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Hypothèses
Actuellement, l’écotourisme fait partie des modes de valorisation des ressources naturelles à Madagascar. En effet, son capital touristique repose sur un patrimoine naturel et culturel unique au monde, qui est en fait une destination de nature et de découverte confidentielle mais appréciée unanimement par les touristes (MINISTERE DU TOURISME, 2017).
Parallèlement, l’atteinte des objectifs des deux Ministères (MEEF et MINISTERE DU TOURISME) à savoir le développement de l’écotourisme pour le développement durable du pays ainsi que l’obtention de 190 000 visiteurs étrangers au sein des Parcs Nationaux et des Aires Protégées nécessite des améliorations basées sur des outils pertinents.
Par conséquent, deux hypothèses sont proposées :
Hypothèse 1 : L’arrivée des écotouristes dépend de quelques variables des facteurs intrinsèques principaux des parcs.
La particularité de leurs ressources naturelles incite les étrangers à visiter Madagascar. Ainsi, les Parcs Nationaux ont été établis afin que ces visiteurs puissent réellement contempler ces richesses.
A cet effet, diverses stratégies marketing et de communication ont été élaborées pour promouvoir la destination dans la grande île. Par ailleurs, elles devraient être tous basées aux variables intrinsèques des parcs à savoir le nombre des espèces floristiques phares, le nombre des circuits, le nombre des sites de camping, etc. Ces derniers seront détaillés dans la partie Collecte de données. De ce fait, le premier indicateur de cette hypothèse est formé par le nombre de ces variables dans le modèle explicatif du nombre des visiteurs. Ensuite, le deuxième indicateur est constitué par leurs valeurs d’attractivité écotouristique ou leurs forces d’attirer les écotouristes. Il permettra de connaître les effets supplémentaires de ces variables sur le nombre des visiteurs. Hypothèse 2 : Quelques variables des facteurs extrinsèques relatifs aux parcs déterminent également leur attractivité.
Avant de choisir les parcs à visiter, les écotouristes veulent savoir l’environnement social et économique des Zones Périphériques (ZP). Ils cherchent une expérience authentique et spécifique. En effet, l’écotourisme ne se limite pas seulement aux critères d’ordre écologique mais également d’ordre social et économique.
Ainsi, les caractéristiques des variables extrinsèques par rapport aux parcs tels que l’état des routes bitumées, le nombre des hôtels les plus proches des parcs, etc nécessitent d’être identifiées. Par conséquent, le nombre de ces derniers dans le modèle explicatif du nombre des visiteurs compose le premier indicateur de cette hypothèse. Mais également, leurs valeurs d’attractivité informant leurs effets sur le nombre de ces visiteurs forment le deuxième indicateur.
Pour aboutir à tout cela, un processus de modélisation sera entrepris. Premièrement, des analyses descriptives seront menées afin d’identifier les caractéristiques générales des attraits intrinsèques et extrinsèques notamment les richesses biologiques, l’hébergement, l’accessibilité et les caractéristiques socioéconomiques des parcs. Ces analyses seront suivies d’une modélisation statistique du nombre des visiteurs avec les différentes variables précitées. Elles aboutiront à un modèle permettant de vérifier ces indicateurs de chaque hypothèse émise.
Objectifs de l’étude
L’objectif général de cette étude est de contribuer à l’amélioration du secteur écotouristique à Madagascar. Les objectifs spécifiques se sont basés sur les recommandations stipulées par RAKOTOZAFY (2005) par lequel les acteurs devront explorer et répertorier les bonnes pratiques qui serviront de modèles et de moyen pour atteindre les standards de qualité. Les réalisations en matière d’écotourisme dans les AP devront être identifiées afin de servir de modèles dans d’autres régions et d’autres AP. Cette connaissance constituera la base pour le développement d’une formation adéquate pour tous les acteurs (RAKOTOZAFY, 2005). Ces objectifs sont les suivants :
– Identifier les principales ressources écotouristiques des Parcs Nationaux répondant aux besoins des écotouristes
– Modéliser un site écotouristique en se basant sur des variables principaux
Etat des connaissances
Milieu d’étude
Situation géographique et institutionnelle
Cette étude se fait au niveau des Parcs Nationaux (PN) qui constituent les sites écotouristiques les plus promus à Madagascar. Selon le CoAP (2015), le PN vise à mettre en place un système de gestion durable de l’écosystème aux fins écotouristiques. Au total, les PN sont au nombre de 28 (Annexe 1) et répartis dans presque toute la région de l’île (Annexe 2). Ils occupent une superficie de 2 146 732 ha. (Annexe 1). La gestion de ce type d’AP est assurée par MNP. Il a vu le jour en 1990 et a été reconnu d’utilité publique à travers le décret n° 91-592 du 4 décembre 1991 (MNP, 2016).
Climat et Phytogéographie
La répartition climatique et la formation végétale de la grande île permet de connaître les caractéristiques des écosystèmes au niveau des AP écotouristiques (Annexe 2). Selon le type de climat, le pays peut être subdivisé en 04 régions naturelles :
la région orientale à climat chaud et humide soumise aux effets permanents de l’alizé qui viennent de l’Océan Indien,
la région occidentale à climat tropical sec avec une saisonnalité bien marquée due aux effets de la mousson,
la région centrale à climat plus tempéré par les influences altitudinales des températures,
la région du Sud-Ouest à climat aride ou subaride.
Cette distribution aussi climatique que physiographique constitue le facteur principal de répartition des formations végétales malgaches (GSPM, 2011). S’ajoutant le facteur édaphique qui détermine certains types d’écosystèmes forestiers (Tableau 1)
Pressions et menaces sur les Aires Protégées malgaches
Sur les services écosystémiques
Les Aires Protégées malgaches subissent diverses pressions et menaces aussi anthropiques que naturelles nuisant l’équilibre écologique au niveau des écosystèmes. Le « tavy » persiste dans toute la région de l’île et menace les services écosystémiques offerts par la forêt. Notamment le cas de la forêt sèche dont le taux annuel élevé de déforestation est principalement lié à la culture sur brûlis, au feu non-contrôlé, au feu destiné au pâturage et aux besoins en charbon de bois (SOARIMALALA & RAHERILALAO, 2008).
Des projets sur des gisements miniers et pétroliers, et des exploitations illicites ont connu une expansion considérable au cours de ces dernières années. De nombreuses espèces rares et uniques de l’île sont directement menacées par le développement de ces projets. Dans l’AP de Didy par exemple, une déforestation de masse a menacé gravement jusqu’à l’extirpation locale de la diversité biologique de cette région (ALLIANCE VOAHARY GASY, 2013). Elle a eu également des impacts considérables, entre autres sur l’agriculture et l’approvisionnement en eau des populations riveraines.
Le changement climatique constitue la première menace du maintien des différentes fonctions de la forêt. Aussi, il agit surtout sur les écosystèmes marins et aquatiques. Selon thinktank, GermanWatch, Madagascar était en 2012 le 4ème pays le plus exposé du monde aux risques climatiques, et les prévisions laissent présager un accroissement des phénomènes au cours des 50 prochaines années. La biodiversité, les sols, les écosystèmes en général sont fragiles et particulièrement exposés aux risques et aux pressions naturelles.
Sur la faune et la flore
L’exploitation illicite des produits ligneux constitue les facteurs prépondérants de la dégradation de la diversité floristique. Comme le cas en 2009, la quantité de bois précieux abattus a été de l’ordre de 52 000 tonnes, venant de 100 000 arbres de bois de rose et d’ébène qui ont fait l’objet d’une coupe sélective (RANDRIAMALALA & LIU, 2010). Parmi les zones les plus exploitées pour ces bois précieux sont les forêts du Nord-Est de l’île, alors qu’elles servent d’habitats naturels préférentiels pour un grand nombre d’espèces typiquement forestières à distribution très restreintes.
Pour la faune, les pressions de chasse dans différentes régions ont des impacts importants sur certaines populations. Ces animaux sont chassés pour répondre aux besoins quotidiens ; ils sont aussi collectés massivement et vendus vivants ou grillés sur les marchés. Dans les campagnes de l’île, en particulier à proximité de zones forestières, Tenrec est communément servi de façon saisonnière dans les restaurants locaux (« hotely ») comme un plat du jour (SOARIMALALA & GOODMAN, 2011). Les lémuriens sont chassés comme gibiers dans certaines régions malgaches. Le braconnage de ce groupe a beaucoup augmenté depuis la crise de 2009, surtout au cours des exploitations illicites de bois précieux dans plusieurs blocs forestiers de Madagascar, même au sein des Aires Protégées (SOARIMALALA & GOODMAN, 2011).
Ecotourisme
Concept
L’émergence de ce concept fut commencée par CEBALLOS-LASCURAIN (1987) qui a donné la première définition de l’écotourisme comme étant un « voyage calme et non contaminateur des espaces dont l’objectif est d’étudier et de contempler les paysages, les animaux et les plantes sauvages, ainsi que les manifestations culturelles (actuelles et passées) que l’on peut trouver dans ces espaces » (ORAMS, 1995 ; cités par CHABOUD, MERAL & ANDRIANAMBININA, 2004). Le terme « écotourisme » a resté ainsi depuis longtemps comme un concept car leur définition légitime n’a pas été encore fixée. En général, trois dimensions composent le concept de l’écotourisme telles que la nature, l’éducation et la durabilité.
Plus précisément, la structure de l’écotourisme est basée principalement sur les ressources naturelles et culturelles (Figure 1). Le dynamisme des acteurs tente ainsi de gérer durablement ces ressources.
Quant à la définition de l’écotouriste, il est celui qui visite des régions relativement peu développées dans un esprit d’appréciation, de participation et de sensibilisation. L’écotouriste pratique une forme de tourisme qui est non-consommatrice des ressources naturelles et faunistiques ; il participe directement
à la conservation du site ainsi qu’à l’amélioration du bien-être économique des populations locales (DEHOORNE & TRANSLER, 2007).
Principes
L’écotourisme est une forme de tourisme durable qui vise à préserver à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales et contribue de manière positive et équitable au développement socioéconomique.
L’objectif du développement touristique durable est donc de « rendre compatible l’amélioration des conditions environnementales et sociales qui résulte du développement touristique avec le maintien de capacités de développement pour les générations futures » (LECOLLE, 2008).
Cependant, à la différence des principes de ce dernier, l’écotourisme ne se contente pas d’une approche écologique passive (économie d’énergie, utilisation d’énergies renouvelables, traitement des rejets…), mais implique également une participation active des populations locales et des touristes à des actions de sauvegarde et/ou d’éducation à la sauvegarde de la biodiversité telles que la reforestation, la protection de la faune et de la flore, la réintroduction d’espèces menacées… (LECOLLE, 2008).
Une approche systémique peut également déterminer les principes de l’écotourisme (CHARBONNEAU, 2008). L’écotourisme, le tourisme solidaire et le tourisme équitable constituent un système permettant de ressortir les principes de l’écotourisme (Figure 2).
Le concept de tourisme solidaire nécessite un engagement de responsabilité de tous les acteurs impliqués, fondé sur le respect des rythmes, des valeurs, des us et coutumes des habitants et de leur environnement ainsi qu’une redistribution équitable des bénéfices (CHARBONNEAU, 2008). Le tourisme solidaire rejoint l’écotourisme puisqu’il s’appuie sur les ressources naturelles et culturelles de la zone d’accueil, avec un accent particulier sur le renforcement des capacités et la prise en charge communautaire du développement touristique.
Le tourisme équitable découle du tourisme solidaire, auquel sont ajoutés les principes du commerce équitable. Les bénéfices sociaux, culturels et financiers de ces activités profitent à la population d’accueil et sont équitablement répartis entre les membres de la communauté, par le financement de projets de développement qui visent à améliorer leurs conditions de vie (Plate-forme pour le commerce équitable, 2007).
A partir de ces interactions, l’écotourisme se repose sur 6 principes (DEHOORNE & TRANSLER, 2007) :
Nature et culture
L’écotourisme soutient la préservation des environnements, tant naturel que culturel, et s’intègre aux milieux et sociétés d’accueil. Il ne se borne pas aux seules préoccupations d’ordre écologique mais il accorde aussi une place notable à la dimension culturelle des sociétés locales. L’’immersion dans cette culture locale contribue à l’intensification de l’expérience touristique.
Le bien-être des sociétés hôtes
L’ouverture des territoires aux pratiques écotouristiques contribue à l’amélioration des conditions de vie des populations locales ainsi qu’à la diversification de leurs activités économiques. L’implication des populations autochtones dans les différents services écotouristiques favorise une croissance économique locale. En effet, les initiatives locales seront valorisées et apporteront des bénéfices pour ces sociétés.
Des touristes responsables
L’écotourisme s’adresse d’abord à des clientèles averties, respectueuses des milieux et lieux visités, sensibles aux cultures et soucieuses d’apprendre ; il permet une éducation à l’environnement.
Ces consommateurs plus responsables doivent être davantage conscients de leurs actes, de la fragilité des équilibres écologiques, sociaux et culturels qu’ils visitent, des effets déstabilisateurs qu’ils peuvent générer dans ces milieux traditionnels, relativement isolés.
La participation des sociétés hôtes
Le projet écotouristique requiert l’implication effective des populations locales dont le rôle ne peut pas être réduit à une simple coloration exotique : il faut une implication au quotidien, une responsabilisation et une participation aux prises de décision.
La durabilité
Les pratiques écotouristiques, davantage soucieuses du développement des sociétés hôtes et de la préservation des ressources, qui contrôlent leurs volumes de consommations touristiques, s’inscrivent dans une perspective durable tout en étant conscient que l’équilibre qui s’établit « doit être vu comme une tension dynamique et évolutive dans le temps et non comme une condition physique de développement ». Cette durabilité doit agir sur les trois dimensions (Tableau 2) : environnement, socioculturelle et économique.
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Table des matières
INTRODUCTION
2. METHODOLOGIE
2.1. Problématique et hypothèses
2.1.1. Problématique
2.1.2. Hypothèses
2.1.3. Objectifs de l’étude
2.2. Etat des connaissances
2.2.1. Milieu d’étude
2.2.2. Ecotourisme
2.2.3. Attractions touristiques
2.3. Méthodes proprement dites
2.3.1. Sélection des attraits écotouristiques
2.3.2. Collecte de données
2.3.3. Traitement et analyse des données
3. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
3.1. Attraits intrinsèques
3.1.1. Richesses biologiques
3.1.2. Circuits d’observation
3.2. Attraits extrinsèques
3.2.1. Accessibilité
3.2.2. Hébergement
3.2.3. Caractéristiques socioéconomiques
3.3. Modèle d’un Parc National très attractif
3.3.1. Variables préliminaires
3.3.2. Modèle général d’un Parc National très attractif
4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1. Limites de la méthodologie et de l’étude
4.1.1. Limites des matériels et méthodes
4.1.2. Limites de l’étude en général
4.2. Importance écotouristique des attractions intrinsèques et extrinsèques des Parcs Nationaux malgaches
4.2.1. Valorisation écotouristique des richesses biologiques dans les Parcs Nationaux malgaches
4.2.2. Intérêts écotouristiques des initiatives locaux
4.3. Analyse comparative du modèle avec les autres études
4.3.1. Comparaison par rapport aux facteurs intrinsèques
4.3.2. Comparaison par rapport aux facteurs extrinsèques
4.4. Vérification des hypothèses
4.5. Recommandations
4.5.1. Plan d’action pour la mise en place des infrastructures écotouristiques répondant aux besoins des écotouristes
4.5.2. Plan d’action pour l’implication de la communauté locale dans les processus de gestion écotouristique
4. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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