IMPORTANCE ECOLOGIQUE DES CHAUVES-SOURIS
La diversitรฉ et la variation de lโhabitat exploitรฉ par les Chauves-souris sont en relation avec leur rรฉgime alimentaire. Ce dernier indique ร leur tour le rรดle des Chiroptรจres dans lโรฉcosystรจme. Certaines espรจces se nourrissent de nectar ou de fruit : elles sont donc nectarivores ou frugivores. Dโautres se nourrissent principalement dโinsectes : ce sont des espรจces insectivores.
Les Chauves-souris frugivores ou nectarivores jouent un rรดle รฉcologique important dans la pollinisation des fleurs et la dispersion des graines dans de nombreux pays tropicaux (Hutson et al., 2001). Ils ont un appareil olfactif trรจs dรฉveloppรฉ qui leur permet de sentir grรขce au vent lโodeur des fruits et des fleurs exposรฉes ou dissimulรฉes sous les feuilles. En outre, leurs grands yeux leur permettent de sโorienter et de repรฉrer leur entourage. Les fruits avalรฉs seront digรฉrรฉs et รฉjectรฉs avec les fรจces partout oรน les Chauves-souris passent. Une Chauvesouris peut avaler 60 000 graines par nuit (Fleming, 1988); une colonie de 400 individus disperse ร elle seule 140 millions de graines par an. Mรชme si 0,1% de ce nombre parvient ร germer, cela reprรฉsente dรฉjร 146 000 de semis. Ainsi, les Chauves souris frugivores jouent un rรดle indรฉniable dans la rรฉgรฉnรฉration de la forรชt dans les habitats dรฉgradรฉs (Hutson et al., 2001).
La plupart des Chauves-souris insectivores jouent un rรดle potentiel dans la rรฉduction de la population dโinsectes dans plusieurs pays du monde (Hutson et al., 2001). Certaines espรจces consomment une grande quantitรฉ dโinsectes. Prenons le cas de Tadarida brasiliensis (Molossidae), aux Etats-Unis : une colonie de 20 millions dโindividus peuvent ingรฉrer lโรฉquivalent de 50-70% de leur masse par nuit (Kunz et al., 1995). Une รฉtude faite au sud-est dโOntario, au Canada, a montrรฉ que Myotis lucifugus se nourrit abondamment de moustiques (Culicidae : Diptรจres), 85% de leurs fรจces contiennent des dรฉbris de moustiques. Suggรฉrer que cette espรจce peut aussi jouer un rรดle important dans le contrรดle biologique des insectes nuisibles (Fascione et al, 1991). De plus, les chauves-souris insectivores consomment une variรฉtรฉ dโinsectes telle que les Lรฉpidoptรจres, les Colรฉoptรจres, les Homoptรจres, les Hรฉmiptรจres, les Trichoptรจres et les Diptรจres (Ross, 1967).
MENACES SUR LES CHAUVES-SOURIS
Il y a environ cent ans, plusieurs populations de Chauves-souris ont รฉtรฉ dรฉclarรฉes menacรฉes dโextinction (Hutson et al., 2001). De toute รฉvidence, la rรฉduction du nombre de leur population est souvent les rรฉsultats de lโactivitรฉ humaine. La dรฉforestation, due ร la croissance dรฉmographique et au besoin de lโHomme, entraรฎne la destruction de lโhabitat, ce qui affecte la population des Chauves-souris. La pression anthropique touche le plus souvent les pays tropicaux, lร oรน beaucoup de gens vivent dans le milieu rural au milieu de la pauvretรฉ (Hutson et al., 2001). Fenton & Rautenbach (1998) ont pris lโexemple de Zimbabwe pour illustrer la consรฉquence de lโexplosion dรฉmographique sur la population de Chauves-souris. Depuis 1900, la population sโest accrue de 0,5 millions et durant les 40 derniรจres annรฉes ร 10 millions (Cumming, 1991), le taux de dรฉgradation de la forรชt a atteint 4% par an. Il est possible que cet accroissement affecte sรฉrieusement la population de Chauves-souris dans ce pays.
La dรฉgradation de lโhabitat, plus particuliรจrement la forรชt, est une menace qui pรจse sur la plupart de la communautรฉ de Chauves-souris. Les forรชts sont des habitats clรฉs, tout en รฉtant le gรฎte et le lieu des activitรฉs des Chauves-souris dans le monde (Hutson et al., 2001). Lโagriculture a eu un sรฉrieux impact sur lโhabitat. Le feu de brousse ou ยซ Tavy ยป a รฉgalement un effet nรฉgatif sur lโhabitat naturel. Cette pratique nuit ร lโรฉcosystรจme et peut tuer les espรจces qui vivent et chassent dans la forรชt. Lโutilisation dโinsecticides contenant des produits toxiques est aussi une menace pour les Chauves-souris. Rรฉcemment, le DDT (Dichlorodiphรฉnyltrichlorรฉthane) a รฉtรฉ utilisรฉ au Zimbabwe pour rรฉduire le nombre dโanophรจles vecteurs de paludisme et pour contrรดler la population de mouche tsรฉ tsรฉ et des insectes nuisibles. En comparant les milieux pulvรฉrisรฉs et non pulvรฉrisรฉs par le DDT, McWilliam (1994) a prouvรฉ que lโutilisation de ce produit chimique a augmentรฉ le taux de mortalitรฉ de certaines espรจces de Chauves-souris au Zimbabwe.
Concernant le Statut de conservation des Chauves-souris, Mickleburgh et al. (1992) a revu le Statut relatif aux Mรฉgachiroptรจres et celui relatif aux Microchiroptรจres a รฉtรฉ revu par Hutson et al. (2001). La publication de ces deux documents permet dโattirer lโattention du Gouvernement afin de promouvoir la conservation des Chauves-souris sur le plan international, national et rรฉgional (Mickleburgh et al., 2002).
TAXONOMIE DES CHAUVES-SOURIS
Les Chauves-souris comptent actuellement 1001 espรจces ร travers le monde. Ce chiffre reprรฉsente un quart de toutes les espรจces mammaliennes connues. Elles appartiennent ร lโOrdre des Chiroptรจres qui se divisent en deux sous-ordres (Hutson et al., 2001) :
-S/O des Mรฉgachiroptรจres (167 espรจces) principalement frugivores ou nectarivores
-S/O des Microchiroptรจres (834 espรจces) dont 75% sont principalement insectivores et les 25% restants se nourrissent des Poissons, des Amphibiens, des fruits ou des fleurs .
Les Chauves-souris malgaches comprennent 30 espรจces appartenant ร 19 genres et 7 familles. Le S/O des Mรฉgachiroptรจres comporte la seule famille, 3 genres et 3 espรจces endรฉmiques. Le S/O des Microchiroptรจres comporte six familles, 16 genres et 27 espรจces (Eger & Mitchell, 2003). Cependant, 18 espรจces de Chauves-souris malgaches sont endรฉmiques ce qui correspond ร 60% dโendรฉmicitรฉ dans notre pays. De plus, les Microchiroptรจres malgaches prรฉsentent une famille endรฉmique (Myzopodidae) prรฉsentant une seule espรจce : Myzopoda aurita (Thomas, 1904). Les Microchiroptรจres rencontrรฉs dans cette รฎle sont tous insectivores.
Biais dus ร la mรฉthode dโinvestigation des insectes
La mรฉthode utilisant le piรจge lumineux prรฉsente certaines limites non nรฉgligeables. Cependant, le succรจs dโun piรจge lumineux dรฉpend essentiellement de la perturbation du comportement normal des insectes et sa rรฉaction face aux diffรฉrents types de piรจges utilisรฉs dans les habitats et suivant la nuit (Bowden, 1982). Il est ร signaler en outre que les insectes diurnes peuvent รชtre attirรฉs par la lumiรจre U.V. pendant la nuit. Lโinconvรฉnient de lโutilisation de ces piรจges (piรจge Malaise et lumineux), installรฉs au niveau du sol, est quโils peuvent capturer des insectes qui ne sont pas ร la portรฉe des Chauvessouris (Kunz, 1988). La dรฉtermination de lโabondance dโinsectes disponibles pour les prรฉdateurs est un problรจme difficile pour les รฉcologistes. Mรชme sโil est possible dโestimer lโabondance des insectes dans un milieu donnรฉ, une telle estimation ne reprรฉsente pas les proies disponibles pour les Microchiroptรจres. Ce problรจme se pose parce que ce ne sont pas tous les insectes capturรฉs, dans un habitat donnรฉ qui sont facilement repรฉrรฉs par les Microchiroptรจres (Kunz, 1988). Par exemple, les insectes de petite taille sont souvent moins dรฉtectables par les Microchiroptรจres alors quโils sont capturรฉs en abondance grรขce aux mรฉthodes conventionnelles. En revanche, il se peut que les insectes de grande taille apparaissent plus dรฉtectables par les Microchiroptรจres du fait quโils reflรจtent un รฉcho plus intense que celui des insectes de petite taille (Kunz, 1988).
Biais dus ร la mรฉthode de dรฉtection ultrasonique
Lโutilisation dโappareils dรฉtecteurs dans lโรฉtude des activitรฉs des Microchiroptรจres dans les diffรฉrents types de forรชts prรฉsente une certaine complexitรฉ. Premiรจrement, certaines espรจces sont moins dรฉtectables que dโautres. Cependant, lโรฉtude a รฉtรฉ limitรฉe sur la comparaison des activitรฉs entre les habitats, mais il a รฉtรฉ difficile de faire la comparaison des activitรฉs entre les espรจces. Deuxiรจmement, lโencombrement des habitats rรฉduit la dรฉtectabilitรฉ de lโรฉcholocation comparรฉe avec les milieux ouverts (Law et al., 1999).
De plus, il est difficile de distinguer le mรชme individu qui passe devant le dรฉtecteur dans un intervalle de temps donnรฉ et en opposรฉ de distinguer plusieurs individus qui passent au mรชme moment (OโFarrell & Gannon, 1999). Lโinterprรฉtation des activitรฉs des Microchiroptรจres enregistrรฉs par lโappareil dรฉtecteur exige donc une attention particuliรจre. On ne peut pas dรฉnombrer, ร lโaide de cet appareil, le nombre dโindividus prรฉsents dans un milieu donnรฉ. En outre, lโutilisation de la mรฉthode dโhรฉtรฉrodyne est bien limitรฉe. Cependant, elle fonctionne dans un intervalle de frรฉquence limitรฉe. Les Chauves-souris produisant des sons en dehors de cette limite ne sont pas repรฉrรฉes (Petterson, 1993).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I-GENERALITES
I-1 IMPORTANCE ECOLOGIQUE DES CHAUVES-SOURIS
I-2 MENACES SUR LES CHAUVES-SOURIS
I-3 TAXONOMIE DES CHAUVES-SOURIS
I-4 MICROCHIROPTERES
I-4-1 Caractรจres gรฉnรฉraux
I-4-2 Habitats
I-4-3 Notion dโรฉcholocation et son rรดle
I-4-4 Relation entre รฉcholocation, habitats et forme des ailes
II- PRESENTATION DU MILIEU DโETUDE
II-1 DESCRIPTION DU MILIEU ABIOTIQUE
II-1-1 Situation gรฉographique
II-1-2 Relief
II-1-3 Climat
II-2 DESCRIPTION DU MILIEU BIOTIQUE
II-2-1 Vรฉgรฉtation
II-2-2 Faune
II-3 DESCRITION DES SITES DโETUDE
II-3-1 Rรฉserve Spรฉciale dโAnalamazaotra
II-3-2 Parc National de Mantadia
II-4 PERIODE DโETUDE
III-MATERIELS ET METHODES
III-1 METHODES DโETUDE DE LโACTIVITE DES MICROCHIROPTERES
III-1-1 Habitats ร observer
III-1-2 Mรฉthode de description des habitats
III-1-3 Mรฉthodes de capture et dโidentification des espรจces
III-1-3-1 Matรฉriels de capture
III-1-3-2 Technique de piรฉgeage
III-1-3-3 Identification
III-1-4 Mรฉthodes de dรฉtection ultrasonique
III-1-4-1 Quelques dรฉfinitions
III-1-4-2 Mรฉthodes de conversion ultrasonique
III-1-4-3 Points dโรฉcoute
III-1-4-4 Observation des activitรฉs des Chauves-souris au cours de la nuit
III-1-5 Mรฉthode dโรฉtude dโabondance des insectes
III-1-5-1 Capture des insectes
III-1-5-2 Identification et comptage
III-2-ANALYSE ET TRAITEMENT DES DONNEES
III-2-1 Analyse morphomรฉtrique
III-2-2 Analyse des donnรฉes collectรฉes par la dรฉtection ultrasonique
III-2-2-1 Test de Kruskal-Wallis
III-2-2-2 Test de Mann-Whitney
III-2-2-3 Corrรฉlation de Spearman
III-2-2-4 Analyse de sonogramme
IV- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV-1 STRUCTURE DES HABITATS
IV-2 RESULTATS DE CAPTURE DES CHAUVES-SOURIS
IV-3 RESULTATS DE LA DETECTION ULTRASONIQUE
IV-3-1 Hรฉtรฉrodyne et division de frรฉquence: Variation des activitรฉs des Microchiroptรจres
IV-3-1-1 Variation des activitรฉs dans le Parc National de Mantadia
IV-3-1-2 Variation des activitรฉs dans la Rรฉserve Spรฉciale dโAnalamazaotra
IV-3-2 Expansion temporelle : les espรจces dรฉtectรฉes
IV-3-3 Structure de lโรฉcholocation et habitats exploitรฉs
IV-4 VARIATION DES ACTIVITES DES MICROCHIROPTERES AU COURS DE LA NUIT
IV-5 VARIATION DE LโABONDANCE DES INSECTES
IV-6 CORRELATIONS OBSERVEES
V-DISCUSSIONS
V-1 BIAIS DUS AUX METHODOLOGIES ET DES MATERIELS UTILISEES
V-1-1 Biais dus ร la mรฉthode dโinvestigation des insectes
V-1-2 Biais dus ร la mรฉthode de dรฉtection ultrasonique
V-2 HABITAT PREFERENTIEL DES MICROCHIROPTERES
V-2-1 Abondance des proies disponibles
V-2-2 Structure des habitats
V-2-3 Risque de prรฉdation
V-3 COMPARAISON DES ESPECES PRESENTES DANS CHAQUE HABITAT
V-4 RELATION ENTRE ACTIVITES DES MICROCHIROPTERES ET ABONDANCE DES INSECTรS
V-5 COMPARAISON DES ESPECES DES CHAUVES-SOURIS INVENTORIEES ENTRE LES SITES
CONCLUSIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
Mini disque Sony
Duet Bat Box
Pettersson D980
RESUME