Importances du gombo: potentialités alimentaires et intérêt socio-économique
Le gombo (Abelmoschus esculentus) est une plante exceptionnelle et originale car toutes ses parties (racines, tige, feuilles, fruits et graines) sont valorisées sur les plans alimentaire, médicinal, artisanal et même industriel (Marius et al., 1997).
Les feuilles et les fruits immatures du gombo sont consommés comme légumes. Ils confèrent aux sauces une consistance mucilagineuse gluante très caractéristique. Les fruits très parfumés gagnent à être consommés avant que les graines ne durcissent, car celles-ci sont très nutritives lorsqu’elles sont immatures (Dupriez et Leener, 1987). Les graines torréfiées de gombo sont employées dans certaines régions du Nigeria comme substitut du café (Siemonsma et Hamon, 2004). Il a été montré également que l’eau extraite à partir des polysaccharides du gombo pourrait être utilisée comme substitut de blanc d’œuf (Constantino et al., 2006). La graine constitue une source de protéines (20% de la Matière Sèche: M.S) et d’huile végétale (14% de la M.S) (Martin et Ruberte, 1978 ; Shadmanov et Nigmatova, 1976; Charrier, 1983). L’huile issue des graines de gombo est riche en protéines et en éléments minéraux comme le phosphore, le magnésium, le calcium et le potassium (Nzikou et al., 2006). Le gombo est assez pauvre en vitamines mais sa valeur nutritive est meilleure, certes loin derrière la carotte mais devant la tomate (Hamon et Charrier, 1997). En médecine, des études réalisées en Chine ont révélé qu’un extrait alcoolique de feuilles de gombo est susceptible d’éliminer les radicaux libres de l’oxygène, d’améliorer les fonctions rénales et de réduire la protéinurie (Siemonsma et Kouame, 2004). Il existe même des variétés qui sont recommandées pour faciliter ou enrichir la nutrition des malades. De même, ses vertus thérapeutiques ont été argumentées par Lapointe (1987) et Nacoulma (1996). Les feuilles sont parfois utilisées comme base de cataplasmes, comme émollient, sudorifique ou antiscorbutique et pour traiter la dysurie (Siemonsma et Hamon, 2004). Les jeunes fruits contiennent un mucilage ayant des propriétés variées de stabilisateurs des dispersions, substitut de plasma sanguin, fluidifiant des systèmes liquides et sanguin (Martin et al., 1981 ; Marius et al., 1997). Les graines sont antispasmodiques et stimulantes et leur infusion a des propriétés sudorifiques (Chopra et al., 1986).
La tige est constituée de fibres qui sont utilisées localement pour la confection de cordes, de sacs, de paniers, de lignes de pêche et de pièges à gibier. Les fibres servent aussi dans l’industrie textile et dans la fabrication de papier et de carton (Marius et al., 1997 ; De Lannoy, 2001 ; Siemonsma et Hamon, 2004 ; Shamsul et Arifuzzaman, 2007). Les graines de gombo constituent une source d’huile à usage comestible après raffinage (Nzikou et al., 2006).
Production mondiale
Selon les données de la FAOSTAT (2015), la production mondiale de gombo pour l’année 2013 était estimée à 8 946 599 tonnes. Les principaux pays producteurs dans le monde étaient l’Inde (6 350 000 tonnes), le Nigéria (1 100 000 tonnes), le Soudan (263 263 tonnes), le Soudan du Sud (257 100 tonnes) et l’Irak (142 409 tonnes). Pour la même année, la production nationale de gombo au Sénégal était estimée à 23 711 tonnes soit 0,27% de la production mondiale.
Stress et salinité
Salinité
Salinisation
La salinisation est un processus d’enrichissement du sol en sels solubles qui aboutit à la formation d’un sol salin (Keren, 2000 ; Levy, 2000 ; Brady et Weil, 2002 ; Essington, 2004). D’après François (2008), la salinisation est un phénomène par lequel un sol devient sursalé. Elle résulte le plus souvent de l’irrigation de sols mal drainés sous climat aride. La stagnation de l’eau dans les couches superficielles du sol par défaut de drainage se traduit par une accumulation de sels dans les horizons les plus superficiels, car les mouvements ascendants, liés à la forte évaporation due au climat chaud et aride, excèdent de beaucoup l’infiltration et donc le lessivage . Selon Mermoud (2001), ce phénomène d’accumulation des sels solubles (en particulier le sodium) à la surface du sol et dans la zone racinaire, occasionne des effets nocifs sur les végétaux qui vont induire une diminution des rendements et une stérilisation du sol.
La salinisation des sols est un processus anthropogénique, alors que la salinité du sol est un élément naturel et un facteur écologique constitué par la teneur en sel (5‰ NaCl) des eaux ou des sols (François, 2008). La salinité découle de la présence de solutés majeurs dissouts dans les eaux ou dans les sols. C’est la mesure de la totalité des sels dissouts, (Slama, 2004). C’est un facteur limitant pour de nombreux écosystèmes. L’excès de sel dans les sols empêche le développement d’une végétation normale, seules quelques plantes halophiles pouvant y croître.
La salinisation des terres est un problème majeur à l’échelle du globe. Selon les estimations récentes, elle a déjà affecté au moins 400 millions d’ha et en menace gravement une surface équivalente (Baatour et al., 2004 ; IRD, 2008). Le monde perd en moyenne 10 hectares de terres cultivables par minute dont 3 ha (plus de 1,5 Mha par an) à cause de la salinisation (Kovda, 1983). En Afrique, près de 40 Mha sont affectés par la salinisation, soit près de 2% de la surface totale. Au Sénégal, sur les 3,8 M ha cultivables, plus de 1,23 M ha sont affectés par la salinisation (MEPN, 2005).
Origine de la salinité
Bien que l’altération des roches et les minéraux primaires soit la principale source de tous lessels, les sols salés sont rarement formés par accumulation de sels in situ. Plusieurs causes sont à l’origine de ce phénomène (Maillard, 2001).
❖ Salinisation primaire (ou naturelle)
La salinisation des terres est à 80% d’origine naturelle. On parle alors de salinisation « primaire » (Mashali et al., 2005). Elle est liée purement au sol, où les sels solubles se forment essentiellement d’un processus d’altération des roches mères (Le Goupil, 1974) ou à des apports naturels externes (Mashali et al., 2005) . Ce type de sol est très fréquent dans les zones arides dû à une évapotranspiration potentielle du sol qui dépasse largement la quantité d’eau arrivée au sol (Antipolis, 2003).
❖ Salinisation secondaire (anthropique)
Les 20% des terres salinisées ont une origine « anthropique »: on parle alors de salinisation « secondaire » (FAO, 2008). Cette dernière est le résultat des activités humaines modifiant l’équilibre hydrologique du sol entre l’eau appliquée (irrigation ou pluie) et l’eau utilisée par les cultures (transpiration). Les sols peuvent être affectés par une salinisation secondaire due principalement au défrichement et au remplacement de la végétation pérenne par les cultures annuelles (Antipolis, 2003), ainsi qu’à l’irrigation des terres avec une eau de mauvaise qualité (eau saline), un lessivage insuffisant et un drainage défaillant (Le Goupil, 1974). De même, l’emploi des engrais d’une manière excessive et sans lessivage peut aggraver le problème de salinité. Exemple: emploi du KCl sur un sol à salure chlorurée. (Bakhti, 2005).
Genèse d’un sol salin et/ou sodique
La formation d’un sol salin ou sodique résulte généralement de l’accumulation des sels dans les horizons de surface (Churchman et al., 1993 ; Naidu et Rengasamy, 1993 ; Sumner, 1993 ; Keren, 2000 ; Levy, 2000 ; Brady et Weil, 2002 ; Essington, 2004). Les paramètres les plus importants qui manifestent la genèse d’un sol salin sont le régime hydrique du sol, la forme des sels, les conditions climatiques et la texture des sols. Les sels les plus communs et présents dans le sol correspondent aux cations Ca2+, Mg2+, Na+ , K+ , et aux anions Cl- , SO4²⁻ , CO3²⁻, NO3- . De même, les éléments traces tels que le bore, le sélénium, l’arsenic et le molybdène sont considérés comme d’autres sels moins courants et plus toxiques à faibles concentrations (Keren, 2000 ; Essington, 2004). De façon analogue à la formation d’un sol salin, un sol devient sodique lorsque la proportion d’ions Na+ dépasse celle des autres électrolytes de plusieurs ordres de grandeur (Sumner, 1993 ; Levy, 2000 ; Essington, 2004). Cela dépend de la source de sels mais aussi des conditions physico-chimiques du sol.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Gombo
1.1.1. Origine et répartition géographiques
1.1.2. Systématique et description botanique
1.1.2.1. Taxonomie et diversité génétique
1.1.3. Abelmoschus esculentus Var. Clemson Spineless
1.1.4. Biologie et mode de reproduction
1.1.5. Importances du gombo: potentialités alimentaires et intérêt socio-économique
1.1.6. Production mondiale
1.1.7. Les ennemis du gombo et les moyens de lutte
1.2. Stress et salinité
1.2.1. Salinité
1.2.2. Stress
1.3. Nutrition potassique
1.3.1. Fertilisation potassique et adaptation de la plante
1.3.2. Ratio K+/Na+ dans le mécanisme d’adaptation de la plante au stress salin
II. MATERIEL ET METHODES
2.1. Site de l’expérimentation
2.2. Matériel végétal
2.3. Méthodes
2.3.1. Conduite de culture
2.3.3. Paramètres mesurés
2.3.4. Analyses statistiques
III. RESULTATS
3.1. Influence du NaCl et du potassium sur la croissance du gombo
3.1.1. Effet du NaCl sur les paramètres de croissance
3.1.2. Effet du potassium sur les paramètres de croissance
3.1.3. Effet de l’interaction du NaCl et du potassium sur les paramètres de croissance
3.2. Influence du NaCl et du potassium sur la biomasse et le rendement et ses paramètres
3.2.1. Effet sur les biomasses fraîches (aérienne et racinaire)
3.2.2. Effet sur les biomasses sèches (aérienne et racinaire)
3.2.3. Influence sur le rendement et les caractéristiques du fruit
IV. DISCUSSION
4.1. Effet du potassium sur les plants de gombo
4.2. Effet du NaCl sur les plants de gombo
4.3. Effet de la combinaison NaCl-potassium sur les plants de gombo
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE