La filière fruit est une source de revenu important dans le monde et surtout pour les pays tropicaux qui sont caractérisés par des climats diversifiés favorables au développement de différentes espèces d’arbres fruitiers ou « potentialité agro-climatique » (Source : MAEP, 2004). En 2009, la production de fruit par Madagascar a atteint 1 362 818 tonnes alors que la production totale pour le pays de l’Océan Indien est de 1 489 051 tonnes donc la grande île tient une part de 91,52 % (Source : INSTAT). Ces chiffres montrent alors que Madagascar a un grand potentiel dans la filière fruit, la demande des industries de transformation agroalimentaire et des différents laboratoires pharmaceutiques ne cesse d’augmenter.
Madagascar, par la diversité de ses climats (allant du climat per humide sur la partie orientale au climat semi-aride du Sud) et de ses sols (sols ferralitiques, sols ferrugineux tropicaux, sols minéraux bruts, sols halomorphes, sols hydromorphes, sols calcimorphes, sols bruns) offrent différents types de milieux permettant la culture de diverses espèces fruitières (espèces tropicales ; espèces tempérées) (Andriamasy, 2015). La grande partie de la production est consommée localement et une faible partie de la production est exportée et considérée comme principaux fruits tropicaux d’importance économique (MAEP, 2014) pour Madagascar (Letchi, agrume, banane, mangue, goyave) et actuellement, même les fruits tempérés sont très demandés sur le marché international (Raisin de table, mûrier, olivier, pomme bio, figue et kaki).
Etudes bibliographiques et généralités
Importance socio-économique de la filière fruit
La filière fruit a une grande importance socio-économique puisqu’il existe plusieurs acteurs dans cette secteur, que ce soit des simples agriculteurs, des petits exploitants mais aussi les grands exploitants comme les collecteurs de letchis pour l’exportation (Source : Enquête personnelle). Les fruits de type tropicaux sont les plus concernées mais néanmoins les fruits tropicaux aussi sont très cultivés à Madagascar.
Depuis 2004, la production fruitière à Madagascar est de 745 400 tonnes. 85 % de cette production va sur le marché local et le reste est exporté (FAO, 2004).Les fruits tropicaux les plus exportés à partir de 2004 sont le letchi, la mangue, la banane et les agrumes. La majeure partie des fruits exportés par Madagascar va sur le marché Européen. Le letchi constitue les 70% de l’exportation et Madagascar est le premier exportateur de letchi pour l’Europe (Pro Média Consulting, 2006). 6732 tonnes de fruits à noyau et à pépin sont exportés par Madagascar pour la France seulement (Source : Chambre du commerce et d’industrie France Madagascar, 2015).
Cette filière participe à l’augmentation du Produit Intérieur Brut pour Madagascar grâce au marché local mais surtout aux devises que font entrer les acteurs exportateurs. Par rapport aux autres sources de devise, le fruit fait partie des 5 premières places parmi les produits d’exportation à Madagascar (INSTAT, 2003). Selon l’INSTAT, l’exportation de fruits et de légumes frais et transformés a généré 37 Millions d’Euro pour le pays (INSTAT, 2003). Pour le cas d’exportation des fruits transformés, il a permis à Madagascar d’obtenir 28 292 millions d’Ariary en 2006 et 27 777 millions d’Ariary en 2009. (Enquête personnelle) D’une autre part, une grande part de la production va sur le marché local ou/et transformée en d’autres produits (fruits secs, concentrés de fruits, confiture, jus) et l’exportation est seulement de l’ordre de 19 233 tonnes. Ce chiffre montre l’importance des problèmes rencontrés en cultures fruitières à Madagascar car seulement une petite partie est exportée. Depuis 2009, l’exportation de fruits a chuté dû à la mauvaise qualité des fruits (Exemple : fruit pourris) qui n’est pas conforme à la norme. Certains fruits après contrôle au niveau des frontières des pays importateurs ont dû être retournés à Madagascar (Source : Enquête personnelle).
L’exportation des fruits conditionnés ou non est sous l’égide du Ministère en charge de l’agriculture et de l’élevage qui octroie des cahiers de charges aux agriculteurs, aux collecteurs agréés et aux exportateurs (MAEP, 2004) ; de ce fait, des surveillances de la qualité des fruits à exporter sont effectuées durant la campagne et même à l’arrivée des fruits aux frontières. A Madagascar, Ambohijafy est l’un des principales zones productrices d’agrumes. Ambohijafy possède une pédologie caractérisée en cinq types de sol qui est très adaptée à toutes les cultures maraîchères et fruitières : sol hydromorphe, sol organique des marais ou « tany mainty », sol argilo sableux, sol limono sableux qui est alluvionné ou « tany fasika» et sol ferralitique ou « tanety » qui est argileux (Andriamasy, 2015). La culture d’agrume permet aux paysans de gagner des revenus supplémentaires au travail quotidien qui est lié à l’agriculture et l’élevage. 80% de la population est active dans le secteur agricole (Razanakoto, 2008).Mais depuis cinq années successives déjà, la production des agrumes à Ambohijafy a rencontré des problèmes graves qui sont les ravageurs et les maladies en plus de l’insuffisance des précipitations qui fait partie des conséquences du changement climatique. Ces facteurs provoquent la chute de la production et des pertes pour les paysans agriculteurs (Source : enquête personnelle).
Les espèces de mouches des fruits recensées dans le monde et à Madagascar
Dans le monde, plusieurs espèces de mouches des fruits ont été recensées. Ces mouches des fruits sont réparties selon la disponibilité de leurs hôtes mais aussi selon les facteurs bioécologiques et climatiques.
Les espèces de mouches des fruits connues dans le monde
En 2003, 4448 espèces de Tephritidae et 484 genres sont répertoriés dans le monde (Vayssieres et al, 2005) et l’espèce connue invasive actuellement est Bactrocera invadens surtout dans les pays tropicaux comme Madagascar.
Moyens de lutte
Il existe plusieurs moyens de lutte contre les insectes ravageurs des arbres fruitiers mais dans cette partie quelques méthodes seront présentées.
Lutte biologique
La lutte biologique est une lutte qui consiste à n’utiliser que les produits et techniques issus des organismes vivants. En lutte biologique, les végétaux offrent des sources de matière active utilisés pour l’élaboration des biopesticides à base d’extraits de végétaux. Voici quelques exemples d’insecticides biologiques les plus courants (Raveloson Ravaomanarivo L.H. et Rakotondramanana, 2015) :
– Préparation à base d’urine de vache + savon local (« savony gasy ») qui est utilisée sur le tronc des arbres fruitiers atteints de maladie ou comme lutte préventive à l’aide d’un balai contre les cochenilles et les maladies fongiques.
– Préparation à base de fumier fermenté + savon local+ cendre utilisée sur les troncs des arbres fruitiers contre les pucerons et les punaises
– Préparation à base de purin de neem (Azadirachta indica) fermenté dilué avec de l’eau savonneuse à utiliser sur les feuilles contre les chenilles, pucerons, cochenilles et punaises et contre les vers blancs.
– Préparation à base de feuilles de tabac (Nicotiana tabacum) qui est macérée avec de l’eau puis laissée fermenter. On ajoute un agent fixateur. Cette préparation s’utilise sur les feuilles contre les cochenilles, pucerons et autres insectes.
Les végétaux aussi sont utilisés comme répulsifs en tant que couverture végétale vivante ou en tant que haie contre les ravageurs sur les systèmes agroécologiques; il y a aussi des végétaux attractifs qui attirent les insectes auxiliaires sur les champs .
Un exemple de gestion des manguiers à La Réunion a été effectuée par des méthodes de protection agroécologique en associant aux vergers de manguiers , d’autres plantes composées de bandes fleuries, de plantes pièges ou refuges, couverture végétale. Les herbes vertes, Stylosantes, Souci officinal, Sarrasin sont utilisés pour favoriser les insectes auxiliaires contre divers bioagresseurs comme Orthops palus (Hétéroptères), Procontarinia mangiferae (Cécidomyiidae), des thrips et des cochenilles et surtout les mouches des fruits comme Ceratitis rosa, Ceratitis capitata, Bactrocera zonata (Vincenot et al., 2014).
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Table des matières
I. Introduction
II. Etude bibliographique et généralités
II.1. Importance socio-économique de la filière fruit
II.2. Les insectes ravageurs des cultures fruitières, description et dégâts Occasionnés
II.3. Les espèces de mouches des fruits recensées dans le monde et à Madagascar
II.3.1. Les espèces de mouches des fruits connues dans le monde
II.3.2. Les espèces de mouches des fruits recensées à Madagascar
II.4. Moyens de lutte
II.4.1. Lutte biologique
II.4.2. Lutte chimique
II.4.3. Autres moyens de lutte
III. Matériels et méthodes
III.1.Zones d’étude et sites de collecte des échantillons biologiques
III.1.1. Carte de Madagascar indiquant les zones de collecte de fruit
III.1.2. Caractéristique des zones de collecte
III.1.2.1. Région Boeny
III.1.2.2. Régions Atsinanana, Analanjirofo, Alaotra Mangoro
III.1.2.3. Régions Analamanga, Itasy, Vakinankaratra
III.2. Matériels d’étude
III.3. Méthodologie de terrain et de laboratoire
III.3.1. Collectes de matériels biologiques
a. Collecte des échantillons de fruits
b. Collecte d’insectes
III.3.2. Incubation des échantillons de fruits en salle d’élevage et suivi de l’émergence des mouches des fruits
III.3.3. Identification des insectes ravageurs
a. Clé d’identification des mouches de fruits adultes
b. Clé pour l’identification des autres insectes ravageurs des arbres fruitiers
III.4. Analyse statistique des données
a. Indice de diversité intrasite
b. Indice de diversité régionale
c. Indice de diversité par plante hôte
d. Abondance relative
IV. Résultats
IV.1. Résultats des collectes d’échantillons de fruits
IV.1.1. Echantillons de fruits collectés dans la région Boeny
IV.1.2. Echantillons de fruits collectés dans la zone Est
IV.1.3. Echantillons de fruits collectés sur les Hauts-Plateaux
IV.2. Résultats d’élevage en laboratoire
IV.2.1. Résultats d’incubation des fruits collectés dans la partie Ouest
IV.2.2. Résultats d’incubation des fruits collectés dans la partie Est
IV.2.3. Résultats d’incubation des fruits collectés sur les Hauts plateaux
IV.3. Caractéristiques des mouches des fruits obtenues en laboratoire après identification
IV.4. Gamme d’hôtes et répartition géographique des mouches des fruits obtenues
IV.5. Résultats d’analyse de données statistiques sur les mouches des fruits
IV.5.1. Diversité spécifique par site et diversité régionale
IV.5.2. Diversité spécifique par plante hôte
IV.5.3. Abondance relative de chaque espèce obtenue
IV.6. Résultats concernant les autres insectes ravageurs
V. Discussion
VI. Conclusion
VII. Bibliographie et webographie
VIII. Annexes