Importance des connaissances en nutrition
La saine alimentation est un concept qui, malgrรฉ son utilisation au quotidien, nโest pas toujours dรฉfini adรฉquatement (Elmadfa & Meyer, 2012). La plupart des instances dans le domaine sโentendent cependant sur lโobjectif dโune alimentation saine, soit lโatteinte dโun รฉtat de santรฉ globale par une quantitรฉ adรฉquate dโaliments et de nutriments (Elmadfa & Meyer, 2012). Plusieurs modรจles alimentaires ont รฉtรฉ identifiรฉs comme favorables pour la santรฉ (Jacobson & Stanton, 1986), et ceux-ci se ressemblent en termes de recommandations, soit de privilรฉgier les fruits et lรฉgumes ainsi que les grains entiers et les viandes maigres, et de diminuer les viandes rouges, les cรฉrรฉales raffinรฉes et les autres produits transformรฉs (Stoody et al., 2014). Une alimentation saine est dโautant plus importante รฉtant donnรฉ son rรดle comme facteur de risque modifiable dans le contexte de maladies chroniques, dont la prรฉvalence demeure รฉlevรฉe au Canada comme dans le monde (Agence de la santรฉ publique du Canada, 2015). Dโailleurs, partout au monde, des recommandations alimentaires sont รฉtablies par les autoritรฉs en santรฉ, afin dโencourager des habitudes alimentaires optimales dans les populations (Brown et al., 2011). Au Canada, le Guide alimentaire canadien (GAC), dont la derniรจre version date de 2007, fait office de rรฉfรฉrence en saine alimentation (Santรฉ Canada, 2007a). Bien que le GAC fasse la promotion dโune alimentation saine, les recommandations ne semblent pas bien respectรฉes par la population, puisque les apports alimentaires des Canadiens ne reflรจtent pas les recommandations alimentaires au pays (Garriguet, 2007; Mathe et al., 2015; Vanderlee, McCrory, & Hammond, 2015).
Afin de dรฉterminer ce qui cause la non-adhรฉsion aux recommandations alimentaires, il faut donc se rapporter aux facteurs qui influencent la consommation alimentaire. Ces facteurs se divisent en dรฉterminants environnementaux, sociaux et individuels, et ont leur rรดle ร jouer sur les apports et les comportements alimentaires des individus (Raine, 2005). Au niveau environnemental, lโaccรจs ร des supermarchรฉs semble faciliter lโatteinte dโune saine alimentation, alors que la proximitรฉ de dรฉpanneurs et de restaurants de type fast-food semble plutรดt encourager une moins bonne alimentation en gรฉnรฉral, bien que la littรฉrature demeure mitigรฉe ร ce sujet (Giskes, van Lenthe, Avendano-Pabon, & Brug, 2011). Du cรดtรฉ social, un soutien de la part de la famille sโavรจre particuliรจrement aidant dans lโadoption de saines habitudes alimentaires, bien que les pairs puissent รฉgalement avoir une influence sur les apports, de faรงon soit positive ou nรฉgative, selon leur attitude (Kalavana, Maes, & De Gucht, 2010; Williams, Thornton, & Crawford, 2012). Parmi les dรฉterminants individuels, certains facteurs sociodรฉmographiques sont associรฉs ร lโalimentation saine, tels que le sexe fรฉminin, un รขge plus avancรฉ, de mรชme quโun statut socio-รฉconomique รฉlevรฉ (Garriguet, 2007). Les prรฉfรฉrences alimentaires ont รฉgalement un impact dans lโadoption dโune saine alimentation, particuliรจrement lโattrait pour les fruits et lรฉgumes (Williams et al., 2012). De plus, un niveau รฉlevรฉ dโefficacitรฉ personnelle, ainsi que le fait de percevoir peu de barriรจres ร la saine alimentation, semblent รชtre positivement associรฉs ร une consommation plus รฉlevรฉe dโaliments sains (Shaikh, Yaroch,ย Nebeling, Yeh, & Resnicow, 2008).
Parmi les facteurs individuels, les connaissances en nutrition ont รฉgalement un rรดle majeur ร jouer. En effet, leur importance relรจve particuliรจrement de lโutilisation qui en est faite, soit les nombreux programmes dโรฉducation en nutrition basรฉs sur lโamรฉlioration des connaissances pour entraรฎner une amรฉlioration des comportements alimentaires (Spronk, Kullen, Burdon, & O’Connor, 2014). Par ailleurs, les connaissances en nutrition proviennent souvent de plusieurs sources dโinformations, si bien que les connaissances sont parfois plutรดt des croyances, vรฉhiculรฉes entre autres par les diffรฉrents mรฉdias, et ne concordent pas nรฉcessairement avec la littรฉrature scientifique actuelle (Fitzgibbon et al., 2007). Il faut รฉgalement considรฉrer que plusieurs facteurs influencent les connaissances en nutrition, soit le sexe, le niveau dโรฉducation et les revenus familiaux (Barbosa, Vasconcelos, Correia, & Ferreira, 2016). Bien que les รฉtudes nโobservent pas toujours des associations hautement significatives entre les connaissances en nutrition et les apports alimentaires, il demeure quโune revue de la littรฉrature a identifiรฉ que de meilleures connaissances en nutrition seraient associรฉes ร une consommation plus รฉlevรฉe de lรฉgumes et fruits (Spronk et al., 2014). Une consommation dโaliments ยซ camelote ยป serait au contraire associรฉe ร de moins bonnes connaissances en nutrition. Tel quโobservรฉ par les auteurs, les associations les plus manifestes รฉtaient prรฉsentes dans les รฉtudes oรน le questionnaire utilisรฉ avait รฉtรฉ soumis ร un processus de validation (Spronk et al., 2014).
Dans cette optique, le dรฉveloppement de questionnaires valides est donc primordial, et cโest pourquoi de plus en plus dโรฉtudes sโassurent dโutiliser des mรฉthodes de validation appropriรฉes avant dโutiliser un questionnaire, tel que proposรฉ par Parmenter et Wardle (2000). Ces auteurs sont dโailleurs ร lโorigine du General Nutrition Knowledge Questionnaire (GNKQ), lโรฉtalon dโor en matiรจre de questionnaires sur les connaissances en nutrition (Parmenter & Wardle, 1999). Lors de la conception dโun questionnaire, les auteurs doivent dโabord bien dรฉfinir les sections comprises dans lโoutil, puis concevoir des questions basรฉes sur la littรฉrature scientifique (Dickson-Spillmann, Siegrist, & Keller, 2011; Parmenter & Wardle, 1999). Plusieurs รฉtudes rapportent une รฉvaluation de la validitรฉ de contenu et de construit de leur questionnaire (Alsaffar, 2012; Hendrie, Cox, & Coveney, 2008). Lโanalyse factorielle, bien que peu utilisรฉe dans le domaine des connaissances en nutrition, pourrait รชtre un bon moyen de vรฉrifier la structure du questionnaire ainsi que les questions les plus appropriรฉes (Henson & Roberts, 2006). En ce qui a trait ร la fiabilitรฉ, la grande majoritรฉ des auteurs vรฉrifient la cohรฉrence interne ainsi que la fiabilitรฉ test-retest pour complรฉter la validation de leur questionnaire (Jones et al., 2015; Parmenter & Wardle, 1999).
Vu lโabsence dโun outil de mesure validรฉ sur les connaissances en nutrition et plus particuliรจrement de lโadhรฉsion aux recommandations du GAC, le dรฉveloppement dโun outil pour la population canadienne pourrait permettre dโรฉvaluer les connaissances en nutrition et leur lien avec diffรฉrents facteurs comme lโรขge, le sexe, le niveau dโรฉducation et les revenus familiaux. Ce mรฉmoire traite donc principalement des connaissances en nutrition, plus prรฉcisรฉment de la validation de questionnaires sur le sujet. Le chapitre II de cet ouvrage prรฉsente lโรฉtat actuel de la littรฉrature englobant les connaissances en nutrition, regroupรฉes sous quatre thรจmes, soit la saine alimentation, les dรฉterminants de la saine alimentation, les connaissances en nutrition et la validation de questionnaires sur les connaissances en nutrition. Le chapitre III dรฉsigne les objectifs et hypothรจses et met lโรฉtude en contexte. Lโarticle est inclus au chapitre IV, prรฉsentรฉ dans sa version originale en anglais. Finalement, le chapitre V, le dernier de ce mรฉmoire, fait office de discussion gรฉnรฉrale sur le projet, et offre des perspectives pour la poursuite dโรฉtudes dans le domaine.
Problรฉmatique:
La saine alimentation
Dรฉfinition de la saine alimentation
Une alimentation saine signifie quโelle permet dโobtenir les quantitรฉs idรฉales de nutriments et dโaliments afin dโassurer un รฉtat de santรฉ globale, et ce, en รฉvitant les excรจs (Elmadfa & Meyer, 2012). Afin de caractรฉriser la notion dโalimentation saine, il est de plus en plus frรฉquent de considรฉrer lโalimentation non pas en termes dโaliments ou de nutriments, mais davantage sous forme dโun profil alimentaire (Jacques & Tucker, 2001). Cette faรงon de dรฉfinir et dโanalyser lโalimentation permet dโรฉtudier les effets globaux de la diรจte et a lโavantage dโรชtre plus reprรฉsentative de lโalimentation des individus, puisque ces derniers consomment en rรฉalitรฉ des combinaisons dโaliments et non des nutriments ou des aliments seuls (Jacobson & Stanton, 1986; Kant, 1996). ร titre dโexemple dโun profil alimentaire associรฉ ร la santรฉ, la diรจte mรฉditerranรฉenne a รฉtรฉ identifiรฉe comme รฉtant reprรฉsentative dโune alimentation saine (Ros et al., 2014). Lโalimentation mรฉditerranรฉenne est illustrรฉe par une pyramide, et basรฉe sur une abondance dโaliments dโorigine vรฉgรฉtale peu transformรฉs, une quantitรฉ modรฉrรฉe de poisson et de volaille, et peu de sucres concentrรฉs et de viandes rouges (Willett et al., 1995). Plusieurs rรฉgimes alimentaires dits ยซ sains ยป sont comparables en termes dโaliments ร privilรฉgier ou ร limiter, puisquโun profil alimentaire sain se caractรฉrise gรฉnรฉralement par des apports รฉlevรฉs en lรฉgumes, fruits, volaille, poisson et grains entiers, et des apports plus faibles en viande rouge et cรฉrรฉales raffinรฉes (O’Sullivan, Gibney, & Brennan, 2011). LโOrganisation mondiale de la Santรฉ (OMS) a รฉgalement offert sa dรฉfinition dโune alimentation saine comme รฉtant la rรฉduction des apports en gras trans et saturรฉs, en sucre et en sel, et lโaugmentation des apports en fruits, lรฉgumes, grains entiers et noix (OMS, 2015). Selon une revue de la littรฉrature menรฉe par le dรฉpartement dโagriculture amรฉricain (USDA), il a รฉtรฉ observรฉ que parmi les diffรฉrents profils alimentaires analysรฉs, on nโen retrouvait pas un qui se dรฉmarquait particuliรจrement des autres au niveau des effets sur la santรฉ (Stoody et al., 2014). En effet, autant lโalimentation mรฉditerranรฉenne, la diรจte DASH que des profils alimentaires basรฉs sur diffรฉrents guides alimentaires entraรฎnaient des effets positifs sur la santรฉ. Cela indique que malgrรฉ une certaine variabilitรฉ au sein des modรจles alimentaires existants, il nโexiste pas nรฉcessairement un profil manifestement plus bรฉnรฉfique (Stoody et al., 2014).
Par ailleurs, afin de dรฉterminer si une population adopte ou non une alimentation saine, il importe dโavoir des moyens de mesurer cette donnรฉe, ce qui nโest pas toujours simple (Alkerwi, 2014). Lโalimentation peut รชtre mesurรฉe par des scores de qualitรฉ alimentaire (diet quality scores). Auparavant, ces indices รฉtaient basรฉs sur les nutriments, mais il a depuis รฉtรฉ รฉtabli que les profils alimentaires sont davantage reprรฉsentatifs (Waijers, Feskens, & Ocke, 2007). Les scores basรฉs sur des profils alimentaires (par exemple, les groupes alimentaires dโun guide alimentaire quelconque), consistent en une mesure des dimensions de la qualitรฉ alimentaire afin dโรฉtablir un score pour chaque individu (Kant, 1996). Tel que rapportรฉ par Waijers et al. (2007), les indices de qualitรฉ alimentaire indiquent gรฉnรฉralement lโadhรฉsion ร des recommandations alimentaires, et non la qualitรฉ alimentaire absolue. Par exemple, plusieurs scores ont รฉgalement รฉtรฉ dรฉveloppรฉs en lien avec le rรฉgime alimentaire mรฉditerranรฉen, afin de mesurer le lien entre lโadhรฉsion ร cette diรจte et plusieurs paramรจtres de santรฉ, comme les maladies cardiovasculaires ou la prรฉvalence dโobรฉsitรฉ. (Bach et al., 2006). Aux รtats-Unis, le Healthy Eating Index 2010 (HEI-2010) permet de mesurer la saine alimentation telle que proposรฉe par les recommandations alimentaires amรฉricaines (Guenther et al., 2014). Au Canada, lโindice de mesure de la qualitรฉ alimentaire est basรฉ sur la version de 2005 de lโindice amรฉricain (HEI2005). Lโindice a รฉtรฉ modifiรฉ afin dโรชtre adaptรฉ aux plus rรฉcentes recommandations en termes dโalimentation au Canada, soit le GAC de 2007 (Garriguet, 2009).
Lien entre lโalimentation et la santรฉ
Une alimentation saine peut donc รชtre dรฉfinie de plusieurs faรงons, mais lโobjectif demeure lโatteinte dโune bonne santรฉ ainsi que la prรฉvention des dรฉcรจs liรฉs ร des maladies chroniques. Prรจs de 68% des dรฉcรจs au niveau mondial sont attribuables aux maladies chroniques, incluant les maladies cardiovasculaires, le cancer et le diabรจte (WHO, 2014). Au Canada, en 2014, le pourcentage de Canadiens atteints dโau moins une des maladies chroniques importantes (cancer, diabรจte, maladie cardiovasculaire, maladie respiratoire chronique) รฉtait de 21,4% chez les adultes รขgรฉs de 20 ans et plus (Statistique Canada, 2014). La prรฉvalence semble avoir augmentรฉ puisque les donnรฉes de 2010-2011 indiquent que le pourcentage des adultes รขgรฉs de 20 ans et plus souffrant dโune maladie chronique majeure รฉtait alors de 15,7% (Statistique Canada, 2011).
Bien que certains facteurs de risque non modifiables tels que lโรขge, le sexe ou la composition gรฉnรฉtique soient impliquรฉs dans la prรฉvalence des maladies chroniques, ils ne sont pas les seuls dans la balance (Agence de la santรฉ publique du Canada, 2015). En effet, plusieurs facteurs comportementaux sont hautement associรฉs aux maladies chroniques, que ce soit pour leur rรดle protecteur ou pour les risques quโils occasionnent (Agence de la santรฉ publique du Canada, 2014). Les dรฉterminants ayant des effets positifs dans le cadre de la prรฉvention des maladies chroniques incluent lโactivitรฉ physique et une alimentation saine. Au contraire, le tabagisme, la sรฉdentaritรฉ, lโalimentation malsaine, la consommation dโalcool et le stress chronique reprรฉsentent des facteurs de risque de dรฉveloppement de ces maladies (Agence de la santรฉ publique du Canada, 2014).
Parmi les solutions pour faire face ร la prรฉvalence importance de maladies chroniques, lโalimentation est donc un aspect primordial (WHO, 2014). Dโailleurs, une alimentation saine a non seulement รฉtรฉ associรฉe ร la prรฉvention ou au contrรดle des maladies chroniques, mais รฉgalement ร une rรฉduction de la mortalitรฉ toutes causes confondues (McNaughton, Bates, & Mishra, 2012).
Recommandations alimentaires
Afin de sensibiliser les citoyens ร lโadoption dโune saine alimentation dans le but dโamรฉliorer la santรฉ de la population, les autoritรฉs en santรฉ partout dans le monde รฉmettent des recommandations alimentaires sโadressant aux habitants de leur pays respectif (Brown et al., 2011). Ces recommandations, prรฉsentรฉes sous forme de guide alimentaire ou autrement, ont pour objectif de favoriser des habitudes et comportements alimentaires sains en รฉtablissant des bases pour la nutrition publique et les programmes dโรฉducation en nutrition de mรชme que pour les politiques agricoles (FAO, 2016). Le but est รฉgalement de promouvoir la santรฉ globale et de prรฉvenir les maladies chroniques par le biais de modรจles alimentaires permettant lโatteinte et le maintien dโune bonne santรฉ (FAO, 2016).
La connaissance des recommandations nutritionnelles est trรจs variable dโun pays ร lโautre (Brown et al., 2011). Par exemple, il a รฉtรฉ rapportรฉ quโen Nouvelle-Zรฉlande, la majoritรฉ des gens รฉtaient peu sensibilisรฉs aux recommandations alimentaires gouvernementales (Keller & Lang, 2008). Par ailleurs, en 2006, aux รtats-Unis, 80,4% des citoyens รฉtaient sensibilisรฉs ร la ยซ Food Guide Pyramid ยป, le guide alimentaire entrรฉ en vigueur en 1992 (Wright & Wang, 2011). Selon une รฉtude amรฉricaine sur la sensibilisation de la population aux recommandations alimentaires, il semble que les niveaux de connaissance varient selon les sous-groupes de la population (Wright & Wang, 2011). Selon les rรฉsultats de lโรฉtude, les jeunes de 16-19 ans รฉtaient bien sensibilisรฉs aux recommandations gouvernementales, alors que les personnes รขgรฉes lโรฉtaient moins. Les auteurs mentionnent que la prรฉsence de programmes dโรฉducation en nutrition dans les รฉcoles pourrait expliquer cette disparitรฉ. Ainsi, il pourrait รชtre pertinent dโรฉlargir les cibles dans lโรฉducation nutritionnelle afin de rejoindre toutes les strates de la population et dโassurer un enseignement uniforme des recommandations (Wright & Wang, 2011).
Un autre aspect ร รฉvaluer lorsquโil est question de recommandations alimentaires est le temps nรฉcessaire aux citoyens pour apprendre ร connaรฎtre un nouveau guide alimentaire suite ร son รฉmission. ร ce titre, une revue systรฉmatique effectuรฉe aux รtats-Unis suggรจre que la connaissance des guides alimentaires augmente avec le temps (Haack & Byker, 2014). Dans cette revue, on comparait entre autres les plus rรฉcents guides alimentaires publiรฉs par lโUSDA, soit MyPlate, publiรฉ en au dรฉbut 2011 et son prรฉdรฉcesseur MyPyramid, publiรฉ en 2005. Dans cette revue, plusieurs รฉtudes portant sur MyPyramid montraient que la connaissance du guide augmentait sur 12 ans, et ce mรชme aprรจs lโintroduction de MyPlate, (Uruakpa, Moeckly, Fulford, Hollister, & Kim, 2013; Wansink & Kranz, 2013; Wright & Wang, 2011). De plus, il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ que les participants connaissaient davantage MyPyramid que MyPlate, et ce mรชme en 2013, soit deux ans aprรจs la publication de MyPlate (McKinley, Lee, & Policastro, 2012; Uruakpa et al., 2013; Wansink & Kranz, 2013). Il apparait donc que malgrรฉ la publication dโun nouveau guide alimentaire, la population a besoin dโun certain temps pour sโy familiariser, et sans doute encore davantage pour y adhรฉrer.
Guide alimentaire canadien
Au Canada, les recommandations alimentaires pour la population sont contenues dans le GAC, qui reprรฉsente la rรฉfรฉrence en matiรจre de saine alimentation au pays, et dont la derniรจre version a รฉtรฉ รฉmise en 2007 (Santรฉ Canada, 2007a). Selon le gouvernement canadien, une alimentation saine comprend une variรฉtรฉ dโaliments provenant des quatre groupes alimentaires, et permet de maintenir une bonne santรฉ et un รฉtat de bien-รชtre (Gouvernement du Canada, 2015). Les groupes alimentaires sont, en ordre dรฉcroissant de proportion dans lโalimentation, les lรฉgumes et fruits, les produits cรฉrรฉaliers, les lait et substituts ainsi que les viandes et substituts (Santรฉ Canada, 2011). Tel que mentionnรฉ prรฉcรฉdemment, le GAC constitue รฉgalement la base de plusieurs programmes dโรฉducation en nutrition et politiques alimentaires (Santรฉ Canada, 2011).
Le modรจle de saine alimentation proposรฉ par le GAC est fondรฉ sur les donnรฉes scientifiques probantes (Santรฉ Canada, 2011). Son รฉlaboration a nรฉcessitรฉ lโexamen de plusieurs types et quantitรฉs dโaliments, puis menรฉ ร lโidentification dโun profil alimentaire reflรฉtant les besoins nutritionnels et les donnรฉes actuelles sur la rรฉduction du risque de maladies chroniques. De plus, le modรจle alimentaire tient compte du contexte et de la rรฉalitรฉ canadienne dans le choix des aliments et groupes dโaliments. Il comporte des recommandations dโordre quantitatif et dโordre qualitatif. Lโimage suivante (figure 1) est une reprรฉsentation du GAC, soit un arc-en-ciel, dont les quatre arcs illustrent les proportions relatives de chaque groupe alimentaire pour une alimentation saine. De plus, quelques aliments compris dans chaque groupe y sont reprรฉsentรฉs.
Qualitรฉ alimentaire des Canadiens
Bien quโil semble que les Canadiens soient assez familiers avec le GAC, sans nรฉcessairement lโappliquer, quโen est-il de leurs apports alimentaires ? En fait, peu de rapports rรฉcents ont รฉvaluรฉ lโalimentation globale des Canadiens, le plus rรฉcent รฉtant lโEnquรชte sur la santรฉ dans les collectivitรฉs canadiennes (ESCC), datant de 2004, dont les rรฉsultats ont รฉtรฉ rapportรฉs dans une รฉtude de Garriguet (2007). Malgrรฉ le fait que cette enquรชte date de 2004, la littรฉrature semble montrer que les profils alimentaires sont stables dans le temps, et ainsi les habitudes alimentaires des Canadiens sont peu susceptibles dโavoir changรฉ drastiquement depuis ce temps (Cutler, Flood, Hannan, & NeumarkSztainer, 2009; Jankovic et al., 2014). De plus, lโรฉtude est parue en 2007, soit la mรชme annรฉe que la publication de la derniรจre version du GAC. Ainsi, les apports alimentaires sont comparรฉs non pas au GAC de 2007, mais bien aux recommandations en vigueur au moment de lโรฉtude, soit le GAC de 1992. Par ailleurs, on peut tout de mรชme relever certaines informations importantes. Par exemple, la majoritรฉ des Canadiens nโatteignaient pas les 5 portions minimales du groupe lรฉgumes et fruits par jour recommandรฉes par le GAC de 1992 (Santรฉ Canada, 2007b). Sachant que les recommandations du GAC de 2007 sont maintenant de 7-8 portions pour les femmes adultes et entre 8-10 pour les hommes adultes pour ce mรชme groupe alimentaire (Santรฉ Canada, 2007a), on peut supposer que les apports dโun plus grand nombre dโindividus se situeraient en-dessous des recommandations pour les lรฉgumes et fruits. Chez les hommes, les apports du groupe des viandes et substituts se situaient en haut des recommandations alors que cette tendance nโรฉtait pas vue chez les femmes. Le groupe des autres aliments, malgrรฉ quโil ne soit pas un groupe officiel du GAC, reprรฉsentait alors prรจs de 22% des apports des Canadiens, alors que le GAC de 1992 recommandait de les inclure de faรงon modรฉrรฉe (Santรฉ Canada, 2007b). Au Quรฉbec, un rapport de lโInstitut national de santรฉ publique du Quรฉbec (INSPQ), รฉgalement basรฉ sur les donnรฉes de lโESCC, a montrรฉ des rรฉsultats similaires, avec 39% des adultes quรฉbรฉcois nโatteignant pas 5 portions de lรฉgumes et fruits par jour (INSPQ, 2009). De plus, moins du tiers dโentre eux consommaient le nombre recommandรฉ de 2 portions de lait et substituts, et la consommation de produits cรฉrรฉaliers ร grains entiers รฉtait รฉgalement en-deรงร des recommandations.
Dรฉterminants de la saine alimentationย
Malgrรฉ les recommandations bien รฉtablies pour encourager la saine alimentation chez les Canadiens, le fait de connaรฎtre leur existence nโest pas suffisant pour obtenir des effets concrets sur la prise alimentaire des individus. En effet, il semble quโil y ait discordance entre les รฉvidences scientifiques et lโadhรฉsion aux recommendations alimentaires. Malgrรฉ la littรฉrature scientifique qui suggรจre un lien รฉvident entre la saine alimentation et la santรฉ, on constate une faible adhรฉsion aux recommendations alimentaires qui favorisent une telle alimentation. (WHO, 2003a). Une revue de la littรฉrature de Raine (2005) sur les dรฉterminants de la saine alimentation au Canada indique dโailleurs que bien que lโadoption dโune alimentation saine et lโacte de manger en gรฉnรฉral puissent paraรฎtre simples ร premiรจre vue, les apports alimentaires sont en fait influencรฉs par un grand nombre de facteurs. Ces dรฉterminants ont un impact sur les choix alimentaires de la personne et sur ses comportements alimentaires et peuvent รชtre dโordre environnemental, social ou individuel (Raine, 2005). Il est ร noter que de nombreuses รฉtudes sur les dรฉterminants de la saine alimentation portent en rรฉalitรฉ sur les dรฉterminants de la consommation de fruits et lรฉgumes, puisquโil a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ dans la littรฉrature quโune consommation รฉlevรฉe de fruits et lรฉgumes รฉtait en gรฉnรฉral reprรฉsentative dโune saine alimentation dans la population (Staser et al., 2011). Le diagramme suivant de Contento (2008) illustre les diffรฉrents dรฉterminants qui influencent les choix et comportements alimentaires, et expose bien la multitude de facteurs qui entrent en compte pour mener aux choix alimentaires, ร commencer par les facteurs biologiques (Figure 2). Les autres dรฉterminants prรฉsentรฉs sont les facteurs associรฉs ร lโexpรฉrience avec la nourriture, comme les prรฉfรฉrences alimentaires, suivis des facteurs intra-personnels tels que le soutien social, ainsi que les dรฉterminants environnementaux, par exemple lโaccessibilitรฉ alimentaire.
Dรฉterminants environnementaux
Lโenvironnement alimentaire dans lequel les individus รฉvoluent, notamment en termes dโaccessibilitรฉ ร la nourriture et de la disponibilitรฉ alimentaire, influence lโadhรฉsion ร la saine alimentation (Bleich, Jones-Smith, Wolfson, Zhu, & Story, 2015). Certaines รฉtudes ont observรฉ que lorsque plus dโoptions dโaliments sains sont disponibles dans les รฉpiceries, les achats et les apports alimentaires des individus ont tendance ร รชtre de meilleure qualitรฉ nutritive (Cheadle et al., 1991; Morland, Wing, Diez Roux, & Poole, 2002). Par ailleurs, en plus des รฉpiceries, de nombreux commerces ont maintenant une offre alimentaire grandissante facilitant ainsi lโaccรจs ร la nourriture, comme les pharmacies et mรชme certaines librairies et quincailleries, sans compter les machines distributrices quโon retrouve pratiquement partout (Gordon-Larsen, 2014). La qualitรฉ nutritive des aliments disponibles nโy est cependant pas toujours optimale et selon certaines รฉtudes, lโaccรจs ร des aliments de type ยซ camelote ยป, soit des aliments non favorables ร la santรฉ, serait associรฉe ร un rรฉgime alimentaire de niveau nutritif faible, alors quโun meilleur accรจs ร des aliments sains serait liรฉ ร une diรจte dite ยซ santรฉ ยป (Cummins, Flint, & Matthews, 2014). Toutefois, dans dโautres รฉtudes, de telles associations nโont pas รฉtรฉ observรฉes (Ball, Crawford, & Mishra, 2006; Boone-Heinonen et al., 2011). Dans certains quartiers dรฉfavorisรฉs, on compte un moins grand nombre dโรฉpiceries, et davantage dโรฉtablissements comme des dรฉpanneurs ou restaurants de type fast-food, qui font office de lieux dโapprovisionnement alimentaire pour les rรฉsidents de ces secteurs (Giskes et al., 2011; Larson, Story, & Nelson, 2009; Powell, Slater, Mirtcheva, Bao, & Chaloupka, 2007). En ce sens, certaines รฉtudes rapportent que le fait de rรฉsider dans un quartier plus dรฉfavorisรฉ quant au niveau socio-รฉconomique aurait รฉgalement une influence sur les apports alimentaires, vu lโoffre alimentaire peu favorable ร la saine alimentation dans ces commerces (Morland, Diez Roux, & Wing, 2006). Cependant, certaines รฉtudes, dont une rรฉcente de Oexle (2015) nโont pas observรฉ dโassociation entre lโaccรจs ร des restaurants de type fast-food et la consommation dโaliments qui proviennent de ces รฉtablissements. Certains aspects restent donc ร รชtre รฉclaircis quant ร lโinfluence de lโaccรจs ร diffรฉrents types dโรฉtablissements ayant une offre alimentaire et lโutilisation de ceux-ci par les rรฉsidents. Vu les rรฉsultats mitigรฉs dans la littรฉrature, il est difficile de se prononcer sur un effet direct de la disponibilitรฉ et de lโaccessibilitรฉ alimentaire sur les apports. Lโenvironnement semble tout de mรชme avoir une certaine influence sur lโalimentation, mais il est difficile pour lโinstant dโen connaรฎtre la portรฉe.
Dรฉterminants sociaux
Les dรฉterminants sociaux de lโalimentation touchent surtout lโaspect du soutien social offert par les proches. Dโabord, la famille a un rรดle ร jouer dans lโadoption de saines habitudes alimentaires chez les enfants, puisque les parents agissent comme premiers modรจles dโalimentation pour les enfants et encouragent, ou non, la consommation dโaliments sains (Johnson, 2016). Par ailleurs, lโadoption de saines habitudes alimentaires serait influencรฉe par le soutien de la famille chez les adultes รฉgalement (Ball et al., 2006; Evans, McNeil, Laufman, & Bowman, 2009; Homish & Leonard, 2008; McGee et al., 2008; Shaikh et al., 2008; Williams et al., 2012; Yates et al., 2012). Par exemple, Williams et collaborateurs (2012) ont effectuรฉ une รฉtude portant sur les facteurs associรฉs positivement ร une alimentation saine et nรฉgativement ร une alimentation malsaine. Ils ont observรฉ que lorsque les membres de la famille agissaient ร titre de soutien positif, la consommation dโaliments sains รฉtait plus รฉlevรฉe, alors que la consommation dโaliments de type ยซ camelote ยป รฉtait plus faible ( Williams et al., 2012). Ainsi, certaines รฉtudes semblent indiquer que le soutien familial favorise une alimentation saine, et dรฉcourage la consommation dโaliments moins nutritifs.
Dรฉterminants individuels
Les apports alimentaires des individus sont รฉgalement influencรฉs par certains facteurs individuels. En effet, en plus des facteurs extรฉrieurs comme le soutien social et lโenvironnement, lโalimentation est รฉgalement rรฉgie par plusieurs influences au niveau mรชme de lโindividu, qui affectent son comportement (Raine, 2005). Ces dรฉterminants รฉtant trรจs nombreux, seulement quelques-uns dโentre eux seront prรฉsentรฉs ici, soit ceux plus prรฉsents dans la littรฉrature. Dโabord, parmi les facteurs sociodรฉmographiques, de nombreuses รฉtudes ont observรฉ que lโalimentation variait selon le sexe, lโรขge et le niveau socio-รฉconomique des individus (Garriguet, 2009; Marques-Vidal et al., 2015; Swan, Bouwman, Hiddink, Aarts, & Koelen, 2015). Selon les รฉtudes effectuรฉes au Canada comme ailleurs dans le monde, il semble que les femmes aient de meilleures habitudes alimentaires que les hommes (Dehghan, Akhtar-Danesh, & Merchant, 2011; Garriguet, 2007; MarquesVidal et al., 2015; Swan et al., 2015). Cette association pourrait รชtre expliquรฉe par certaines caractรฉristiques observรฉes chez les femmes, comme une conscience plus marquรฉe de leur รฉtat de santรฉ, de mรชme quโune plus grande attention portรฉe ร leur poids et leur apparence et une plus grande frรฉquence de prรฉparation des repas (Hiza, Casavale, Guenther, & Davis, 2013). Une association a aussi รฉtรฉ observรฉe entre une alimentation saine et un รขge plus avancรฉ (Garriguet, 2009). Selon plusieurs รฉtudes, les individus รขgรฉs tendent ร avoir de meilleures habitudes alimentaires (Marques Vidal et al., 2015), ce qui pourrait รชtre expliquรฉ par le fait quโils passent plus de temps ร prรฉparer des repas faits maison, ou encore par leur moins grande consommation de repas de type fast-food (Adams et al., 2015; Adams & White, 2015). En ce qui concerne le niveau socio-รฉconomique, Beydoun et Wang (2007) ont rapportรฉ quโun statut socio รฉconomique faible pourrait engendrer une barriรจre due au prix des aliments sains, et encourager la consommation dโaliments ยซ camelote ยป moins dispendieux. Il semble quโun niveau dโรฉducation รฉlevรฉ soit รฉgalement marqueur dโune meilleure alimentation (Estaquio et al., 2008; Hu et al., 2013), ce qui pourrait รชtre expliquรฉ par les revenus plus รฉlevรฉs rapportรฉs chez ces individus (Marques-Vidal et al., 2015). Par ailleurs, des revenus familiaux plus รฉlevรฉs ont tout de mรชme รฉtรฉ associรฉs ร une meilleure alimentation indรฉpendamment du niveau dโรฉducation, et ainsi les deux facteurs doivent รชtre considรฉrรฉs dans lโรฉquation (Marques-Vidal et al., 2015).
Les prรฉfรฉrences alimentaires ont รฉgalement un impact sur les habitudes alimentaires. Selon une รฉtude de Williams et collaborateurs (2012), une prรฉfรฉrence pour les fruits et lรฉgumes รฉtait associรฉe de faรงon positive ร une alimentation saine, et de faรงon nรฉgative ร une alimentation malsaine. รgalement, la perception de barriรจres ร la saine alimentation pourrait รชtre un facteur limitant dans lโadoption dโune telle alimentation. En effet, chez les femmes qui percevaient le temps et le coรปt des aliments comme รฉtant des barriรจres majeures ร la saine alimentation, la consommation de fruits et lรฉgumes รฉtait plus faible (Williams et al., 2012). Lโimportance de lโefficacitรฉ personnelle comme dรฉterminant de la saine alimentation a รฉgalement รฉtรฉ soulignรฉe dans plusieurs รฉtudes, notamment dans une revue de la littรฉrature de Shaikh et al. (2008) portant sur les dรฉterminants de la consommation de fruits et lรฉgumes. On compte รฉgalement comme dรฉterminant de la saine alimentation les connaissances en nutrition (Ball et al., 2006; Guillaumie, Godin, & VezinaIm, 2010), dont il sera question plus en dรฉtail dans la section suivante.
Connaissances en nutritionย :
Importance des connaissances en nutrition :
Il importe de souligner que les connaissances en nutrition, bien quโelles aient leur rรดle ร jouer dans lโadoption de comportements alimentaires sains, reprรฉsentent seulement un des facteurs dans la panoplie prรฉsentรฉe dans la section prรฉcรฉdente (Contento, 2008). Cependant, ce facteur est non nรฉgligeable car lโamรฉlioration des connaissances est souvent visรฉe pour amรฉliorer les habitudes alimentaires. En effet, partout dans le monde, des programmes dโรฉducation en nutrition sont mis sur pied dans le but dโamรฉliorer les comportements alimentaires de la population et souvent, ces programmes sont basรฉs entiรจrement ou en partie sur lโamรฉlioration des connaissances en nutrition (Spronk et al., 2014; Williams et al., 2012). Un autre aspect expliquant lโimportance de considรฉrer les connaissances en nutrition comme dรฉterminant de la saine alimentation concerne la perception quโont les individus de son rรดle dans lโadoption de saines habitudes alimentaires (Raine, 2005). En fait, il a รฉtรฉ observรฉ que dans la population, la perception dโun manque de connaissances en nutrition se rรฉvรจle un obstacle important ร lโadoption dโune saine alimentation, tel que rapportรฉ dans deux รฉtudes traitant des barriรจres ร la saine alimentation (Farahmand et al., 2015; Farahmand, Tehrani, Amiri, & Azizi, 2012).
Sources dโinformation en nutrition :
Il est donc reconnu que les connaissances en nutrition sont un facteur quโil importe de considรฉrer, mais avec la mรฉdiatisation actuelle de la nutrition, il peut รชtre difficile pour la population de distinguer le vrai du faux. En effet, bien que des recommandations sur lโalimentation aient รฉtรฉ รฉmises autant au niveau mondial par lโOMS quโau niveau national par le GAC, une multitude dโautres informations en nutrition sont disponibles ร la population et ce, provenant dโinnombrables sources (OMS, 2015; Santรฉ Canada, 2007a). Par le biais des mรฉdias, une grande quantitรฉ dโinformation circule, basรฉe souvent davantage sur des croyances en nutrition plutรดt que sur des faits et รฉmergeant dโune variรฉtรฉ de sources diffรฉrentes. Selon une รฉtude de Fitzgibbon et al. (2007), on retrouve comme sources dโinformation en nutrition non seulement les guides alimentaires officiels รฉmis par les gouvernements des diffรฉrents pays, mais รฉgalement lโindustrie alimentaire, les mรฉdias de masse ainsi que les annonceurs publicitaires. Malgrรฉ que la facilitรฉ dโaccรจs ร de tels renseignements puisse รชtre positive, cโest plutรดt lโintรฉrรชt de ces diffรฉrents informateurs qui est questionnable. En effet, le gouvernement vise, par le biais de ses recommandations alimentaires, ร รฉduquer la population ainsi quโร amรฉliorer les apports alimentaires en se basant sur des donnรฉes scientifiques probantes. Par ailleurs, dโautres groupes dโintรฉrรชts ont des objectifs diffรฉrents. Les auteurs de la mรชme รฉtude indiquent ร ce sujet lโintention des mรฉdias de masse qui, par le biais des publicitรฉs, visent ร gรฉnรฉrer des profits, par exemple par la promotion des rรฉgimes ร la mode, et ce sans se fier aux รฉvidences scientifiques. Miller et ses collaborateurs (2006) ont รฉgalement soulignรฉ dans leur article sur la communication en nutrition que la disparitรฉ entre les informations peut entraรฎner un sentiment de confusion chez les consommateurs. Selon les auteurs, ces derniers se sentent partagรฉs entre des messages contradictoires, dโune part les informations retrouvรฉes dans la littรฉrature scientifique en nutrition, et dโautre part lโinterprรฉtation souvent erronรฉe que les mรฉdias font des conclusions dโรฉtudes (Miller et al., 2006). Il est donc normal que la population se sente perdue dans cette cacophonie dโinformations, au sein de laquelle il est difficile de reconnaรฎtre le vrai du faux.
Facteurs influenรงant les connaissances en nutrition :
Mise ร part cette cacophonie au niveau de lโinformation en nutrition, plusieurs facteurs influencent les connaissances en nutrition. Une revue de la littรฉrature rรฉcente de Barbosa et collaborateurs (2016) a mis en lumiรจre les diffรฉrentes รฉtudes existantes sur les connaissances en nutrition et a rapportรฉ les diffรฉrents facteurs agissant sur les connaissances. Selon cette recension de la littรฉrature, il semble que les facteurs รฉtant le plus fortement associรฉs aux connaissances en nutrition soient les revenus familiaux, le niveau dโรฉducation et le sexe. Des revenus familiaux ainsi quโun niveau dโรฉducation plus รฉlevรฉs รฉtaient associรฉs de faรงon quasi systรฉmatique avec de meilleures connaissances alimentaires. En ce qui a trait au sexe, les femmes semblent avoir en gรฉnรฉral de meilleures connaissances en nutrition que les hommes. Zawila et collaborateurs (2003), dans leur รฉtude sur les connaissances en nutrition de femmes athlรจtes, ont รฉmis lโhypothรจse que les femmes sont en gรฉnรฉral plus concernรฉes par les aspects esthรฉtiques, par exemple le poids corporel, et seraient plus disposรฉes ร rechercher de lโinformation sur lโalimentation et ainsi ร acquรฉrir de meilleures connaissances.
Conclusion gรฉnรฉrale :
Malgrรฉ son importance dans le maintien dโune bonne santรฉ, la saine alimentation ne semble pas รชtre adoptรฉe de faรงon constante dans la population. Au Canada, la qualitรฉ alimentaire ne semble pas reflรฉter les recommandations du GAC, et cette tendance est รฉgalement observรฉe dans les รฉtudes menรฉes ailleurs dans le monde, pour leurs recommandations respectives. De plus, de nombreux facteurs environnementaux, sociaux et individuels influencent lโadoption dโune alimentation saine et peuvent contribuer ร favoriser des choix alimentaires plus nutritifs. Les connaissances en nutrition font partieย intรฉgrante de ces facteurs, par lesassociations positives rapportรฉes entre le niveau de connaissances et la consommation dโaliments sains, de mรชme que par lโimportance qui leur est accordรฉe dans la conception de programmes dโรฉducation en nutrition. Pour bien identifier les effets des connaissances en nutrition, lโutilisation de questionnaires validรฉs est essentielle, et plusieurs mรฉthodes dโรฉvaluation de la validitรฉ et de la fiabilitรฉ ont รฉtรฉ suggรฉrรฉes dans la littรฉrature. Par ailleurs, comme aucun instrument de mesure des connaissances en nutrition adaptรฉ au contexte canadien ne rencontrait les besoins de notre รฉquipe de recherche, la prรฉsente รฉtude sโest penchรฉe sur le dรฉveloppement et la validation dโun questionnaire sur les connaissances en nutrition dans une population canadienne-franรงaise du Quรฉbec.
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Table des matiรจres
Chapitre I : Introduction gรฉnรฉrale
Chapitre II : Problรฉmatiqueย
1 La saine alimentation
1.1 Dรฉfinition de la saine alimentation
1.2 Lien entre lโalimentation et la santรฉ
1.3 Recommandations alimentaires
1.4 Guide alimentaire canadien
1.5 Qualitรฉ alimentaire des Canadiens
2 Dรฉterminants de la saine alimentation
2.1 Dรฉterminants environnementaux
2.2 Dรฉterminants sociaux
2.3 Dรฉterminants individuels
3 Connaissances en nutrition
3.1 Importance des connaissances en nutrition
3.2 Sources dโinformation en nutrition
3.3 Facteurs influenรงant les connaissances en nutrition
3.4 Lien entre les connaissances en nutrition et la qualitรฉ de lโalimentation
4 Dรฉveloppement et validation de questionnaires sur les connaissances en nutrition
4.1 Dรฉveloppement de questionnaires sur les connaissances en nutrition
4.1.1 Dรฉfinir le champ dโapplication du questionnaire
4.1.2 Recherche et dรฉveloppement de questions
4.2 Validation de questionnaire sur les connaissances en nutrition
4.2.1 Mรฉthodes de vรฉrification de la validitรฉ
4.2.1.1 Validitรฉ de contenu
4.2.1.2 Validitรฉ apparente
4.2.1.3 Validitรฉ de construit
4.2.1.4 Analyse factorielle
4.2.2 Mรฉthodes de vรฉrification de la fiabilitรฉ de questionnaires
4.2.2.1 Fiabilitรฉ test-retest
4.2.2.2 Cohรฉrence interne
Chapitre III : Mise en contexte, objectifs et hypothรจsesย
Chapitre IV : Dรฉveloppement et validation dโun questionnaire sur les connaissances en nutrition pour une population canadienneย
Chapitre V : Conclusion gรฉnรฉrale.
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