Par : GNANSOUNOU Sèwèdo, Grégoire Astyanax
L’évolution d’un pays dépend en grande partie de l’éducation reçue par ses fils et filles. Car un individu bien formé, bien éduqué, est un individu compétent pétri d’initiatives et de créativités, un sujet capable d’apporter des solutions aux problèmes de développement auxquels son pays se verra confronté (C. Amoussou, 2011, p.12). Ainsi l’école est perçue comme un instrument indispensable au développement des peuples. Elle est un lieu d’instruction et d’éducation des jeunes, des générations futures. A cet effet, l’école pour réussir la mission de formation qui lui est assignée, a structuré les matières à enseigner en des disciplines parmi lesquelles on a l’histoire et la géographie. Enseigner donc efficacement l’histoire et la géographie exige de la part de l’enseignant la mise à disposition des supports auprès des apprenants. Parmi ces supports, nous avons la carte, qui habitue les apprenants à voir les choses sur le plan géographique c’est à dire dans leur extension ou leur développement en surface (S. Genevois, 2008, p.23).
Dans ce contexte, l’utilisation de la carte dans les cours d’histoire et de géographie s’avère indispensable pour la construction des connaissances et d’habiletés nécessaires à l’apprentissage. Ainsi pour P. Giolitto (1992, p.57), le géographe a la carte comme les mathématiques ont les nombres. En effet, il s’agit d’un outil de représentation, de visualisation d’éléments abstraits, de recherche de liens, d’analyse et de synthèse. Selon une revue de la faculté des sciences de l’éducation de McGill University (2015, p.270), qu’elle soit statique ou animée, la carte est présente d’une manière intense dans la vie quotidienne des citoyens du 21e siècle ; son exploitation par les médias d’information (à la télévision et sur Internet) dans les médias sociaux comme dans les journaux et différentes revues est très répandue. Les chercheurs affirment que 80 % des informations qui circulent dans le monde sont reliées à la localisation spatiale d’évènements et de faits (D. Petrovic et al., 2011, p.12). Ainsi, S. W. Bednarz et al., (2006, p. 398) affirment que le citoyen moderne doit maitriser l’habileté d’utiliser des cartes pour jouer pleinement son rôle de citoyen averti.
Cette valorisation de la carte est d’autant plus vraie et utile pour l’apprenant car elle contribue au développement d’une certaine conscience territoriale qui lui permettra de situer les faits historiques et géographiques dans le monde. Ce support dans le processus enseignement-apprentissage en histoire et en géographie amène les apprenants à lire, à décrire, à interpréter, à comprendre… les données physiques, humaines ou économiques cartographiées. En effet, la carte permet de synthétiser le savoir comme le disait Napoléon, « un bon croquis en dit plus qu’un long discours ». Le support carte est plus que jamais indispensable à l’enseignement et à l’apprentissage de l’histoire et de la géographie d’où l’obligation pour les professeurs d’utiliser ce support comme le préconisent d’ailleurs les guides et programmes d’étude. Selon F. Audigier (1995, p.23) ce support renforce le côté réaliste de la discipline. Or, dans les lycées et collèges du Bénin, il est constaté que les enseignants ne font pas usage du support carte. Aussi observe-t-on dans les classes des apprenants qui montrent leur manque d’intérêt au cours d’Histoire et de Géographie fondé uniquement sur des supports textes.
Cadre théorique
Le cadre théorique prend en compte la problématique, les hypothèses, les objectifs, la revue de littérature et la définition de quelques concepts.
Problématique
La carte est l’une des plus anciennes inventions humaines qui a traversé le temps pour représenter le monde dans ses aspects concrets et abstraits (J. Green et al., 2013, p.5). Ainsi, la cartographie s’est développée grâce à l’élite d’experts et de voyageurs durant les civilisations grecque, égyptienne, romaine, chinoise, arabe et européenne pour devenir, à l’ère numérique, accessible à tous. La représentation cartographique a évolué d’une manière étroitement liée à l’intérêt que les sociétés accordent à l’appropriation de leurs territoires et d’ailleurs, les intentions territoriales et sociales d’une société étant de plus en plus exprimées et revendiquées sur la carte (A. Benimmas, 2000, p.64). Les utilisateurs de cartes qui ignorent les règles du langage cartographique ne peuvent décoder correctement le message d’une carte ni en faire une lecture critique (A. Benimmas, 2000, p.68). C’est dans cette perspective que le cartographe français J-P. Bord cité par L. Cambrézy et R. Maximy (2000, p.57) insiste sur la nécessité d’un enseignement articulé autour de différentes activités intégrant les cartes et le langage cartographique.
Il est incontestable que la carte et les autres types de représentations graphiques ont une importance au sein de l’histoire et de la géographie (S. W. Bednarz et al., 2006, p.403). L’utilisation de cartes permet de montrer que des élèves retiennent mieux les éléments visuels qu’ils observent. De nombreux élèves sont marqués par les couleurs dans leur lecture des cartes et se souviennent ainsi de leur contenu et des différentes évolutions des découpages de territoires qu’elles représentent. Les élèves savent ainsi répondre, lors des rappels de début de séance, aux problématiques des séances précédentes.
Et ce d’autant plus précisément quand il s’agit de problématiques qu’ils ont eux-mêmes trouvées grâce à l’étude des cartes. F. Picot (2003, p.17) insistait sur la nécessité d’utiliser des supports variés, stimulant la réflexion de l’apprenant comme les cartes, les schémas etc. La carte rend observable des réalités territoriales abstraites et difficiles à se représenter (A. Benimmas, 1999, p. 34) de même qu’elle permet de poser le problème d’un territoire, de le visualiser et de le confronter aux facteurs explicatifs. Dans ce sens, plusieurs chercheurs (C. Anderson et G. Leinhardt, 2002, p.56 ; A. Benimmas, 1999, p.20 ; S. M. Gregg et G. Leinhardt, 1994, p.29) considèrent la carte comme un outil indispensable pour l’apprentissage du raisonnement géographique et historique.
Ce support motive les apprenants à suivre le cours et facilite l’enseignement. Au Bénin, l’IGPM en charge de l’enseignement secondaire à travers des guides et programmes d’Histoire et de Géographie, propose aux enseignants des supports cartes à exploiter pour illustrer les cours. Ainsi pour les inspecteurs, selon le contenu et la S.A, la carte doit être employée pour permettre aux apprenants de mieux cerner le cours. Malgré toutes ces recommandations, dans la plupart des lycées et collèges du Bénin plus particulièrement au CEG Danto, la disponibilité des supports cartes connait une insuffisance ainsi que leur exploitation judicieuse. L’usage des cartes pose bien des problèmes dans le processus enseignement-apprentissage de l’Histoire et de la Géographie.
Hypothèses de travail
Les hypothèses sont les suivantes :
– Les cartes sont des supports didactiques de grande importance dans l’enseignement-apprentissage de l’Histoire et de la Géographie au CEG Danto.
– Les apprenants et les enseignants font face à de nombreuses difficultés dans l’exploitation des cartes au CEG Danto.
– Des stratégies existent pour remédier à l’exploitation peu efficiente du support carte dans l’enseignement-apprentissage de l’Histoire et de la Géographie. La vérification de ces hypothèses repose sur des objectifs de recherche.
Revue de littérature
Il s’agit de présenter quelques ouvrages lus ayant abordé le sujet de recherche.
Pour J. Fantanabona (2002), le monde est entré dans une civilisation où l’audiovisuel est prépondérant ; mais l’école ne l’utilise bien souvent qu’imparfaitement laissant de côté la réalisation graphique et cartographique. Face à ce constat, il propose un dossier pratique sur la géographie à l’école et un choix d’exercices précis à conduire en fonction des programmes officiels de géographie. Il a également abordé les points comme : comment élaborer une carte en classe, les clefs d’identification indispensables à la compréhension de la carte (le titre, la légende, l’échelle, l’orientation, etc.) De son côté, F. Picot (2003), présente les supports utilisés dans l’enseignement d’Histoire et de Géographie depuis 1969 jusqu’en 2002 afin de montrer la place qu’occupe les photographies, cartes, films, index, les atlas etc. pour atteindre les objectifs.
Il estime qu’avec les jeunes enfants, le support iconographique est plus abordable que le document texte. M. Boussin (2003), dans son document intitulé « les difficultés de l’enseignement de l’Histoire et en Géographie et de l’hétérogénéité des classes » a exposé certaines difficultés liées à l’enseignement-apprentissage-évaluation de l’Histoire et de la Géographie et déduit que la motivation est essentielle pour qu’un élève s’intéresse à une matière et ait envie de l’étudier. S. Genevois (2008) met un accent particulier sur l’emploi des cartes et des croquis dans l’enseignement qui sont des pratiques en voie de disparition.
Ainsi il montre les avantages qu’offre la carte dans l’enseignement de la géographie, il invite les professeurs à l’utilisation des cartes géographiques et insiste sur la nécessité d’adapter la carte à l’âge des apprenants. Selon J-M. Houngbelo (2011), l’enseignement/apprentissage de l’Histoire et de la Géographie exige de l’enseignant la mobilisation des ressources didactiques diverses et adéquates ; sans oublier les méthodes et techniques à utiliser pour bien conduire les situations d’apprentissages afin de rendre son enseignement efficace selon l’APC. W. Gandoté (2014) affirme que l’utilisation des supports cartographiques au cours de l’enseignement-apprentissage permet à l’apprenant de mieux comprendre son milieu, de le transformer au besoin et développe chez lui un comportement socio affectif. Pour C. Michozounou (2015), les supports didactiques sont l’un des piliers fondamentaux de l’enseignement car ils permettent de mieux étayer les aspects abstraits des activités d’apprentissage, d’éveiller la curiosité de l’élève et d’obtenir au total une meilleure efficacité pédagogique.
Selon J-P Danielo (2016), le maître qui se préoccupe de concrétiser son enseignement ne peut faire l’économie de la carte et du croquis lorsqu’il enseigne l’Histoire. Il a ensuite mis l’accent sur les circonstances pendant lesquelles l’usage de la carte et du croquis s’impose à l’enseignant. Il précise aussi que ces supports se doivent d’être simples selon l’âge des apprenants. Pour sa part, J. Duvina (2018) met l’accent sur la mobilisation des supports didactiques variés indispensables à l’enseignement d’Histoire et de la Géographie.
Elle met l’accent sur les cartes murales, les images et les gravures, les schémas ainsi que les supports audio-visuels qui touchent la sensibilité des apprenants et les incitent à porter un intérêt aux situations d’apprentissages. Elle invite tous les professeurs d’Histoire et de Géographie à une utilisation méthodique de ces supports pour un enseignement efficace en Histoire et en Géographie. Dans cette optique d’amener les apprenants à s’intéresser à l’Histoire et la Géographie, J. Fantanabona (2000) précise que les séances d’analyse de documents cartographiques et la construction par chaque élève d’un croquis de synthèse ou d’un schéma jouent un rôle essentiel. Ces différents ouvrages ont évoqué de leur manière la question de l’importance des supports cartographiques pour l’enseignement-apprentissage de l’Histoire et de Géographie. Toutefois, aucun n’a mis l’accent sur l’élaboration et l’exploitation de ces supports cartographiques par l’enseignant lui-même.
La particularité de notre travail consiste donc à mettre l’accent sur le rôle de l’enseignant dans la mobilisation, l’élaboration et l’exploitation des supports cartographiques en Histoire Géographie. Pour mieux comprendre les contours du sujet, quelques concepts ont été définis.
Définition des concepts et généralités sur les cartes
Il s’agit en premier lieu de définir les concepts suivants : carte, enseignement, apprentissage, processus enseignement-apprentissage, support ou matériel didactique. Ensuite de faire une généralité sur les cartes en présentant l’évolution, l’utilité, les types et les habiletés pour l’exploitation d’une carte.
Définition des concepts
Carte
Étymologiquement, du latin « charta », qui veut dire « papier », la carte, c’est un dessin qui représente la géographie d’un pays. Contrairement à ce que l’on peut connaître aujourd’hui, la carte est donc liée étymologiquement au format papier. Selon P. George (1974), « c’est une représentation conventionnelle, généralement plane, en positions relatives, de phénomènes concrets ou abstraits, localisables dans l’espace. » Pour F. Joly (1994), une carte est une « représentation géométrique, plane, simplifiée, sélective et conventionnelle de tout ou partie de la surface terrestre, et ceci dans un rapport de similitude convenable qu’on appelle échelle. » Dans le cadre de notre étude, une carte est une représentation plane, conventionnelle qui matérialise la sphère terrestre en un plan. Il existe des cartes dites topographiques qui figurent suivant des conventions de représentation faisant objet d’une légende, et, avec plus de détail suivant l’échelle, tout ce qui est visible à la surface du sol : relief, cours et plans d’eau, forêts, lieux habités etc. et des cartes spéciales dites thématiques qui représente la répartition d’une donnée d’intérêt particulier : végétation, climat, population, religion, guerre, faune etc.
Enseignement
Le mot dérive du latin ‘’insignare’’ c’est-à-dire ‘’imposer sa marque’’ et qui suppose l’action de la personne qui met l’autre dans la situation d’apprendre. Selon Le Nouveau Petit Robert, c’est l’art de transmettre des connaissances à un élève. Selon L.B.F. Sagbo (2011, p.14), c’est l’action du professeur qui nécessite la prise en considération, d’une part, des comportements de l’enseigné, d’autre part, des caractères spécifiques du savoir (contenu) à enseigner. L’enseignement se distingue également de l’éducation. Ce dernier est plus général et correspond à la formation globale d’une personne, à divers niveaux tels que religieux, moral, technique, social, scientifique… L’enseignement est donc une pratique, mise en œuvre par un enseignant, visant à transmettre des connaissances à un élève, un étudiant ou tout autre public dans le cadre d’une institution éducative. Cette notion se distingue de l’apprentissage qui renvoie lui à l’activité de l’élève qui s’approprie les connaissances.
Apprentissage
Selon Wikipédia, l’apprentissage est l’acquisition de savoir-faire, c’est-à-dire le processus d’acquisition de pratiques, de connaissances, de compétences, d’attitudes ou de valeurs culturelles, par l’observation, l’imitation, l’essai, la répétition, la présentation. C’est un ensemble de mécanismes menant à l’acquisition de savoir faire, de savoirs ou de connaissances. L’acteur de l’apprentissage est appelé apprenant. En fait, l’apprentissage consiste à acquérir ou à modifier une représentation d’un environnement de façon à permettre avec celui-ci des interactions de plus en plus efficaces.
Processus enseignement-apprentissage
C’est l’activité des acteurs de l’éducation ; le maître ou formateur d’une part et l’élève ou plus généralement l’apprenant d’autre part ( F. Sagbo, 2011, p.15).
L’activité du formateur ou de l’enseignant est de faire apprendre en étant un guide et celle de l’apprenant est d’apprendre en se basant sur ses savoirs et sur les supports mis à sa disposition. Mais en même temps que l’enseignant aide l’apprenant à acquérir une connaissance, il apprend de lui et vice versa.
Support ou matériel didactique
Selon E. Hounedo (2010, p.16), le matériel didactique désigne « tout ce qui sert de base à des fins pédagogiques ». Par matériel didactique, on entend tout matériel réunissant les moyens et les ressources qui facilitent l’enseignement et l’apprentissage. Dans le présent document, le support didactique est l’ensemble des objets qui vont aider d’une part les enseignants à présenter les notions, les faits ou les expériences et d’autre part, à favoriser l’apprentissage aux apprenants.
|
Table des matières
Introduction
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE, GEOGRAPHIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
1.1 Cadre théorique
1.1.1 Problématique
1.1.2 Hypothèses de travail
1.1.3 Objectifs de recherche
1.1.4 Revue de littérature
1.1.5 Définition des concepts et généralités sur les cartes
1.1.5.1 Définition des concepts
1.1.5.2 Généralités sur les cartes
1.2 Cadre géographique
1.2.1 Localisation du cadre d’étude
1.2.2 Historique et acteurs du CEG Danto
1.2.3 Aspects physiques du CEG Danto
1.3 Approche méthodologique
1.3.1 Recherche documentaire
1.3.2 Travaux de terrain
1.3.2.1 Méthodes et outils de collecte des données
1.3.2.2 Population cible
1.3.2.3 Échantillonnage
1.3.2.4 Traitement des données
CHAPITRE 2 : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS, PROBLEMES ET SUGGESTIONS
2.1 Présentation et analyse des résultats
2.1.1 Rôle des cartes dans le processus enseignement-apprentissage en Histoire et Géographie
2.1.1.1 Perception des apprenants sur le support carte
2.1.1.2 Préférence des apprenants par rapport aux cours d’Histoire et Géographie
2.1.1.3 Intérêt pour les apprenants de l’utilisation des supports cartes lors des cours
2.1.1.4 Comportement des apprenants lors des cours illustrés
2.1.1.5 Renseignements tirés des cartes en Histoire et Géographie
2.1.1.6 Nécessité de l’utilisation des cartes
2.1.2 État des lieux de l’exploitation des supports cartes au CEG Danto
2.1.2.1 Disponibilité des supports cartographiques au CEG Danto
2.1.2.2 Qualité des supports cartes disponibles
2.1.2.3 Accès des enseignants aux supports cartes
2.1.2.4 Fréquence d’utilisation des supports cartes
2.2 Rappel des problèmes et suggestions
2.2.1 Problèmes relevés
2.2.2 Suggestions
2.2.2.1 Suggestions à l’endroit du personnel d’encadrement et de l’État
2.2.2.2 Suggestions à l’endroit des enseignants
2.2.2.3 Suggestions à l’endroit des apprenants et des membres de l’administration
2.3 Proposition de quelques supports cartographiques au Premier cycle
Conclusion
Bibliographie
Annexes
MEMOIRE DE FIN DE CYCLE
Mots clés : CEG Danto, Carte, enseignement-apprentissage, Histoire, Géographie.