Incrusion de la peste bubonique

La peste est une maladie infectieuse qui reste encore d’actualité. Elle est considérée comme un fléau mondial, économique et social avec 21725 cas déclarés et 1612 décès enregistrés, pour un taux de 7,4% de létalité [1]. La peste est une zoonose infectant surtout les rongeurs mais peut être transmise à l’homme accidentellement soit par piqure de puce infectée soit lors de manipulation d’hôte infecté. Elle fait partie des trois maladies épidémiques de quarantaine soumise au Règlement Sanitaire International et les cas humains doivent être notifiés à l’OMS [2]. Elle est incluse dans la liste des maladies réémergentes, car elle réapparait dans les pays où elle a été pensée disparue [3-5]. Parmi les cas notifiés à l’OMS, 97% des cas sont signalés par des pays africains [1]. En effet, au cours de la dernière décennie, 82% de tous les cas dans le monde entier ont été dans la République démocratique du Congo (10581 cas entre 2000 et 2009) et à Madagascar (7182) [1,6]. La peste est endémo-épidémiologique à Madagascar, l’espace endémique est constitué de deux foyers, au centre et au nord de l’île [7,8]. Comme Madagascar est l’un des pays qui rapporte le plus grand nombre de cas humains, une centaine chaque année [9,10], le contrôle de cette maladie constitue un enjeu majeur de la santé publique. Avec l’effort du Ministère de la Santé, tous les centres sanitaires publics sont en mesure de prendre en charge gratuitement tous les cas suspects ou confirmés de peste. Généralement, les victimes de la peste se comptent parmi les populations les plus déshéritées et dans des zones où des troubles politiques persistent [11].A Madagascar, des foyers de peste correspond à la zone rurale la plus vulnérable [3,12]. La peste profite de l’ignorance et de l’insouciance de la population pour s’installer et s’enraciner au sein de certains Fokontany ou hameaux.

En regard de ces considérations, notre objectif vise à estimer la fréquence de la peste, de décrire ses aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques, et d’évaluer la connaissance de la peste par la population dans le district d’Ambositra. Ainsi la première partie de notre étude se rapporte aux revues de littérature, suivie de la deuxième partie relative à la méthodologie et aux résultats. La discussion et la conclusion terminent notre ouvrage.

ETIOPATHOGENIE

Description de la bactérie de la peste : Yersinia pestis

Cette bactérie fait partie de la famille des Enterobacteriaceae et appartient au genre Yersinia qui comprend 11 espèces dont trois sont pathogènes pour l’homme : Yersinia pestis, Yersinia pseudotuberculosis, et Yersinia enterolytica [15]. Ce nom lui a été donné en hommage au pasteurien Alexandre Yersin, qui identifia le premier bacille lors de l’épidémie de Hong-kong en 1894 [16].Ce bacille se différencie par sa capacité à réduire les nitrates en nitrites et à fermenter le glycérol. Yersinia pestis est un coccobacille, à Gram-négatif, immobile, non acido-résistant, non sporulé, anaérobie facultatif. Au-delà de 33°C, il est le seul genre Yersinia pouvant développer une enveloppe ou fraction 1(antigène F1). Lorsque le bacille est coloré à l’aide de teinture à base d’aniline (par coloration de Wayson ou de Gram), ses extrémités se colorent plus intensément ; on appelle cette réaction la « coloration bipolaire » (Figure 1). Yersinia pestis appartient au groupe des bacilles peu résistants aux facteurs environnementaux. La lumière solaire, les températures élevées, la dessiccation et les antiseptiques usuels ont un effet destructeur sur le bacille, et les préparations contenant du chlore l’éliminent en 1-10 minute. La survie de Yersinia pestis dans le sol est au moins 24 jours dans des conditions naturelles [17]. Ce micro-organisme est inoculé par voie transcutanée et la maladie peut être déclenchée par 1-10 bactéries chez certains rongeurs sensibles et chez l’homme. Cette dose peut être plus élevée (10⁶ bactéries) chez les rongeurs résistants tels que le rat. Ce bacille possède de nombreux facteurs de virulence chromosomiques et plasmidiques qui lui permettent de survivre et de se multiplier dans des phagocytoses et de disséminer rapidement au sein des tissus de l’hôte infecté. La majorité des souches de Yesinia pestis ont trois plasmides de 70kb, de 9,5kb, et de 100kb respectivement nommés pCD, pPCP, pMT.

Le plasmide de 70kb (pCD) joue un rôle capital dans le pouvoir pathogène car sa perte élective s’accompagne, quelle que soit la voie d’inoculation de Yersinia pestis, d’une réduction notoire de la virulence bactérienne. Le plasmide de 9,5kb (pPCP) est présent au près d’une centaine de copies par cellule, il permet la dissémination des bactéries à partir du site d’inoculation. La perte de ce plasmide ou son inactivation s’accompagne d’une forte baisse de la virulence des bactéries inoculées à l’animal de laboratoire par voie sous-cutanées, alors que la virulence reste identique par voie veineuse : les puces ne s’infectant par Yersinia pestis que lors des repas sanguins, le pPCP contribue ainsi à la transmission inter-individuelle de la peste. Le plasmide pMT code une capsule de nature glycoprotéique. Ce constituant de surface permet aux micro-organismes de résister à la phagocytose en inhibant leur opsonisation.

Cycle de la peste 

Le cycle général de la peste fait intervenir trois acteurs principaux : le bacille, le rongeur et la puce, l’homme n’étant qu’un hôte accidentel. Le réservoir naturel de Yersinia pestis est le rat et ses vecteurs sont les puces. A Madagascar, les réservoirs sont le rat noir Rattus rattus, et Rattus norvegicus, rat d’égout, ses vecteurs sont des puces appelées Xynopsylla cheopsis pour les habitations et Synosyllus fonquermiei pour les champs [18,19]. Pour se nourrir, l’insecte prélève du sang et au passage quelques bactéries sont transmises en piquant le mammifère en phase septicémique. Les bactéries ainsi ingérées se multiplient dans son proventricule et finissent par l’obstruer en formant un bouchon bactérien (appelé phénomène de blocage), empêchant la puce de se nourrir correctement. Lors du repas sanguin sur un nouvel hôte, le sang ingéré par la puce ne peut passer l’obstacle de son proventricule et est régurgité au niveau du point de piqûre en même temps que les bacilles pesteux. Ce mode de transmission est très efficace mais requiert une période d’incubation relativement longue (plusieurs semaines). La peste peut se manifester sous deux formes selon les voies de pénétration du bacille et la gravité des symptômes développés. La transmission cutanée par piqûre des puces infectées engendre en général une peste bubonique qui est marquée par l’apparition de ganglions durs et douloureux appelé bubon. La peste pulmonaire, qui est mortelle et plus grave, apparait soit en cas d’inhalation de gouttelettes infectieuses rejetées par les personnes qui toussent ou par des animaux ou par contact avec des matières virulentes (appelée la peste pulmonaire primaire), soit lorsqu’un cas de peste bubonique n’est pas traité à temps (appelé la peste pulmonaire secondaire). Ces deux formes peuvent évoluer vers la peste septicémique qui s’accompagne d’une bactériémie.

HISTORIQUE

La peste dans le monde

La première épidémie de peste de l’histoire de l’humanité est décrite dans la bible. Elle a touché les Philistins en 1320 avant Jésus Christ. On décrit trois grandes pandémies dans l’histoire de la peste [20]. La première pandémie, nommée peste Justinienne, au VI et VIIIème siècles de notre ère, la seconde ou peste noire du XIV  au XVIIIème siècle, la troisième, actuelle, qui a débuté à Canton (Chine) en 1894. Depuis quelques années, cette maladie d’un autre âge semble en recrudescence dans certains pays, pour la plupart en voie de développement, comme prouvent l’épidémie de peste en Inde en 1994, des cas de peste en Algérie en 2003, en Libye en 2009, au Kirghizstan en 2013, à Madagascar en 1981 et 1991 [21].

La peste à Madagascar

La peste est entrée à Madagascar en novembre 1898, au cours de la troisième pandémie, à partir du port de Tamatave [7], suite à l’escale d’un bateau venant de l’Inde [22]. En 1921, elle se propage jusqu’aux Hautes Terres, où elle s’est maintenue [23]. A partir de 1930, les épidémies les plus meurtrières de l’Ile furent responsables de 3000 à 4000 décès par an. Puis le nombre de cas de peste est augmenté, en particulier dans la capitale Antananarivo et dans la ville côtière de Majunga, après de longues périodes d’absence : 28 ans (1953-1981) et 63 ans (1928-1991) respectivement [24,25]. On note une tendance à la hausse des notifications depuis 1995, ceci peut être lié à la présence des souches résistantes aux antibiotiques. En effet, pendant cette année 1995, des équipes de l’Institut Pasteur isolent pour la première fois, une souche de Yersinia pestis multi-résistante aux antibiotiques à partir d’un malade résidant à Ambalavao.

Des foyers naturels de peste s’étendent dans les six provinces du pays. Les foyers principaux sont situés dans les provinces d’Antananarivo et de Fianarantsoa où des flambées sont continuellement notifiées, mais les mécanismes de la circulation de la peste à l’intérieur de ce foyer endémique n’est pas encore suffisamment éclaircie malgré plus d’un siècle des recherches épidémiologiques in situ effectuées [27]. Cependant, des cas sporadiques sont enregistrés périodiquement dans provinces de Mahajanga ; la maladie semble avoir été réintroduite à partir de foyers des hauts plateaux .

EPIDEMIOLOGIE

De 2004 à 2009, 16 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique ont déclaré officiellement des cas de peste auprès de l’OMS [1]. En 2012, 400 cas humains de peste et 75 décès ont été enregistrés dont la majorité des cas notifiés est principalement en Afrique [28]. Au cours de la dernière décennie, 82% de tous les cas dans le monde entier ont été dans la République démocratique du Congo (10581 cas entre 2000 et 2009) et à Madagascar (7182) [1,6]. A Madagascar, 2409 cas ont été confirmés entre 2007 et 2011, et le pays a déclaré 67% des cas dans le monde en 2012 [23,28]. La peste sévit à Madagascar sur les hautes terres du Centre et du Nord, audessus de 800 m d’altitude [7,8]. La zone d’endémie pesteuse sur les hautes terres forme un triangle dont les angles sont représentés par le lac Alaotra au nord, le lac Itasy à l’ouest, et Ambalavao au sud ; elle forme un losange au nord, dans le massif de Tsaratanana (Figure 2). Selon l’OMS, la peste est une maladie endémique à Madagascar, avec de pics saisonniers épidémiques allant du mois d’Octobre au mois d’Avril sur les Hautes terres, au cours de la chaleur et la saison des pluies, et du mois de juillet à novembre à Majunga, pendant la saison sèche et fraîche [29]. La peste est à prédominance masculine (sexe ratio est de 1,3/1) ; la tranche d’âge la plus touchée de 5 à 14 ans, et la mortalité est passée de 40% en 1980 à 5% en 2000 [21].

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Table des matières

INTRODUCTION
REVUE DE LA LITTERATURE
I. DEFINITION
II. ETIOPATHOGENIE
III. HISTORIQUE
IV. EPIDEMIOLOGIE
V. ASPECT CLINIQUE
VI. METHODE DE DIAGNOSTIC
VII. TRAITEMENT
VIII. MESURE PREVENTIVE
IX. SURVEILLANCE
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODOLOGIE
II. RESULTATS
TROSIEME PARTIE: COMMENTAIRES
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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