Imprégnation technique auprès du CTHA

« Réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim » est l’un des huit objectifs essentiels du Millénaire pour le Développement à atteindre d’ici 2015. Dans cette même optique, le Projet de Mise en Valeur du Haut Bassin de Mandrare (PHBM) est un projet intégré initié à la suite de la disette de 1991 qui a été provoquée par une succession d’années sèches dans la Région Sud de Madagascar (9). Conformément à la mission du Fonds International de Développement Agricole (FIDA) qui est d’éliminer la pauvreté et la faim dans les pays en développement, l’objectif général du projet phase II serait principalement ce retenu dans le référentiel national du Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR) et en particulier de contribuer à la réduction de la pauvreté rurale, notamment, à travers (i) la diversification et l’accroissement de manière durable des revenus des ménages, (ii) l’amélioration de leur sécurité alimentaire et (iii) la restauration et gestion durable des ressources naturelles (10).

Par conséquent, la promotion des filières identifiées porteuses et dont le potentiel de production est confirmée, à l’exemple des cultures maraîchères comme l’ail ou encore l’oignon et le piment, constitue une des stratégies adoptées. La filière ail, plus connu sous les noms vernaculaires de « tongolo lay » ou « tongolo gasy » et figurant depuis six mille ans parmi les plantes les plus utilisées du monde (26), tant pour la cuisine que pour ses propriétés médicinales (24), a alors connu un fort développement ces dernières années, correspondant à la phase de lancement, suite aux appuis du projet avec une prévision minimum de 200 tonnes pour la campagne 2007. Cependant, la commercialisation de cette production pourrait constituer un goulot d’étranglement à la pérennisation de la filière du fait de la taille limitée du marché local mais aussi de l’accessibilité de la zone par rapport aux grands centres de consommation. De plus, la zone n’a pas encore la réputation d’être productrice d’ail. De leur côté, les opérateurs commerciaux ont l’habitude de s’approvisionner dans d’autres zones.

Pourtant le bassin du Mandrare, qui était auparavant une région aride, est devenu une zone d’expansion économique, exportant annuellement 25 000 tonnes de paddy à toute la région d’Anosy et possédant 5 000 ha de petites et moyennes parcelles rizicoles (PHBM II, 2007). Malgré donc les enjeux majeurs, tels que l’émergence de la zone de Taolagnaro comme pôle intégré de croissance ainsi que la décision d’investissement pour l’exploitation de l’ilménite dans cette région, l’écoulement de la production d’ail serait la problématique pour la zone du Haut Bassin du Mandrare, considérée comme « grenier alimentaire » pour la région Anosy et le Sud en général. Il est à signaler que faute de débouché, le lancement de la filière chou dans la zone fut un échec. Si l’ail est un produit qui intéresse le marché local et le marché extérieur, 7% seulement de la production nationale sont exportés en 2003 (13). Ce pourcentage est en baisse ces dernières années du fait d’une offre insuffisante au niveau national et ne répondant pas aux exigences du marché extérieur.

Les paysans producteurs et le Projet PHBM ont alors un besoin urgent d’outils d’aide à la décision sur la situation actuelle de la filière en général. Une analyse de la place de l’ail dans les exploitations est jugée utile pour mettre en évidence sa qualité de spéculation génératrice de revenu. Une étude de la filière centrée sur une analyse du marché et sur les perspectives d’évolution de celle-ci est jugée fondamentale en vue d’établir une stratégie de développement de la filière suivant ses caractéristiques. Ce sera une manière d’éclairer et de convaincre les différents acteurs que le Haut Bassin du Mandrare (HBM) pourra devenir une nouvelle zone à forte potentialité en ail aussi bien en qualité qu’en quantité.

Recherches bibliographiques et navigations sur Internet 

Les études bibliographiques ont permis de connaître la situation existante, les techniques culturales, mode de conservation, les maladies et ravageurs, les différents acteurs de la filière et les zones agro écologiques favorables à la production d’ail. L’état des lieux de ces différents bassins de production a été recoupé par des enquêtes sur terrain. Cette phase a permis de confirmer la première hypothèse. Les recherches ont été effectuées au siège du PHBM, au sein des centres de documentation de l’INSTAT, du FOFIFA, du CTHA, du CITE, de la FAO, au sein des bibliothèques de l’ESSA, du Département de l’Agro-Management ou encore de la bibliothèque municipale. Pour compléter les études bibliographiques, la navigation sur Internet a été indispensable surtout pour les marchés internationaux.

Imprégnation technique auprès du CTHA 

Pour mieux se familiariser avec les pratiques relatives à la production de l’ail et pour faciliter les entretiens avec les producteurs ou d’autres acteurs de la filière, la plante et son environnement ainsi que la culture proprement dite de l’ail ont été approfondis auprès du CTHA.

Entretiens avec les personnes ressources 

Pour mieux appréhender l’environnement actuel de la filière et se familiariser avec celle-ci, des entretiens avec des personnes ressources telles que le personnel du PHBM, les représentants des producteurs, les autorités locales étaient indispensables. Ceci a permis non seulement de formuler la problématique ainsi que les objectifs de l’étude mais aussi de confronter les hypothèses émises.

Elaboration du questionnaire
Pour faciliter l’entretien, à chaque catégorie d’acteurs concernée correspond un questionnaire. Ainsi, les producteurs, les acteurs de la commercialisation : grossistes, détaillants, collecteurs, démarcheurs, grandes surfaces, les organismes d’appui et les restaurateurs ont leurs guides d’entretien respectifs . Cette phase a permis de mener une réflexion sur le choix des zones d’enquête. Elle a aussi servi à mieux orienter les interventions sur terrain.

Phase opérationnelle 

Dans cette phase, le choix des zones d’enquêtes et des acteurs à enquêter ainsi que la collecte d’informations sur terrain ont été abordés.

Choix des zones d’enquêtes et des acteurs à enquêter

Le choix des zones d’enquête a été surtout fixé à partir de l’objectif de l’étude, à savoir ressortir un diagnostic approfondi de la situation actuelle à travers les différents acteurs de la filière et élaborer une stratégie de développement en fonction des marchés au niveau local, régional, national voire internationale. Par conséquent, les zones suivantes ont été concernées par les collectes d’informations du fait de leurs potentialités de production respectives ainsi que de la concurrence et/ou de la complémentarité entre elles :
– Zone d’intervention du Projet dans le Haut Mandrare : région Anosy
– Betafo, Andrangy, Ibity : région Vakinankaratra
– Partie Nord d’Antananarivo : région Analamanga
– Ambatondrazaka : région Alaotra Mangoro.

Il aurait été intéressant de pouvoir faire des collectes de données dans les autres bassins de production de la partie Sud de l’île comme Mananovy, zones concurrentes directes de Tsivory. Mais les informations relatives à ces zones ont été puisées dans la documentation puisque l’investigation est non seulement axée sur les potentialités régionales mais surtout sur le marché national et à l’export. Les opérateurs se trouvent principalement en dehors de cette partie de Madagascar.. Pour la zone d’intervention du Projet, l’échantillonnage a été formé à partir de la délimitation géographique de ladite zone.

De plus, différents marchés ont été abordés à travers les différents acteurs ; exportateurs, grossistes, détaillants et restaurateurs ont été rencontrés pour cerner les logiques comportementales de ces derniers et pour apprécier les capacités d’absorption des grands centres de consommation en complémentarité avec l’estimation de la production nationale :
– Ceux d’ Ambodivona / Andravoahangy et d’Anosibe ont été choisis du fait que la plupart des transactions s’y déroulent avant d’être réparties dans toute l’île ; ceux-ci ont été appuyés par le marché d’Isotry, les GMS de la capitale, la société CODAL ;
– Le marché de Talatavolonondry puisque c’est un marché de l’ail et de l’oignon reconnu localement, un lieu de rencontre entre les producteurs et les collecteurs. Cette partie de la capitale produit une grande partie de la production nationale ;
– Celui de Taolagnaro, marché de Tanambao ainsi que les restaurateurs, en raison de son proximité par rapport à la zone de production du Haut Mandrare ;
– Celui de Sabotsy, à Antsirabe, en raison de sa capacité de production et de sa situation géographique reliant la capitale avec la partie Sud de l’île ;
– Celui de Toamasina, bazar kely et bazar be, à cause de l’existence de port d’embarquement. La société transformatrice et exportatrice d’ail, PAPY, a été également sollicitée.

Par ailleurs, des collectes d’informations ont eu lieu auprès de l’Administration et de ses représentants tels que élus locaux, MEPSPC et autres, mais aussi auprès des organismes d’appui afin d’analyser le fonctionnement et l’organisation institutionnelle de la filière .

Collecte d’informations brutes sur la filière : enquête formelle 

Ce sont les enquêtes définitives menées auprès des paysans producteurs et des autres acteurs de la filière après l’élaboration des questionnaires et le choix des zones d’enquête. Une explication préalable de l’objet de l’étude a abouti à leur consentement à répondre en toute confiance. Au total, 91 acteurs de la production ont pu être approchés, dont les noms et la répartition par région figurent en Annexe II. La phase de collecte des informations sur cette filière s’est étalée du mois d’octobre au mois de décembre 2006 puis renforcée aux mois de mai et de juin 2007 sur les Hautes Terres. Elle a été en même temps combinée à celles des filières oignon et piment, toujours pour le projet PHBM.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. METHODOLOGIE
1 Phase exploratoire
1.1 Recherches bibliographiques et navigations sur Internet
1.2 Imprégnation technique auprès du CTHA
1.3 Entretiens avec les personnes ressources
1.4 Elaboration du questionnaire
2 Phase opérationnelle
2.1 Choix des zones d’enquêtes et des acteurs à enquêter
2.2 Collecte d’informations brutes sur la filière : enquête formelle
3 Limites rencontrées
3.1 Au niveau des bassins de production
3.2 Au niveau du marché local
3.3 Au cours de l’étude du marché extérieur
4 Traitement des données et la rédaction
4.1 Evaluation de la production nationale
4.2 Taille du marché
4.3 Situation de l’exportation malgache
4.4 Analyse économique
4.5 Décomposition du prix
4.6 Diagnostic FFOM
II. RESULTATS
1 Contexte national de la production d’ail
1.1 Allium sativum
1.2 Plusieurs bassins de production
1.2.1 La partie Nord d’Antananarivo : région Analamanga
1.2.2 Betafo, Andrangy : région Vakinankaratra
1.2.3 La région du Sud de Madagascar : régions d’Anosy, d’Androy, du Sud-Ouest
1.3 Saisonnalité de la production
1.4 Variétés existantes exploitées
1.5 Technique de production
1.6 Moyens d’exploitation ou input
1.6.1 Foncier : lieu de culture
1.6.2 Intrants agricoles
1.6.3 Matériels et équipements agricoles
1.6.4 Force de travail
1.6.5 Crédit
1.7 Conduite culturale : bon choix par les producteurs du Haut Mandrare
1.7.1 Les opérations pré – récolte et la récolte
1.7.2 Les opérations post – récolte
1.7.3 Ennemis de la culture
1.8 Système de culture
1.9 Environnement institutionnel
2 Analyse socio-économique de la filière
2.1 Base du choix de la filière ail
2.2 Place économique et sociale de l’ail
2.3 Analyse de la rentabilité de l’exploitation
3 Commercialisation de la filière
3.1 Acteurs de la filière
3.1.1 Producteurs
3.1.2 Démarcheurs
3.1.3 Collecteurs
3.1.4 Exportateurs
3.1.5 Transitaires
3.1.6 Grossistes
3.1.7 Détaillants
3.1.8 Grandes et moyennes surfaces
3.2 Etude du marché local : faible connaissance du HBM
3.2.1 Situation de l’offre
3.2.2 Situation de la demande
3.2.3 Analyse des prix
3.3 Etude du marché de Taolagnaro
3.3.1 Situation de l’offre
3.3.2 Situation de la demande : faible absorption du marché
3.3.3 Décomposition du prix
3.4 Circuit de distribution d’ail en provenance du Haut Mandrare
3.5 Etude du marché extérieur
3.5.1 Situation de l’offre : domination de la Chine au niveau mondial
3.5.2 Situation de la demande : marché régional très demandeur
3.5.3 La situation de l’exportation malgache en volume
3.5.4 Analyse des prix
3.6 Distribution de la marge par acteur
4 Menaces et opportunités pour le Haut Mandrare
III. DISCUSSIONS
1 Etude comparative des zones de production
1.1 Forces de la zone de production du Haut Mandrare
1.1.1 Organisation en amont
1.1.2 Actions de sensibilisation et d’appui du PHBM
1.1.3 Réceptivité des paysans
1.1.4 Qualité des produits
1.1.5 Activité rémunératrice
1.1.6 Prix des produits
1.1.7 Existence de Radio locale
1.1.8 Climat atmosphérique sec
1.1.9 Sécurisation foncière
1.1.10 Voie de desserte des produits
1.2 Forces de la zone de production des Hautes Terres
1.3 Faiblesses de la zone de production du Haut Mandrare
1.3.1 Situation géographique
1.3.2 Etat des infrastructures de communication
1.3.3 Protection phytosanitaire et fertilisation
1.3.4 Faiblesse de la maturité des associations en terme de commercialisation
1.4 Faiblesses de la zone de production des Hautes Terres
2 Facteurs limitant le développement de la filière ail dans le Haut Mandrare
2.1 Facteurs liés à la production d’ail
2.2 Facteurs liés à l’organisation de la filière
2.3 Facteurs liés à la commercialisation
3 Place du Haut Mandrare avec les éléments moteurs du développement de la filière ail dans la zone
4 Recommandations
4.1 Renforcement de la capacité productive
4.1.1 Formation des paysans sur l’amélioration de l’itinéraire technique
4.1.2 Suivi mensuel par les techniciens vulgarisateurs
4.1.3 Test de variétés d’ail
4.1.4 Test de plantations décalées
4.1.5 Test de production de semences locales
4.1.6 Echanges d’expériences en multiplication de semences
4.1.7 Capitalisation des différents essais et tests
4.2 Amélioration sur le plan organisationnel et institutionnel
4.2.1 Amélioration de l’accès aux ressources
4.2.2 Renforcement de la capacité organisationnelle des OP
4.3 Développement de la commercialisation d’ail
4.3.1 Décalage de la période de vente d’une partie de la production par un stockage efficace
4.3.2 Création des points de ralliement des produits pour faciliter les contacts avec les opérateurs
4.3.3 Accompagnement des producteurs dans les négociations avec les opérateurs : organisation de visite sur terrain des opérateurs et des rencontres avec les producteurs
4.3.4 Mise en place d’un système de communication rapide pour les opérateurs
4.3.5 Mise en place d’un système de base d’informations : collecte et diffusion des informations dans les deux sens, du marché vers les producteurs et vice versa
4.3.6 Poursuite des actions de promotion de la zone et des produits
4.3.7 Formation en marketing agricole – négociation et prospection de marché – gestion financière simplifiée
4.3.8 Assainissement du commerce de l’ail
4.3.9 Amélioration des infrastructures routières
CONCLUSION

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