Les pays sahéliens sont confrontés à une dégradation accélérée de leurs écosystèmes au cours de ces dernières décennies. Ce phénomène est souvent causé par les changements climatiques tels que le réchauffement de la planète, l’avancée de la sécheresse et la désertification. Il est exacerbé par une activité anthropique particulièrement négative qui consiste essentiellement en des pratiques agricoles inappropriées, des déforestations abusives, des surcharges pastorales, des feux de brousse. Au Sénégal la sécheresse persistante a entraîné la destruction du couvert végétal avec ses effets néfastes sur la protection des sols, la détérioration des systèmes traditionnels de production et enfin l’appauvrissement des populations rurales (Bâ et al, 2004). La pression anthropique a comme effet la régression voire la disparition de la jachère et la perturbation de l’équilibre des formations naturelles avec comme conséquence ; une perte de diversité (Bodian et al., 1998).
Au niveau du bassin arachidier du Sénégal, la pratique continue d’une agriculture extensive dans une région à forte densité de population a considérablement contribué à la dégradation de l’arbre et des formations forestières en général. En effet les espèces ligneuses sont utilisées à la fois par l’homme et le bétail (Boudet, 1975 ; Fall-Touré, 1993 ; von Maydell, 1990, Giffard 1974). Ainsi, Parkia biglobosa L., Adansonia digitata L., Vitellaria paradoxa Gaertn.f., Tamarindus indica L., Ziziphus mauritiana Lam., Borassus aethiopium Mart., Saba senegalensis (L.) Willd., Detarium senegalensis Gmel et Borassus flabellifer L. sont plus utilisées dans l’alimentation, Acacia senegal Del., Acacia raddiana (avi) Brenan, Acacia seyal Del., Balanites aegyptiaca (L.) Del comme fourrage alors que Acacia senegal et Sterculia setigera Del. fournisent de la gomme ( Walter, 2001). Selon Eyog Matig et al. (2001), 7 millions de tonnes de produits ligneux seront utilisés dans la pharmacopée dans les pays en voie de développement d’ici 2025. De nombreuses espèces sont aussi d’excellentes sources de combustible domestique pour fournir le bois de feu ou le charbon de bois. D’autres fournissent du matériel de construction pour les habitations (von Mydell, 1990 ). En plus de ces usages domestiques, un grand nombre d’espèces ligneuses jouent aussi un rôle écologique déterminant dont le maintien de la fertilité des sols, la fixation des dunes de sable (Brewbaker, 1986 ; von Mydell, 1990 ; Dupuy et al., 1991) et la régénération des espèces autochtones dans les écosystèmes dégradés (Aranson et al., 1993 ; Akpo et Grouzis, 1996). Ce pendant, les effets cumulés de la sécheresse et de la pression anthropique sur la végétation et la flore naturelle ont fortement modifié la structure des peuplements au Sénégal (Diédhiou, 1994 ; Wiegand et al., 1999 ; Diouf et al., 2002). Malgré cette exploitation abusive, certaines espèces telles que Combretum glutinosum, Combretum geitenophyllum Diels, Guiera senegalensis et Dichrostachys glomerata (Forsk.) Chiov. survivent en développant des stratégies spécifiques de régénération dans les systèmes de culture permanente (Faye, 2000).
SITE D’ETUDE
Situation géographique
Le bassin arachidier est situé entre 14° 15’ et 17° 15’ O et 13° 60’ et 16° 15’ N. Il s’étale sur 220 km du nord au sud, 200 km d’est en ouest et englobe les régions de Kaolack, Fatick, Dioubel et une partie des régions de Thiès et Louga .
L’étude a été menée dans les terroirs villageois de Diaoulé dans le département de Fatick, de Keur Alpha et Keur Mary dans le département de Kaolack (Figure 1). Ces deux départements à sols ferrugineux tropicaux lessivés sans concrétionnement (AFRENA, 1991; FAO, 1999), participent pour près de 30% à la production arachidière et céréalière du Bassin arachidier et la densité y est voisine de 120 habitants /km². Les sols ferrugineux lessivés à concrétionnement qui couvrent les départements de Nioro du Rip et de Kaffrine correspondent à la zone d’expansion agricole (Benoit-Cattin et Ba, 2005). La densité est égale à 40 habitants/km² (Diouf et al., 2006). La pluviométrie annuelle se situe entre 700 et 800 mm (ICA, 2006). La végétation est une savane arborée avec une densité plus forte que dans le Nord et Centre de ce bassin. Combretum glutinosum y occupe une place importante dans l’approvisionnement des ménages en bois énergie, bois de service et dans la pharmacopée. Le système agroforestier traditionnel est caractérisé par des parcs à Cordyla pinnata (Ndiaye et al., 1997).
Climat
Le climat est de type soudano-sahélien caractérisé par une alternance de saison sèche (Octobre-Juin) et de saison des pluies (Juillet-Septembre). Cependant une forte variabilité a été notée ces dernières années sur l’installation de la saison des pluies et sa durée. Cette zone est marquée par des températures qui varient de 15-18°C en avril et de 35-40°C en juillet. Les températures moyennes sont de l’ordre de 35°C, avec des maxima pouvant atteindre 40°C et des minima de l’ordre de 20°C (APNFRS, 1999). La courbe des précipitations annuelles de 1975 à 2005 de la station de référence de Gandiaye (Sud-Ouest du bassin arachidier) La pluviométrie moyenne interannuelle est répartie sur 25 à 46 jours. L’analyse de la figure 2 révèle une alternance d’années déficitaires et d’années excédentaires. L’année 1983 (285,3 mm) est la plus sèche. Cependant, deux périodes potentiellement plus humides se dégagent ; il s’agit des périodes allant de 1984 à 1989 puis de 1999 à 2002. Les maxima sont enregistrés en 1989 (795,5), en 1999 (882,4 mm) et 2005 (799,2 mm). Sur les 30 ans, 13 années sont déficitaires et la saison des pluies de 1983 avec seulement 285,3 mm est la plus sèche.
Géologie
Le bassin arachidier appartient au grand bassin sédimentaire Senegalo-mauritanien caractérisé par des dépôts du secondaire et du tertiaire (Michel, 1969). Ce bassin sédimentaire comprend une succession des dépôts marins du Jurassique supérieur et du Crétacé où les grés alternent avec des calcaires et des argiles. Le relief est peu marqué dans Sud-Ouest du bassin arachidier. Cette zone de plaine légèrement ondulée laisse apparaître par endroit des toposéquences de faible dénivellation avec des bas-fonds qui correspondent à d’anciennes vallées. Ces vallées, sous l’effet combiné de l’anthropisation, des sécheresses depuis les années 1970 et de la salinisation, sont souvent dégradées.
Sol
Les sols sont généralement de types Dior avec parfois des sols ferrugineux tropicaux lessivés sans concrétionnement. Ce sont des sols à texture grossière, pauvre en éléments minéraux assimilables et parfois fortement dégradés et sensibles à l’érosion éolienne. On y rencontre trois types de sols (FAO, 1999) très sensibles à l’érosion éolienne.
• Les sols isohumiques, bruns-rouges subarides, qui se caractérisent par une importante teneur en sable et en matière organique mais fortement incorporée dans le profil (60 cm).
• Les sols ferrugineux tropicaux non lessivés (diors) dominants qui présentent :
▬ une forte teneur en sable (90 à 91%) et moins de 5% d’argile ;
▬ un taux de matière organique inférieur à 3% ;
▬ une capacité d’échange cationique peu élevée ;
▬ une capacité de rétention en eau très faible.
• Les sols hydromorphes à pseudogley (deck ou deck-dior) qui ont une texture argilosableuse et caractérisent les dépressions et les bas-fonds.
Végétation
La structure des peuplements ligneux du Bassin arachidier est fortement modifiée par la pression humaine. De par l’importance de sa population (3 170 257 habitants), elle fournit près de 2/3 de la production nationale pour les cultures de mil et d’arachide. En effet, les formations forestières naturelles disparaissent au profit des parcs agroforestiers. Les espèces qui dominent dans ces parcs agroforestiers présentent des intérêts socio-économiques si bien qu’elles sont protégées par les paysans (Samba, 1997). Il s’agit de Faidherbia albida (Del.) Chev., Ziziphus mauritiana, Adansonia digitata, Sclerocarya birrea (A. Rich.) Hochst., Anogeisus leiocarpus (DC.) G et Perr., Tamarindus indica, cordyla pinnata, et Balanites aegyptiaca. A cela s’ajoutent les espèces qui rejètent après les défriches comme Guiera senegalensis, Combretum glutinosum, Combretum aculeatum Vent., Combrehtum micrantum G. Dom., Icacina senegalensis, Piliostigma reticulatum (DC.) Hochst et Dichristachys glomerata.
MATERIEL
Pour effectuer ce travail un certain nombre d’outils ont été utilisé. Il s’agit entre autres:
• 02 Ruban-mètres de 50 m de long pour mesurer et delimiter les parcelles;
• 01 Compas forestier pour mesurer le diamètre des troncs d’arbres;
• 04 jalons pour délimiter les placettes;
• 01 GPS pour localiser les placettes;
• 144 fiches de relevés et 108 fiches d’enquêtes;
• 01 vehicule 4×4 pour aller sur le terrain;
• 01 perche pour mesurer la hauteurs des arbres.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1. MATERIEL ET METHODES
1.1 SITE D’ETUDE
1.1.1 Situation géographique
1.1.2 Climat
1.1.3 Géologie
1.1.4 Sol
1.1.5 Végétation
1.2 MATERIEL
1.3 METHODE DE COLLECTE DES DONNEES
1.3.1 Inventaire de la flore ligneuse
1.3.2 Echantillonnage des sites
1.3.3 Diagnostic participatif
1.4 TRAIEMENT DES DONNEES
CHAPITRE 2. RESULTATS
2.1 DIVERSITE SPECIQUE
2.1.1 Composition spécifique
2.1.2 Indices de diversité
2.1.3 Effectif
2.1.4 Densité
2.2 STRUCTURE DU PEUPLEMENT LIGNEUX
2.2.1 Analyse globale
2.2.1.1 Structure selon la hauteur
2.2.1.2 Structure selon la grosseur
2.2.2 Variations en fonction des systèmes d’utilisation des terres
2.2.2.1 Diversité de la flore selon les systèmes d’utilisation des terres
2.2.2.2 Structure selon la hauteur
2.3.1.1. Structure selon la grosseur
2.3 SYSTEMES D’UTILISATION DES TERRES ET HETEROGENEITE DU MILIEU
2.3.1 Identification de groupes
2.3.2 Diversité du peuplement des différents groupes
2.3.3 Répartition des individus des différents groupes selon la hauteur
2.3.4 Répartition des individus des différents groupes selon la grosseur
2.4 PERCEPTION DU PEUPLEMENT LIGNEUX PAR LES POPULATIONS
2.4.1 Connaissance des espèces ligneuses selon l’âge le sexe et l’ethnie
2.4.2 Intensité de l’exploitation des espèces ligneuses selon les domaines d’activités
2.4.3 Intensité d’utilisation des espèces selon les activités des populations
2.4.4 Intensité des parties prélevées par espèces par domaines d’activités
CHAPITRE 3. DISCUSSION
3.1 DIVERSITE SPECIFIQUE DE LA FLORE LIGNEUSE
3.2 IMPOTANCE DES ESPECES LIGNEUSES
CONCLUSION