Soutenance mémoire
La communauté scientifique s’accorde à reconnaître que le changement climatique est déjà une réalité (CDEAO-CSAO/OCDE/CILSS, 2008 ; GIEC 2011 ; IPCC 2008). Selon les conclusions du Groupe d’Experts intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, 2007), les activités humaines sont en train d’altérer notre système climatique, et elles continueront à le faire. Les températures à la surface de la terre ont augmenté au cours du siècle dernier et les effets de ce réchauffement sur les systèmes physiques et biologiques sont de plus en plus observables (OMS, 2015) .
L’une des conséquences majeures du réchauffement climatique est la recrudescence des phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur. Celles-ci suscitent un intérêt particulier surtout avec leur impact sur la santé humaine. Ainsi, de nombreuses études ont été réalisées notamment en Europe de l’ouest et en Amérique du nord où ces vagues de chaleur ont engendré beaucoup de pertes humaines. Contrairement aux pays du nord, les vagues de chaleur n’ont pratiquement pas fait l’objet d’études en Afrique. Ce manque de connaissance ou d’intérêt est d’autant plus alarmant quand on voit que les rapports sur le changement climatique, notamment celui du GIEC 2007 confirment que l’Afrique subit majoritairement ce phénomène depuis quelques années, avec des conséquences sur le plan économique et sanitaire.
Ce changement climatique va sans doute accroitre la fréquence et l’intensité des vagues de chaleurs, qui vont à leur tour intensifier les dangers pour la santé des populations. De plus, des disparités apparaitront dans la vulnérabilité des individus et des populations à travers le monde, et malgré contribuant peu à la cause du changement climatique, les populations les plus pauvres seront particulièrement vulnérables (OMS, 2008). Entreprendre l’étude des vagues de chaleur en Afrique reviendrait alors à pouvoir anticiper la survenue de ces événements très tôt dans le but d’alerter les autorités sanitaires sur les risques mais aussi d’informer les populations sur les attitudes et précautions à adopter pour réduire leur vulnérabilité.
PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
CONTEXE
De nombreux éléments tendent aujourd’hui à prouver que le climat est en train de changer rapidement, principalement du fait des activités humaines. Des phénomènes comme la hausse des températures, l’élévation du niveau des océans, l’évolution des précipitations et les événements extrêmes devraient entraîner une augmentation de toute une série de risques pour la santé, aussi bien des effets directs (vagues de chaleur, inondations ou vents de tempête) que des effets sur le système naturel ou les secteurs socio-économiques qui conditionnent en fin de compte la santé(OMS, 2015).En effet, bon nombre d’études scientifiques font état d’un changement climatique qui s’accentue au fil des années menaçant ainsi la santé de l’homme. Si ces phénomènes dus aux changements climatiques sont nombreux, la survenue des vagues de chaleur suscite depuis quelques temps une attention particulière de la part des gouvernements, des organismes et des scientifiques. Ainsi, de nombreuses études sur les vagues de chaleur ont été entreprises pour connaitre leurs impacts sur la santé des populations ainsi que des stratégies et mesures à adopter pour faire face à ces événements.
Le dernier rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC, 2007) confirme au cours du XXIème siècle, le réchauffement climatique en Afrique serait le plus important qu’au niveau mondial. Il faut donc s’attendre à une augmentation des épisodes de canicules, en particulier dans les régions arides et semi- arides d’Afrique de l’Ouest. Les vagues de chaleur affectant les milieux tempérés ont beaucoup été étudiées surtout depuis les épisodes entrainant une surmortalité à Chicago en juillet 1995 ou en Europe de l’Ouest en août 2003; elles sont moins bien étudiées en domaine tropical, zone pourtant non exempte de ces aléas en saison sèche . Il existe une abondance de travaux sur la variabilité climatique en Afrique mais, celles-ci concernent plutôt la pluviométrie. Pourtant, la survenue des épisodes caniculaires se font de plus en plus menaçantes. Lors de la vague de chaleur survenue à Niamey pendant la seconde décade d’avril 2010, l’hôpital national de Niamey a observé de nombreux décès notamment des enfants et personnes âgées. Au cours de cette période, plus de 30 cas de morts ont été déclarés par jour. Plusieurs villes du Niger comme Birni N’Konni, Gaya, Maradi et Niamey ont battu leurs records de température à la date du 19 avril 2010 atteignant des températures maximales absolues sous abri de 47°C.
D’autres épisodes de canicules pourraient aussi servir de références, c’est le cas notamment à Bamako, Tchad et en Mauritanie.
A l’instar des pays de l’Afrique de l’ouest, le Sénégal est frappé par des vagues de chaleur causant ainsi des dégâts considérables sur le plan sanitaire. La vague de chaleur survenue à Matam en main 2013 est un cas illustratif. En effet, l’Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie du Sénégal (ANACIM) avait prévenu des fortes températures dans le nord-Est et le centre du pays au cours de cette période avec des pics de températures pouvant aller jusqu’à 45°C à l’ombre. De plus, les médias ont beaucoup commenté ces événements allant même jusqu’à rapporter des décès dus à cette forte chaleur .
Ces vagues de chaleur sont toujours associées à des problèmes de morbidité et de mortalité au sein des populations. Elles peuvent avoir des impacts directs ou indirects sur la santé humaine : directement par épuisement ou par coup de chaleur (de chaleur classique, ou chaleur d’exercice) ou indirectement comme facteur déclenchant ou aggravant une maladie déjà installée (affections cardiovasculaires, cérébrovascuaires, respiratoires, rénales etc.) .
ANALYSE CONCEPTUELLES
VARIABILITES ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES
L’impact de la variabilité et des extrêmes climatiques est considéré actuellement comme l’une des menaces les plus graves posées au développement économique et à la santé des populations les plus pauvres. De ce fait, il existe beaucoup de travaux de recherche sur le changement et variabilité climatique. Cependant, même si nous constatons que ces deux concepts sont souvent utilisés ensemble, il existe des différences entre elles.
Selon la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC, 2008) : le changement climatique est tous les changements attribuables directement ou indirectement aux activités humaines qui affectent la composition de l’air atmosphérique et qui s’ajoutent à la variabilité du climat. Le GIEC quant à elle définit le changement climatique comme une variation statistiquement significative dans l’état moyen du climat qui peut être due à la variabilité naturelle ou aux activités humaines. Il ressort de ces deux définitions que le changement climatique est causé par les actions anthropiques alors que la variabilité climatique se réfère à la variation naturelle intra et interannuelle du climat. Ainsi, la notion de variabilité et de changement climatique désigne la modification ou variation significative du climat, qu’elle soit naturelle ou due aux facteurs d’origine anthropique (Niasse M., Afouda A., et Amani A., 2004). Cette définition est plus simple et prend en compte en même temps la définition donnée par la CCNUCC et le GIEC.
Vagues de chaleur
On parle de vagues de chaleur lorsqu’on observe des températures anormales élevées pendant plusieurs jours consécutifs. Il n’existe pas une définition consensuelle des vagues de chaleur compte tenu de la diversité des paramètres régionaux ou locaux dus à la chaleur. De plus, les climats et les sites géographiques diffères d’un endroit a un autre et, les capacités d’adaptations des populations ne sont pas les mêmes. En Belgique, une vague de chaleur est définie comme suit : une période d’au moins trois jours consécutifs avec une température moyenne minimale (moyenne sur les trois jours et non par jour) de plus de 18,2 °C est une température moyenne maximale supérieure à 29,6 °C valeurs relevées à Uccle .
Les météorologistes français définissent une vague de chaleur comme une période pendant laquelle la température maximale dépasse le seuil de 30,0°C. Les américains définissent une vague de chaleur comme une période pendant laquelle la température maximale dépasse le seuil de 32,2°C pendant trois jours consécutifs. Aux Etats-Unis, le National Service of Meteorology a proposé une autre définition basée sur la notion d’indice de chaleur Hi. Une vague de chaleur est définie alors comme la persistance d’un indice de chaleur diurne supérieur ou égal à 40,6°C associé à un indice de chaleur nocturne supérieur ou égal à 26,7°C pendant au moins 48 h. Ce seuil est revu à la hausse sur le territoire américain en fonction de la fréquence de dépassement : pour les stations où 1 % des observations dépassent les seuils diurne et nocturne, le seuil est établi au 1er percentile des observations (INVS) . L’institut Royal météorologique des Pays Bas définit une vague de chaleur comme une température maximale quotidienne de 25°C ou plus pendant cinq jours (estivaux) et atteignant en outre au moins 30°C pendant trois jours (tropicaux) au cours de cette période. L’OMM définit une vague de chaleur comme « un réchauffement important de l’air, ou une invasion d’air très chaud sur un vaste territoire généralement sur une période de quelques jours a quelques semaines ».
Cependant au Canada, on utilise l’indice Humidex (30 à 39) pour exprimer les effets combinés de la chaleur et de l’humidité qui est associé à un degré variable d’inconfort, alors qu’à partir d’un indice de 40, presque toutes les personnes sont inconfortables. Environnement Canada émet un avertissement de chaleur lorsque la température ambiante atteint 30 °C et que l’indice Humidex est de 40. Bien qu’il n’existe pas de véritable définition d’une vague de chaleur, elle désigne généralement une période d’au moins trois jours consécutifs où la température de l’air est supérieure à 32 °C13 (DSPM., 2004).
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Table des matières
INTRODUCTION
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
I. Problématique de recherche
II. Présentation du cadre d’étude
III. Méthodologie de recherche
PREMIERE PARTIE : EVOLUTION ET VARIABILITE DES PARAMETRES CLIMATIQUES
I. Présentation et étude du cadre physique
II. Evolution et variabilité des températures (2009-2014)
III. Analyse des paramètres climatiques en relation avec la vague de chaleur de mai 2013
DEUXIEME PARTIE : SITUATION EPIDEMIOLOGIQUE ET INCIDENCES SANITAIRES DE LA VAGUE DE CHALEUR DE MAI 2013
Chapitre I : situation épidémiologique dans les départements de Dagana et Podor
Chapitre II : la morbidité ressentie
TROISIEME PARTIE : PROPOSITION D’UNE MISE EN PLACE D’UN SGVC
Chapitre I : les systèmes d’alerte précoce
Chapitre II : systèmes d’alerte précoce pour prévenir les risques sanitaires liés aux vagues de chaleur
CONCLUSION GENERALE
