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La collecte de données auprès des partenaires
Des intervenants dans le domaine de la gestion des risques et des catastrophes à Madagascar ont été approchés pour savoir les stratégies et outils qu’ils utilisent pour éduquer le public et diffuser les alertes cycloniques dans leurs zones d’interventions; pour demander leur appréciation sur le système national actuel d’éducation publique et de diffusion des alertes. En premier lieu, le BNGRC a été sollicité en tant que premier organe chargé de la gestion des risques et des catastrophes à Madagascar en vertu du décret n°2006 – 904 fixant l’organisation, le fonctionnement et les attributions du BNGRC. Le PNUD et l’UNICEF ont été également consultés puisque le premier constitue l’organe de coordination du système des Nations Unies à Madagascar et qu’il fait d’énormes travaux en faveur de la réduction des risques de catastrophes; et le second est le chef de file des Nations Unies en matière d’éducation et que la présence de l’UNICEF sur le terrain est importante. Des organisations non gouvernementales telles que CRS, CARE International, MEDAIR et la plateforme DIPECHO dont la présence et les activités sur le terrain sont de grande envergure on été approchées. Enfin, il a été inconcevable d’ignorer la Croix Rouge Malagasy, spécialiste depuis longtemps dans la réduction des risques de catastrophes au niveau mondial, se déployant sur toutes les régions de l’île et ayant de nombreux volontaires actifs dans la sensibilisation, l’éducation, l’information, la réponse et la réhabilitation.
L’enquête sur le terrain
L’approche par des enquêtes a été utilisée comme méthode de collecte des données. Elle a été menée à l’aide d’un questionnaire traduit dans la langue nationale comprenant des questions fermées et ouvertes qui ne limitent pas les réponses tout en permettant de faire le lien avec les autres questions et de les transformer pour les rapprocher de la compréhension du sujet.
L’objectif du questionnaire est d’avoir des éléments d’identification des enquêtés et de recueillir des informations plutôt qualitatives. Il s’agit surtout d’avoir les feedbacks des enquêtés sur les méthodes utilisées pour leur faire prendre consciences des risques, pour les éduquer face aux risques ainsi que sur les méthodes utilisées pour leur transmettre les alertes et avertissements cycloniques. Ce questionnaire a aussi pour but de mieux connaître les impacts des cyclones ressentis des populations (quels dégâts supportent-ils le moins ?) afin de mieux orienter la confection des messages d’éducation après. Les enquêtes ont été menées dans la période de juin 2011. Elles ont porté sur 141 individus dont 78 de simples citoyens et 63 des individus détenteurs d’autorités (chef de fokontany, membres des comités locaux de gestion des risques et des catastrophes…) répartis dans cinq communes rurales du district de Toamasina II : Foulpointe Mahavelona, Ampisokina, Andondabe, Antetezambaro et Ampasimbe Onibe. L’échantillon enquêté donne une image assez précise de l’organisation au niveau local des systèmes de diffusion d’alerte et de l’appréciation des messages d’éducation publique dans la zone d’étude. A la fin des enquêtes, un travail de dépouillement a été réalisé pour tous les questionnaires. Ce travail exhaustif nous a permis de faire le traitement, l’analyse des données et la rédaction du document.
Elevage
L’élevage bovin, porcin et de volailles est le répandu dans le district de Toamasina II avec 1.300 têtes de boeufs, 10. 500 têtes de porcs et plus de 375.000 volailles. Le mode de l’élevage bovin est de type extensif. L’élevage porcin et avicole est aussi de type familial presque sans soin particulier.
Pêche
La pêche continentale s’effectue surtout dans les lacs, lagunes, étangs et les fleuves à bord des pirogues à pagaie, et à pied. La pêche maritime se fait à bord des pirogues, au large de la côte. Les pêcheurs, maritimes ou continentaux utilisent des matériels artisanaux. Les principaux produits exploités sont la crevette, le poisson, le calmar, la civelle et le poulpe.
Exploitation forestière
La zone Atsinanana possède une grande richesse forestière avec des bois de valeur tels que le Palissandre, le Merana, l’Amboara et le Varongo. La pratique traditionnelle des cultures surbrûlis et des mises à feu pour le renouvellement des pâturages est l’un des facteurs qui freinent le développement de la Région. L’environnement continental se dégrade actuellement par suite de déforestation amplifiée et la pratique des techniques traditionnelles comme le tavy. En ce qui concerne l’environnement marin, les cyclones chroniques provoquent des érosions sur la côte littorale.
Artisanat
L’artisanat reste encore un secteur informel et aucune donnée officielle n’est disponible. La vannerie, le tissage, les rabanes, la menuiserie sont les plus pratiqués. Les principaux problèmes sont la faible capacité organisationnelle, l’insuffisance d’encadrement et recherche difficile de débouchés. Le district de Toamasina II figure parmi les principaux centres de production.
Place de la sensibilisation, l’éducation du public dans la réduction des risques de catastrophes
Le CAH accorde une place essentielle à l’éducation du public, celle-ci est soulignée par la priorité numéro 3 du CAH : « l’utilisation des connaissances, des innovations et de l’éducation pour instaurer une culture de sécurité et de résilience à tous les niveaux ». Les catastrophes peuvent être en grande partie prévenues si les populations sont bien informées et acquises à une culture de la prévention et de la résilience. Par ailleurs, pour assurer un système d’alerte effectif et efficace, accroître la culture de risques chez les populations à travers l’éducation du public est crucial. En effet, l’éducation du public est le quatrième élément qui garantit l’efficacité d’un système d’alerte. L’éducation du public comprend l’éducation formelle (à l’école), et l’éducation informelle (campagne de sensibilisation, communication interpersonnelle, formations spéciales…). Dans tous les cas, qu’elle soit formelle ou informelle, le rôle de l’éducation publique est reconnu à l’échelle globale, de nombreux ouvrages y sont consacrés. Lors du tsunami du 26 décembre 2004 en Thaïlande, l’histoire de Tilly Smith10, la petite touriste anglaise qui sauve 100 personnes grâce à son professeur de géographie ainsi que celle d’Anto11, un jeune garçon indonésien de l’île de Simeuleue en est la preuve éclatante. Plus précisément, au niveau formel, enseigner les risques de catastrophe à l’école, c’est aider les enfants à jouer un rôle important : sauver des vies et protéger des membres d’une communauté au moment d’une catastrophe. Intégrer, au niveau national, la réduction des risques de catastrophe dans les programmes scolaires favorise une plus grande conscience des problèmes au sein de toute la communauté et une meilleure compréhension de l’environnement immédiat dans lequel les enfants et leurs familles vivent et travaillent12. Au niveau informel, l’éducation du public peut être réalisée à travers de nombreuses activités telles que les exercices de simulation, pour apprendre aux populations exposées les risques qu’elles encourent et comment y réagir ; les programmes de formation spéciaux à l’endroit des communautés entières et les campagnes de sensibilisation de masse. Pour ce dernier point, les médias sont un allié important. Mais outre les médias, les canaux traditionnels de sensibilisation, les canaux interpersonnels de transmission de messages peuvent être mis à profit et produisent des résultats probants.
Place du système d’alerte dans la réduction des risques de catastrophes
Les systèmes d’alerte jouent un rôle primordial dans la réduction des risques de catastrophes. Des alertes claires, reçues au moment opportun, accompagnées du savoir comment agir peuvent sauver des vies et des moyens de subsistance. Pour être efficaces, les systèmes d’alerte doivent atteindre toutes les populations exposées aux risques, même les plus isolées. Parmi les quatre éléments composant le système d’alerte, le second élément, les techniques de surveillance des alertes est le plus reconnu faisant partie de ce système. Or, l’expérience a montré que l’efficacité des seules techniques de surveillance des risques est insuffisante pour réduire les impacts des catastrophes. Le facteur humain est également très important; les défaillances dans les systèmes d’alerte précoce se produisent généralement dans les éléments de communication et de préparation. La diffusion et dissémination des alertes et avertissements ont donc une place très importante dans l’efficacité du système d’alerte.
Le système d’alerte est reconnu par le CAH comme un outil efficace pour réduire la vulnérabilité des populations et améliorer la préparation ainsi que la réaction aux risques naturels. Dans ses priorités numéro 213 et 514, le CAH souligne que la mise en place des systèmes d’alertes contribue à la réduction des risques de catastrophes. Le CAH recommande que les systèmes d’alerte soient centrés sur les besoins des populations auxquels ils s’adressent. En d’autres termes, les alertes et avertissements doivent être reçus en temps opportun et compris par les individus et communautés cibles. Ils doivent intégrer le savoir traditionnel local afin de sauver des vies et des biens. Cette approche centrée sur les individus est basée sur le renforcement de capacités des individus et des communautés menacés par les catastrophes pour agir de manière efficace et en temps opportun afin de réduire les pertes potentielles en vies humaines, en moyens de subsistance. Cette approche recommandée par le CAH ne rejette pas les technologies avancées mais considère pleinement les systèmes d’alerte comme un processus social et communautaire qui génère le maximum d’informations précises afin de réduire les dégâts potentiels. Le système d’alerte précoce centré sur les populations s’assure que les alertes et avertissements parviennent aux personnes afin que ces dernières puissent prendre les mesures nécessaires pour se protéger, protéger leurs maisons ainsi que leurs moyens de subsistance. Pour que les communautés soient au courant des alertes et sachent comment réagir, cela exige des programmes d’éducation publique face aux risques.
La SNGRC place également le renforcement des systèmes d’alerte parmi ses axes de priorité. Parmi les principes énoncés par la SNGRC en matière de politique nationale de gestion des risques et des catastrophes est noté celui-ci : « La gestion des risques et des catastrophes malgache est centrée sur les personnes, non sur la technologie et les experts. Elle place les communautés au centre des préoccupations en termes de gestion des cataclysmes. Elle insiste sur les savoir-faire locaux, les méthodes d’apprentissage locales, cherche à comprendre et à renforcer les mécanismes communautaires pour faire face aux catastrophes, par le biais de stratégies technologiques et de mitigation appropriées. »
En ce qui concerne les alertes, la SNGRC rappelle qu’elles doivent englober six éléments clés: la prévision, l’interprétation, l’élaboration du message, la communication, la réponse et l’évaluation. Enfin, la SNGRC rappelle qu’avant une catastrophe, les réseaux d’information et de communication sont très importants et seront nécessaires entre les organisations et entre les niveaux locaux et centraux pour s’assurer que les mesures de mise en état d’alerte et les opérations de réponse puissent être coordonnées correctement.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I: CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE I. Présentation de l’étude
Section 1. Problématique et hypothèses de recherche
Section 2. Objectif de l’étude
Section 3. Méthodologie de la recherche
Section 4. Présentation de la zone d’étude : le district de Toamasina II
CHAPITRE II. L’importance de la sensibilisation, éducation et alerte du public dans la réduction des risques de catastrophes
Section 1. Place de la sensibilisation, l’éducation du public dans la réduction des risques de catastrophes
Section 2. Place du système d’alerte dans la réduction des risques de catastrophes
PARTIE II: PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
CHAPITRE III : De l’efficacité des programmes de sensibilisation et d’éducation du public face aux cyclones à Madagascar
Section 1. Les programmes d’éducation du public menés par le BNGRC
Section 2. Les programmes de sensibilisation et d’éducation du public menés par les autres intervenants humanitaires
Section 3. Feedbacks des principaux cibles et bénéficiaires et impact des programmes d’éducation : cas de la zone d’étude, district de Toamasina II
CHAPITRE IV : De l’efficacité du dispositif de dissémination des alertes cycloniques à Madagascar
Section 1. Le Circuit de dissémination des alertes et avertissements cycloniques à Madagascar
Section 2. Les différentes étapes des alertes et avertissements cycloniques
Section 3. Les outils de dissémination des alertes cycloniques existants
Section 4. Indicateurs de l’efficacité du système de dissémination des alertes cycloniques par les populations menacées
PARTIE III: APPROCHE PROSPECTIVE
CHAPITRE V : Acquis et contraintes pour l’efficacité des programmes de sensibilisation, d’éducation et d’alerte du public à Madagascar
Section 1. Acquis des programmes de sensibilisation, d’éducation et d’alerte du public
Section 2. Obstacles et contraintes pour l’efficacité des programmes de sensibilisation, d’éducation et d’alerte du public
CHAPITRE VI : Propositions d’actions pour une meilleure efficacité des programmes de sensibilisation et d’éducation publique ainsi que du dispositif de dissémination des alertes cycloniques
Section 1. Propositions d’actions issues des populations enquêtées
Section 2. Recommandations issues des bonnes pratiques et expériences d’ailleurs
Section 3. Recommandations au niveau de l’organe en charge de réduction des risques de catastrophes à Madagascar
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
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