Origines et évolution de l’inégalité de revenu
Les années 70 étaient considérées comme étant des années de forte inflation. La politique des revenus avait voulu privilégier le pouvoir d’achat des ménages : les revenus salariaux étaient préservés, les mécanismes de protection sociale maintenus et l’augmentation de l’emploi public ont eu comme objectif de réduire le déséquilibre sur le marché du travail. Par ailleurs, il y a eu négativité du taux d’intérêt et une faiblesse de la rentabilité de l’entreprise. Ce sont les conséquences du premier choc pétrolier. Un premier fait s’impose : entre 1820 et 1990 environ, l’inégalité mondiale n’a pas cessé de s’accroître, le rapport de proportionnalité entre les revenus des 10% les plus riches et des 10% les plus pauvres étant multiplié par 1,4 environ. Et cette croissance est très régulière. Dans les années 1950, il y a eu à la fois la mise en place des politiques redistributives en Occident et la montée d’un communisme à visée égalitaire en URSS et en Chine. Mais cette hausse séculaire de l’inégalité mondiale doit être complétée par une seconde constatation qui a fait son effet il y a vingt ans, cette inégalité recule de façon significative, diminuant d’un ordre de grandeur similaire à celui de sa progression depuis 1900. Selon un économiste anglais Bourguignon, 1975 : « le tournant du millénaire marque un retournement historique de l’inégalité dans le monde ». On compare le revenu moyen des 10% de pays les plus riches à celui des 10% de pays les plus pauvres (soit environ quinze pays de chaque côté), il y a eu accroissement de l’écart. D’où le sous-développement s’aggrave de façon significative dans les pays les plus pauvres de la planète comme Haïti, Liberia, Sierra Leone, Rwanda, Madagascar… Jusqu’en 1980, l’augmentation des inégalités entre pays est indéniable tandis que les écarts de revenu internes se seraient contractés, notamment vers le milieu du 20e siècle. Mais depuis trente ans, on observerait une inversion des deux tendances en même temps : l’inégalité entre pays décroît fortement, tandis que l’inégalité moyenne au sein des pays se remet à croître après une longue période stationnaire. Bourguignon décompose cette inégalité mondiale en deux phénomènes distincts :
– L’inégalité entre les nations
– L’inégalité interne
L’inégalité entre les nations : L’inégalité entre les nations est expliquée dans sa phase de croissance, par les effets des révolutions industrielles au 19e siècle, puis par la forte dynamique des pays dominants, tandis que le repli de cette inégalité s’amorcerait, dans les années 1970, du fait de l’émergence des grands pays puis de la diffusion internationale de leur prospérité en Afrique et en Amérique latine.
L’inégalité interne : L’inégalité interne des pays a commencé à régresser entre 1914 et 1970 reflèterait la politique de redistribution déjà évoquée alors que sa remontée depuis les années 1980 témoignerait des ravages de la mondialisation sur les hiérarchies sociales internes. Le travail avec une qualification assez faible dans les pays riches est internationalement très concurrencé alors que le capital se trouvait de plus en plus valorisé. La mondialisation a changé l’environnement international de l’ensemble des économies nationales. Intensifié par la concurrence, la mondialisation a accéléré le changement technique ainsi que ses conséquences; elle a induit la libéralisation financière dans un grand nombre de pays et a renforcé la mobilité du capital; elle est présente aussi derrière le mouvement général de dérégulation, avec des conséquences majeures pour la distribution des revenus. Par la stimulation de la croissance du secteur financier, la dérégulation financière a amélioré le rendement réel du capital, en accentuant l’inégalité des revenus liée à la concentration des patrimoines et en permettant l’émergence de très hauts revenus chez les cadres et opérateurs clés du secteur.
Inégalités internationales
L’inégalité internationale est l’écart de revenus entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres. Selon Paul Bairoch, 1870: « il n’existe pas de différences importantes entre les niveaux de revenu des diverses civilisation au moment où elles atteignent leur apogée ». C’est-à-dire qu’après la révolution industrielle l’écart de revenu par habitant entre l’Europe Occidentale, l’Inde, l’Afrique ou la Chine est probablement inférieur à 30% seulement. Mais durant la révolution industrielle l’écart était très important car en 1870 le revenu par tête des nations les plus riches est déjà 11 fois plus élevé que celle des nations les plus pauvres. Selon FMI, la part des pays développés dans le PIB mondial a dépassée le seuil de 50%. Selon les estimations de PNUD, le ratio entre le revenu moyen par habitant des pays plus riches et des plus pauvres est passé de 30 en 1960 à 74 en 1997. Cette affirmation a été remise en cause par Xavier Sala i Martin (économiste espagnol) après 1998, en montrant que le taux de pauvreté du rapport a été calculé en prenant le taux de change courant car le cout de la vie dans les pays pauvres est beaucoup plus faible. Donc au lieu de passer de 30 à 74, le taux utilisé par le PNUD pour mesurer l’inégalité entre les pays a augmenté de 11 en 1960 à 16 en 1980 et ensuit décroitre pour atteindre 15 en 1998.
L’essoufflement de la fonction redistributive
Après un léger succès pendant les années 1970, l’effet redistributif de l’impôt a stagné jusqu’en 1986, jusqu’à sa décroissance. Cela se traduit par sa décomposition en effet du taux moyen et de sa progressivité. Les mécanismes de cet échec peuvent être expliqués comme suit :
En 1973 : L’effet redistributif de l’impôt s’accroit suite à une hausse du taux moyen et malgré les baisses de la progressivité. Dans ce cas, les taux de prélèvements augmentent à tous les niveaux du revenu imposable, mais l’augmentation est plus importante pour les classes inférieures que pour les classes supérieures.
De 1975 à 1982 : Période transitoire de la législation fiscale, le régime fiscale ou revenu de remplacement est modifié à 3 reprises :
1975 : Ces revenus sont inclus dans la base imposable mais exonérés c’est-à-dire qu’ils ne sont pas pris en considération que pour fixer le taux de l’impôt applicable aux autres revenus.
1976 : Instauration des systèmes des abattements : le revenu n’excédant pas les prestations de base ne sont pas imposable.
1982 : remplacement du système d’abattement en réduction d’impôt : Le revenu imposable des allocataires sociaux, qui sont dans le bas de la distribution de revenu, sont rehaussés sans que leur pouvoir d’achat ne le soit et sans qu’il y ait une augmentation de l’impôt puisque la réduction de l’impôt est octroyée à la place des abattements supprimés, pour conséquence il y a une chute du taux moyens et une hausse de progressivité. Donc l’effet redistributif de l’impôt s’accroit.
Après 1982 : On a constaté des évolutions contrastées de la progressivité (baisse) et du taux moyens (hausse) qui s’annulent de sorte que l’effet redistributif n’a plus aucun effet. Dans ce cas il y avait eu une baisse de la progressivité globale autour d’une pression fiscale ascendante, c’est-à-dire que la pression fiscale des bas revenus s’était accrue davantage que celles des hauts revenus.
Accumulation d’actif et progrès technologique
La distribution des revenus est intimement liée à l’abondance des actifs et à la distribution de la propriété de ces actifs. La superficie des terres arables a fortement augmenté (20 %), mais avec une main-d’œuvre dont la progression a pu atteindre 2,9 % par an, le ratio terres/main-d’œuvre a tout de même reculé, passant de 0,27 à 0,24 hectare par habitant. On constate donc que des pressions croissantes pèsent sur les terres à Madagascar, ce qui a des conséquences en termes d’exode rural. A Madagascar, la part de la population vivant dans les zones rurales est passée de 69 % en 2000 à 63 % en 2013. Avec l’augmentation des facteurs de production, le progrès technique constitue un déterminant fondamental de la croissance. Si l’investissement intérieur compte pour l’économie Malgache, l’essentiel des nouvelles techniques vient toujours de l’étranger. La croissance s’expliquerait donc par une accumulation de facteurs dans un contexte de stagnation de la productivité. La productivité du travail a progressé d’environ 1,8 % par an ces dernières années en 2009-2012. Étant donné la stagnation du ratio capital-travail, on peut supposer que la croissance de l’accumulation de capital humain a effectivement contribué à la hausse des revenus, mais on ignore dans quelle mesure elles ont influé sur la distribution de ces revenus.
Impact de l’inégalité de revenu sur la croissance à Madagascar
L’écart continue de se creuser entre riches et pauvres. Depuis la crise, les disparités se sont aggravées, les inégalités atteignent désormais leur plus haut niveau depuis que des données sont recueillies auprès de l’OCDE. Ce creusement de long terme des inégalités de revenu suscite non seulement des inquiétudes de nature sociale et politique, mais il engendre également des préoccupations d’ordre économique : les inégalités de revenu ont tendance à peser sur la croissance du PIB, sous l’effet de la distance toujours plus grande entre les 40 % les moins riches et le reste de la société. En premier lieu, la croissance générée par les secteurs à forte intensité de maind’œuvre, comme l’agriculture, a plus d’effet sur le recul de la pauvreté que la croissance provenant des secteurs extractifs. En second lieu, en dehors de la dépendance vis-à-vis des ressources, la grande disparité initiale des revenus nuit à l’effet de la croissance sur la pauvreté à Madagascar. À cet égard, Madagascar a hérité de l’époque coloniale une structure économique duale et des niveaux d’inégalités élevés. Ces inégalités sont restées importantes depuis l’indépendance. L’ampleur de l’effet de la croissance sur la réduction de l’extrême pauvreté dépend des politiques de redistribution et de l’accès aux services permettant aux pauvres de profiter de la croissance. Dès lors que l’on contrôle la dépendance vis-à-vis des ressources et les inégalités, l’élasticité de la pauvreté par rapport à la croissance se rétrécit à Madagascar. Le modèle de changement structurel sur le pays a poussé la main-d’œuvre à abandonner le secteur agricole. Cependant, ces travailleurs s’étant pour l’essentiel dirigés vers des emplois mal rémunérés, principalement dans le secteur informel, cette transformation n’a pas entraîné de réduction significative de la pauvreté ou des inégalités. La plupart des personnes qui dépendent du secteur informel vivent dans de mauvaises conditions. Autrement dit, du fait de l’importance des inégalités initiales de revenus et du type de changement structurel qui s’opère à Madagascar, de nombreux malgaches n’ont pas tiré profit de la croissance économique, toute croissance enregistrée ne s’est donc pas accompagnée d’un recul en proportion de la pauvreté. Autrement dit, la croissance à Madagascar n’est pas inclusive et la pauvreté demeure un défi majeur qu’il faudra relever dans les décennies à venir, en conséquence, La pauvreté mène à l’exclusion sociale et politique, et les pauvres sont constamment pénalisés par le manque de ressources (terres, financement, logement, éducation et savoir) et par les difficultés d’accès aux marché Si l’inégalité bloque Madagascar dans un spiral de pauvreté et pèse sur la croissance économique, quelles perspectives doivent-être prise en considération pour permettre à la croissance de réduire cette inégalité et de la pauvreté
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Table des matières
Remerciement
Glossaire
Abreviations et sigles
Liste des tableaux, schémas, graphes
Introduction
Partie I ANALYSE THEORIQUE DE L’INEGALITE DE REVENU
Chapitre 1 Point de vue global de l’inégalité de revenu
I. Facteurs provoquant la disparité de revenu
II. Principaux types d’inégalité
Chapitre 2 Relation entre Inégalité de revenu et la croissance économique
I. La croissance économique réduit l’inégalité de revenu
II. La défaillance de la croissance économique
Partie II LES MEFAITS DE L’INEGALITE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQU
Chapitre 1 : L’inégalité de revenu pèse sur la croissance économique
I. Grand risque sur l’incitation de l’investissement
II. Source de diminution cohésion sociale et d’instabilité politique
Chapitre 2 : Etude de cas de Madagascar
I. L’inégalité de revenu fait reculer la croissance économique à Madagascar
II. La nouvelle perspective de lutte contre l’inégalité de revenu
Conclusion
Bibliographie et webographie
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