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DESCRIPTION DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE
Les Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence (SONU) sont subdivisés en Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence de Base (SONUB) et en Soins Obstétricaux et Néonatals d’urgence Complets.
Pour déterminer et surveiller le niveau réel des soins assurés par une structure sanitaire donnée, il est utile de se référer à quelques « fonctions fondamentales » bien définies. Il s’agit en l’occurrence d’actes médicaux visant à traiter les complications obstétricales directes qui sont à l’origine de la plupart des décès maternels partout dans le monde.
Les fonctions fondamentales sont des indicateurs qui mesurent le niveau des soins qui sont prodigués. En outre, ces fonctions incluent certains actes très importants. Les fonctions fondamentales sont utilisées pour classer les structures sanitaires selon que ces fonctions ont été assurées ou non au cours des trois mois précédents. Une liste plus diversifiée de fonctions et de fournitures est utilisée lorsqu’on détermine les besoins en SOU en vue de préparer des programmes.
La liste de fonctions fondamentales a été mise à jour par l’adjonction d’une nouvelle fonction, à savoir « la pratique de la réanimation néonatale » dans les structures sanitaires dispensant des SOU de base ou des SOU complets. Par ailleurs, la deuxième fonction fondamentale s’appelle désormais « administration d’utérotoniques » au lieu de « administration parentérale d’ocytociques » [39]. Le Sénégal, quant à lui, a ajouté trois fonctions spécifiques au pays [27]. Ces fonctions fondamentales sont présentées dans le tableau I.
INDICATEURS DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE
Le suivi de l’évolution de la mortalité maternelle est un paramètre non satisfaisant car le décès maternel est l’aboutissement d’un processus, d’où la nécessité d’avoir des informations sur les évènements et processus aboutissant au décès. Comme c’est le cas pour tout programme de santé publique, un bon programme de réduction de la mortalité maternelle doit disposer d’indicateurs clairs qui lui permettent de recenser les besoins, de suivre la mise en oeuvre des différentes mesures et d’évaluer les progrès accomplis[42].
Ces indicateurs permettent de suivre les progrès accomplis dans la prévention des décès maternels et périnatals. Ils permettent donc de répondre aux questions suivantes :
Les structures sanitaires qui dispensent des SONU sont-elles suffisamment nombreuses ?
Ces structures sont-elles bien réparties ?
Les femmes sont-elles suffisamment nombreuses à s’adresser à ces structures ?
Celles qui s’adressent à ces structures sanitaires sont-elles celles qui en ont réellement besoin ?
Les services essentiels proposés sont-ils suffisamment nombreux et de bonne qualité ?
Le premier indicateur porte sur la disponibilité des SONU. La couverture est suffisante si toutes les femmes enceintes ont accès à des structures sanitaires qui fonctionnent. Lorsque ces structures existent, tout doit être mis en oeuvre pour que les services de soins obstétricaux soient effectivement utilisés. En effet, les femmes qui présentent des complications seront en danger si, pour une raison ou pour une autre, elles n’y ont pas recours. Enfin, il faut veiller à la bonne exécution des actes médicaux car beaucoup de femmes meurent à l’hôpital du fait d’un retard à la consultation, au diagnostic ou à la prise en charge.
Le tableau III résume les six indicateurs de SONU, avec les changements mineurs proposés lors de la consultation technique de 2006 sur la base des connaissances et de l’expérience acquises par les participants dans différents pays [42].
IMPACT DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE DANS L’AMELIORATION DE LA SANTE MATERNO-FOETALE
Depuis plusieurs décennies, les programmes de santé maternelle ont recours aux examens de dépistage prénatals pour tenter de repérer les femmes à risque de complications. Quoique bénéfiques à bien des égards, ces efforts n’ont pas permis de réduire le taux de mortalité maternelle. En effet, toutes les femmes enceintes sont potentiellement à risque d’accidents obstétricaux. La plupart de ces complications, pouvant être mortelles, se présentent pendant le travail et l’accouchement et elles ne peuvent pas toutes être prévenues. Le dépistage prénatal n’identifie pas toutes les femmes qui connaîtront des complications [24]. Des recherches montrent que la plupart des femmes qui souffrent de complications n’ont pas de facteurs de risque connus [12]. En effet, même lorsqu’une femme est en bonne santé et qu’elle reçoit des soins prénatals, il n’est pas toujours possible de déterminer si elle souffrira de complications qui nécessiteront le recours aux services d’urgence. Par conséquent, des services de SONU de qualité doivent être mis à la disposition de toutes les femmes enceintes [12].
L’introduction des soins obstétricaux et néonatals d’urgence de base va contribuer à la diminution de la mortalité et de la morbidité maternelles et néonatales par une meilleure surveillance de la grossesse, de l’accouchement, du post-partum et du nouveau-né, par un dépistage précoce et un traitement adéquat des facteurs morbides et des pathologies rencontrées. En majorité, les décès maternels ont lieu pendant la grossesse et dans la période suivant immédiatement l’accouchement. On prévoit qu’au moins 15% des grossesses exigeront une intervention médicale d’urgence ; par conséquent, l’accès aux SONU est essentiel pour sauver la vie des femmes et des nouveau-nés et prévenir les handicaps.
L’amélioration de l’accessibilité des populations aux SONU a donc permis une réduction nette, bien que toujours insuffisante, de la mortalité materno-foetale. En 2007, l’évaluation des stratégies de réduction des barrières économiques, socio-culturelles, sanitaires et institutionnelles à l’accès aux soins obstétricaux et néonatals au Sénégal a montré, de façon générale, au niveau des régions concernées par la politique, une augmentation du nombre d’accouchements réalisés dans les structures sanitaires avec un taux d’accroissement de 16% entre 2004 et 2005 et de 25% entre les premiers semestres de 2005 et 2006. Concernant les césariennes, on notait aussi une augmentation du nombre d’actes réalisés avec un taux d’accroissement de 18% entre 2004 et 2005 et 17% entre 2005 et le premier semestre de 2006. Parallèlement, la mortinatalité a connu une baisse passant de 35,4‰ à 33,3‰ puis 31,9 ‰ [30].
STRATEGIES DE MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE
Stratégies liées à la disponibilité [29]
Elles sont basées sur :
l’extension du système de téléphonie rurale à tous les postes de santé ;
le renforcement du plateau technique des Centres de Santé et Hôpitaux de référence ;
la construction de centres SONUC dans les régions où le besoin se fait sentir ;
l’organisation de séances de communications pour un changement de comportement auprès des leaders d’opinion, des chefs religieux, des hommes et des membres de groupements féminins ;
la formation des équipes SONUC dans la région ;
la formation des Infirmiers Chefs de Poste dans la prise en charge des urgences obstétricales et des sages-femmes à l’utilisation de la ventouse obstétricale ;
la création en mutuelles de santé ;
l’équipement des Centres de Santé de référence en ambulances médicalisées tout terrain.
Il faut noter qu’au niveau national sénégalais, on compte un médecin-accoucheur pour 12 336 femmes en âge de reproduction, et une sage-femme pour 2 933 femmes en âge de reproduction, ce qui est très inférieur aux normes de l’OMS (un médecin pour 10 000 habitants et une sage-femme pour 300 femmes en âge de reproduction) [26].
Stratégies liées à l’utilisation
Elles reposent sur :
La délégation de compétences ;
La disponibilité des fonctions SONU pour que la structure soit une structure de référence ;
L’amélioration de la prise en charge des complications obstétricales (médicaments d’urgence, installation de dépôts de sang dans les Centres de Santé de niveau V).
Stratégies liées à la qualité
Elles appellent à :
l’équipement des centres SONUB et SONUC en kits d’urgence ;
la tenue régulière d’audits cliniques au sein des structures ;
la mise en place de dossiers médicaux, de partographes, de registres, de fiches de liaison, des fiches de stock de médicaments ;
la promotion de politique gratuite des césariennes.
La mise en place des politiques de gratuité de certains soins comme la césarienne est due à l’ampleur de la mortalité maternelle au Sénégal qui, malgré une baisse significative, reste encore trop élevée avec 392 pour 100 000 naissances vivantes [1]. Cette mortalité est principalement due à la forte proportion des accouchements non assistés par un personnel qualifié [1]. Ceci entraîne un retard dans la prise en charge des urgences obstétricales aggravé par les difficultés liées à l’accessibilité géographique et financière du fait de la pauvreté, mais aussi des barrières socio-culturelles.
ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE AU SENEGAL [21,52]
La prise en charge des complications obstétricales par un système de santé cohérent et efficace peut contribuer à réduire considérablement les décès maternels dans les pays en développement. Le taux de mortalité maternelle est resté élevé dans ces pays à cause des facteurs sociodémographiques et économiques défavorables persistants, mais également à cause des dysfonctionnements relevés dans leur système de santé. Certaines femmes n’utilisent pas ce système pour des raisons d’inaccessibilité géographique, économique ou socio-culturelle et continuent de subir les conséquences fatales des complications obstétricales. D’autres décident de l’utiliser, mais y trouvent des soins qui sont parfois de mauvaise qualité. Un bon système de santé maternelle implique qu’à tous les niveaux de soins, l’offre soit à la hauteur de la demande spécifique et que les relations entre les niveaux ne rencontrent pas d’obstacles. Il doit pouvoir garantir l’accès aux soins obstétricaux essentiels de qualité, à savoir les Soins Obstétricaux d’Urgence de Base dans les maternités périphériques et les Soins Obstétricaux d’Urgence Complets (SOUC) dans les maternités de référence [32].
L’organisation Mondiale de la Santé estime que l’accès à des Soins Obstétricaux d’Urgence de qualité permettrait d’éviter 75% des décès maternels [44]. Les maternités constituent un élément essentiel dans la réduction de la mortalité maternelle. La prise en charge rapide et efficace des complications obstétricales par ces structures de soins contribue à réduire significativement les décès maternels et néonatals.
Au Sénégal, le système de santé est organisé autour du modèle du district sanitaire proposé par l’OMS avec trois échelons principaux : national, intermédiaire et périphérique [33]. Cependant, la région de Dakar abrite la très grande majorité des infrastructures sanitaires et tous les établissements de niveau national. Il n’existe, ni à Dakar ni dans les régions, de rationalisation de l’offre en fonction de l’activité menée par l’ensemble des acteurs publics et privés.
Depuis 1996, le système de santé sénégalais repose sur une organisation pyramidale classique avec le niveau central, le niveau intermédiaire ou régional et le niveau périphérique appelé « district sanitaire » [33]. Ce dispositif met en relation un ensemble d’infrastructures sanitaires qui offrent un paquet de services destinés à faire face aux problèmes de santé des populations. Le système de santé au Sénégal s’appuie sur 3 types principaux d’infrastructures sanitaires : les postes de santé, les centres de santé, les hôpitaux de niveau 1, 2 et 3. La figure 1 montre la subdivision administrative du Sénégal sur laquelle se calque la délimitation sanitaire.
Niveau périphérique : Le District Sanitaire
Le Sénégal est subdivisé en 75 districts sanitaires qui constituent le maillon opérationnel de la pyramide sanitaire. IL possède au moins un Centre de Santé et un réseau de postes de santé (15 à 20 en moyenne).
On dénombre au Sénégal 89 Centres de Santé (CS) qui couvrent chacun une population moyenne allant de 100 000 à 250 000 habitants [31].
Niveau intermédiaire ou Région Médicale
La région médicale est la structure de coordination au niveau régional et correspond à la région administrative.
Le Pays est structuré en 14 régions médicales (une par région administrative).
Chaque région médicale est dotée d’au moins un hôpital régional ; avec la réforme hospitalière, ces hôpitaux sont devenus des Etablissements Publics de Santé de niveau 2 (EPS2). Ils disposent d’une autonomie juridique et les autorités régionales sont représentées au conseil d’administration dont la tutelle relève du Ministère de la Santé.
Niveau central
Il représente les structures administratives centrales de prise de décision et les services techniques de référence nationale. Il comprend le cabinet du Ministre et les directions et services rattachés. Ses prérogatives sont la formulation des politiques de santé, l’affectation des ressources, le contrôle et la réglementation des structures de niveau inférieur, l’appui technique et stratégique aux régions et enfin la coordination de l’action des partenaires internationaux.
Ce niveau central comprend sept hôpitaux dont certains sont des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) qui constituent le niveau spécialisé du système de référence. Avec la réforme hospitalière, ces hôpitaux sont devenus des Etablissements Publics de Santé de niveau 3(EPS3). Ils disposent tous d’une autonomie juridique.
AMPLEUR DE LA MORTALITE MATERNELLE ET NEONATALE
A l’échelle mondiale, le rapport de mortalité maternelle a chuté près de 44% au cours des 25 dernières années, passant de 385 en 1990 à 216 en 2015, décès maternels pour 100 000 naissances vivantes. Le nombre annuel de décès maternels a reculé de 43%, passant de 532 000 en 1990 à 303 000 en 2015[41].
Dans le monde en 2015 environ 99% des décès maternels enregistrés sont survenus dans les régions en développement, l’Afrique subsaharienne représentant à elle seule 66% des décès (201 000) suivie de l’Asie du sud (66 000). Des rapports de mortalité maternelle très élevés ont été constatés en 2015 dans dix-huit pays, tous en Afrique subsaharienne, avec des estimations allant de 999 à 500 décès pour 100 000 naissances vivantes ; illustré sur la figure 2 [41].
Concernant la mortalité néonatale, en 2017, 2,5 millions d’enfants dans le monde sont décédés au cours de leur premier mois de vie. C’est au cours des 28 premiers jours de vie (période néonatale) que le risque de décès est le plus élevé ; la prématurité, l’asphyxie néonatale, les infections néonatales, et les malformations congénitales sont à l’origine de la plupart des décès néonatals [40].
La grande majorité des décès de nouveau-nés a lieu dans les pays en développement où l’accès aux soins est faible. La plupart de ces nouveau-nés meurent à domicile, faute de soins qualifiés qui pourraient augmenter considérablement leurs chances de survie [37].
On compte environ 7000 décès de nouveau-nés par jour, ce qui représente 47% de l’ensemble des décès d’enfants de moins 5ans, chiffre en hausse par rapport à 1990 où il était de 40%. Depuis 1990, de grands progrès ont été accomplis dans le monde en matière de survie de l’enfant. Au niveau mondial, le nombre de décès néonatals est passé de 5 millions en 1990 à 2,5 millions en 2017[40].
En Afrique subsaharienne, les décès de nouveau-nés représentent environ un tiers des décès des enfants de moins de 5 ans.
Parmi les objectifs à l’horizon 2030 figurent la réduction de la mortalité néonatale à 12 décès pour 1 000 naissances vivantes au plus, et la réduction de la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 25 décès pour 1 000 naissances vivantes au plus [14].
Au Sénégal, contrairement aux taux de mortalité infantile et infanto-juvénile qui ont connu une baisse, le taux de mortalité néonatale n’a pas connu de grande amélioration. Il est passé, selon les EDS, entre 2005 et 2010, de 35 à 39 pour mille et en 2014 à 19 pour mille (22). Selon l’EDS 2014, cette mortalité néonatale représente environ 58% de la mortalité infantile et 35% de la mortalité infanto-juvénile. Le niveau de la mortalité néonatale varie entre les grandes régions et en fonction du milieu et de la zone. Le taux est plus élevé en milieu rural avec 25 pour mille contre 15 pour mille en milieu urbain [35]. La zone Sud enregistre le plus fort taux de mortalité néonatale du pays avec 27 pour mille contre 25 pour mille au Nord, 21 pour mille au Centre et 15 pour mille dans la région de l’Ouest [35]. L’estimation de la mortalité maternelle implique une ou des approche (s) quantitative(s) et qualitative(s).
Service de Gynécologie-Obstétrique
Il se situe au rez de chaussée et au premier étage du bâtiment B. On y exerce des activités d’enseignement, de soins et de recherche sous la direction d’un médecin gynécologue-obstétricien. Le service comporte trois secteurs : la consultation, l’hospitalisation et le bloc opératoire.
Infrastructures de la maternité
Elles se présentent ainsi :
une (01) salle de travail avec sept (07) lits pour la surveillance des parturientes,
une (01) salle d’accouchement avec dix (10) tables d’accouchement,
six (06) bureaux de consultations prénatales et de planification familiale,
quatre (04) salles d’hospitalisation dont :
o une (01) salle des opérées récentes composée de six (06) lits,
o une salle (01) de suites de couches ayant huit (08) lits,
o deux (02) salles de grossesses pathologiques avec treize (13) lits,
o un (01) secteur de post opératoire (d’hospitalisation) à l’étage avec quatorze (14) lits, et une (01) salle de soins.
un (01) bloc opératoire contigu à la salle d’accouchement.
le secteur de la consultation externe est composé de trois (03) bureaux de consultation, d’un secrétariat.
une grande salle abritant cinq (05) lits constitue le secteur d’hospitalisation.
Le bloc opératoire central pour le programme opératoire est commun à toutes les spécialités chirurgicales.
Caractéristiques sociodémographiques
Durant la période d’étude, nous avions collecté 5469 patientes, dont :
4763 accouchements soit 87%
964 césariennes soit 20%
3540 accouchements normaux soit 74%
259 accouchements par extraction instrumentale soit 5%
269 décès périnataux soit une mortinatalité de 56,4‰
32 décès maternels soit un ratio de 671 pour 100 000 naissances vivantes.
43 laparotomies pour Grossesse extra-utérine, et rupture utérine soit 0,7%.
Données sur les pathologies obstétricales
Pathologies hémorragiques
Au total, 410 patientes avaient des pathologies hémorragiques au cours du 1er trimestre de la grossesse tandis que 165 patientes avaient des pathologies hémorragiques au cours du 2e et 3e trimestre de la grossesse et 85 patientes présentaient une hémorragie du post partum.
Les pathologies hémorragiques étaient dominées par les avortements spontanés (360 soit 88%) au 1er trimestre de la grossesse et l’hématome rétro placentaire (107 soit 65%) au 2e-3e trimestre de la grossesse.
Dans la prise en charge de ces pathologies hémorragiques, 143 patientes avaient bénéficié d’une transfusion sanguine. Un total de 284 poches de sang total étaient administrées soit en moyenne 2 poches par patiente.
Mortalité maternelle
Ratio de mortalité maternelle
Au cours de la période d’étude, 4798 naissances vivantes ont été enregistrées sur un total de 4763 accouchements ; 493 patientes avaient présenté des complications obstétricales et 32 étaient décédées soit un ratio de mortalité de 671 pour 100 000 naissances vivantes.
Causes de décès maternels
Sur l’ensemble des complications obstétricales, on dénombrait 22 cas de décès soit 68,8% liés à des causes directes représentées par les hémorragies, l’hypertension artérielle et ses complications, et les complications des avortements, avec au premier rang les hémorragies ante et post partum qui avaient la létalité la plus élevée.
Parmi ces décès, 21,9% étaient attribués aux causes indirectes et étaient constituées par l’anémie, le paludisme, la cardiopathie, la méningite et l’embolie pulmonaire.
Causes de mortinaissance
Mort-nés frais
Les causes de décès intra partum étaient en rapport avec :
L’hématome retro placentaire qui prédominait avec un taux de mortalité de 53%.
La rupture utérine, la prématurité avec des taux de mortalité respectifs de 11% et 7%.
Les autres étiologies étaient :
o Le paludisme associé à la grossesse : 5 cas
o La procidence du cordon ombilical : 4 cas
o Le diabète déséquilibré : 3 cas.
Mort-nés macérés
Les pathologies comme les syndromes vasculo-rénaux, le diabète gestationnel, l’anémie sévère, le dépassement de terme ont été les grandes étiologies responsables de décès périnatals avec mort foetale in utéro.
Les figures 13 et 14 représentent les différentes étiologies des décès périnatals à la maternité du CHR de Saint Louis.
Limites de l’étude
Les problèmes rencontrés durant l’étude étaient liés au recueil des données et à la complétude de l’enregistrement des complications obstétricales. En effet, dans certains cas, les soins administrés n’étaient pas toujours notifiés dans les dossiers obstétricaux.
Les accouchements
Accouchements naturels
Les accouchements spontanés par voie basse étaient les plus fréquents dans notre étude et représentaient 74% des accouchements. Ce taux était superposable à ceux de Sarr [45] à Saint-Louis et Benie Joseph [3] en Côte d’Ivoire qui retrouvaient respectivement 79% et 77% accouchements surveillés par un agent de santé dans leurs séries. Ce nombre était nettement inférieur au taux retrouvé au niveau national qui est de 94,8% [27] et à ceux rapportés par Fall [13] à Kédougou et Dia [11] dans le district sanitaire ouest de Dakar qui avaient retrouvé respectivement 84,9% et 94,8%.
Accouchements par extraction instrumentale
Dans notre étude l’extraction instrumentale utilisée était l’accouchement assisté par ventouse, et représentait 5% des accouchements. Sur le plan national, dans l’enquête d’évaluation des SONU [27] au Sénégal de 2012 à 2013, ce taux était de 0,5% pour l’accouchement assisté par ventouse et 0,1% pour le forceps.
Ce résultat obtenu dans notre structure est probablement dû à la formation continue des prestataires surtout des sages-femmes à la pratique de la ventouse obstétricale, accessible dans la plupart des structures dispensant des soins obstétricaux et néonatals d’urgence de base dans la région de Saint -Louis.
Le faible taux d’utilisation du forceps au détriment de la ventouse obstétricale peut s’expliquer par la crainte de son application ainsi qu’à ses complications maternelles et foetales. En plus, la pratique du forceps est réservée aux médecins contrairement à l’application de la ventouse déléguée aux sages-femmes d’état.
Accouchements par césarienne
Le taux moyen de césarienne était de 20% avec 41% d’indications maternelles. La grande majorité des césariennes étaient pratiquées en urgence avec un taux de 77%.
Cette fréquence a été appréciée dans la sous-région par plusieurs auteurs. Ainsi En Guinée-Conakry [2], cette fréquence est de 17,5%; au Burkina Faso [50], au Bénin [43], les études avaient retrouvé des taux comparables respectivement 21,6% et 22,4%.
Il était largement au-dessus des taux moyens rapportés dans les séries de Vilaly [51] en 2009 au CS Roi Baudouin ; Fall [13] à Kédougou en 2015 ; Dia [11] en 2016 dans le district sanitaire ouest de Dakar et Thiam [48] en 2013 au Centre Hospitalier Régional de Ndioum qui avaient retrouvé respectivement 11 ,6%, 14,4%, 12 ,6% et 18,3%.
Ce taux dépassait celui recommandé par l’OMS qui est de 5 à 15%. Il s’explique par le fait que le Centre Hospitalier Régional de Saint-Louis dispense des soins obstétricaux et néonatals d’urgence complets avec un bloc opératoire fonctionnel. Il s’explique également par sa position géographique, le Centre Hospitalier Régional étant l’hôpital de référence de la zone Nord du Sénégal, et par le fait que la plupart des cas référés vers ce Centre sont des cas qui nécessitent souvent une intervention chirurgicale. En réalité, ce qui importe le plus c’est que toutes les femmes qui ont besoin d’une césarienne puissent effectivement en bénéficier sans tenir compte d’une notion de seuil.
Prise en charge des complications obstétricales
Avortements
Ils constituent la complication obstétricale du premier trimestre la plus fréquente. Dans notre étude les avortements spontanés prédominaient avec 93% contre 1% des avortements provoqués et la létalité par avortement provoqué clandestin était à 16 ,7% ; ce taux était superposable à ceux rapportés par Sarr [45], Thiam [49] et inférieur à celui de Vilaly [51].
L’AMIU était majoritaire dans la prise en charge de ces avortements (60%).
La fréquence des avortements spontanés s’expliquerait par le fait que les patientes consultent plus dès l’apparition des signes cliniques contrairement aux patientes présentant des avortements provoqués qui ne consultent qu’en cas de complications. Ainsi de nombreux cas d’avortements provoqués ne sont pas notifiés et documentés pour des raisons éthiques, sociales et pénales. C’est ce qui pourrait expliquer le faible taux d’avortements provoqués dans notre étude.
Syndromes vasculo-renaux
L’éclampsie, la préeclampsie, l’hématome retro placentaire restent encore des causes importantes de décès maternels. Malgré la létalité élevée de l’éclampsie dans notre série (10%), notre taux reste inferieur à ceux retrouvés dans d’autres travaux menés au Sénégal [17, 10, 13] et en République Démocratique du Congo [36].
Le suivi précoce et régulier des grossesses, une prise en charge optimale des crises convulsives et la prévention de leurs récidives permettent de réduire la létalité liée à cette complication obstétricale.
L’hématome rétro-placentaire garde aussi une létalité élevée (5,6%), ce taux était comparable à celui de Vilaly [51] qui avait retrouvé 5,3% dans sa série, et supérieur aux résultats rapportés par Sarr [45].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
1. DEFINITION
2. HISTORIQUE
3.DESCRIPTION DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE
4.INDICATEURS DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE
5.IMPACT DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE DANS L’AMELIORATION DE LA SANTE MATERNO-FOETALE
6. STRATEGIES DE MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE DES SOINS OBSTETRICAUX ET NEONATALS D’URGENCE
6.1. Stratégies liées à la disponibilité
6.2. Stratégies liées à l’utilisation
6.3. Stratégies liées à la qualité
7. ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTE AU SENEGAL
7.1. Niveau périphérique : Le District Sanitaire
7.2. Niveau intermédiaire ou Région Médicale
7.3. NIVEAU CENTRAL
8. AMPLEUR DE LA MORTALITE MATERNELLE ET NEONATALE
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
1. METHODOLOGIE
1.1. Cadre d’étude
1.1.1. Service de Gynécologie-Obstétrique
1.1.1.1. Infrastructures de la maternité
1.1.1.2. Ressources humaines
1.1.1.3. Activités
1.1.1.4. Organisation du service
2. PATIENTES ET METHODES
2.1. Type et durée de l’étude
2.2. Critères d’inclusion
2.3. Critères de non inclusion
2.4. Collecte des données
2.5. Analyse des données
3. RESULTATS
3.1. Caractéristiques sociodémographiques
3.1.1. Age des patientes
3.1.2. Parité
3.2. Données sur les accouchements
3.2.1. Mode d’accouchement
3.2.1.1. Episiotomies et déchirures
3.2.1.2. Mode d’admission des patientes
3.2.2. Indications des césariennes
3.3. Données concernant les interventions obstétricales
3.4. Données sur les pathologies obstétricales
3.4.1. Pathologies hémorragiques
3.4.1.1. Avortements
3.4.1.2. Prise en charge des avortements
3.4.2. Autres pathologies obstétricales
3.5. Mortalité maternelle
3.5.1. Ratio de mortalité maternelle
3.5.2. Causes de décès maternels
3.5.3. Létalité des complications obstétricales
3.6. Mortinatalité
3.6.1. Taux de mortinatalité
3.6.2. Causes de mortinaissance
4. DISCUSSION
4.1. Limites de l’étude
4.2. Les accouchements
4.3. Prise en charge des complications obstétricales
4.4. Mortalité maternelle
4.5. Mortinatalité
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
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