Obligations
La principale source pour se chapitre est le cours de « Fixed Income » donné par M. Yann Schoderet à la HEG à Carouge durant l’année scolaire 2015-2016 (sans support). En 2014, malgré l’environnement de taux d’intérêts faibles, les obligations constituent toujours la plus grande part des investissements des fonds de pension en Suisse. Elles étaient toujours très prisées car elles représentent des investissements relativement sûrs et qu’il est possible d’accorder la duration du portfolio obligataire avec le horizon temporel des engagements. La duration mesure la sensibilité des obligations aux variations des taux d’intérêt et représente la durée d’immobilisation moyenne des capitaux. Ayant des engagements à très long-terme, les caisses de pension peuvent s’intéresser à des titres avec duration élevée qui ne sont pas désirés par des investisseurs avec un horizon temporel à court terme. Comme la duration est également une mesure de risque, les obligations avec une duration élevée doivent proposer aussi une rémunération supérieure. Néanmoins, la duration n’est qu’une approximation du risque de taux, car elle repose sur l’hypothèse que les taux d’intérêt pour toutes les échéances varient dans la même mesure. La duration s’attend donc à un déplacement parallèle de la courbe des taux ce qui n’est jamais le cas dans la réalité. Le graphique n° 7 ci-dessus montre que le rendement réalisé effectivement sur les obligations de la Confédération (en vert) s’éloigne de plus en plus du rendement cible des caisses de pension (en bleu) (3). Cela montre clairement que les obligations à elles-mêmes ne peuvent pas assurer le rendement nécessaire pour le fonctionnement des institutions de prévoyance, surtout que depuis 2015, le rendement des obligations de la Confédération est même négatif (10, p.23). De plus, la Banque Nationale Suisse (BNS) ne semble pas prête à augmenter sitôt leurs taux d’intérêts. Selon le bulletin d’information de la BNS pour le premier trimestre 2016, le franc suisse est toujours nettement surévalué. Par le biais des taux directeurs négatifs, elle souhaite donc rendre les placements en francs suisses moins attrayants et elle a exprimé son intention de laisser les taux directeurs au niveau actuel (10, p.5).
La même tendance de taux bas s’applique aussi aux titres des dettes souveraines des autres pays développés. Sur le graphique n° 8 ci-dessous sont représentés en plus des taux directeurs de la BNS les taux de la Banque Centrale Européenne (BCE) et de la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed). Encouragé par une légère croissance de l’économie américaine tout au long de l’année 2015, la Fed était la seule banque centrale ayant pris la décision d’augmenter ses taux à la fin de l’année 2015. Des nouvelles hausses de taux de la part de la Fed sont prévues pour l’année 2016. La BNS et la BCE au contraire poursuivent une politique monétaire expansionniste et attendent une croissance accélérée avant une hausse des taux (19). Les investisseurs peuvent trouver un rendement plus intéressant sur les marchés émergents. Des nombreux Etats émettent des emprunts obligataires dans leur monnaie locale. Cependant, ces titres présentent aussi bien plus de risques en raison par exemple du risque de change, de l’instabilité économique et politique du pays en question et l’inflation qui peut être très élevé dans les pays émergents.
Pour comparaison, la Suisse a enregistré une inflation de -0.86% en mars 2016 pendant que le Brésil montrait une inflation de 9.39% pour la même période (20). Donc même si le rendement nominal peut paraître très attractif, le rendement réel l’est bien moins. Les obligations d’entreprises offrent de manière générale un rendement supérieur aux titres souverains, car elles sont estimées comme plus risqués. En effet, les obligations d’Etat présentent un risque de défaut quasi nul car, en tout cas théoriquement, les Etats ne peuvent pas faire de faillite. Pour compenser le risque, les entreprises doivent donc offrir un rendement supérieur aux titres des Etats. Les titres corporate peuvent être attribués à deux catégories selon leurs ratings financiers. Les agences de notation telles que Moody’s, Standard & Poor’s ou encore Fitch Ratings donnent aux différents emprunts obligataires des notes de AAA pour le meilleur à D pour le pire selon le risque de défaut de l’emprunt :
Marché monétaire
Le marché monétaire représente tous les investissements à court terme, dont les liquidités et les opérations sur devises. Le marché monétaire est extrêmement liquide et a une échéance inférieure à une année (23). Etant donné les faibles rendements sur le marché suisse et pour des raisons de diversification, les fonds de pension pourraient être tentés de chercher un rendement supérieur sur les marchés étrangers. Cependant, pour garantir la sécurité des placements, il est primordial de couvrir le risque de change qui peut être très sévère (3, p.6). Suite à l’abandon du taux plancher EUR/CHF de la BNS en janvier 2014 et l’incertitude des prévisions qui en résulte, il est d’autant plus important de couvrir les placements en monnaies étrangères (14, p.16). L’OPP2 (12) précise également que les investissements non couverts en monnaies étrangères ne doivent pas dépasser 30%. Le risque de change peut être couvert par des produits dérivés, mais il faut être conscient que cette couverture a un prix et diminue le rendement réel. Les institutions de prévoyance peuvent utiliser par exemple des currency swaps dans lequel on échange les flux d’un emprunt en monnaie étrangère contre ceux d’un emprunt en monnaie domestique. Ainsi, le risque lié à la volatilité du taux de change est éliminé.
Le prix de la couverture dépend de la monnaie contre laquelle on souhaite se protéger et des conditions des marchés financiers. Les monnaies les plus courantes sont le dollar américain, l’euro, le livre sterling et le yen. La couverture sera donc moins chère pour ces devises que pour des valeurs plus exotiques telles que le dollar australien ou le peso mexicain (24). 2015 était une année gravée de fortes variations de valeurs qui étaient dues en grande partie aux décisions inconventionnelles des banques centrales en matière de politique monétaire. La forte dépréciation du dollar américain a joué un rôle central. L’économie japonaise peine aussi à relancer les moteurs, exactement comme c’est le cas en Europe. Même si le marché des devises s’est stabilisé un peu début 2016, le risque de change reste bien présent (22). Le Crédit Suisse prévoit un taux relativement stable pour le change CHF/EUR, qui devrait rester autour de 1.10. Un peu plus de variations sont prévues pour le taux USD/CHF. La monnaie américaine devrait s’apprécier de 0.96 à 1.06 CHF par dollar américain jusqu’à la fin de l’année, toujours selon le Crédit Suisse (19, p.5). Généralement, les caisses de pension préfèrent couvrir le risque de change. En moyenne, l’exposition au risque de change des institutions de prévoyance suisse s’élevait à 17% seulement à fin 2014 selon un rapport de la Commission de Haute Surveillance de la Prévoyance Professionnelle (18, p.36).
L’immobilier entre dans la catégorie des actifs réels, mais dans les fonds de pension suisse, l’immobilier représente la majeure partie des placements alternatifs et en conséquence, il est calculé souvent en tant que classe d’actifs individuelle (3). L’immobilier est une valeur sûre pour les caisses de pension, car il génère un rendement intéressant et stable sans un risque excessif. Les investissements dans l’immobilier sont caractérisés par une faible liquidité, surtout en cas d’un marché baissier, et par des grandes transactions car les objets ne sont pas divisibles (27). Le risque de faible liquidité ne pose pas un vrai problème aux institutions de prévoyance puisqu’elles ont un horizon d’investissement à très long terme. Aussi l’importance des transactions peut être gérée facilement, surtout par les grandes caisses de pension qui ont beaucoup de fonds à disposition. En investissant dans l’immobilier, il faut également tenir compte de l’aspect régional de ces actifs. En effet, les pays d’un même continent montrent généralement une forte corrélation. D’autres avantages de l’immobilier sont la protection contre l’inflation et la faible corrélation avec les autres classes d’actifs (27).
L’immobilier peut être catégorisé selon le type d’utilisation dans des bâtiments résidentiels, commerciales, industriels, des bureaux et d’autres actifs immobilisés tels que des parkings, des hôtels, des hôpitaux, etc. Selon la catégorie, il y a des variations dans la durée de l’investissement et dans le profil rendement-risque. Les immeubles résidentiels présentent le profil rendement-risque le plus attractif. En plus des investissements directs dans des immeubles, les placements peuvent se faire indirectement via des fonds immobiliers ou des participations dans des sociétés immobilières. Les placements indirects présentent généralement de coûts de transaction moins élevés, une liquidité plus importante et une plus grande transparence. Les indices peuvent être directs avec des propriétés en tant que sous-jacents ou indirects constitués avec des sociétés immobilières. Ils peuvent également être spécialisés selon une catégorie d’immobilier précise (25, 27). Le marché immobilier suisse est à un point culminant où les investisseurs se demandent s’il s’agit d’un simple cycle conjoncturel ou s’il s’agit d’une bulle immobilière qui est proche de l’éclat (27). La progression des prix de l’immobilier a ralenti et la croissance du volume des prêts hypothécaires a diminué. Pour l’Immofonds Suisse (SIX), le Crédit Suisse prévoit un rendement annualisé de 4.0% pour les 5 années à venir et un risque de 7.4%. Compte tenu du rendement des autres classes d’actifs, l’immobilier reste une option très intéressante pour les caisses de pension (19, p.5).
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Table des matières
Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
1Introduction
1.1Importance des fonds de pension
1.2Les difficultés de la prévoyance en Suisse
1.2.1Vieillissement démographique
1.2.2Difficultés à générer des rendements suffisants
1.3Problématique
2Analyse
2.1Allocation d’actifs
2.1.1Allocation d’actifs actuelle
2.1.1.1Obligations
2.1.1.2Actions
2.1.1.2.1Risques liés à l’entreprise
2.1.1.2.2Risques liés au marché
2.1.1.2.3Prévisions
2.1.1.3Marché monétaire
2.1.1.4Actifs alternatifs
2.1.1.4.1Immobilier
2.1.1.4.2Autres actifs réels
2.1.1.4.3Hedgefunds
2.1.1.4.4Autres actifs alternatifs
2.1.1.4.5Limitation des actifs alternatifs
2.1.2Améliorations possibles dans l’allocation d’actifs
2.1.2.1Couples Rendement-Risque
2.1.2.2Modélisation de portefeuille selon Markowitz
2.1.2.3Comparatif international
2.2Modèle de Yale
2.2.1Qu’est-ce qu’un fond de dotation et quelles sont les similitudes avec les fonds de prévoyance?
2.2.2Historique et philosophie d’investissement
2.2.3Caractéristiques spécifiques au modèle de Yale
2.2.4Conditions pour la réussite
3Conclusion
3.1Résultats de l’analyse de l’allocation d’actifs
3.2Résultats de l’analyse du modèle de Yale
3.3Recommandations et avis personnel
Bibliographie
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