Indices de la qualité conjugale chez les couples infidèles
Théories associées à l’infidélité
Plusieurs théories ont été mises de l’avant pour tenter de comprendre l’infidélité et les différents aspects qui l’entourent. Les principales théories que l’on retrouve dans les recherches sont les théories évolutionnistes, les théories de l’interdépendance et le modèle d’investissement, ainsi que l’hypothèse du coup-double. Les théories évolutionnistes ont vu le jour afin d’expliquer les différences possibles entre les croyances des hommes . et celles des femmes à l’égard des comportements considérés comme de l’infidélité (Wilson et al., 2011). Ces théories avancent l’idée que les hommes ont plus de difficultés à pardonner une infidélité sexuelle en raison du fait que cette infidélité sexuelle rendrait incertaine la paternité de l ‘homme. Cette incertitude remettrait en doute la possibilité de transmettre ses propres gènes à la génération suivante et, par le fait même, investir ses ressources dans un enfant qui ne serait pas le sien. Du côté de la femme, les théories évolutionnistes avancent l’idée que l’infidélité sexuelle n’est pas autant blessante que l’infidélité émotionnelle puisque l’infidélité sexuelle n’amènerait pas le risque de perdre l’engagement à long terme de l’homme. Toutefois, si l’homme infidèle s’investit sur le plan émotionnel avec une autre femme, le risque de perdre l’engagement et les ressources de l’homme serait accru. À son tour, la possibilité de transmettre les gènes de la femme à la génération suivante serait compromise. L’infidélité est plus dommageable que les autres formes de trahison dans une relation de couple parce qu’elle implique un potentiel de reproduction (Hall & Fincham, 2009). À l’inverse des théories évolutionnistes, les raisons pour demeurer fidèle à son ou sa partenaire sont souvent amenées à travers la théorie de l’interdépendance et le modèle de l’investissement (Emmers-Sommer, Warber, & Halford, 2010). Les individus seraient fidèles en raison de leur engagement à leur partenaire. La théorie de l’interdépendance propose que l’engagement relationnel soit mieux prédit par deux facteurs qui le composent, soit le degré de satisfaction conjugale, ainsi que la présence et la qualité des alternatives possibles. La satisfaction conjugale peut être décrite comme une évaluation subjective et globale faite par chacun des partenaires en regard de l’autre et de la relation de couple (Spanier & Lewis, 1980). La qualité des alternatives possibles rend compte de l’attirance perçue et la disponibilité des solutions de rechange à la relation actuelle, y compris le fait d’être seul. Ajouté à cela, le modèle de l’investissement prédirait également l’engagement relationnel (Emmers-Sommer et al., 2010). Le niveau d’investissement est décrit par l’importance des ressources attachées à la relation (temps, efforts, argent). Ces trois facteurs (le niveau de satisfaction, la qualité des alternatives et l’ampleur de l’investissement) mis en relation les uns avec les autres procureraient une estimation de l’engagement relationnel (Mattingly et al., 2010).
Développement d’une mesure d’infidélité
La visée première de ce travail est de développer une mesure valide de l’infidélité en langue française pour les cliniciens et chercheurs dans le domaine des relations conjugales. Une recension des questionnaires existants permet de se pencher sur chacun de ces questionnaires et d’en faire la critique. Des points forts et des faiblesses ressortent et seront discutés dans la présente section en tenant uniquement compte des questionnaires répertoriés dans le tableau 7. À la suite des critiques apportées, la création d’une nouvelle mesure d’infidélité sera proposée en s’appuyant sur un cadre théorique défini et en tenant compte des instruments recensés. Révision et critique des questionnaires d’infidélité Différentes formes de mesures ont été élaborées depuis les années 80. Il est possible de retrouver des mesures où les participants sont interrogés sur une liste de comportements qui sont considérés ou non comme de l’infidélité ou encore sur leurs propres comportements infidèles. Il existe également des questionnaires s’articulant autour de scénarios hypothétiques. Outre la consigne employée, ces questionnaires offrent différentes manières de conceptualiser l’infidélité. Ces mesures comportent de 4 à 93 items dépendamment de la manière dont elles sont construites. Une mesure d’infidélité grandement utilisée consiste à placer l’infidélité sur un continuum. En 1980, Buunk a créé un continuum de comportements infidèles mesurant la probabilité d’adhésion à ces comportements, allant de flirter, avoir une relation sexuelle, caresser jusqu’à avoir une relation d’ordre sexuelle à long-terme et tomber en amour. L’utilisation d’un gradient de comportements sexuels infidèles constitue une avancée en regard de la mesure traditionnelle, soit la question dichotomique de la présence ou l’absence de coït. Par ailleurs, certains critiquent la position de Buunk en spécifiant que tomber en amour est une déclaration d’un engagement émotionnel et que cela ne devrait pas être confondu à l’engagement sexuel (Glass & Wright, 1985). Hurlbert (1992) place sur un continuum d’un côté l’aspect sexuel et de l’autre celui émotionnel. Cet instrument comporte des lacunes, car ces deux aspects peuvent être présents indépendamment l’un de l’autre, mais également coexister à une intensité semblable. Avec une mesure comme celle-ci, la nature multidimensionnelle de l’infidélité est évincée. Par contre, les composantes physique/sexuelle et émotionnelle peuvent être placées sur des continuums indépendants l’un de l’autre comme l’ont fait Glass et Wright (1985; 1992). Le continuum d’infidélité sexuelle va d’aucun engagement sexuel ou physique à une relation sexuelle complète. Tandis que celui de l’infidélité émotionnelle passe d’aucun engagement émotionnel à une implication émotionnelle très profonde. À quelques variantes près, cette mesure a notamment été reprise par Allen et Baucom (2004) et Harris (20Q2). De plus, elle est suggérée comme modèle dans les recommandations de Blow et Hartnett (2005a) dans leur revueméthodologique de l’infidélité. Dans l’optique de vouloir concrétiser ce que constitue un comportement infidèle, les mesures utilisant un continuum s’avèrent être limitées. Les comportements physiques/sexuels ne peuvent être tous couverts et l’aspect émotionnel demeure peu défini.
|
Table des matières
Sommaire
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
Conceptualisation de l’infidélité
Types d’infidélité
Typologies
Infidélité physique/sexuelle et émotionnelle
Infidélité via Internet
Théories associées à l’infidélité
Prévalence
Développement d’une mesure d’infidélité
Révision et critique des questionnaires d’infidélité
Création d’une mesure d’infidélité
Indices de la qualité conjugale chez les couples infidèles
Méthode
Participants
Instruments de mesure
Questionnaire d’intimité à l’extérieur de la relation de couple
Satisfaction conjugale
Satisfaction sexuelle
Procédure
Résultats
Distribution de fréquences des items
Infidélité émotionnelle
Infidélité physique/sexuelle
Niveau d’intensité et d’intimité de la relation extraconjugale
Définitions de l’infidélité rapportées par les participants
Différences entre les sexes
Validité concomitante
Infidélité émotionnelle
Infidélité physique/sexuelle
Discussion
Retour sur les résultats
Analyse des fréquences des items
Comparaisons entre les hommes et les femmes
Validité concomitante du questionnaire d’infidélité
Forces, limites et implications
Conclusion
Références
Appendice A
Appendice B
Appendice C
Télécharger le rapport complet