INÉGALITÉS DEVANT L’ÉDUCATION AUX ÉTATS-UNIS

INÉGALITÉS DEVANT L’ÉDUCATION AUX ÉTATS-UNIS

Préface

« The act of institution is an act of social magic that can create difference ex nihilo or else by exploiting as it were pre-existing differences. » Pierre Bourdieu Que ce soit dans l’éducation ou dans le domaine de l’emploi, l’inégalité sociale basée sur le sexe, la religion la race ou l’ethnicité demeure une problématique considérablement profonde dans n’importe quelle société donnée. Elle est produite de manière arbitraire à travers ses systèmes politiques et légaux et, par conséquent, est continuellement renforcée par ses lois, ses statuts et ses institutions. Selon Kingsley Davis et Wilbert E. Moore dans leur article sur les stratifications sociales et leurs fonctions dans la société, « la nécessité principale qui explique la présence universelle de la stratification est précisément la nécessité qui fait face à n’importe quelle société de placer et motiver les individus dans la structure sociale. Comme mécanisme fonctionnel, une société doit, d’une certaine manière, distribuer ses membres selon des positions sociales et les entrainer à accomplir les devoirs de ces positions » (Kingsley et Wilbert, 2001). Si ceci est vrai, alors l’éducation et les systèmes d’éducation peuvent être considérés comme ayant un rôle significatif dans le maintien de ces devoirs, puisqu’ils représentent la pierre angulaire de n’importe quelle société dans la socialisation de ses membres individuels. Afin de comprendre comment l’éducation et la stratification sociale sont liées, cependant, nous devons tout d’abord clarifier comment ce concept est défini par les sociologues.

D’un point de vue sociologique, stratification et inégalité ont été décrites comme « le processus social à travers lequel des récompenses et des ressources telles que les RICHESSES, le POUVOIR et le PRESTIGE sont distribués systématiquement et inégalement à l’intérieur ou parmi les SYSTEMES SOCIAUX. La stratification diffère de la simple inégalité dans le sens qu’elle est systématique (et) aussi basée sur des processus sociaux identifiables à travers lesquels les gens sont triés dans des CATEGORIES SOCIALES telles que la CLASSE, la RACE, et le GENRE » (Johnson, 2000). Ceci est ensuite généré, d’après le philosophe, anthropologue, intellectuel et sociologue français Pierre Bourdieu, de deux manières distinctes et efficaces : tout d’abord, à travers le transfert de ressources culturelles sociales et économiques disponibles sur le plan familial et, ensuite, son institutionnalisation dans les systèmes sociaux permanents tels que l’éducation. Ces deux manières seront analysées dans le présent travail.

Pour se faire, deux parties distinctes seront développées. La première partie présentera une vue d’ensemble complète de mon travail précédent, débuté en 2003 et finalisé en 2006, sur la stratification et l’inégalité devant l’éducation aux États-Unis, mes résultats, les fondements théoriques de ma recherche ainsi que l’évidence statistique sur laquelle l’argumentation était basée. Dans la deuxième, je me tourne vers la problématique en Suisse afin de comparer et contraster les similitudes et différences entre cette situation et celle des États-Unis .

L’intention de ma première recherche était multiple. En 2003, j’ai entrepris un projet de recherche sur l’inégalité devant l’éducation en fonction de la race et de l’ethnicité. Ensuite, en 2004, j’ai élargi mon spectre afin d’y inclure une étude sur l’inégalité devant l’éducation et le niveau de réussite scolaire en fonction du genre ainsi que de la race et ses impacts économiques ultérieurs. Enfin, en 2006, j’ai écrit mon mémoire de Master sur l’éducation comme forme de capital culturel et de stratification sociale (Simmons, 2006).

Une des raisons primordiales pour laquelle j’ai décidé d’élargir ma recherche afin d’y inclure des études sur la problématique en Suisse, est qu’il s’agit d’un phénomène que j’ai vu se perpétuer ici, et même si ceci peut être lié à d’autres facteurs tels que le contexte migratoire, la classes sociale et économique, les valeurs familiales et le niveau d’éducation des parents, l’effet reste néanmoins le même. Les enfants de familles d’immigrants, par exemple, semblent avoir des niveaux de réussite scolaire moins élevés que leurs homologues suisses. De plus, leur accès aux ressources sociales, économiques et culturelles nécessaires pour l’ascension dans l’échelle sociale semble plus limité. C’est pourquoi, alors qu’il ne s’agit peut-être pas d’une question de race ou d’ethnicité comme aux États-Unis, la problématique de l’inégalité devant l’éducation demeure toutefois un problème même ici, et ce que je cherche à découvrir est le pourquoi.

Une fois de plus, mon axe principal sera l’impact direct que ceci aura ou n’aura pas sur l’individu au cours du processus, par exemple, « de sa socialisation dans la “grammaire culturelle” des structures éducationnelles ainsi que sur le sens qu’il ou elle leur attribuerait subséquemment et comment cela est lié à des facteurs tels que les choix éducationnels », comme présenté dans mon travail précédent, et les manières dans lesquelles « ces choix se rapportent aux contraintes perçues comme partie inhérente de ces structures elles-mêmes » (Grusky, 2001 in Simmons, 2006, pp. 9-10).

Comme précédemment, l’étude complète de David B. Grusky sur la stratification sociale, ainsi que la théorie de Pierre Bourdieu sur l’éducation comme forme de capital humain et d’instrument dans la reproduction des inégalités sociales, culturelles et économiques, serviront de fondement théorique à mon argumentation.

Théorie 

“Symbolic power is that invisible power which can be exercised only with the complicity of those who do not want to know that they are subject to it or even that they themselves exercise it.” – Pierre Bourdieu

L’éducation comme forme de capital culturel 

L’argument théorique principal de ce travail est, que ce soit en Suisse ou aux ÉtatsUnis, que l’inégalité devant l’éducation dans la société est non seulement perpétuée, mais aussi générée par le système d’éducation lui-même. En effet, que la source de la stratification sociale puisse être trouvée dans les stades les plus précoces de scolarité et que ce soit ceci précisément qui conduise à une inégalité sociale et économique supplémentaire, par exemple, dans la force de travail. Comme mentionné précédemment, les motifs pour cet argument sont basés sur les études du sociologue Pierre Bourdieu sur l’éducation comme forme de capital social et sa théorie qui explique que les fondements de la stratification dans la société occidentale étaient créés par l’inégalité de distribution des ressources de capital culturel. Développée dans les années 1960, cette théorie était fondée sur un modèle néoclassique de compétition et d’entente des individus comme propriétaires d’une forme distincte de « capital acquis à travers les efforts personnels et de développement, l’investissement financier dans le “capital humain” et, avec le temps, à travers l’achèvement de l’éducation avant l’entrée dans la force de travail ainsi que le processus d’éducation en cours d’emploi » (Simmons, 2006, p. 25). Aujourd’hui, le terme est utilisé pour décrire un individu comme « un investissement dans l’avenir de la société », et l’éducation comme « un investissement individuel dans une productivité personnelle, qui est la capacité d’une personne d’ajouter de la valeur en travaillant » (Light et Garrod, 2000, p. 87).

La théorie de Bourdieu centrée autour de l’idée de l’offre et de la demande et, l’éducation elle-même comme forme de « capital » qui pourrait ensuite être convertie en devise sur le marché de l’emploi. Il s’est avant tout focalisé sur l’éducation, comme il la considérait comme « l’institution principale contrôlant l’allocation du statut et du privilège dans la société moderne » et « le système dominant de classification à travers lequel la puissance symbolique était exprimée » (Bourdieu, 1978 in Simmons 2006, p. 56) .

La fonction de l’éducation

Comme mentionné dans mon travail de 2006, le niveau de réussite scolaire est le facteur le plus déterminant du niveau de succès, la mobilité dans l’échelle sociale et le statut économique et social. Cependant, j’aimerais également réitérer une fois de plus ma croyance, comme celle de Bourdieu, que l’un des facteurs principaux empêchant cette réussite se trouve dans la distribution inégale de capital social, culturel et économique. De plus, que l’éducation et la scolarité sont tout aussi importantes pour l’atteinte de cette réussite que le sont les ressources familiales.

Problématique

“La question des inégalités sociales face à l’école est importante dans tous les pays démocratiques.” – Marie Duru-Bellat

La problématique aux États-Unis

Pour commencer, il est important de comprendre les outils et mécanismes tels que la race, l’ethnicité ou la culture à travers lesquels les individus sont stratifiés dans la société. Comme mentionné dans mon travail précédent, le concept de race peut être considéré comme « n’importe quelle division traditionnelle du genre humain, les plus fréquentes étant les Caucasiens, Mongoliens et les Noirs, caractérisées par des attributs physiques supposément distincts et universels » où l’ethnicité est devenue fondamentalement classifiée comme « des traits, contexte, allégeance ou association ethniques » et ethnique comme « se rapportant à ou caractéristique d’un peuple, spécialement un groupe partageant une culture, religion, langage etc. communs et distincts » (Webster, 1996, p. 665).A nouveau, cependant, alors que les deux concepts sont souvent superposés et tendent à s’entremêler, il convient d’être très clair que la distinction exacte entre les deux comprend deux facteurs essentiels: la culture et l’identité.

Comme indiqué dans mes études initiales, le concept traditionnel d’ethnicité était basé sur la théorie de Max Weber où l’ethnicité impliquait « tous les groupes humains qui entretiennent une croyance subjective en leur descendance commune à cause de similitudes de type physique ou de coutumes ou les deux, ou à cause de souvenirs de colonisation et de migration » et donc basée sur la croyance que (Cornell et Hartmann, 1998, in Simmons 2006, pp. 23-24):
• Les attachements ethniques proviennent à la fois de descendance réelle et présumée et les liens de sang.
• Les groupes ethniques partagent la supposition que la descendance commune est moins importante que la croyance en la descendance commune.
• Les groupes ethniques existent partout où cette croyance fonde la base d’une communauté.
La race, par contre, tend à être perçue comme (Cornell et Hartmann, 1988 in Simmons, 2006, p. 24) :
• Les différences physiques plutôt que la descendance commune supposée.
• Toujours attribuée par d’autres plutôt qu’attribuée par d’autres ainsi que par soi-même.
• Reflète typiquement les relations de pouvoir, alors que l’ethnicité peut-être pas du tout.
• Signifie des différences intrinsèques dans la valeur.
• Est construite par les autres versus construite par soi-même et les autres.

Par conséquent comme la race, par exemple, est normalement stigmatisée, perçue comme une marque de différence, un aspect négatif dans la construction de l’identité, l’ethnicité, selon Weber, était considérée comme une ‘construction’ positive dans son insinuation d’une allégeance volontaire à certaines normes de comportement, pensées, valeurs et croyances basées sur « un sens fort des racines et de l’appartenance » (Simmons, 2006, pp. 22-23). Cependant, comme mentionné en 2006, la communauté peut être autant un facteur négatif que la race si elle conduit à la résistance de l’assimilation et ainsi à « l’atteinte du succès, du pouvoir et des ressources en capital, à la fois académiques et sociales » ; c’est ce qui explique, je pense, pourquoi aux États-Unis certains groupes avec des identités ethniques particulièrement fortes, tels que les Hispaniques, ont eu des résultats académiques aussi faibles que les AfroAméricains, uniquement désavantagés par les préjugés subis contre eux en tant que race (Simmons, 2006, p. 25). En effet, ce que j’ai découvert est qu’avec l’exception de la culture asiatique, qui était considérée comme bien assimilée dans le système éducatif et social aux États Unis, il y avait souvent peu de différence dans le niveau de réussite sociale, économique et éducatif entre les deux groupes. En termes de performance scolaire des minorités aux États-Unis, par exemple, les Asiatiques obtenaient les meilleurs scores aux examens nationaux, alors que les Hispaniques et les Noirs étaient statistiquement classés parmi les moins bons.

Conclusion

« La lutte contre les discriminations à l’école n’est devenue une préoccupation politique que récemment et s’inscrit dans une prise de conscience grandissante au niveau des instances internationales et européennes en particulier. » – Rémi Thibert L’existence de l’inégalité devant l’éducation et la discrimination et le désir de l’éliminer est un des facteurs principaux derrière la réforme de l’éducation en Europe comme aux États-Unis. Malgré ces efforts, cependant, la problématique existe encore. Une des raisons est que les causes sont aussi complexes que les solutions ellesmêmes. Une autre est le fait que les inégalités économiques et les disparités sociales font, comme le dit Bourdieu, partie inhérente de notre système social. Éradiquer l’inégalité devant l’éducation signifierait donc éradiquer l’inégalité au sein de la société qui, comme démontré par l’histoire, semble demeurer une tâche impossible.

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Table des matières

1. PREFACE 
2. THEORIE 
2.1 L’ÉDUCATION COMME FORME DE CAPITAL CULTUREL
2.2 LA FONCTION DE L’ÉDUCATION
3. PROBLEMATIQUE 
3.1 LA PROBLÉMATIQUE AUX ÉTATS-UNIS
3.2 INÉGALITÉS DEVANT L’ÉDUCATION AUX ÉTATS-UNIS
3.3 LA POLITIQUE DE L’ÉDUCATION EN SUISSE
3.4.1 LE PROBLÈME
3.4.2 LA THÉORIE: LA REPRODUCTION DE LA STRATIFICATION SOCIALE DANS L’ÉDUCATION ET LA
THÉORIE DU CAPITAL HUMAIN DE PIERRE BOURDIEU
3.4.3 SOLUTIONS
4. CONCLUSION

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