Importance de l’approche par compétences dans une perspective actionnelle
L’approche par compétences dans une perspective actionnelle est une démarche orientée vers l’action, focalisée sur le sens et structurée par des tâches. Selon cette approche, la tâche est orientée vers un résultat défini au préalable, ce qui veut dire que les élèves savent à quoi s’attendre et comment s’y préparer. La tâche permet de réaliser un produit et déclenche un processus qui permet aux élèves de s’impliquer avec une certaine autonomie. Ils sont au centre de ce même processus d’apprentissage, tandis que l’enseignant reste plutôt en arrière-plan.
Selon cette approche, la tâche doit être communicative et c’est là le plus grand avantage de cette perspective. En effet, l’élève est plus motivé à remplir la tâche car il voit sa finalité communicative, ou plus simplement ses applications concrètes dans la vie réelle. La grammaire est donc au service de la communication et l’élève n’est plus sans cesse en train d’effectuer des exercices de grammaire purement mécaniques centrés uniquement sur l’exactitude de la langue. La tâche devient pertinente pour les élèves qui utilisent la langue dans un contexte spécifique et non purement mécanique. Selon l’approche actionnelle la tâche doit être conçue avec l’idée qu’il faut partir du sens pour aller seulement dans un deuxième temps vers l’étude de la grammaire et du lexique (Pluskwa ; Willis & Willis, 2009).
Comment enseigner la littérature selon une approche actionnelle ?
L’application des critères de l’approche actionnelle à l’enseignement de la littérature nécessite de tenir compte du fait que selon cette démarche l’apprenant doit être assimilé à l’usager de la langue et que les activités conçues doivent être des actions sociales réalisées par l’intermédiaire des tâches. Dans un article consacré à l’enseignement de la littérature selon l’approche actionnelle, Luscher (2009) tente de répondre à la question suivante : «en quoi la lecture en classe (ou pour la classe) ressemble à la lecture hors de la classe, autrement dit dans le monde» (Luscher 2009) ?
Cette question est fondamentale pour la conception de tâches actionnelles appliquées à un texte littéraire qui puissent faire parvenir l’apprenant à un résultat tangible. L’auteur refuse de concevoir les tâches littéraires selon les modèles de la Méthode Active et de l’approche communicative.
Selon la Méthode Active l’élève doit être un lecteur actif et doit savoir expliquer le texte (montrer ce qu’il lit et comment il le lit). Le but de cette approche est d’éduquer les futurs citoyens et de les former à la lecture sociale : l’élève pourra lire dans le monde comme l’école le lui a appris. Selon Luscher (2009) cette approche n’a rien d’actionnel car «l’élève qui explique un passage à un expert ayant mieux étudié et compris ce texte, ne peut parvenir à un but social», ne prend pas part à la planification de la tâche et ne sait pas pourquoi il va l’accomplir. L’approche communicative prône la simulation. «Le monde est reproduit en classe pour faire semblant et l’apprenant, au cours d’activités de lecture, est invité à se mettre dans la peau d’un citoyen-lecteur bien éduqué, il lit comme il voit lire et parle de littérature comme il le voit faire à la télévision».
Pour résumer cette approche, l’apprenant lit en classe comme on lit dans le monde. Cette approche non plus n’a rien d’actionnel : l’apprenant qui «feint d’être partie prenante d’un débat sur un texte en tant que critique professionnel» ne remplit pas de but social car «il n’a pas les qualifications qu’il faut pour remplir ce rôle» .Pour que la tâche soit efficace et véritablement actionnelle, elle doit viser des résultats tangibles et doit amener l’apprenant à effectuer une action sociale, y compris dans le contexte scolaire. Selon Luscher (2009), une des caractéristiques essentielles de l’approche actionnelle en opposition à l’approche communicative est que le contexte didactique ne doit pas être nié. «L’apprenant agit sur le plan social, mais en classe. Il s’inscrit dans sa situation réelle, condition de la prise en charge de son apprentissage par lui-même et, donc, de son autonomisation».
Description d’une séquence sur la mafia italienne réalisée dans une classe de maturité
Contexte d’enseignement
La séquence d’enseignement présentée dans ce travail de mémoire, a été réalisée dans une classe 2M niveau standard (B1 du CECR) d’un gymnase vaudois, composée de 13 élèves.
La première étape de la séquence consiste en une série d’activités préparatoires qui introduisent l’élève au sujet très complexe de la mafia italienne ainsi qu’aux concepts et au lexique liés à cette dernière. Après cette préparation, les élèves sont amenés à réaliser des activités d’analyse d’un document audiovisuel (la série télévisée Gomorra) et de deux textes littéraires (Western di cose nostre et Una storia semplice de Leonardo Sciascia) en lien avec cette thématique.
Objectifs
Les objectifs généraux de la séquence sont au nombre de trois : Connaître les principales activités illicites de la mafia. Connaître les principaux termes liés à l’organisation et aux activités de la mafia italienne. Familiariser les élèves avec l’analyse de documents audiovisuels authentiques et d’un texte littéraire complexe.
Les objectifs spécifiques sont :
Production écrite: L’élève sera capable de donner son opinion sur un sujet non courant dans son domaine. Il sera capable de résumer, analyser et interpréter un extrait d’un document littéraire ou d’une série télévisée présentant des informations factuelles.
Production orale : Il sera capable de raconter l’intrigue d’un film ou de faire des hypothèses par rapport à l’intrigue d’un film. Il sera capable de donner brièvement des raisons et des explications relatives à ses opinions ou aux hypothèses formulées.
Il sera capable de faire un exposé simple et qui peut être suivi sans difficulté la plupart du temps et dans lequel les points importants sont expliqués avec suffisamment de précision.
Compréhension orale : Il sera capable de comprendre l’information contenue dans un document audiovisuel de courte durée dont le sujet est d’intérêt personnel et la langue standard clairement articulée. Il sera capable de suivre un exposé à condition que le sujet soit familier et la présentation directe, simple et clairement structurée.
Compréhension écrite : Il sera capable de lire des textes sur des sujets relatifs à ses intérêts avec un niveau satisfaisant de compréhension. Il sera capable de parcourir un texte assez long pour y localiser une information recherchée et de réunir des informations provenant de différentes parties du texte afin d’accomplir une tâche spécifique.
Interaction orale : Il sera capable de communiquer avec une certaine assurance sur des sujets familiers et de commenter brièvement le point de vue d’autrui. Il sera capable d’échanger, de vérifier et de confirmer des informations et d’exprimer sa pensée sur un sujet culturel tel qu’un film ou un livre.
Description des activités préparatoires réalisées
Activité 1 (15 minutes) : les élèves doivent réaliser une petite production écrite au sujet de la mafia, dans laquelle ils présentent succinctement ce qu’ils connaissent déjà au sujet de la criminalité organisée en Italie. Cette activité présente deux objectifs principaux : rendre l’enseignant conscient de ce que les élèves connaissent déjà sur ce sujet et permettre aux élèves, dans un deuxième temps, de comparer ce qu’ils pensaient connaître à ce qu’ils ont appris au sujet de la mafia italienne. À la fin des activités liées à la série télévisée, les élèves seront amenés à rédiger un texte dans lequel ils devront expliquer ce qu’ils ont appris en le comparant avec cette première production.
Activité 2 (25 minutes) : la thématique de la mafia est très complexe et présente un vocabulaire généralement inconnu aux élèves. C’est pourquoi ils reçoivent un schéma des principales activités de la mafia4 tiré de La mafia spiegata ai ragazzi de Antonio Nicaso qui permet d’introduire la thématique et le vocabulaire essentiel à sa compréhension.
Le schéma est accompagné de quelques extraits du livre qui expliquent les activités illégales de la mafia et qui introduisent les mots et les concepts fondamentaux.
L’enseignant procède à la répartition de la classe en trois groupes de trois élèves et un groupe de quatre. Il donne ensuite à chaque groupe 5 mots à expliquer. Chaque mot est donné deux fois, à deux groupes différents. Les élèves, en s’appuyant sur les documents reçus, doivent rédiger une définition pour chaque mot.
L’enseignant passe en revue chaque mot et demande aux groupes qui ont travaillé sur le mot spécifique de lire leur définition et lance ensuite une discussion. Les documents proposés, les définitions rédigées par les élèves, l’éventuelle explication de la part de l’enseignant et la discussion ouverte à toute la classe permettent de parler d’un grand nombre d’activités liées à la mafia : le pizzo, l’usure, la contrebande de drogue, le jeu de hasard, l’immigration clandestine, la gestion des ordures, l’exploitation des nouveaux esclaves et de la prostitution, le marché du faux et des armes.
Les documents permettent également d’introduire le vocabulaire et les concepts clés : les différences et les similitudes entre Camorra, ‘ndrangheta et Cosa nostra, la règle mafieuse de l’omerta, le sujet de l’honneur, de la vengeance, la structure basée sur le lien de sang qui lie les mafieux entre eux, les faide entre les clans mafieux, le rapport entre mafia et politique, l’ecomafia, le contrôle des marchés, des adjudications et des constructions, le blanchiment d’argent.
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Table des matières
Problématique et introduction personnelle
1. Introduction théorique : l’approche par compétences dans une perspective actionnelle dans l’enseignement des langues et de la littérature
1.1 Importance de l’approche par compétences dans une perspective actionnelle
1.2 Comment enseigner la littérature selon une approche actionnelle ?
2. Description d’une séquence sur la mafia italienne réalisée dans une classe de maturité
2.1 Contexte d’enseignement
2.2 Objectifs
2.3 Description des activités préparatoires réalisées
2.4 Description des activités liées aux textes littéraires
3. Retour réflexif sur la séquence
3.1 Comment rendre la séquence plus actionnelle ?
3.1.1 Les tâches concernant la sérié télévisée
3.1.2 Les tâches sur les textes littéraires
4. Conclusion
5. Bibliographie
6. Annexes
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