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Diversité des abeilles domestiques d’Afrique
En Afrique de l’ouest, il existe une uniformité des abeilles tropicales qui serait plutôt due à une absence d’études morpho-métriques sur les populations (Hepburn, 1998). Toutefois, des études ont montré l’existence de deux lignées de l’Est à l’Ouest présentes sur le territoire Africain, avec des colonies de nature intermédiaire qui ont des caractères de l’une ou l’autre race selon les régions d’étude à savoir : A. mellifera jemenitica présent au Soudan et au Mali et A. mellifera adansonii dans la région couvrant le Sénégal, le Bénin, le Nigéria (Ruttner, 1987). Aussi, des études génétiques des différentes races d’abeilles ont montrées en Afrique, la présence d’A. mellifera nigritarium au Sud du Sahara en plus d’A. mellifera adansonii (Franck et al., 2001).
Au Sénégal deux sous espèces d’abeilles mellifères sont rencontrés. L’une sans aiguillon, de la sous famille des Méliponinae du genre Trigona qui vivent en société soit dans les cavités des arbres, soit sous terre. Ces abeilles sont semblables à Apis mellifera adansonii mais elles sont beaucoup plus petites que ces dernières. Elles sont rencontrées dans le Sénégal oriental (N’diaye, 1974).
L’autre est Apis mellifera adansonii rencontré un peu partout au Sénégal et de façon dominante à l’état sauvage.
Selon divers auteurs (Linder, 1967; Lavy, 1969 ; Douhet, 1970 ; Pelled, 1970 ; Mathis, 1974), Apis mellifera adansonii est généralement caractérisée par sa grande activité qui fait d’elle une grande productrice de miel, sa grande capacité de survie selon Pelled (1970), sa grande prolificité et enfin sa facile adaptabilité à l’apiculture moderne. Cependant, l’on déplore chez cette abeille sa tendance à l’essaimage, voire à l’abandon de la ruche et son agressivité vis-à-vis de l’homme qui dépasse de beaucoup celle des abeilles d’Europe et d’Amérique.
Notions générales sur les abeilles
Les abeilles font partir de la classe des insectes et sont donc caractéristiques de cette classe. Leur corps est divisé en trois segments (tête, thorax et abdomen) marqué par un étranglement. Le corps est protégé par un exosquelette comprenant à l’intérieur un hypoderme suivi d’une cuticule où l’on trouve de la cuticuline (rigide et imperméable), de la chitine (souple et perméable) et de la mélanine pigment dont la couleur peut varier du jaune au noir et enfin à l’extérieur une fine couche cireuse et un corps recouvert de poils.
Anatomie externe et interne de l’abeille
Anatomie externe
Tête
Elle est composée d’yeux qui assurent la vision et situés sur la face, d’antennes et de pièces buccales.
Vision : elle est assurée par une paire d’yeux composés (4000 à 6000 ommatidies ou facettes hexagonales) qui assurent aussi l’orientation du vol par rapport au soleil. En plus, trois yeux simples ou ocelles, situés au sommet de la tête, leur permettent de percevoir, entre autres, les changements de luminosité
(Jean-prost, 2005).
Antennes : elles sont constituées de 10 articles chez les femelles et 11 chez les mâles. Au nombre de deux, elles assurent la majorité des sens par des organes sensoriels parmi lesquels nous pouvons citer l’odorat, l’ouïe. Ces
dernières assurent également le captage des variations d’humidité, de température ou encore du niveau de CO2 (Jean-prost, 2005).
appareil buccal : chez les abeilles, il est de type broyeur-lécheur. Les abeilles possèdent deux puissantes mandibules, qui servent à réaliser de nombreuses tâches comme malaxer la cire, ou encore mordre les ennemis. Une trompe, constituée de cinq pièces buccales (Figure 3) : la langue ou glosse, deux palpes labiaux, deux palpes maxillaires, leur permet d’aspirer le nectar des fleurs.
Thorax
Composé de trois segments soudés, le thorax est la partie du corps de l’abeille qui se trouve entre la tête et l’abdomen. Chaque segment du thorax porte une paire de pattes, chacune ayant la même organisation fondamentale et composé de plusieurs articles. Ainsi nous avons du corps vers l’extrémité des pattes le coxa (ou hanche), le trochanter, le fémur, le tibia, et le tarse divisé en cinq articles.
Abdomen
L’abdomen se divise en sept segments chez la femelle, huit chez le mâle, dont le premier qui marque l’étranglement entre l’abdomen et le thorax est uni à celui-ci.
Anatomie interne
Système digestif
Chez l’abeille, il est subdivisé en intestin antérieur, moyen et postérieur. Le système digestif comprend aussi des glandes annexes et le tube de Malpighi qui représente le système excréteur.
Intestin antérieur : il comprend le pharynx, l’œsophage et le jabot. Il débute juste en arrière de la gouttière linguale. Le pharynx permet le pompage de la nourriture liquide. L’œsophage est le lien entre le pharynx et le jabot. Le jabot sert de lieu de stockage de miel ou de nectar et peut contenir 50 à 70 ml de liquide ;
Intestin moyen est séparé de l’intestin antérieur par le pro-ventricule. Il est composé du ventricule, estomac de l’abeille qui héberge un grand nombre de bactéries et champignons qui jouent un rôle important dans la digestion du pollen ;
Intestin postérieur est séparé de l’intestin moyen par le pylore, il est divisé en duodénum et rectum. Quelques processus digestifs ont lieu dans le duodénum et le rectum sert principalement de stockage des excréments de l’abeille ;
Glandes annexes sont composées des glandes hypo pharyngiennes, situées dans la tête de l’abeille et produisent de la gelée royale chez les jeunes nourrices. Lorsque l’ouvrière vieillit, ces glandes sécrètent de l’invertase, enzyme qui intervient dans l’élaboration du miel en transformant le saccharose en glucose puis en fructose. Les glandes mandibulaires interviennent dans la sécrétion d’une fraction de la gelée royale et dans l’élaboration de la cire. Les glandes labiales sont formées des glandes post cérébrales placées dans la tête et des glandes thoraciques situées dans le thorax. Leurs sécrétions, produites à la base de la langue, humectent les aliments solides pour faciliter leur prélèvement (Adam, 2010a).
Système respiratoire et circulatoire
Chez les insectes, ces deux systèmes sont séparés. Le « sang » ou plus exactement l’hémolymphe n’a pas pour fonction le transport de l’oxygène. Les abeilles ont un appareil respiratoire trachéen. L’air entre par les stigmates et est distribué jusqu’aux organes et aux muscles via de tous petits tubes trachéaux. Il existe trois paires de stigmates thoraciques et sept paires de stigmates abdominaux chez l’ouvrière (Figure 6).
Le système circulatoire des abeilles est ouvert (Figure 7) : il n’y a pas de vaisseaux qui irriguent chaque organe, ces derniers baignant directement dans l’hémolymphe. Seuls un cœur tubulaire, le vaisseau dorsal et une aorte mettent en circulation l’hémolymphe de l’abdomen vers la tête. La contraction des muscles permet ensuite de ramener l’hémolymphe vers l’abdomen, afin qu’il puisse être pompé de nouveau par le cœur dorsal (Adam, 2010a).
Système reproducteur
La fonction principale des abeilles mâles est de féconder la reine afin de perpétuer la colonie. Ils ont donc un appareil génital développé, mais leur maturité sexuelle n’est atteinte qu’à partir d’une dizaine de jours après leur naissance (Adam, 2010a). Ils produisent des spermatozoïdes au niveau de leurs testicules. Après leur production, les spermatozoïdes sont acheminés dans les vésicules séminales via un canal déférent (figure 8), dans lesquelles ils sont stockés. Deux grosses glandes à mucus accessoires sont annexées au système reproducteur, elles ont pour fonction de protéger le sperme autour de la copulation (Adam, 2010b). Leur appareil copulateur est constitué d’un endophallus, à usage unique. En effet, lorsqu’un mâle « féconde » la reine, il meurt assez rapidement puisque ses organes copulateurs restent ancrés dans les voies génitales de celle-ci. On a longtemps pensé que le vol nuptial était unique, ce qui est remis en cause aujourd’hui ; la reine peut réaliser plusieurs vols nuptiaux à partir d’une semaine environ (Adam, 2010b), après son émergence.
Alimentation des abeilles
Alimentation des larves
Toutes les larves reçoivent de la gelée royale pendant leurs trois premiers jours de leur vie. Toutefois, il existe déjà des inégalités entre les larves d’ouvrières et les larves royales qui sont nourries en plus grande abondance (Jean-prost, 2005). Puis, le régime alimentaire des larves d’ouvrières change. Elles sont ensuite nourries de gelée nourricière ou « pain d’abeille » qui est constituée d’un mélange de pain de pollen, de miel et d’eau, alors que les larves royales recevront de la gelée royale pendant toute la durée de leur développement. Le pain de pollen est le pollen mélangé aux sécrétions des glandes hypo pharyngiennes et mandibulaires des nourrices : il a subi une fermentation lactique en relation avec le développement d’une flore bactérienne spécifique composée de Pseudomonas, Lactobacillus et Saccharomyces (Pain et Maugenet, 1966), ce qui assurera une meilleure conservation et facilitera sa digestion par les abeilles. C’est l’unique source de protéines des abeilles.
Alimentation des adultes
Le régime alimentaire des adultes est à base de miel, de pollen et d’eau. La nourriture destinée aux jeunes ouvrières est différente de celle destinée aux ouvrières plus âgées (Jean-prost, 2005) : la jeune ouvrière et les nourrices consomment plus de pollen afin de terminer leur développement (Adam, 2010a) alors que les plus vieilles s’alimentent principalement de nectar et de miel. Le miel, source de glucides, fournit l’énergie aux abeilles alors que le pollen est, pour rappel, la source protéique et lipidique. La reine peut se nourrir elle-même mais elle est principalement nourrie par des ouvrières, en fonction de son activité de ponte, d’un mélange de miel et de gelée royale.
Importance de l’abeille dans l’environnement
L’abeille tient une place très importante dans la société actuelle et cette importance se laisse entrevoir à travers la biodiversité, l’économie et la pollinisation. La conservation de la biodiversité et la pollinisation des cultures sont les services les plus importants fournis par les abeilles (Bradbear, 2010).
Rôle de pollinisation
La pollinisation est un phénomène qui intervient dans la reproduction sexuée des Gymnospermes et des Angiospermes. Elle se définit comme le transport des grains de pollen des anthères (élément mâle) sur le stigmate (élément femelle) des fleurs. La pollinisation peut être :
– directe on parle d’autopollinisation ou autogamie ;
– croisée, on parle alors d’allopollinisation ou allogamie. Cette dernière a lieu entre deux fleurs portées par deux individus différents et est ainsi le mode le plus répandu chez les plantes à fleurs. Cette pollinisation s’effectue grâce à des facteurs physiques (pesanteur, eau, vent) ou à des agents biologiques (insectes, oiseaux ou mammifères). Les plantes anémogames qui n’ont besoin pour se reproduire que du seul recours du vent s’opposent aux plantes entomophiles dépendantes d’insectes pollinisateurs qui assurent le transport du pollen de l’anthère d’une fleur au stigmate d’une autre, sur la même plante ou sur une autre (Adam, 1985).
– L’abeille butineuse, par ses visites journalières sur les fleurs transporte des grains de pollen, favorisant l’autopollinisation et l’allopollinisation. En accroissant ainsi les chances de fécondation des plantes, l’abeille permet la production des graines et donc la pérennité des ressources végétales. Selon (Adam, 1985) les plantes à fleurs représentent 70% du règne végétal, soit environ 240 000 espèces dans le monde et les abeilles contribuent à la survie et à l’évolution de plus de 80 % des espèces de plantes à fleurs dans le monde (Celli et Maccagnani, 2003). La valeur économique de l’activité pollinisatrice des insectes, essentiellement celui des abeilles est estimée à 153 milliard d’Euro par an (Leveille, 2013) soit 9,5% en valeur de l’ensemble de la production alimentaire mondiale. L’étude a aussi mis en évidence que les cultures les plus dépendantes de la pollinisation par les insectes sont celles qui ont la valeur économique la plus importante (Leveille, 2013).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE :ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE SUR L’ABEILLE
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LES ABEILLES
1. Taxonomie et génétique de l’abeille Apis mellifera
2. Diversité des abeilles domestiques d’Afrique
3. Notions générales sur les abeilles
3.1 Anatomie externe et interne de l’abeille
3.1.1 Anatomie externe
3.1.1.1 Tête
3.1.1.2 Thorax
3.1.1.3 Abdomen
3.1.2 Anatomie interne
3.1.2.1 Système digestif
3.1.2.2 Système respiratoire et circulatoire
3.1.2.3 Système reproducteur
3.2 Biologie de l’abeille
4. Morphologie générale des abeilles de chaque caste et fonctions dans la colonie
4.1 Reine
4.2 Ouvrières
4.3 Mâles ou faux bourdons
5. Alimentation des abeilles
5.1 Alimentation des larves
5.2 Alimentation des adultes
6. Importance de l’abeille dans l’environnement
6.1 Rôle de pollinisation
6.2 Rôle économique dans la production agricole
6.3 Rôle économique et médicale des produits de la ruche
6.3.1 Le miel
6.3.2 Les autres produits
6.3.2.1 Le pollen
6.3.2.2 La cire
6.3.2.3 Le propolis
6.3.2.4 La gelée Royale
6.3.2.5 Le venin
6.4 Rôle de bio-indicateur et bio-monitoring
CHAPITRE 2 :GENERALITES SUR L’APICULTURE AU SENEGAL
1. Historique de l’apiculture au Sénégal
2. Importance socio-économique de l’apiculture au Sénégal
3. Types d’apicultures et zones apicoles du Sénégal
3.1 Zones apicoles au Sénégal
3.2 Types d’apiculture
3.2.1 Apiculture traditionnelle
3.2.1.1 Chasse au miel
3.2.1.2 Elevage traditionnelle des abeilles
3.2.2 Apiculture moderne
3.2.2.1 Ruches modernes
3.2.2.1.1 Ruche KENYANE
3.2.2.1.2 Ruche LANGSTROTH
3.2.2.1.3 Ruche VAUTIER
4. Apiculture dans l’économie du Sénégal
4.1 Productions apicoles
4.2 Importations et exportations des produits apicoles
5. Contraintes majeures de l’apiculture sénégalaise
DEUXIEME PARTIE : PARTIE EXPERIMENTALE
CHAPITRE 1 :MATERIEL ET METHODES D’ETUDE
1. Matériel et méthodes
1.1 Zone d’étude
1.1.1 Département de Foundiougne (Fatick)
1.1.2 Région de Thiès (Départements de Mbour et Tivaouane)
1.1.3 Département de Vélingara
1.2 Matériel
1.3 Méthodes
1.3.1 Echantillonnage et échantillon
1.3.2 Questionnaire
1.3.3 Entretien
1.3.4 Traitement et analyse des données
CHAPITRE 2 : RESULTATS ET DISCUSSION
1. Résultats
1.1 Caractéristiques des apiculteurs et des pratiques apicoles
1.1.1 Données sociodémographiques des apiculteurs
1.1.2 Pratiques apicoles
1.1.2.1 Types de ruches utilisées
1.1.2.2 Période d’installation des ruches
1.1.2.3 Récolte et niveau de production
1.1.2.3.1 Période de récolte
1.1.2.3.2 Niveaux de production
1.1.2.4 Formation des apiculteurs
1.2 Perturbations liées à la pratique apicole
1.2.1 Principales causes des perturbations
1.2.1.1 Facteurs entraînant la désertion des ruches
1.2.1.2 Facteurs entraînant la réduction de la taille des colonies
1.2.1.3 Facteurs entraînant la mort des abeilles
1.3 Contraintes
1.4 Propositions pour l’amélioration de l’apiculture
2. Discussion
2.1 Méthodologie
2.1.1 Zone d’étude
2.1.2 Limite de l’étude
2.2 Données sociodémographiques
2.3 Pratiques apicoles
2.3.1 Ruches utilisées
2.3.2 Période de pose des ruches
2.3.3 Période de récolte
2.3.4 Quantité de production déclarée
2.3.5 Formation et exploitants
2.4 Perturbations rencontrées en apiculture
2.5 Contraintes
3. Recommandations
3.1 Aux apiculteurs
3.2 Aux pouvoirs publics
3.3 Aux ONG
3.4 A l’Union Nationale des Apiculteurs du Sénégal (UNAS)
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES
WEBOGRAPHIE
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