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Peuple de pêcheurs
Au Sénégal, les communautés côtières ont une longue et ancienne tradition sur les métiers de la mer. Les grandes communautés sont principalement reparties dans trois grands groupes : les Wolofs de Guet Ndar (Saint Louis), les Lébous du Cap-Vert et de la Petite Côte, et les Sérères Niominka des îles du Saloum.
Ces 3 groupes représentent plus de 90 % des pêcheurs (58 % de Lébous, 18 % de Wolofs et 15 % de Niominka) ; Lébous et Guet-Ndariens étant même les plus doués, notamment pour les techniques requérant une certaine qualification, comme la pêche aux lignes (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014).
Maturation sectorielle
L’évolution du secteur de la pêche au Sénégal est marquée principalement par le segment industriel, surtout, thonier. Mais elle est marquée par les rapports très complexes de complémentarité ou de conflit entre pêcheurs industriels et pêcheurs artisans. Dans cette évolution, trois principales périodes de référence peuvent être distinguées comme suit : Période I (1950 –1960), Période II (1970 –1980) et la Période III (1990 à nos jours).
Parmi ces trois périodes, une donne plus d’éléments d’analyse sur les modalités d’élaboration et les difficultés de réalisation d’une politique nationale d’industrialisation de la pêche ; c’est celle qui est comprise entre 1950 et 1960. Car elle permet de comprendre l’évolution et les impasses ultérieures de la branche industrielle et des politiques de pêche au Sénégal (DIAGNE, 1997 ; FALL, 2009 ; HANIF et al., 2014).
En résumé, les éléments majeurs que nous pouvons rappeler de ces évolutions sont :
– Période I (1950 –1960) : la mise en place de chaine de froid à partir de 1950 a effectivement lancé l’industrialisation de la pêche, avec les chalutiers. En même temps que les changements structurels se faisaient sur les segments, une évolution sur les limites territoriales du plateau continental sous juridiction sénégalaise s’opérait. Celles-ci sont passées de 3 milles nautiques des côtes avant 1960 (année indépendance) à 18 en 1968 (DIALLO, 1989). En 1963, un armement cordier est mis en place et avec l’aide de la recherche nationale et internationale les filières se consolident en véritables industries, comme années fard 1965 avec la découverte des fonds riches en crevette côtière Farfantopenaeus notialis de Saint-Louis et de la Casamance en 1966 (DIALLO, 1989 ; DIAGNE, 1997 ; FALL, 2009).
– Période II (1970 –1980) : en 1976, a l’instar de la majorité des pays côtiers, le Sénégal s’est autorisé d’une zone maritime de droit exclusif, étendue sur 200 milles marins, appelée Zone Economique Exclusive (ZEE), contrairement à la Mauritanie et à la Guinée-Bissau dont les eaux restent encore accessibles aux navires étrangers (FALL, 2009). Cette nouvelle opportunité de l’époque avait suscité beaucoup d’espoir pour le Sénégal, qui avait très vite engagé des lignes d’appui et d’accompagnement (subventions, exonérations) de l’industrie halieutique (FALL, 2009 ; HANIF et al, 2014).
Au plan réglementaire, deux dispositions règlementaires de la pêche maritime sont mises successivement en place (FALL, 2009 ; PERSON, 2010 ; HANIF et al, 2014) :
1 – la Loi 76-84 du 02/07/1976 définissant les zones de pêche affectées à chaque pêcherie (bande des 6 – 7 milles strictement dévolue aux artisans, par exemple), instituant les licences de pêche, interdisant l’activité de tout navire jaugeant plus de 1500 tonnage jauge brute (TJB), etc.
2- la Loi 87-27 du 18/08/1987, est plus répressive et dissuasive que la première qu’elle abroge. Ainsi, doté de textes juridiques pour sa politique, le Sénégal s’ouvre dans une aire de coopération bilatérale en matière de pêche. Les premiers accords furent signés avec la France en 1974, en suite en 1975 l’Italie et l’Espagne ont suivi. Pour la mise en œuvre de ces accords, le Sénégal devait se doter d’un instrument de surveillance, qui fut créé en 1981 sous le nom Projet de Surveillance des Pêches au Sénégal (PSPS) (FALL, 2009).
– Période III (1990 à nos jours) : les mesures de gestion et de pilotage issues des nouveaux acquis autorisaient des observateurs sénégalais à embarquer à bord de navires étrangers, puis en 2002 à bord de navires sénégalais auteurs de graves infractions de pêche. Ainsi, les mesures relatives au repos biologique furent annoncées à partir de 1996. C’est aussi, à cette période que le premier code de la pêche maritime (loi et son décret d’application) a vu le jour (FALL, 2009 ; PHILIPPE, 2013 ; HANIF et al, 2014).
Types de flottes
Au Sénégal, il existe trois types de flottes en fonction des types de ressources ciblés et du niveau de la technologie opérationnelle. Ainsi, on distingue la flotte thonière et la flotte chalutière, qui sont les principales modernisées et la flotte artisanale qui est motorisée (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014 ; ANSD, 2016).
Flottes artisanales
Les pêcheries artisanales sénégalaises ont d’abord été de type lagunaire et fluvial plusieurs siècles durant avant de se développer sur la frange maritime à partir du XVIIème siècle. Le Sénégal dispose de l’un des plus grands parcs piroguiers nationaux en Afrique ; l’effectif le plus important dans toute la sous-région avec près de 22 000 pirogues. Elle est motorisée à plus de 90 %) et assure l’essentiel de la production (4/5 des mises à terre totales). Cette flotte est la seule autorisée à exercer dans les 6/7 milles nautiques pour prévenir les conflits avec la pêche industrielle et tenir compte de l’autonomie limitée des acteurs artisans, sans oublier le souci de préserver au maximum les nurseries et autres sites critiques de l’action dévastatrice des chaluts (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014).
Flotte thonière
Elle est composée exclusivement de chalutiers qui ciblent les grands pélagiques (thons albacore, listao et patudo, accessoirement espadons, voiliers, coryphènes, etc.). Elle est classée, en fonction des engins de captures, en senneurs, canneurs et palangriers. Elle met en œuvre une haute technologie et bénéficie d’une organisation socioprofessionnelle et économique très moderne. La filière est cotée dans les plus grandes bourses de valeurs. Les principaux acteurs dans cette pêcherie sont des étrangers au Sénégal, il existe quelques chalutiers thoniers détenus par des sénégalais (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014).
Flottes chalutières (poissonniers-céphalopodiers, crevettiers):
Elles utilisent le chalut comme moyens de capture et comprennent :
– les Chalutiers Démersaux Côtiers,
– les Chalutiers Démersaux Profonds,
– les chalutiers pélagiques côtiers,
– les rougettiers, navires de pêche côtière, spécialisés dans la capture du rouget Pseudupeneus prayensis et autres espèces coralliennes (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014).
Difficultés
Les flottilles chalutières nationales sont confrontées à des difficultés relatives à la raréfaction des stocks, aux fréquentes immobilisations, au coût énergétique très élevé et surtout à leur obsolescence liée à leur âge. Elle est exacerbée de nos jours où la moyenne d’âge des bateaux est de 30 ans. L’acquisition de bateaux neufs nécessite, il est vrai, un investissement lourd ; d’où, des délais de remboursement longs et des taux d’intérêt élevés en raison du risque relativement grand pour les organismes prêteurs. Par ailleurs, le Fonds de Promotion Economique (FPE), mis en place en 1991 dans le cadre de la politique nationale de promotion du secteur privé, avait pour objectif de lever les principales contraintes du financement de la pêche industrielle. Hélas, cette ambition n’a été que très faiblement atteinte (8 %) par rapport aux autres secteurs de l’activité économique (FALL, 2009). Du fait de la faiblesse des capacités d’autofinancement des états du Sud, à l’image du Sénégal, seuls les armements des pays du nord (moyens propres suffisants, en relation avec des multinationales ou leurs succursales, etc.) peuvent, en général, renouveler leurs flottes. Mieux les subventions octroyées en UE en cas de sortie du pavillon communautaire sont souvent le levier de la pérennisation de la présence de ces flottes en zone tropicale sous couvert de pavillons ou de sociétés mixtes fictives (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014 ; SENEGAL, 2016).
Interactions entre pêcheries
A la recherche des ressources démersales côtières, les pêcheurs artisans et industriels sénégalais ne manquent pas de voir leurs activités s’entrecroiser, d’où des interférences ou interactions se posant, globalement, en termes de compétition ou de concurrence d’une part, de coopération ou de complémentarité d’autre part (FALL, 2009).
Relations de compétition
Elles peuvent être de types directe ou indirecte. Dans le type direct, les deux pêcheries ciblent, soit la même espèce (poulpe, par exemple), soit le même groupe d’espèces (céphalopodes, Serranidés, Sparidés, etc.). La forme particulière peut en être simple (recherche des mêmes gammes de tailles, comme c’est le cas pour la plupart des poissons) ou séquentielle (les artisans capturent davantage de grosses seiches que les industriels, par exemple) (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014 ; ANSD, 2016). Dans le type indirect, la concurrence se manifeste au niveau:
de l’espace (incursions frauduleuses des bateaux dans les zones dévolues aux seuls thoniers et pirogues, gain d’autonomie des pirogues les amenant à opérer dans les zones de pêche des chalutiers) ;
des emplois (recrutement de pêcheurs artisans par les industriels) ;
des marchés (gain sensible de qualité des produits artisanaux – pirogues glacières surtout –tendant à concurrencer les produits industriels sur les marchés d’export, y compris européen et asiatique) ;
des sources de financement (la pêche artisanale, qui s’autofinançait jusqu’ici, est arrivée à diversifier ses sources comme les mutuelles, coopératives voire même, certaines banques comme la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal).
Relations de complémentarité
Elles renvoient à trois aspects fondamentaux :
la revalorisation des rejets et captures secondaires des industriels, récupérés ou achetés à bas prix par les artisans, cette pratique est appelée le transbordement ; il pose un sérieux problème d’allocation correcte des niveaux de captures et d’effort de chaque segment.
le mode d’association liant anciennement les « bateaux ramasseurs » étrangers (asiatiques, généralement) aux pêcheurs artisans, Saint-Louisiens surtout. Ces derniers pêchant des poissons « nobles », hors du Sénégal (pays du Golfe de Guinée), pour le compte de ces bateaux à bord desquels eux et leurs pirogues sont embarqués ; ce phénomène, fortement décrié car lésant les pêcheurs en termes de conditions de vie à bord, de rythme de travail, de prix du kg de poisson pêché, de sécurité car il s’agit souvent de pêche pirate, etc. est aujourd’hui inexistant.
les signaux indicateurs de l’abondance relative des ressources ou de la présence des espèces ciblées. Par exemple, une concentration de pirogues laisse entrevoir des chalutages ultérieurs probants si la nature des fonds s’y prête ; Le trajet dévié des bateaux invite tout piroguier avisé à rechercher les espèces inféodées aux fonds non chalutables tels que le mérou (Epinephelus aeneus).
Accès à la ressource
Selon l’article 3 de la Loi 2015 –18 du 13 juillet 2015 portant Code de la Pêche Maritime actuel, les ressources halieutiques sous juridiction sénégalaise constituent un patrimoine national.
A ce titre, l’état peut autoriser l’exercice du droit de pêche:
à des personnes physiques ou morales, sénégalaises ou étrangères (unités opérant sous le couvert d’un accord de pêche ou d’un affrètement qui doit être, obligatoirement, fait par une société sénégalaise) ;
suite à une demande comportant des informations détaillées sur le navire et adressée au Ministre de la Pêche par l’armateur ou son représentant ;
à tout navire étranger s’engageant à embarquer un observateur et/ou des marins sénégalais ;
après versement au trésor d’une redevance fixée par arrêté interministériel.
Globalement et selon la pêcherie industrielle ciblée, 4 catégories de licences (pélagique côtière/PELC, pélagique hauturière/PELH, démersale profonde/DEMP et démersale côtière/DEMC), déclinées en 27 options dont 5 pour les navires affrétés, sont prévues. Les options de licences de pêche démersale côtière sensu stricto (DEMC) sont au nombre de 7 comme présentées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable. (FALL, 2009).
Résultats actuels sur la pêche au Sénégal
Biomasses et état d’exploitation
La plupart des espèces surexploitées par les pêcheries au Sénégal sont des espèces démersales côtières, depuis le début des années 90. Ce constat est présenté dans les résultats de l’examen des taux de mortalité par pêche (F), les taux d’exploitation (E = F/Z où Z = mortalité totale) par rapport à la structure des tailles. Sur les résultats des chalutiers glaciers sénégalais, on observe que les valeurs de F et E augmentent, tandis que les tailles moyennes des individus capturés diminuent régulièrement. Certains auteurs expliquent cette situation par le fait de l’autorisation d’une taille minimale marchande inférieure à la taille de 1ère maturité sexuelle (RPM, 2016 ; SENEGAL, 2016).
Au début des années 2000, les mâchoirons Carlarius sp. les Serranidae (Epinephelus sp. et Mycteroperca rubra), les dorades roses (Sparus sp. et Dentex sp.), le pageot Pagellus bellottii, les sompattes (Pomadasys sp.), la dorade grise ( Plectorhynchus mediterraneus) et les soles langues (Cynoglossus sp) figuraient parmi les espèces vraisemblablement surexploitées. Ces ressources représentent, globalement, 35 % des espèces de fonds exploitées, soit 50 % en équivalent frais. En revanche, la brotule barbée (Brotula barbata), le poulpe et la seiche demeuraient encore les rares espèces relativement sous exploitées (FALL, 2009 ; RPM, 2016 ; SENEGAL, 2016 ;).
Toutefois, les deux campagnes d’évaluation des stocks démersaux côtiers realisées par le CRODT en 2016 donnent les estimations d’une biomasse de 79 882 t contre 107 295 t en 2015, soit une baisse de près de 25 %. Quant aux espèces démersales profondes, leur prise par unité d’effort (PUE) globale a connu une baisse en 2016 (0,193 t/h) par rapport à l’année 2015 (0,357 t/h) (SENEGAL, 2016).
Production de la pêche maritime
Elle est composée de deux branches : la branche artisanale qui, toutes catégories confondues, fournit 80 % environ des mises à terre, et la branche industrielle contribuant à hauteur 20 % (RPM, 2016 ; SENEGAL, 2016).
Branche artisanale
Le parc piroguier artisanal est évalué à 11 975 embarcations actives en 2016, soit une hausse de 26 % par rapport à 2015. Les débarquements sont estimés à 397 871 tonnes pour une valeur commerciale estimée à la première vente (VCE-1) de l’ordre de 223 millions de USD. Ainsi, on note une hausse des débarquements et de la valeur commerciale estimées respectivement à 4% et 12% en comparaison à l’année 2015. L’essor des débarquements est imputable à la sardinelle plate Sardinella maderensis (+15 %), au maquereau espagnol Scomber colias (+101 %), à l’ethmalose Ethmalosa fimbriata (+ 27 %), au Chinchard jaune Caranx rhonchus (+ 201 %) et aux Chinchards noirs Trachurus sp (+ 47 %) (Figure 3) (SENEGAL, 2016).
Branche industrielle
Elle est portée par une flotte nationale de 115 navires en 2016 contre 102 navires en 2015, soit une hausse de 12 %. Les débarquements composés des segments des pêches chalutière, thonière et sardinière, sont passés de 47 445 tonnes en 2015 à 85 546 tonnes en 2016. On note, ainsi, une augmentation de 38 101 tonnes de produits débarqués en valeur absolue et de 80 % en valeur relative en 2016. Ce fait, observé au niveau des trois segments du sous-secteur, peut être expliqué par l’augmentation de l’effort de pêche au niveau des sardiniers (+ 6 navires) et thoniers (senneurs + 1 navire). La VCE-1 est estimée en 2016 à 941,727 millions de USD contre 786,672 millions de USD en 2015, soit une hausse de 20% (Figure 4) (SENEGAL (ANSD), 2016).
Bio écologie, habitat et comportement
Les poissons de la famille des Tetraodontidae ont une large aire de distribution géographique ; ils se retrouvent dans les Océans Atlantique Ouest et Est, de l’Afrique du Sud à l’Ecosse, Océans Indien et Pacifique, Mer Méditerranée, Afrique : Basse – Guinée (endémisme), rivière Cross (entre le Cameroun et le Nigéria) et bassin du fleuve Congo. Dans les côtes sénégalaises, on les retrouve entre les longitudes 12°20 N et 16°04 N (DIALLO, 2014).
Les Tetraodontidae sont présents dans la pente externe au niveau des récifs ou des coraux, ils peuvent évoluer dans les eaux saumâtres et douces des zones tropicales (chaudes), rarement en zones tempérées (ils sont même absents des eaux froides) ; ils colonisent les zones de profondeur allant de quelques mètres jusqu’à 500 m. Le groupe des Tetraodontidae est capable de se gonfler d’air ou d’eau ; ce qui leur garantit une protection vis-à-vis des ennemis (prédateurs ou rivaux). Pacifiques, souvent offensifs envers certaines espèces avec lesquelles ils cohabitent, ils sont peu grégaires et mènent des activités diurnes (BENNOUNA et al, 2000; FALL, 2009 ; DIALLO, 2014).
Croissance et maturité sexuelle
Dans la sous-région Ouest-africaine, les espèces Chilomycterus antennatus, Lagocephalus laevigatus et L. lagocephalus peuvent atteindre 60 cm de long, Ephippion guttifer 80 cm, Sphoeroides cutaneus 25 cm et Sphoeroides spengleri 20 cm. Chez certaines espèces, par exemple, E. guttifer, le corps nu du jeune se couvre, au fur et à mesure de la croissance, de granulations puis de plaques osseuses formant, par la suite, une sorte de carapace dorsale.
Les espèces sont principalement gonochoriques (sexes séparés) ; la différenciation sexuelle survient à 20-25 cm, la taille de 1ère maturité sexuelle à 24.5 cm pour les mâles et à 27.5 cm pour les femelles. Deux périodes de ponte ont été identifiées sur les espèces étudiées au Sénégal (DIAGNE,1997) :
o la 1ère a lieu à la saison chaude et pluvieuse, de juillet à octobre ; elle est la plus importante
o la 2ème a lieu à la saison froide et sèche, de décembre à janvier, suite à une légère reprise de la maturation sexuelle en novembre.
Alimentation et Importance trophique
Les Tetraodontidae consomment principalement des escargots (gastéropodes), de petits invertébrés incluant des crustacés et des larves, à l’état vivant si possible. Certaines espèces se nourrissent de coraux branchus, notamment d’Acropora et de Pocillopora dont ils cassent l’extrémité (FALL, 2009 ; DIALLO, 2014).
Les Tetraodontidae, comme d’autres animaux qui vivent dans les récifs, sont des régulateurs de l’écosystème corallien, qui est un édifice en équilibre. Les coraux et les algues sont les producteurs primaires de l’écosystème, par conséquent, ils sont les facteurs limitant du développement des autres niveaux de l’écosystème. C’est ce qui explique l’existence d’un ensemble de chaînes alimentaires qui forme un réseau trophique très complexe en milieu marin ; une chaîne est formée de maillons successifs appelés niveaux trophiques. Les consommateurs fabriquent leur matière à partir de la matière organique des autres êtres vivants, ils sont dits hétérotrophes (DIALLO, 2014). On peut classer les poissons selon leur régime alimentaire par conséquent selon leur place dans les réseaux trophiques. Cette classification des différentes espèces de poissons en fonction du régime alimentaire fait ressortir trois groupes trophiques : herbivore, omnivores et prédateurs.
Sur les 5 niveaux trophiques d’un récif corallien, les Tetraodontidae sont des consommateurs présents partout sauf dans le premier qui regroupe la production organique de base. Donc il apparait clairement que ces espèces jouent un rôle très important au sein de la communauté (DIALLO, 2014).
Importance socio-économique, culturelle et réglementation
Les Tetraodontidae ont fait l’objet d’importantes considérations tant culturelles qu’économiques, mais surtout règlementaire à plusieurs niveaux en fonction des pays et/ou peuples. Nous prendrons ici, à titre d’exemple, les cas du japon, de l’Union Européenne, les Etats-Unis et le Sénégal.
Japon
La consommation de poissons fugu (Takifugu xanthopterus) a été interdite au Japon, à plusieurs reprises, notamment aux XVIIème et XVIIIème siècles. Pour des raisons de sécurité, l’empereur du Japon et les samouraïs n’avaient pas le droit d’en manger, une loi, toujours d’actualité pour l’empereur, les en empêchant. Dans ce pays, seuls les cuisiniers disposant d’une licence accordée par l’État sont autorisés à préparer ce plat considéré comme très raffiné, alors que seuls 30 % des candidats obtiennent leur examen. Pour en retirer la toxine, il leur faut enlever notamment la peau, le foie, les intestins et les gonades (BRADLEY et KILKA, 1981 ; BALECH ,1995 ; CHEN et CHOU, 2002).
Néanmoins en 2011, 17 personnes ont été empoisonnées par le fugu au Japon, et l’une d’entre elles en est morte. En décembre de la même année, les autorités avaient ainsi retiré sa licence à un restaurant qui avait servi un foie de fugu à la demande du client. Depuis octobre 2012, tous les restaurants peuvent proposer du fugu, à condition qu’il ait été préparé et nettoyé par un chef agréé. De 1974 à 1983, un total de 646 cas d’empoisonnement a été rapporté au Japon, avec 179 morts. Des évaluations aussi hautes que 200 cas par an avec une mortalité approchant 50 % ont aussi été mentionnées. L’empoisonnement est un problème ininterrompu au Japon. La plupart des cas remontent à des préparations domestiques, et non commerciales, du Tétrodon (BRADLEY et KILKA, 1981 ; BALECH ,1995 ; CHEN et CHOU, 2002).
Le fugu est, en effet, un marché florissant au Japon : il représente un chiffre d’affaires de 4 milliards de yens, soit 31 millions d’euros (20,305 milliards de FCFA). Il peut se vanter d’avoir un jour dédié spécialement à lui dans le calendrier du Japon. Pêché au printemps, puis engraissé jusqu’à l’hiver, il inspire le raffinement et se consomme cru. Le plaisir de sa dégustation serait d’abord de l’ordre du sensitif. L’endolorissement des lèvres, au contact de sa chair, ferait partie de la magie du fugu, exaltée, probablement, par le fait de savoir qu’une goutte mortelle s’est peut-être écoulée des viscères. En quelque sorte, il s’agit là de la « roulette japonaise », version alimentaire de la roulette russe !
Le Japon publie une liste des différentes espèces de poissons toxiques, ainsi que des parties du corps des animaux qu’il est autorisé ou interdit de préparer, vendre et consommer. Il y est notamment interdit de préparer et vendre le foie du fugu (BRADLEY et KILKA, 1981 ; BALECH ,1995 ; CHEN et CHOU, 2002).
Etats-Unis
L’importation sur le territoire américain du poisson fugu, d’origine japonaise, n’est autorisée par la Food and Drug Administration (FDA), qui est chargé du contrôle des produits alimentaires aux Etats-Unis, que si elle est faite par des restaurants japonais spécialement qualifiés, dont les chefs cuisiniers sont certifiés par leur pays (BALECH ,1995).
Union Européenne
Trois (3) morts ont été annoncées en Italie en 1977 après la consommation de gelées de Tétrodon importés de Taiwan et mal étiquetés. Le caractère alarmiste sur la santé publique a poussé certains pays à prendre des dispositions réglementaires sur toute la chaine de valeur halieutique liée aux espèces appartenant aux familles des Diodontidae et Tetraodontidae. C’est ainsi que dans l’espace Européen (UE) tous les produits de la mer commercialisés doivent être systématiquement accompagnés d’un certificat sanitaire d’un modèle fixé, rédigé dans l’une des langues officielles de cette communauté d’Etats et ne comporter qu’un seul feuillet.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Aperçu sur la Pêche au Sénégal
1.1.1. Côtes sénégalaises
1.1.2. Peuple de pêcheurs
1.1.3. Maturation sectorielle
1.1.4. Types de flottes
a) Flottes artisanales
b) Flotte thonière
c) Flottes chalutières (poissonniers-céphalopodiers, crevetiers):
d) Difficultés
1.1.5. Interactions entre pêcheries
a) Relations de compétition
b) Relations de complémentarité
1.1.6. Accès à la ressource
1.1.7. Caractérisation des stocks exploités
1.1.8. Résultats actuels sur la pêche au Sénégal
1.1.8.1. Biomasses et état d’exploitation
1.1.8.2. Production de la pêche maritime
a) Branche artisanale
b) Branche industrielle
1.2. Systématique des poissons Tétraodontidae
1.2.1. Caractères distinctifs de la famille des Tétraodontidae
1.2.2. Bio écologie, habitat et comportement
1.2.3. Croissance et maturité sexuelle
1.2.4. Importance trophique
1.2.5. Importance socio-économique, culturelle et réglementation
1.2.5.1. Japon
1.2.5.2. Etats-Unis
1.2.5.3. Union Européenne
1.2.5.4. Sénégal
1.3. Biotoxines marines
1.3.1. Aperçu
1.3.2. Focus sur les Dinoflagellés
1.3.2.1. Considérations générales sur les dinoflagellés
1.3.2.2. Caractéristiques morphologiques
1.3.3. Approche d’identification de la bioaccumulation
1.3.4. Caractéristiques générales des biotoxines
1.3.5. Typologie des biotoxines
1.3.6. Cas spécial des zoo toxines orales
1.3.6.1. Zoo toxines orales des invertébrés marins
1.3.6.2. Zootoxines orales des vertébrés marins
1.3.7. Réserves sur la classification des biotoxines
1.3.8. Intoxications dues à quelques biotoxines marines
1.3.8.1. Biotoxines courantes
1.3.8.2. Types d’intoxications (BADEN et al., 1995)
1.3.8.3. Méthodes de recherche et de détection des toxines
1.3.8.4. Enjeux économiques, alimentaires et sanitaires
1.3.8.5. Espoirs thérapeutiques
1.3.9. Etude de la Tétrodotoxine (TTX)
1.3.9.1. Présentation de la TTX
1.3.9.2. Modalité de synthèse et localisation
1.3.9.3. Notion d’intoxication et mode d’action
1.3.9.4. Quelques cas célèbres d’intoxication à la TTX
1.3.9.5. Diagnostic
1.3.9.6. Pronostic et traitement conseillé
1.3.9.7. Mesures préventives
1.3.10. Perspectives sur les opportunités médicales de la TTX
CHAPITRE II : ETUDE EXPERIMENTALE
2.1. Les zones et périodes de l’étude
2.2. Matériel
2.2.1. Matériel biologique
2.2.1.1. Poisson
2.2.1.2. Souris
2.2.2. Matériel physique
2.3. Méthodes
2.3.1. Enquêtes de terrain
2.3.2. Etude expérimentale
2.3.2.1. Mode opératoire en saison froide (décembre-janvier)
2.3.2.2. Protocole expérimental
CHAPITRE III : RESULTATS
3.1. Apprécier les niveaux sur les connaissances relatives l’espèce de poisson
Lagocephalus laevigatus des différentes catégories socio-professionnels du secteur de la pêche
3.2. Évaluation de la toxicité par bio essais
3.2.1. Saison froide (décembre-janvier)
3.2.2. Saison chaude (mai-juin)
3.2.3. Bio essais de Thiès et Dakar de janvier et février 2019
3.3. Évaluation de l’état de fraicheur et de la qualité organoleptique des poissons
CHAPITRE IV : DISCUSSION
4.1. Analyse des connaissances et des comportements par rapport au Lagocephalus Laevigatus
4.1.1. Connaissance de l’espèce
4.1.2. Utilité(U)/Pêche ciblée (PC) / ou activité spécifique(AS)
4.1.3. Au plan médical
4.2. Évaluation de la toxicité par bio essais
4.2.1. Saison froide (décembre-janvier)
4.2.2. Saison chaude (mai-juin)
4.2.3. Troisième bio-essais sur les échantillons de Thiès et Dakar en janvier et février 2019
4.3. Évaluation de l’état de fraicheur et de la qualité organoleptique des poissons
4.4. Recommandations
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE :
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