L’Exode rural est un phénomène que partageaient les pays qui ont réussi leur développement mais des débats sont toujours ouverts sur ce phénomène surtout dans les PVD. On assiste actuellement à ce que parlent les journalistes une « bombe urbaine » dans ces pays en voie de développement (PVD). En effet, les vagues migratoires venant des milieux ruraux vers des villes des pays pauvres gonflent sensiblement l’effectif de la population urbaine. Or, la majeure partie des villes des PVD n’ont pas la capacité de fournir des emplois et des logements nécessaires pour tous les nouveaux venus. Evidemment, l’apparition des bidonvilles devient alors systématique dans ces villes, aussi, les problèmes sociaux tels que : l’insécurité, l’insalubrité mais, surtout la pauvreté prennent une grande ampleur.
Madagascar fait partie des PVD. Antananarivo, sa Capitale, reflète bien la pauvreté du pays. Des travaux d’assainissement de la ville d’Antananarivo ont toujours été laborieux pour la Commune. En effet, enlever les sans abris dans les tunnels et d’en dessous les ponts n’est pas une mince affaire, car ces personnes dites « 4 amis », augmentent incessamment comme, les nouvelles rejoignent les anciennes qui s’y installent. A part la croissance naturelle de la population, l’exode rural est la source de la surpopulation de la ville d’Antananarivo. En effet, les ruraux s’immigrent en ville pour plusieurs raisons, beaucoup pensent en fait que l’emploi est abondant en zone urbaine.
INCURSION A LA THEORIE ET AUX PHENOMENES ECONOMIQUES OBSERVES
Cadre théorique et débats sur l’exode rural
Le cadre théorique
En termes de dynamique démographique, l’abandon des campagnes pour une concentration urbaine caractérise le phénomène. Cela traduit un changement dans la distribution spatiale. Selon Domenach et Picouet, sa manifestation dans les pays du Tiers- Monde est « le phénomène de périurbanisation dans la Capitale, par installation progressive de quartiers d’immigrés. ».
-Concernant les théories et les recherches sur ce thème, dans un premier temps, selon la théorie de MUMPASI B. LUTUTALA, dans son travail sur « les migrations africaines dans le contexte socio-économique actuel » , il propose 19 modèles explicatifs des migrations africaines. Pour lui, « les migrations intéressent et intéresseront de plus en plus les chercheurs et les planificateurs à cause notamment du rôle central qu’elles jouent dans la dynamique démographique ». Nous proposerons quelques uns de ces modèles en vue d’expliquer « les migrations rurale-urbaine à Madagascar », ce que nous pensons pertinents pour élucider l’Exode rural à Antananarivo.
Migration sous l’angle économique
D’abord, Lewis « oppose l’existence d’un secteur traditionnel, source de main-d’œuvre pour un secteur moderne ». Le développement de sociétés africaines nécessite la migration des « improductifs ruraux vers les sites capitalistes ». L’exode rural est donc un moyen pour ajuster le milieu rural traditionnel et le milieu urbain industriel. Malgré cette évidence en termes de productivité ou de rendement, la théorie de Lewis présente une lacune pour interpréter la situation à Antananarivo. En effet, elle suppose que la ville ne connaît pas de problème de chômage ou de sous-emploi. Or, cela ne semble pas être le cas à Antananarivo. « L’affaire Bahamas du fin 2007 » témoigne du manque de travail dans la Capitale par exemple. Pour illustrer « l’attrait de la ville », sous un angle purement économique, le modèle de Todaro peut être résumé ainsi: « le migrant quitte son milieu d’origine parce qu’il est attiré par la perspective d’une meilleure rémunération dans les milieux urbains capitalistes »Compte tenu du sous-emploi urbain, la migration est selon l’auteur, « une réponse à la différence des revenus espérés (et non actuels) entre le milieu rural et le milieu urbain ».
Ces deux précédents modèles sont complémentaires. Ils révèlent plus du domaine de l’économie. La théorie de Lewis est fondé sur la migration des improductifs du secteur traditionnel vers les sites Capitalistes urbains et le modèle de Todaro explique la différence de revenus en campagne et en ville .Les revenus industriels en ville est double que celui de la campagne.
Migration sous l’angle socio-culturel
Nous allons présenter un troisième modèle qui est d ‘ordre plus culturel. C’est « la théorie de stratégie individuelle de survie » . De cette théorie, nous allons retenir le constat suivant: « les migrants s’en vont certes, mais ils maintiennent ou renforcent leur rôle locaux, toujours présents quoique physiquement absents ». Enfin, il existe également des modèles qui, au lieu d’être explicatifs proposent de décrire les niveaux et les caractéristiques du phénomène. On peut citer ici, le modèle de L. WIRTH sur la ville. Ce sociologue de l’Ecole de Chicago définit le milieu urbain par trois (03) variables qui agissent sur les attitudes. « Le grand nombre des individus et des activités qui fait que la compétition substitue à la solidarité, de la densité et de l’hétérogénéité qui font que le contrôle social se relâche et que l’individualisme et la marginalité se développent » . Par rapport à la vie rurale, ce sont les caractéristiques de la vie urbaine vue sous l’angle du changement social.
Pour cet auteur , la ville est envisagée comme un milieu écologique qui influence fortement les comportement .De ce fait ,les immigrés vont s’intégrer dans un milieu différent de la campagne et qui va les influencer . L’Exode rural est un flux migratoire qui conduit des individus, des familles ou des groupes habitant les milieux ruraux à migrer en ville. « Le mouvement de population des campagnes vers les villes est un phénomène historique qui traduit l’émergence d’une civilisation urbaine et le passage d’une société essentiellement agricole et pastorale à une société polyvalente où dominent les activités de transformations industrielles et de services: banque, commerce, loisirs, etc. C’est en ce terme que DOMENACH (H) et MICHEL (P) parlent de ce phénomène». Cette définition est intéressante du fait qu’elle constitue un premier essai d’explication de la formule « de la tradition à la modernité » .
Débats sur l’exode rural
L’Exode rural participe directement à l’accroissement rapide de la population urbaine. Face au manque d’infrastructure d’accueil et au faible pouvoir d’achat des nouveaux venus, certains lieux comme Anosibe deviennent quartier d’immigration. Déjà en 1985, des auteurs ont été réticents sur ce fait. « L’extension de la ville vers les plaines inondables (sur les meilleures terres agricole) est une hérésie. (…) cette tendance malheureuse est en outre confortée par le grand dynamisme du secteur informel dans cette zone et par la structure du réseau de la voirie » . Ici on remarque que la ville faisait déjà face à ces faits de puis plus de vingt ans. Selon ces auteurs, on devrait orienter les immigrés vers les sites collinaires de l’Est. Bref, ils n’étaient ni pour ni contre l’Exode rural, mais ils exigeaient une valorisation des flux migratoires vers des zones aménagées d’un minimum d’équipement d’accueil. En effet, cette démarche éviterait les entassements et les insalubrités dans les bas quartiers.
Les partisans de l’urbanisation
Pour les ruraux, la migration vers la ville reste le seul moyen pour sortir de leur pauvreté continuelle. Malgré cet aspect contraignant, la migration est également « chance et opportunité ». Si ce phénomène continue à exister et même à s’accroître, c’est qu’au fond, les migrants y trouvent quelque chose de positive (par rapport à sa situation dans le milieu rural) et cela, contrairement à son apparence « négative » comme dans le quartier d’Anosibe. Nous l’avons déjà évoqué que malgré une condition de vie difficile, les immigrés préfèrent rester en ville. Dans la majorité des cas, les difficultés sont vécues comme des épreuves ou des étapes obligatoires à franchir ; d’où leur patience et leur persévérance. Ce fait s’explique également par le sens qu’ils attribuent à l’Exode rural : « une mobilité sociale ». (Dans la mesure où la migration ne s’accompagne que rarement d’une transformation du mode de production, parler de « mobilité nette de circulation » est plus juste). Cette mobilité résultera la volonté individuelle.
Aux yeux du migrant, l’Exode rural peut être « un ascenseur social ». En plus, il conçoit la ville comme un lieu de libération sociale par rapport aux diverses contraintes à la campagne : classe sociale, règle de parenté. C’est l’endroit où il lui sera permis de croire à tout, et de tout entreprendre. Tous les immigrés croient à un avenir plus riche. Pour résumer, les immigrés croient en l’urbanisation, ou vivre en ville. « C’est une forme de progrès en permettant au rural devenu citadin d’accéder à un type de civilisation supérieur » . A leur yeux, la ville représente le pain, la liberté et pourquoi pas la richesse.
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Table des matières
Introduction
Partie I : INCURSION A LA THEORIE ET AUX PHENOMENES ECONOMIQUES OBSERVES
Chapitre 1 : Cadre théorique et des débats sur l’exode rural
1- Cadre théorique
1-1 Migration sous l’angle socio économique
1-2 Migration sous l’angle socio-culturel
2- Débats sur l’exode rural
2-1 Les partisans de l’urbanisation
2-2 Les partisans de la ruralisation
Chapitre 2 : Méthodologie et Résultats des enquêtes
1- Méthodologie
1-1 Limites de la documentation
1-2 Difficulté du terrain
2-Résultats des enquêtes
2-1 La migration
2-2 L’habitat urbain
3-Les enjeux de l’Exode rural
3-1 Intégration au marché du travail urbain
3-2 Echec de la modernisation et les impacts aux ménages
Partie II : QUELQUES SUGGESTIONS D’ORDRE PRATIQUE
Chapitre 1 : Des pistes d’actions avancées par l’Etat
1 Lutte contre l’exode rural
2 Réinsertion professionnelle des migrants
Chapitre 2 : Quelques actions à entreprendre
1- Exode rural et Développement
1.1- A cout terme
1.2- A long terme
2- Des solutions envisageables par rapport aux résultats des enquêtes
2-1 Contribution des immigrés au développement économique de leur milieu d’origine: un financement de l’agriculture traditionnelle
2.2-Des mesures préconisées que nous jugeons judicieusement
Conclusion
Bibliographie
Annexes