟enquête nationale effectuée au Sénégal en 2017 [2], l‟Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) avait révélé un taux de chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus évalué à 10,8%. Ce phénomène est légèrement plus noté en milieu urbain où 13,8% de la population active sont au chômage contre 7,6% en zone rurale. Selon le sexe, le chômage affecte davantage les femmes (16,5%) que les hommes (5,9%). Cette enquête montrait aussi un taux d‟emploi de 48,4% pour les hommes, et de 27,7% pour les femmes.
En 2018, Langhammer et al. [32] ont publié une étude multicentrique réalisée dans neuf centres de réadaptation de sept pays, Norvège, Chine, Palestine, Israël, Gaza, USA, Suède. L‟échantillon comprenait 8 à 35 patients. Le taux de reprise le plus bas était observé en Palestine à 7% pour un échantillon de 30 patients. Cependant, il était plus élevé en Russie, à 43% sur un échantillon de 30 patients.
Notre taux de reprise de travail était bas par rapport à celui observé par la majorité des Auteurs. Cette différence peut s‟expliquer par le fait que notre étude était monocentrique, réalisée dans un seul CHU, contrairement à la plupart des autres études. Cette étude n‟avait duré que neuf mois. Et nous n‟avons inclus que deux types d‟AVC : l‟AVC ischémique et l‟AVC hémorragique.
Facteurs associés à la reprise de travail
Les facteurs statistiquement associés à la reprise de travail d‟après notre étude étaient le sexe masculin et la scolarisation.
Les hommes avaient majoritairement repris le travail à 43,3%, contrairement aux femmes. Aucune femme n‟avait repris le travail. Cela pouvait s‟expliquer par le fait que notre échantillon avait une prédominance masculine, avec un taux de scolarisation plus élevé chez les hommes (82%).
Et le taux de reprise de travail était plus élevé chez les patients scolarisés (53%). Il était plus élevé chez les fonctionnaires. Et tous nos fonctionnaires étaient des hommes scolarisés. La scolarisation influençait positivement la reprise de travail. Cependant, la profession n‟était pas statistiquement associée à la reprise de travail.
Muller et al. [33] rapportent dans leur étude que le fait de vivre seul était corrélé négativement à la reprise de travail Cependant dans notre échantillon, tous nos patients avaient un bon contact social avec la famille et/ou leurs amis. Muller et al n‟avaient pas trouvé de relation significative entre le taux de reprise du travail et l‟âge au moment de l‟AVC, le sexe, le niveau d‟étude, le type d‟AVC, et la catégorie socio-professionnelle. Ils avaient cependant noté une association statistiquement significative avec un score de Barthel élevé.
Selon Peters et al. [41], l‟absence de handicap ou l‟existence d‟un handicap léger étaient des déterminants significatifs de la reprise de travail, alors que la durée post-AVC d‟un an au moins était faiblement associée à la reprise de travail.
D‟après Duff et al. [14], les raisons les plus fréquentes de non reprise de travail étaient un déficit moteur des membres supérieurs, et des troubles de la marche. Et, l‟existence d‟une dépression réduisait la probabilité de reprise de travail.
Pour Chang et al. [10], les patients qui avaient un taux de reprise de travail le plus élevé étaient situés dans la tranche d‟âge de [55-64 ans]. Par rapport au sexe, 81,8% d‟hommes avaient repris le travail. Les patients ayant un niveau d‟étude universitaire avaient repris majoritairement le travail. Il existait une relation significative entre le taux de reprise de travail et l‟âge au moment de l‟AVC, le sexe, le niveau d‟étude et le type d‟AVC. Ce qui n‟était pas le cas pour le score de Rankin modifié. D‟après Westerlind et al. [50], la reprise de travail était possible lorsque le délai post-AVC était élevé.
Bush et al. [7], montraient que le sexe féminin et la dépendance étaient associés à un faible taux de reprise de travail. Bonner et al. [6], notaient que le score de Rankin bas, le jeune âge et la catégorie professionnelle étaient associés significativement à la reprise de travail. Cependant, l‟absence de dépression ne favorisait pas la reprise de travail. Ramy [42] avait trouvé de nombreux facteurs prédictifs limitant la reprise professionnelle après un AVC : dont l‟étiologie indéterminée, les scores NIHSS et Rankin de sortie, et des signes cliniques, souvent subjectifs. De plus, a été retrouvée une association significative positive avec une consultation de médecine du travail. Pour Hackett et al. [22], le sexe masculin, être une femme sans activité antérieure restreignant la maladie, l‟âge plus jeune, l‟indépendance dans les activités de la vie quotidienne 28 jours après un AVC, étaient associés au retour du travail.
Langhammer et al. [32], rapportaient que l‟âge, l‟éducation, l‟absence de handicap, le pays d‟origine sont des prédicteurs de retour au travail. Mais l‟autonomie n‟était pas associée à la reprise de travail dans notre étude. Certains de nos patients avaient un délai post-AVC court, et notre échantillon était de petite taille.
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Table des matières
Introduction :
1ère Partie
1) Épidémiologie
2) Physiopathologie des AVC [9]
2-1) AVC ischémique
2-1-1) Neuropathologie
2-1-2) Pénombre ischémique
3) Plasticité cérébrale
4) Signes cliniques des AVC [9]
4-1) Formes anatomo-cliniques des infarctus cérébraux
4-1-1) Infarctus du territoire carotidien
4-1-1-1) Infarctus du territoire de l’artère cérébrale moyenne
4-1-1-2) Infarctus du territoire de l’artère cérébrale antérieure
4-1-1-3) Infarctus du territoire de l’artère choroïdienne antérieure
4-1-2) Infarctus du territoire vertébro-basilaire
4-1-2-1) Infarctus occipital
4-1-2-2) Infarctus thalamique
4-1-2-3) Infarctus du tronc cérébral
4-1-2-4) Infarctus cérébelleux
5) Imagerie cérébrale :
6- Etiologies
6-1) Infarctus cérébraux
6-2) Hémorragie cérébrale
7- Prise en charge
7-1) Infarctus cérébraux
7-1-1) Prévention primaire
7-1-2) Prévention secondaire
7-1-3) Prévention tertiaire
7-1-4) Phase aigue
7-2) Hémorragie cérébrale [9]
8- Evolution et Facteurs pronostiques [3]
8-1) Mortalité
8-2) Pronostic fonctionnel
8-3) Complications
9- Aspects socio-économiques de l’AVC
10- Reprise professionnelle [43]
2ème Partie
1- Objectifs
2- Patients et Méthodes
2-2) Type d’étude
2-2) Cadre d’étude
2-3) Période d’étude
2-4) Patients
2- 4-1) Critères d’inclusion
2- 4-2) Critères d’exclusion
2-5) Méthodes
2-6) Définition des variables étudiées
2-7) Gestion et analyse des données
III) Résultats
3-1) Caractéristiques sociodémographiques
3-2) Antécédents
3-3) Données relatives à l’AVC
3-4) Distribution de la reprise du travail
3-5) Facteurs associés à la reprise de travail
III) Discussions
1- Données sociodémographiques :
2- Données relatives à l’AVC
3- Reprise de travail
3-1) Fréquence
3-2) Facteurs associés à la reprise de travail
Conclusion et Recommandations
Références bibliographiques
Annexes
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