Indicateurs de qualité et sécurité des soins
Vieillissement et personnes âgées
Depuis le siècle dernier, l’espérance de vie a fortement augmenté. (Béland & Michel, 2013, p. 51) En effet, la Suisse devrait compter en 2040 deux fois plus de personnes âgées de plus de 80 ans selon Monod (2016, p. 10). Ces auteurs s’accordent pour dire que le vieillissement de la population entraîne de nouveaux défis, tant au niveau médical qu’économique (Béland & Michel, 2013, p. 51, 54; Monod, 2016, p. 10). De plus, « les personnes âgées représentent un groupe hétérogène tant sur le plan biologique, physique et émotionnel que sur le plan culturel et social, et sa croissance est la plus rapide de tous les groupes d’âges » (Jarvis, 2015, p. 937). La littérature scientifique présente de nombreuses définitions du vieillissement, ce qui démontre la complexité du sujet et l’étendue des recherches qui restent à entreprendre. Pour certains auteurs, cela serait lié à la génétique alors que pour d’autres l’influence se-rait davantage environnementale (Béland & Michel, 2013, p. 51, 52).
Pour Beare et Stan-ley (2007, p. 13), il existerait une théorie biologique et une théorie psychosociale. « La du-rée de vie d’une personne dépend beaucoup plus de ses habitudes de vie et de son envi-ronnement que de son code génétique », selon Brûlé et Cloutier (2002, p. 636). Il est né-cessaire de différencier le vieillissement normal, aussi appelé sénescence, du vieillisse-ment pathologique. L’ensemble de la population est sujet à des modifications communes, peu importe son parcours de vie, ses gènes ou son environnement. Une diminution du to-nus musculaire, de l’acuité auditive et visuelle ainsi qu’une fragilisation des téguments no-tamment sont inévitables (Cloutier, 2010, p. 328; Doyon & Longpré, 2016, p. 810). Les fonctions cognitives telles que la perception et la mémoire sont aussi touchées par la sé-nescence. Ce phénomène s’appelle le vieillissement cognitif (Boulbry, 2006, p. 70; Ta-connat & Lemaire, 2014, p. 90). Comme l’indiquent Ska et Joannette (2006), « des fac-teurs généraux et des facteurs spécifiques expliquent ces changements » (p.284). Avec l’âge, la façon dont le cerveau traite les informations évolue puis décline (Ska & Joanette, 2006, p. 284). Ainsi, le traitement des nouvelles informations est ralenti, le tri des données pertinentes est diminué et un plus grand nombre d’erreurs est avéré, ce qui affecte sou-vent la qualité de vie de l’aîné et constitue une source d’inquiétude (Ska & Joanette, 2006, p. 285). Le vieillissement est un processus irréversible qui touche à l’ensemble du corps humain et se déroule sur une période longue de plusieurs années (Doyon & Longpré, 2016, p. 810).
Il est d’usage de considérer comme âgée une personne dès 65 ans, bien que l’âge à lui seul ne suffise pas à catégoriser les personnes âgées. (Brûlé & Cloutier, 2002, p. 636; Cloutier, 2010, p. 328; Jarvis, 2015, p. 938; Voyer, 2013, p. 5). Plusieurs classifications ont ainsi été décrites, prenant en compte l’âge ou les caractéris-tiques des personnes âgées. Dans le livre blanc sur la fragilité des personnes âgées édité par la Société Française de Gériatrie et Gérontologie (2015), Vellas présente trois catégo-ries selon l’état de santé : les personnes âgées robustes, fragiles, dépendantes. Cin-quante à soixante pourcents des personnes âgées de plus de 65 ans sont robustes. Elles peuvent présenter des pathologies chroniques mais celles-ci sont contrôlées et n’ont pas d’incidence sur la qualité de vie. Environ 30% des personnes de plus de 65 ans vivant à domicile sont considérées comme étant fragiles.
Cet état est évalué en observant les cri-tères suivants : épuisement, diminution de la vitesse de marche et du tonus musculaire, sédentarité, perte de poids. Cette population est à risque d’évoluer vers la catégorie des personnes âgées dépendantes si les problèmes de santé rencontrés ne sont pas pris en charge de façon optimale. Enfin, la dépendance touche 10% de la population âgée de plus de 65 ans. Ces personnes vivent parfois encore à domicile mais la majorité se trouve dans les hôpitaux et les établissements d’accueil de longue durée. Il s’agit de personnes atteintes dans leur autonomie et leur capacité à assurer les activités de la vie quotidienne (Vellas, 2015, p. 9 10). Pitard et Naudin (2012, p. 187) préfèrent classer les personnes selon leur âge : « On parle de gérontins (entre 65 et 74 ans), vieillards (entre 75 et 84 ans), grands vieillards (plus de 85 ans) ». D’autres auteurs reprennent ces sous-groupes, en utilisant d’autres termes. Ainsi, ils parlent des « jeunes vieux » pour qualifier les personnes indépendantes de 65 à 74 ans. Les « vieux-vieux » ont entre 75 et 84. Ils font face à une perte de leur autonomie et sont atteints de maladies chroniques. Les « très vieux » ou « vieillards » sont des individus de plus de 75 ans dépendants de soins quotidiens. (Brûlé & Cloutier, 2002, p. 636; Doyon & Longpré, 2016, p. 809; Jarvis, 2015, p. 938; Voyer, 2013, p. 2)
Formation des infirmières :
Bachelor of Science en Soins infirmiers En Suisse, le Bachelor of Science en Soins infirmiers HES-SO est décerné aux étudiantes des Hautes Ecoles de Santé ayant acquis 180 crédits ECTS3. Ainsi, cette formation de ni-veau tertiaire est reconnue au niveau européen. La formation est définie par le Plan d’Etudes Cadre 2012 (PEC 12), dont les dernières modifications datent de 2015 (HES-SO, 2015). Comme mentionné dans la problématique de cette revue de la littérature, le PEC 12 présente notamment le référentiel de compé-tences des infirmières de niveau Bachelor et les sept rôles qui en découlent : expert en soins infirmiers, communicateur, collaborateur, manager, promoteur, apprenant et profes-sionnel (p.27). La formation universitaire en sciences infirmières permettant d’acquérir un Bachelor est également enseignée dans les pays suivants : Angleterre, Etats-Unis, Aus-tralie, Norvège, Allemagne, Canada (Dubois et al., 2013). L’Ordre des Infirmières et Infirmiers du Québec (OIIQ) a publié en 2016 « Le champ d’exercice et les activités réservées des infirmières et infirmiers » (Durand & Ordre des in- firmières et infirmiers du Québec, 2016).
Ce guide a pour but de soutenir les infirmières dans l’application de leurs activités au sein du champ d’exercice tout en respectant les lois en vigueur. Il présente les 14 activités réservées qui définissent le rôle propre de la profession, à savoir : évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptoma-tique, exercer une surveillance clinique de la condition de santé des personnes, initier des mesures diagnostiques et thérapeutiques selon une ordonnance, initier des mesures dia-gnostiques à des fins de dépistage, effectuer des examens et des tests diagnostiques in-vasifs selon une ordonnance, effectuer et ajuster les traitements médicaux selon une or-donnance, déterminer le plan de traitement relié aux plaies et aux altérations de la peau, appliquer les techniques invasives, contribuer au suivi de grossesse et à la pratique des accouchements, effectuer le suivi infirmier des personnes présentant des problèmes de santé complexes, administrer et ajuster des médicaments ou d’autres substances lors-qu’ils font l’objet d’une ordonnance, procéder à la vaccination, mélanger des substances en vue de compléter la préparation d’un médicament selon une ordonnance, décider de l’utilisation des mesures de contention (Durand & Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, 2016). Bien entendu, l’ensemble des activité ne sont pas applicables à chaque domaine de la pratique, comme le démontre Voyer (2013) dans son ouvrage : « la fré-quence et le mode de mise en application d’une activité réservée varient selon le milieu clinique et la population qu’elle [l’infirmière] soigne » (p.13).
Néanmoins, il semble primordial de relever que la première compétence développée, aussi bien dans le référentiel de compétence suisse que dans le guide québécois, est celle de l’évaluation de la condition physique et mentale : « cette activité constitue l’assise de l’exercice infirmier » (Durand & Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, 2016, p. 29). Selon un rapport publié par l’Institut canadien d’information sur la santé (repris par l’OIIQ), 57 à 67% des infirmières exerçant au Canada en 2016-2017 étaient titulaires d’un diplôme Bachelor (Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, 2017, p. 24). En Suisse, ce pourcentage variait de 0 à 39% (avec une moyenne de 10%) en 2014 au sein de 31 hôpitaux interrogés dans le cadre d’une étude menée par Aiken et al (2014, p. 1827, tra-duction libre). Cette différence s’explique par le fait que la formation infirmière de niveau Bachelor n’a été introduite en Suisse qu’en 2006, alors qu’elle existait déjà depuis de nombreuses années au Canada. Au sein des pays de la Francophonie, il existe de nombreuses disparités au niveau de la formation. En effet, le nombre d’heures d’études, les plans de formation, les compétences requises et le titre décerné ne sont pas équivalents selon les pays et les régions. Il sem- blerait toutefois qu’«une tendance au rehaussement de la formation vers le niveau univer-sitaire est observée malgré les différences » (Kérouac & Salette, 2011, p. 13).
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Table des matières
1 Résumé
2 Abstract
3 Remerciements
4 Déclaration
5 Introduction
5.1 Problématique
5.2 Question de recherche
5.3 But de la recherche
6 Cadre théorique
6.1 Les aînés et le système de santé
6.1.1 Vieillissement et personnes âgées
6.1.2 Polypathologie, polymédication
6.1.3 Soins spécifiques à la population vieillissante
6.2 Formation des infirmières : Bachelor of Science en Soins infirmiers
6.3 Examen clinique ou évaluation clinique
6.3.1 Recueil de données
6.3.2 Examen physique
6.3.3 Examen clinique spécifique à l’aîné
6.4 Qualité et sécurité des soins
6.4.1 Définition – standards pour la qualité
6.4.2 Législation
6.4.3 Indicateurs de qualité et sécurité des soins
7 Méthode
7.1 Devis de recherche
7.2 Collecte et sélection des données
7.3 Etudes retenues
7.4 Considérations éthiques
7.5 Analyse des données
8 Résultats
8.1 Etude 1
8.1.1 Description
8.1.2 Validité méthodologique
8.1.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.2 Etude 2
8.2.1 Description
8.2.2 Validité méthodologique
8.2.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.3 Etude 3
8.3.1 Description
8.3.2 Validité méthodologique
8.3.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.4 Etude 4
8.4.1 Description
8.4.2 Validité méthodologique
8.4.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.5 Etude 5
8.5.1 Description
8.5.2 Validité méthodologique
8.5.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.6 Etude 6
8.6.1 Description
8.6.2 Validité méthodologique
8.6.3 Pertinence clinique et utilité pour la pratique professionnelle
8.7 Synthèse des principaux résultats
8.7.1 Mise en pratique
8.7.2 Eléments facilitateurs et barrières
8.7.3 Réflexion sur la formation
9 Discussion
9.1 Discussion des résultats
9.2 Discussion de la qualité et de la crédibilité des évidences
9.3 Limites et critiques de la revue de la littérature
10 Conclusion
10.1 Propositions pour la pratique
10.2 Propositions pour la formation
10.3 Propositions pour la recherche
11 Références bibliographiques
12 Annexes
12.1 Annexe I : Tableau de recension de l’étude 1
12.2 Annexe II : Tableau de recension de l’étude 2
12.3 Annexe III : Tableau de recension de l’étude 3
12.4 Annexe IV : Tableau de recension de l’étude 4
12.5 Annexe V : Tableau de recension de l’étude 5
12.6 Annexe VI : Tableau de recension de l’étude 6
12.7 Annexe VII : Glossaire méthodologique
12.8 Annexe VIII : Pyramide des niveaux de preuves
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