Importance de communiquer avec la patiente

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Constitution de l’échantillon

Nous avons choisi de réaliser les entretiens à une distance suffisante de l’accouchement, afin d’étudier d’éventuelles conséquences néfastes à long terme et d’éviter le biais de mémoire. Nous avons donc fait le choix de réaliser les entretiens, six mois à un an après l’accouchement. L’accès aux dossiers obstétricaux a permis de sélectionner des femmes qui avaient accouché pendant cette période. Notre objectif était de réaliser de 10 à 15 entretiens.
Les femmes que nous avons sélectionnées étaient toutes majeures et ne présentaient pas d’antécédents particuliers. Elles avaient accouché par césarienne pour la première fois, pendant le travail, à terme (soit après 37 SA), d’un enfant unique, bien portant.
Étaient exclues les césariennes programmées et/ou sous anesthésie générale et/ou pendant le travail, sans notion de réelle urgence ; les naissances prématurées ; les naissances multiples. Nous n’avons pas non plus réalisé d’entretien auprès de femmes parlant peu ou pas français.
Les motifs retenus de césariennes en urgence étaient les suivants :
– Altération du Rythme Cardiaque Fœtal (ARCF)
– Stagnation de la dilatation associée à une ARCF modérée
– Non engagement de la présentation à dilatation complète associé à un pH pathologique ou pré-pathologique et/ou une ARCF
– Bradycardie
– Suspicion de chorioamniotite.
Au total, 45 femmes répondaient à ces critères. La sélection s’est faite de manière aléatoire.
Dans la catégorie « stagnation de la dilation », nous avions six femmes. Nous en avons sélectionné deux qui ont accepté de participer. Deux entretiens ont donc été réalisés.
Dans la catégorie « non engagement de la présentation à dilatation complète », nous avions 14 femmes. Nous en avons sélectionné cinq. Les cinq ont accepté mais une ne s’est pas présentée au rendez-vous. Nous avons donc réalisé quatre entretiens.
Dans la catégorie « bradycardie », nous avions quatre femmes, nous en avons choisi deux. Une a accepté, une a refusé par manque de temps. Nous avons donc contacté les deux autres mais aucune d’entre elles n’a répondu. Nous n’avons donc pu réaliser qu’un entretien.
Dans la catégorie « ARCF », nous avions 16 femmes. Nous en avons sélectionné quatre. Deux ont accepté, une a refusé faute de temps, une n’a pas répondu. Nous en avons donc sélectionné deux autres. Une a accepté, l’autre a également accepté mais n’a finalement pas donné suite. Trois entretiens ont été réalisés.
Dans la catégorie « suspicion de chorioamniotite », figurent cinq patientes. Nous en avons sélectionné deux, qui ont accepté. Deux entretiens ont donc été réalisés.

Réalisation de l’étude

Le contact s’est fait par téléphone, en nous présentant comme étudiante Sage-Femme, réalisant un mémoire de fin d’étude. Nous avons expliqué brièvement l’étude, sans préciser l’intitulé exact du sujet, afin de ne pas, par la suite, influencer les potentielles réponses. Après avoir expliqué notre projet, nous avons demandé aux femmes leur accord pour réaliser un entretien d’environ 45 minutes, à l’endroit de leur choix. Un temps de réflexion leur a également été proposé. Les entretiens se sont déroulés dans un lieu à leur la convenance. Huit ont été réalisés à domicile, trois dans des lieux publics, un sur le lieu de travail de la femme interrogée.
L’étude s’est déroulée du 26 août au 24 octobre 2015. Au total, 12 entretiens ont été réalisés.

Recueil et exploitation des données

Les entretiens ont été enregistrés avec l’accord préalable des femmes et intégralement retranscrits. Cependant, par souci de confidentialité, ils ne figurent pas dans ce mémoire. Nous avons ensuite exploité les données de tous ces entretiens pour réaliser une analyse thématique.

Résultats

Caractéristiques générales

Les femmes interrogées avaient entre 26 et 38 ans. Onze d’entre elles étaient d’origine française, une était d’origine angolaise. Nous avons recensé 10 primipares, une deuxième pare et une troisième pare. Elles étaient issues de milieux socio-professionnels variés. En ce qui concerne leur situation sociale, quatre vivaient en concubinage, quatre étaient mariées, trois étaient pacsées et une était célibataire. Toutes les grossesses étaient désirées et ont été obtenues spontanément. Les accouchements ont eu lieu entre 38 et 41 SA + 2 jours.

Présentation des femmes interrogées

Dans un souci de confidentialité et afin de respecter l’anonymat, les femmes enquêtées ont été nommées de A à L. De plus, seule la première lettre du prénom du ou des enfant(s) est notée.
• Madame A
Madame A est âgée de 34 ans, elle est d’origine française. Elle vit en concubinage et travaille comme Adjoint administratif. Elle a accouché d’un premier enfant, à 40 SA, une fille de 3220g. Une césarienne a été réalisée pour non engagement de la présentation à dilatation complète et ARCF. L’entretien a duré un peu plus d’une heure. Madame A se confie facilement dès le début et semble être très émue à l’évocation des souvenirs de son accouchement.
Après une grossesse qui s’est « très bien passée », Madame A n’avait « pas du tout » envisagé la possibilité d’accoucher par césarienne. Elle insiste bien, en incluant son compagnon : « Moi et mon conjoint on n’était pas préparés à ce que ça se passe de cette façon-là […] on n’avait même pas imaginé que ça se termine en césarienne ».
Madame A a participé à des séances de préparation à la naissance mais à propos de la césarienne, elle ne se dit « pas préparée du tout » et précise que pendant les cours « on ne l’a pas abordée non plus [la césarienne] ». En ce qui concerne son ressenti pendant la césarienne, elle dit qu’elle n’a « pas eu le temps de réagir », car « ça va tellement vite qu’on se retrouve ficelé là. ». Elle pleure un peu en repensant à son accouchement mais elle est très contente du soutien qu’elle a eu de la part de l’équipe médicale présente : « On a été bien entourés […] l’anesthésiste elle m’a beaucoup rassurée pendant la césarienne […] on a vu la psychologue aussi ». Elle relativise en disant « c’est rien, le principal c’est que tout le monde aille bien. » même si pour elle, la césarienne représente « un accouchement raté ».
Aujourd’hui, Madame A est encore troublée par son accouchement « Ce n’est pas encore complètement digéré […] j’ai l’impression d’avoir raté quelque chose. ». Même si elle affirme avoir « encore pas mal de regret », elle relativise de nouveau ensuite : « Le principal c’est que tout le monde aille bien. ».
• Madame B
Madame B est une femme de 26 ans, d’origine française. Elle est mariée. Elle exerce la profession d’Hôtesse d’accueil, elle était en congé parental au moment de l’entretien. Il s’agit de son deuxième enfant. La première fois, Madame B avait accouché par les voies naturelles. En revanche, pour le deuxième accouchement, une césarienne a été réalisée à 40 SA pour stagnation et ARCF à 7 cm, ainsi qu’une présentation transversale secondaire.
L’entretien a duré un peu moins d’une heure. Madame B était souriante et semblait ravie de raconter sa grossesse et son accouchement.
Madame B a accouché une première fois par les voies naturelles avec extraction instrumentale pour ARCF. Elle n’en garde pas un bon souvenir « ça a été très compliqué, j’ai eu les forceps ». Pour l’accouchement de son deuxième enfant, madame B avait très peur de revivre la même expérience ; « comme j’avais déjà souffert pour le premier […] j’envisageais que j’allais souffrir.». À 7 cm de dilatation, le bébé de Madame B se place en présentation transverse et des ARCF apparaissent. L’équipe médicale de garde lui annonce alors que son enfant allait devoir naître par césarienne. Madame B n’avait « pas du tout » pensé à la césarienne : « pour moi j’allais
pas accoucher par césarienne, c’était pas possible ». Sur le moment, elle était déçue et apeurée : « quand on m’a annoncé césarienne j’ai pleuré, ça m’a embêtée. » Pour elle, cette opération représentait « le danger du bloc opératoire, les infections. ».
Les suites de naissance ont été difficiles au début, à cause de la douleur : « La douleur était forte ça faisait vraiment mal, ça tirait », et en raison des difficultés à s’occuper de son bébé : « Je ne savais pas que l’on ne pouvait pas s’occuper de son enfant après la césarienne, qu’on devait rester couchée, qu’on devait appeler la sage-femme pour le nourrir, pour prendre le bain. ». Elle dit avoir été « vraiment déçue » des suites immédiates de la césarienne. Finalement, malgré la déception et les difficultés rencontrées, Madame B dit avoir préféré son accouchement par césarienne : « Mon accouchement par césarienne était mieux ». Pour elle, cette naissance était moins traumatisante que la première : « c’était super, ça était mon plus bel accouchement […] Je suis tombée sur une équipe vraiment super, alors que pour mon premier ça avait été l’inverse. ».
• Madame C
Madame C a 30 ans. Elle est d’origine française et vit en concubinage. Elle travaille en tant que Responsable de magasin. Elle a accouché d’un premier enfant à 40 SA + 1, un garçon de 3240g. Une césarienne a été effectuée pour ARCF à 2 cm de dilatation. L’entretien a duré une demi-heure. Madame C se confie facilement et simplement.
La grossesse de Madame C s’est « très très bien » passée. En revanche, ce n’est pas le cas pour son accouchement, selon elle. Très vite, son bébé montre des signes d’ARCF et à 2 cm de dilatation, une césarienne est décidée : « Au moment où j’ai entendu césarienne, ça a été à une vitesse ! ». Madame C explique qu’à ce moment, elle ressentait surtout de la peur : « J’avais peur, j’avais entendu que le bébé souffrait, alors j’avais peur qu’on perde notre enfant ».
Elle semble mitigée quand elle repense à la naissance de son enfant, elle associe la césarienne à la rapidité et à l’inquiétude : « Simplement sur la césarienne en urgence, c’est que l’on ne vous a pas préparé à ça […] ça part à une de ces vitesses, c’est vrai que ça peut être très inquiétant, surtout quand on vous dit que votre bébé souffre. ».
Madame C met beaucoup en avant le peu de contact avec le bébé juste après la naissance, lors d’une césarienne : « Pour moi j’allais accoucher et avoir mon bébé sur moi. […] Je trouvais ça dommage d’avoir une césarienne car vous ne pouvez pas avoir votre bébé sur vous […] Quand vous accouchez normalement, on vous met votre fils sur vous et une césarienne ça vous empêche cela. Vous êtes branchée, vous n’êtes pas libre … voilà. ».
• Madame D
Madame D a 31 ans. Elle est mariée et exerce la profession de Médecin généraliste. Elle a accouché d’un troisième enfant, un garçon de 3840g par césarienne, à 40SA+4, pour suspicion de chorioamniotite, à 9 cm de dilatation. Ses deux premiers accouchements se sont déroulés sans complication, par les voies naturelles, à terme.
L’entretien a duré 37 minutes. Madame D est souriante, elle parle facilement de sa grossesse et de son accouchement.
Madame D a eu une grossesse qui s’est « très bien » déroulée, comme les deux premières. Pour elle, la césarienne était une option possible car le bébé était en présentation du siège, jusqu’au 8ème mois de grossesse : « s’il était en siège, je me disais que je n’accoucherais pas par voie basse ». Elle avait donc envisagé une césarienne programmée, mais pas en urgence : « c’est quelque chose auquel je n’avais pas pensé. ».
Madame D commençait à trouver l’accouchement « un petit peu long » et à en avoir « marre ». Elle avait également un début d’hyperthermie. Quand elle a su que l’accouchement se ferait finalement par césarienne, c’était pour elle un soulagement, « J’étais soulagée de savoir qu’il [le bébé] allait sortir. »
En ce qui concerne la naissance de son enfant, madame D l’a vécue avec beaucoup d’émotion et de joie, comme pour ses deux premiers. Le fait d’avoir eu une césarienne ne change rien : « J’ai pas de tristesse ou de déception ». Cette absence de tristesse ou de déception, elle l’associe au fait d’avoir déjà accouché par voie vaginale, ainsi qu’à une récupération relativement rapide : « Je pense que le vécu change énormément par rapport au fait que ce soit le premier et puis l’après… J’ai pas eu de souci au niveau cicatrice, j’ai pas eu de douleur. […] Je pense qu’on vit peut être pas les choses de la même façon si c’est la première fois ou non. Voilà, là j’avais déjà accouché deux fois par voie basse. ».
• Madame E
Madame E est âgée de 29 ans. Elle est pacsée et d’origine française. Elle a accouché d’un premier enfant, un garçon de 3940 g à 41 SA + 2 par césarienne pour suspicion de chorioamniotite, à 8 cm de dilatation. L’entretien a duré 1 h 30. Madame E avait beaucoup à dire sur son accouchement, elle en garde encore aujourd’hui de mauvais souvenirs.
Quand elle parle de sa grossesse, madame E la décrit comme une « parenthèse enchantée ». En revanche, elle apparaît plus mitigée par rapport à l’accouchement. Elle le décrit comme « génial » en début de travail, puis comme « un conte de fée qui tourne en cauchemar ». Elle avait préparé un projet de naissance, avec son conjoint, dans le but de « pouvoir tout faire à deux » et de « ne pas être séparés » car « c’était vraiment le désir profond qu’on avait ». Elle avait envisagé la possibilité d’une césarienne dans son projet, en précisant qu’elle ne voulait « surtout pas être séparée de [son] conjoint en cas de césarienne. ».
Madame E décrit la césarienne comme quelque chose de « violent » et de « vraiment dur ». Sur le moment elle ressentait « la confusion, la panique, la peur » et elle dit même que « [son] pire cauchemar se réalisait ». Elle explique que le plus dur pour elle, c’était l’absence contrainte de son compagnon du bloc opératoire : « C’était vraiment cette séparation qui me faisait peur. Ce n’était pas la césarienne. […] J’ai trouvé que c’était violent pour moi, pour notre séparation, pour lui. […] Je me dis que si mon compagnon avait été là, ça aurait tout changé … vraiment tout. ».
Madame E n’a eu « aucune » information sur la césarienne avant son accouchement, ce qu’elle considère comme « une grosse lacune ». Elle trouve qu’il n’y a « pas suffisamment d’infos sur la césarienne, sur, avant et après ». Quand nous lui demandons si elle aurait aimé avoir plus d’informations sur la césarienne, elle répond sans hésiter que oui : « Je trouve que ça fait plus peur de pas savoir que de savoir. ».
Madame E garde toujours des traces douloureuses de la naissance de son enfant : « Le souvenir douloureux s’est pas encore estompé. […] Toutes ces blessures physiques et psychiques elles sont encore là. […] Le bon côté n’a pas encore repris le pas sur le mauvais. Ça reste encore de la souffrance. ».
Elle insiste sur le fait que dans son cas, la césarienne était nécessaire : « C’est normal, il fallait qu’ils sauvent le petit, c’était l’urgence quoi », mais elle regrette le manque d’humanité « Le problème c’est l’humain qui n’a pas été pris en compte. ».
• Madame F
Madame F est âgée de 31 ans. Elle vit en concubinage, elle est d’origine française. Elle est Employée de bureau. Elle a donné naissance à un garçon de 4040 g à 40 SA, par césarienne, pour non engagement de la présentation à dilatation complète et ARCF modérée. L’entretien a duré 54 minutes. Madame F est souriante du début à la fin, rit beaucoup et fait quelques blagues. Elle semble très détendue et très à l’aise.
La grossesse de Madame F s’est bien déroulée malgré un début « plutôt chaotique ». Elle avait imaginé son accouchement de la même façon que celui de sa mère et de sa sœur : « à peu près comme ce qui est arrivé à ma mère et à ma sœur », c’est-à-dire un accouchement rapide, par voie vaginale : « tout bêtement qu’il passe par en bas ».
Madame F décrit la césarienne comme une « délivrance » après un travail « vraiment long ». Effectivement, son dossier obstétrical retrace un travail de 17 heures. Elle garde un bon souvenir du bloc opératoire et des personnes présentes : « Je me suis bien marrée. Pour une césarienne c’était cool ». À propos de l’opération en elle-même, Madame F s’attendait à « quelque chose de pire en fait ».
Cependant, elle explique ressentir une légère déception et quelques regrets de ne pas avoir accouché par voie basse, encore aujourd’hui : « un peu de déception quand même […] Toujours un peu de regret ».
Elle met également en avant un certain manque de contact avec le bébé dû à la césarienne : « Je pense que si j’avais accouché par voie basse, j’aurais sûrement été beaucoup moins shootée et … plus … plus en état de l’accueillir vraiment, de réaliser de le voir sortir et de l’avoir sur moi. […] Le lien a pas été facile à se faire. ».
• Madame G
Madame G est âgée de 29 ans. Elle est pacsée, d’origine française et exerce la profession de Technicienne de comptoir. Elle a donné naissance à un premier enfant, une fille de 3790 g, à 41 SA, par césarienne pour stagnation de la dilatation et ARCF. L’entretien a duré 45 minutes. Madame G semble plutôt timide, elle se confie difficilement au début puis de plus en plus facilement au fil de l’entretien.
La grossesse de Madame G s’est bien passée, sans difficulté : « J’ai même travaillé deux semaines de plus car tout allait bien ». L’accouchement lui faisait « peur » et elle craignait de « pas arriver à sortir le bébé ». Elle précise ensuite que « le jour J, ça c’est bien passé. ».
Selon elle, son accouchement se déroulait bien, même s’il était long, ce qui lui a fait penser que finalement « ça pourrait être une césarienne. ». L’annonce de la césarienne a été pour elle « un soulagement » car « ça allait se terminer, elle [sa fille] allait pouvoir arriver ». Elle précise également qu’une fois l’annonce faite « ça a été vite. ».
Même si elle était soulagée, elle dit avoir ressenti « un peu de tristesse » pendant la césarienne et elle explique qu’elle ne « contrôlait plus rien ». Au moment de la naissance de sa fille, elle estime qu’elle avait « du mal à [se] rendre compte », probablement dû au fait qu’elle ne « l’a pas sortie d’ [elle] même », même si elle qualifie ce moment de «magique quand même ».
Elle relativise en disant que « ça s’est bien passé quand même » et que le fait que sa fille aille bien « c’était le principal », elle était donc « rassurée », une fois sa fille née.
Madame G possédait quelques notions sur la césarienne grâce à des documents qu’elle a lus : « je savais un petit peu pour la césarienne comment ça se passait. ». De plus, son bébé était en siège à sept mois de grossesse, « c’était possible qu’il y ait une césarienne si elle restait comme ça ». Cependant, elle explique qu’elle aurait aimé avoir plus d’informations sur la césarienne en elle-même : « plus être au courant de comment ça se passe pendant la césarienne […] c’est quand même utile d’en parler un peu plus. ».
• Madame H
Madame H a 27 ans. Elle est mariée, d’origine française. Elle exerce la profession de Gestionnaire d’agence d’intérim. Elle a accouché d’un premier enfant, une fille de 3560 g à 40 SA, par césarienne pour non engagement de la présentation à dilatation complète et pH pathologique. L’entretien a duré un peu plus d’une demi-heure. Madame H parle franchement dès le début, sans hésitation. Elle se confie sans problème.
Quand elle parle de sa grossesse Madame H raconte qu’elle s’est « bien » passée, malgré une mise au repos de plusieurs semaines : « J’ai dû rester allongée un bon bout de temps. ».
Pendant cette période, Madame H projetait son accouchement comme quelque chose de « classique » mais « douloureux ». Elle n’avait pas pensé un seul instant qu’une naissance par césarienne était possible : « Pour moi, la césarienne c’est vraiment s’il y avait un gros souci et du coup je l’envisageais pas. ».
Quand l’annonce de la césarienne a été faite, Madame H est restée sous le choc et elle n’a pas réalisé tout de suite ce qui allait suivre. Quand elle a commencé à réaliser, la peur et l’angoisse ont pris le dessus : « J’ai pas compris ce qui s’est passé, je me souviens à peine de ce qu’on m’a dit … En fait, j’ai juste entendu le mot « césarienne » et du coup, je me suis mise à pleurer, à hurler ». Elle avait peu de notions à ce sujet : « On m’en a pas du tout parlé. [ …] Je savais pas du tout ce qu’il allait m’arriver. Pour moi … quand on m’a dit césarienne, je me suis dit ça y’est on va me couper le ventre en deux, on va me faire une énorme cicatrice. ».
Madame H estime qu’il y a un défaut d’informations sur la césarienne : « Je pense qu’il y a pas assez de préparation à l’éventualité d’une césarienne. […] On ne dit pas que la césarienne c’est très rapide ». Elle suppose que si elle avait eu plus d’informations, elle aurait été plus préparée et donc moins traumatisée sur le moment : « J’aurais peut-être aimé cette explication sur la césarienne, au moins j’aurais su ce qui m’attendait quand on m’a dit qu’il y aurait une césarienne. ».
Aujourd’hui Madame H garde encore un souvenir amer de son accouchement : « Y’a de la joie parce que c’est le jour où notre enfant est né et en même temps […] pour moi c’est le pire jou.r ». Elle qualifie la césarienne d’ « accouchement loupé » et de « sensation qu’il manque un truc. ».
• Madame I
Madame I est une femme de 34 ans, d’origine française. Elle est pacsée et exerce la profession d’Enseignante. Elle a accouché à 40 SA d’un garçon de 3030 g par césarienne pour non engagement de la présentation à dilatation complète et pH pré-pathologique. L’entretien a duré une heure. Madame I inclut beaucoup son conjoint pendant l’entretien.
À l’exception d’une grippe pendant la grossesse, « j’ai eu la grippe alors que j’étais vaccinée », la grossesse de madame I s’est « très bien » passée et de manière sereine. Madame I et son conjoint ne pensaient pas du tout à l’accouchement, ils se laissaient porter par les évènements : « On n’avait pas du tout imaginé […] on s’attendait à rien, ni césarienne ni accouchement naturel. ». Pour eux, la césarienne apparaissait donc comme une « possibilité ».
D’ailleurs, pendant l’accouchement, la césarienne est justement de plus en plus apparue comme une éventualité car le travail était long et le bébé ne s’engageait pas : « Ça faisait déjà cinq heures qu’on nous avait préparés à la possibilité qu’on aille au bloc opératoire. ».
Finalement, à l’annonce du départ pour le bloc opératoire, Madame I se dit soulagée que le bébé naisse enfin et en même temps curieuse de découvrir le bloc opératoire : « J’ai jamais été opérée de ma vie, alors c’était assez surprenant de voir les instruments, les lumières … ». Cependant, elle ressentait également de la déception car son conjoint n’a pas pu assister à la césarienne : « La déception […] de pas pouvoir partager ce moment avec lui. ».
Madame I se dit satisfaite de son accouchement, même si elle ressent encore malgré tout une légère déception : « Mais pour moi c’était super parce que j’ai quand même eu les sensations d’accouchement […] y’a quand même une petite déception qu’il ne puisse pas sortir normalement ». Cependant, la déception est compensée par la curiosité du bloc opératoire : « Le fait que tout soit nouveau, que ce soit intéressant autour de moi ça a compensé vraiment la déception ».
Madame I apparaît très réaliste sur le déroulement de son accouchement et sur la nécessité d’une césarienne : « Ce n’est pas une décision qui est prise à la légère, si c’est nécessaire c’est nécessaire, faut faire confiance à l’équipe et puis voilà. ».
Aujourd’hui, Madame I parle de son accouchement comme d’un « bon souvenir […] c’était une opération pour quelque chose de joyeux » et en même temps « une drôle d’expérience », à la découverte du bloc opératoire.
• Madame J
Madame J a 38 ans. Elle est mariée, d’origine française et exerce la profession d’Opticienne. Elle a accouché d’un premier enfant, un garçon de 2730 g, à 38 SA par césarienne pour bradycardie à 6 cm de dilatation. L’entretien a duré 49 minutes. Madame J était très émue au souvenir de son accouchement, au point qu’elle a laissé échapper quelques larmes.
Après un parcours d’infertilité de plusieurs années ainsi que plusieurs tentatives de FIV, Madame J décrit sa grossesse, apparue de manière spontanée, comme « un petit miracle ». Cette grossesse s’est « bien » passée, malgré une angoisse permanente d’un éventuel problème : « J’étais hyper angoissée […] j’avais peur que le miracle s’arrête, je me disais que c’était trop beau. ».
Madame J souhaitait un accouchement le plus naturel possible : « Je voulais accoucher dans la salle nature […] je voulais faire sans [péridurale], naturellement ». Cependant, elle restait réaliste et elle savait que les choses pouvaient se dérouler d’une autre manière : « Je savais très bien que ça pouvait se passer autrement que comme on l’envisageait. ».
Madame J était préparée au fait que tout ne se passe pas comme elle l’avait prévu, en particulier grâce aux cours de préparation à la naissance, pendant lesquels la césarienne est évoquée : « On nous répète bien qu’il faut envisager toutes les possibilités. On nous renseigne sur différentes choses. ».
L’accouchement de Madame J se déroule de manière très rapide, après une maturation par propess® pour un bébé de petit poids : « J’étais dilatée à six [cm] très rapidement. ». La consultation de son dossier obstétrical montre effectivement une pose de propess® à 10 heures et un col retrouvé à 6 cm à 15 heures.

Critiques de l’étude

Points forts

Les entretiens semi-directifs donnent un ressenti sincère et permettent aux femmes de s’exprimer librement et non simplement, de répondre à des questions plus ou moins fermées. De plus, le fait de les faire à distance a permis un recul nécessaire aux femmes et une construction psychique dans leur rôle de mère.

Points faibles

L’analyse par entretien ne permet pas d’étudier une problématique sur un grand nombre de sujets, ce qui rend impossible une analyse statistique et ne permet pas de conclure de manière certaine. De plus, la distance séparant les entretiens de l’accouchement peut s’avérer être également un point négatif, car source de biais de mémoire.

La césarienne comme issue possible de la grossesse ?

Représentations de l’accouchement

Selon la Psychanalyste Evelyne Prieur-Richard, la naissance est souvent rêvée, imaginée. Elle est parfois source d’angoisse, de peur, ou au contraire, idéalisée. Dans notre étude, nous pouvons constater qu’effectivement, la peur est souvent associée à l’accouchement, en particulier la peur de la douleur : « J’avais peur quand même un peu [de l’accouchement] j’me suis dit ça va être l’horreur. » [Mme B], « J’avais peur de l’accouchement en lui-même […] de pas arriver à sortir le bébé. » [Mme G] ; « J’imaginais un accouchement douloureux mais classique. » [Mme H] ; « Je voulais pas de césarienne, c’était la seule chose, mais après le reste j’avais pas peur » [Mme K] ; « J’avais envie d’accoucher par voie basse et d’avoir la péridurale […] j’avais quand même des appréhensions d’avoir une césarienne. » [Mme L]. {6}
Deux femmes évoquent ici la possibilité d’un accouchement par césarienne, contrairement à d’autres qui ne l’avaient pas vraiment envisagé : « Moi et mon conjoint […] on n’avait même pas imaginé que ça se termine en césarienne» [Mme A] ; « Pour moi j’allais pas accoucher par césarienne c’était pas possible » [Mme B] ; « C’est vrai que c’est quelque chose auquel je n’avais pas pensé. Avec mon mari, on n’avait jamais parlé de césarienne en urgence.» [Mme D] ; « Je m’attendais pas à ce que ça se passe comme ça s’est passé [L’accouchement] » [Mme F] ; « Pour moi, la césarienne c’est vraiment s’il y avait un gros souci et du coup je l’envisageais pas. » [Mme H].
Il est vrai que dans l’imaginaire collectif, en France, la naissance est souvent synonyme d’accouchement par voie vaginale. Dans le cas d’une grossesse sans particularité, la césarienne n’est que très rarement envisagée, encore moins une fois que le travail a commencé : « Jusqu’au dernier moment, y’avait pas de raison que j’en ai une […] donc c’est vrai que j’avais pas envisagé ça. » [Mme A]. {3}{24}

Représentations de la césarienne

Bien que la césarienne reste une notion abstraite, les femmes possèdent néanmoins quelques notions à ce sujet. Cependant, nous pouvons nous demander quelles représentations se font les femmes d’une césarienne. Plusieurs études ont mis en évidence une vision d’un accouchement anormal et non naturel. C’est aussi la vision de Madame C : « Je trouvais ça dommage d’avoir une césarienne car vous ne pouvez pas avoir votre bébé sur vous, vous n’accouchez pas normalement. ». {3}
À l’évocation du mot césarienne, les termes employés sont plutôt défavorables : « accouchement raté », « accouchement loupé», « l’échec ».
D’autres femmes évoquent plutôt le danger et mettent en avant l’opération chirurgicale mais toujours avec une vision plutôt négative : « Le danger du bloc opératoire », « Le recours d’urgence », « L’opération […] la cicatrice », « Une opération donc c’est pas l’accouchement rêvé ».
Finalement, une seule des 12 femmes exprime une vision plutôt positive de la césarienne : « le progrès ». Les trois dernières femmes n’ont une vision ni positive ni négative, pour elles, il s’agit simplement d’une « possibilité » ou d’un « moyen d’accoucher ».
La représentation de la césarienne paraît donc plutôt péjorative. En effet, beaucoup de femmes la considèrent effectivement comme un accouchement anormal et mettent en avant l’échec et le danger.

Peu d’informations ?

Si la césarienne semble avoir plutôt une connotation négative, c’est peut-être parce qu’il s’agit d’un sujet rarement évoqué, en anténatal, que ce soit en PNP ou en consultation, dans le cas d’une grossesse physiologique.
Dans notre étude, quatre femmes ont mis en évidence le peu d’information reçue, pendant leur grossesse, sur la césarienne : « C’est vrai qu’on n’était pas préparés du tout, on n’avait même pas imaginé que ça se termine en césarienne. […] On ne l’a pas abordé non plus [en PNP]. » [Mme A] ; « Simplement sur la césarienne en urgence c’est que… on vous a pas préparé à ça […] c’est vrai que ça peut être très inquiétant. » [Mme C] ; « Je trouve que c’est une grosse lacune. […] Y’a pas suffisamment d’infos sur la césarienne, sur avant et après.» [Mme E] ; « On m’avait pas du tout parlé de la césarienne, je savais pas du tout ce qu’il allait m’arriver. […] Je pense qu’il n’y a pas assez de préparation à l’éventualité d’une césarienne. » [Mme H].
Ces quatre femmes ne gardent pas un bon souvenir de leur accouchement : « Je pense que c’est pas encore complètement digéré. » [Mme A] ; Si je pouvais éviter tout ça [la prochaine fois], ça serait bien. » [Mme C] ; « Le bon côté a pas encore repris le pas sur le mauvais. Ça reste encore de la souffrance. » [Mme E] ; « Pour moi c’est le pire jour… » [Mme H].
En revanche Madame I avait reçu des informations sur la césarienne, en cours de préparation à la naissance, ainsi que pendant la visite de la maternité : «Du coup, on savait … c’était comme on s’est dit, une possibilité. ». Elle garde un bon souvenir de son accouchement : « J’avais retenu tous les évènements de ce qui s’était passé autour de moi dans la salle et j’en garde un bon souvenir ». Madame F avait des connaissances sur l’accouchement et la césarienne, par sa formation initiale d’aide-soignante : « J’avais entendu plein de trucs, j’imaginais quelque chose de pire que ce que c’était. ». Elle garde également un souvenir agréable de la naissance de son enfant : « Pour une césarienne c’était cool. […] C’était plein de nouveaux trucs, la nouveauté. ».
Un lien semble donc s’établir entre les connaissances des femmes sur la césarienne et le vécu de celle-ci. En effet, dans le cas où une information a été apportée sur les raisons pouvant conduire à la réalisation d‘une césarienne et à son déroulement, le souvenir de l’accouchement a plus de chance d’être ressenti comme un bon moment. En revanche, quand aucune information n’a été apportée en anténatal, il existe un risque plus élevé de garder un souvenir douloureux et traumatisant de l’accouchement.

Une naissance chamboulée

Quand la décision est prise 

Le vécu d’une césarienne en urgence commence probablement au moment où la décision de partir au bloc opératoire est annoncée à la femme. Une autre question survient alors, comment les femmes réagissent-elles à cet instant ?
Madame A décrit plutôt un état de sidération : « J’ai pas eu le temps de réagir, quelque part on sait ce qui va se passer, ce que c’est une césarienne, enfin on sait ce que c’est sans savoir, mais … ça va tellement vite qu’on se retrouve ficelé là. ».
Pour d’autres femmes, c’est plutôt la frustration et la tristesse, voire la panique, qui l’emportent : « Quand on m’a annoncé césarienne j’ai pleuré, ça m’a embêté. […] Y’a eu la peur du bloc opératoire en fait […] je paniquais. » [Mme B] ; « Un gouffre qui s’ouvre sous moi, une espèce de truc dans lequel on me plonge, un moment de panique. La confusion, la panique, la peur et … j’ai pleuré, j’ai pleuré, j’ai pleuré. C’est sorti quoi, à chaudes larmes. Mon pire cauchemar se réalisait. » [Mme E] ; « En fait j’ai juste entendu le mot « césarienne  » et du coup je me suis mise à pleurer, à hurler, […] crier « Non j’veux pas, j’veux pas ».» [Mme H] ; « Je me suis écroulée et j’ai pleuré parce que c’est pas ce que je souhaitais » [Mme L].
À l’inverse, trois femmes ont mis en avant le soulagement ressenti à l’annonce de la décision : « J’étais soulagée de savoir qu’il allait sortir. […] Je commençais à en avoir marre » [Mme D] ; « C’était long très long […] au bout de 17 heures j’en pouvais plus. […] Moi c’était une délivrance, je me suis dit « oh il était temps » » [Mme F] ; «Quand ils m’ont annoncé qu’il allait y avoir la césarienne, ça était un soulagement parce que je me suis dit que ça allait se terminer, qu’elle allait pouvoir arriver. » [Mme G].
L’annonce d’une césarienne non prévue, pendant le travail, est donc susceptible de provoquer un bouleversement émotionnel, voire une réaction de choc. Cependant, celle-ci paraît être, en partie, influencée par le déroulement du travail. Grâce aux différents témoignages ci-dessus, nous pouvons dégager deux types de réaction : la césarienne apparaît comme brutale lorsque le travail se déroule de façon harmonieuse et assez rapide, et à l’inverse, elle est plutôt ressentie comme un soulagement, lorsque le travail est long et difficile.

Importance de communiquer avec la patiente

Malgré les réactions émotionnelles variées, à l’annonce de la césarienne, plusieurs des femmes interrogées ont mis en avant une relation de confiance avec le personnel médical : « L’anesthésiste est restée avec moi une partie de la césarienne, elle m’a beaucoup rassurée.»[Mme A] ; « Elles [L’infirmière et l’anesthésiste] me posaient des questions […] et puis, elles me rassuraient aussi.» [Mme B] ; « Ils m’ont tout bien expliqué, je garde un très très bon souvenir de l’infirmière de bloc. Elle était vraiment très très gentille. » [Mme D] ; « Une super équipe de bloc aussi, surtout l’infirmier. Il était génial, il m’a accompagnée. Je pense que s’il n’avait pas été là, j’aurais perdu pied. » [Mme E] ; « On parlait, je me souviens qu’il y avait toujours quelqu’un à côté de moi en me disant « ça va aller, là il fait ci, là il fait ça ».
[…] Je pense que ça m’a rassurée. » [Mme H] ; « J’étais un peu déçue que mon compagnon ne soit pas à côté de moi, là, il y’avait quelqu’un … qui a pu m’accompagner quand même…
Et puis il [l’infirmier anesthésiste] a tout fait pour rendre le moment agréable. » [Mme I] ; « Les gynécos, ils me parlaient, ils étaient gentils. Même l’anesthésiste, il est toujours resté à côté de moi. […] J’étais rassurée. » [Mme K] ; « J’étais angoissée et l’infirmière anesthésiste qui a été là jusqu’à la fin m’a vraiment rassurée. » [Mme L].
Le mot « rassuré » apparaît cinq fois ici, ce qui témoigne de l’importance de la part des soignants présents au bloc opératoire, d’un rôle de soutien, de mise en confiance et d’écoute, auprès de la future mère.
Il semble donc nécessaire qu’une bonne communication s’établisse entre la patiente et l’équipe médicale. D’une part, pour que la femme se sente rassurée, entourée et en confiance, d’autre part, afin qu’elle comprenne les raisons pour lesquelles une césarienne a été réalisée. Ce constat est d’autant plus vrai lorsque le conjoint ne peut pas assister à la césarienne.

La nécessité de réexpliquer

Selon une étude menée en 2002 en Australie, la césarienne en urgence augmenterait le risque de ressentir l’accouchement comme traumatique et de développer une dépression du post-partum par la suite. Cette hypothèse est d’autant plus vraie lorsque la femme n’a pas bien appréhendé les raisons qui ont conduit à la réalisation d’une césarienne. {29}
Bien qu’une explication claire ait été fournie au moment de la naissance, celle-ci n’a pas forcément été assimilée par la mère, probablement en raison de son état émotionnel à cet instant : « C’est vrai qu’on ne percute pas forcément. Les explications peuvent être les bonnes mais on n’entend pas car on est dans un autre état […] sur le moment, on n’écoute qu’une partie des infos donc c’est bien qu’ils reviennent nous dire les infos. » [Mme I].
C’est pourquoi, au CHU de Caen, un professionnel de santé va voir la mère, dans le service de suites de naissance, quelques jours après l’accouchement, afin de rediscuter de la césarienne, de réexpliquer les indications de celle-ci et de répondre aux éventuelles questions du couple.
Parmi les 12 femmes de notre étude, huit ont reçu en suite de naissance la visite d’un Interne de gynécologie ou d’un Gynécologue–Obstétricien, afin de reparler de l’accouchement. Madame A a expliqué que cela avait été bénéfique pour elle : « Ils [le gynécologue et l’anesthésiste] sont revenus et ils ont vraiment pris le temps d’expliquer plus en détail ce qui s’était passé et puis qu’il avait fallu aller vite. […] On a été agréablement surpris. Oui ça m’a aidée à avaler un peu le truc. ».
Trois autres femmes ont également fait l’éloge de cette visite : « J’ai vu l’interne de gynéco le lendemain matin […] c’était bien de réexpliquer. » [Mme D] ; « Même le docteur […] est venu me voir après m’expliquer tout. Vraiment très bien » [Mme H] ; « L’interne de service est venu me réexpliquer les raisons. Après j’étais pas non plus en grand questionnement contrairement à certaines femmes. Mais c’est vrai que c’était bien quand même. » [Mme L].
D’autres femmes, en revanche, ont jugé cette prise en charge non nécessaire : « Comme j’avais bien compris à la base, je pense qu’il n’y avait pas besoin » [Mme F] ; « Oui mais déjà sur le coup, ça m’avait paru clair. ». [Mme J].
Quant à Madame E, elle n’a pas reçu de visite pour rediscuter de son accouchement : « à aucun moment on m’a reparlé de la césarienne ». Pourtant, elle aurait souhaité bénéficier de cet échange : « J’aurais juste voulu qu’on me réexplique le déroulement de tout ça et qu’on en reparle ». Dans son récit, elle déplore l’absence d’un temps d’écoute et d’échange dont elle aurait eu besoin, au sujet de son accouchement : « Personne n’est venu me rétablir la vérité et du coup, je dois faire avec mes propres souvenirs qui sont certainement faussés par l’émotion, la fatigue, la douleur et tous les produits. C’est à moi de reconstituer le puzzle de mon truc. ».
Bien que certaines femmes n’en éprouvent pas le besoin, il semble nécessaire et important qu’un professionnel de santé prenne le temps, quelques jours après la naissance, de rappeler les raisons et le déroulement de la césarienne. C’est d’autant plus le cas lors d’une césarienne très urgente, pendant laquelle il n’y a pas forcément eu un temps nécessaire pour donner les explications au couple.

Le conjoint : une présence importante3

Aujourd’hui, la présence du conjoint en salle de césarienne est de plus en plus encouragée et de plus en plus fréquente. Cependant, il arrive encore assez souvent que la future mère se retrouve seule au bloc opératoire. D’après une enquête réalisée par l’Association Césarine, seulement 25% des pères seraient présents au bloc opératoire, soit parce que la naissance est très urgente et que le père ne peut pas arriver à temps, soit parce que l’équipe du bloc opératoire refuse sa présence. {24}
Comme nous l’avons vu précédemment, la césarienne, en particulier lorsqu’elle est décidée dans l’urgence, est susceptible de provoquer un état de stress chez la femme, voire de confusion, d’angoisse, et de rejet. La future maman se retrouve alors au bloc opératoire, dans une situation qu’elle ne contrôle plus, à tel point que cela peut lui faire perdre tous ses moyens. Ainsi, Madame H témoigne du refus initial de la présence de son conjoint au bloc opératoire, ce qui l’a plongée dans un état de panique extrême : « Au départ, ils ne voulaient pas [l’équipe] mais j’ai tellement hurlé, pleuré, crié en hurlant le nom de mon conjoint qu’au bout d’un moment, ils l’ont fait venir. Je voulais pas faire ça quand il était pas là. ».
Plusieurs femmes ont mis en évidence un bénéfice, lorsque leur conjoint se trouve à leurs côtés pendant la césarienne : « Mon mari a pu y assister heureusement. La peur aussi que j’avais, c’était que mon mari n’y assiste pas. » [Mme B] ; « Oui, oui ça m’a rassurée. Je crois que j’aurais pu le faire toute seule quand même, mais j’étais contente qu’il soit là. » [Mme F] ; « J’ai demandé à ce que mon compagnon soit présent, ils ont bien voulu […] C’est important quoi, pour tout, pour le soutien. » [Mme L] ; « Puis … le jour J, ça était un peu en catastrophe mais le médecin chirurgien qui a fait la césarienne a autorisé le papa à être présent, heureusement. » [Mme G].
Le conjoint apparaît comme un repère pour la future mère, un proche à qui se raccrocher dans un endroit qui lui est étranger, dans une situation qu’elle n’avait pas envisagée et qui bien souvent lui échappe. Assister à la césarienne est également important pour le futur père, c’est aussi la naissance de son enfant et le fait de ne pas y assister peut-être perçu comme un manquement. {3}{6}{7}{24}

Après la naissance

Le sentiment de ne pas avoir accouché

Pour Béatrice Jacques, Sociologue, l’accouchement se place comme l’aboutissement de la grossesse car il représente la mise au monde de l’enfant. Cette notion renvoie implicitement à un rôle actif de la part de la future mère. Or, dans le cas d’une césarienne, c’est comme si cette intervention reflétait une impression de passivité et de manque : « J’avais comme l’impression qu’il manquait quelque chose. L’impression d’avoir raté quelque chose. » [Mme A] ; « Je trouvais ça dommage d’avoir une césarienne car vous ne pouvez pas avoir votre bébé sur vous, vous accouchez pas normalement, vous n’avez pas cette sensation. » [Mme C] ; « J’avais du mal à me rendre compte un petit peu parce que je l’ai pas sorti de moi-même… » [Mme G] ; « J’ai pas l’impression d’avoir accouché, j’ai l’impression qu’on m’a opérée d’un bébé. » [Mme J] ; « Avec la césarienne j’ai pas senti que j’ai accouché […] j’ai pas poussé… » [Mme K] ; « On a quand même une sensation ou on se dit qu’il manque un truc… » [Mme H]. {14}
Malgré le manque exprimé plus haut, Madame H relativise ensuite : « Au moment où il l’a sorti, il a abaissé le drap et du coup je l’ai vu. Je pense que le fait de sentir vraiment les sensations du bébé qui sort de soi et de le voir aussitôt, je pense que ça a compensé le fait d’avoir eu la césarienne. ». Mme I parle également de sensations : « On a fait une tentative de poussée mais non. […] Pour moi, c’était super parce que j’ai quand même eu les sensations d’accouchement ! ».
Les mots « sensation » et « impression » apparaissent plusieurs fois, dans les différents discours, tout en étant associés au mot « manque ». C’est bien ce manque de sensation ou d’impression qui donne ce sentiment de ne pas avoir accouché. Au contraire, la présence de « sensation d’accouchement » semble donner une impression d’avoir participé activement à la naissance de leur enfant.

Entre déception et nécessité

À l’évocation de l’accouchement, les termes se rapportant à une déception ou à un regret reviennent souvent dans les discours : « J’ai encore pas mal de regret. » [Mme A] ; « Un peu de déception quand même. J’aurais bien aimé qu’il naisse par voie basse. » [Mme F] ; « J’ai peut–être été déçue, je regrette » [Mme G] ; « J’étais déçue quand même sur le coup. » [Mme L] ; « Y’a quand même une petite déception de pas pouvoir … qu’il puisse pas sortir normalement.» [Mme I] ; « C’est plus difficile à vivre après coup. C’est pas quand on nous l’annonce et qu’on est dans l’action, c’est plus après. » [Mme J].
Cependant, ces propos sont souvent nuancés ensuite par la nécessité de l’intervention et le soulagement liés à la bonne santé de l’enfant : « Le principal c’est que tout le monde aille bien. » [Mme A] ; « Après, je leur en veux pas de m’avoir fait une césarienne, c’est normal il fallait qu’ils sauvent le petit, c’était l’urgence ! » [Mme E] ; « Quand elle est arrivée … elle était là, on m’a dit que tout allait bien pour elle et c’était le principal. J’étais rassurée. » [Mme G] ; « On se dit que c’est mieux pour le bébé mais on a quand même une sensation ou on se dit qu’il manque un truc » [Mme H] ; « Si c’est une décision qui est prise c’est parce que l’équipe sait que c’est nécessaire » [Mme I] ; « Au final tout va bien… le but c’est que l’enfant aille bien, qu’il soit en bonne santé. » [Mme J] ; « Jusqu’à longtemps, je ne sentais pas vraiment que j’avais accouché […] Mais après je me suis dit que l’importance c’était que mon enfant il soit bien et tout, donc… après le reste … ». [Mme K] ; « Au final, je suis plutôt contente qu’ils aient pris cette décision là parce que voilà, on sait jamais ce qui aurait pu arriver… » [Mme L].
Dans de nombreux témoignages, il existe donc une ambivalence : d’un côté, le soulagement que l’enfant soit en bonne santé, dans un contexte où il aurait pu ne pas l’être, de l’autre, la déception et/ou le regret, liés à l’absence de mise au monde par voie basse. Ces deux émotions sont souvent exprimées l’une après l’autre. Cela laisse penser probablement qu’un sentiment de culpabilité à exprimer un mauvais vécu de cet acte, qui a permis à leur bébé de naître en bonne santé, existe également.
Cependant, ces sentiments plutôt négatifs laissent souvent place, de manière progressive, à une sorte d’acceptation et de compréhension de cet accouchement chamboulé.

Quelques difficultés à s’occuper du bébé

La césarienne est une naissance mais également une opération chirurgicale. Comme pour toute  intervention, un temps de rétablissement, plus ou moins long selon les personnes est nécessaire. Cependant, la césarienne se place dans un contexte particulier, puisque la femme a donné naissance à un nouveau-né dont elle doit s’occuper. Une question se pose alors : la césarienne occasionne-t-elle des difficultés à réaliser les soins quotidiens du bébé ?
À travers les récits des femmes, nous pouvons constater que les termes se rapportant à la frustration apparaissent plusieurs fois : « Ca m’a un peu frustrée de pas pouvoir faire le premier bain, des choses comme ça … changer les premières couches. » [Mme A] ; « J’ai pas pu faire le premier biberon, j’ai pas pu faire le premier bain, j’ai pas pu faire le premier change. Du coup, c’était ça qui était très frustrant. » [Mme H] ; « On se sent un peu impuissante […] C’est frustrant, c’est hyper frustrant. » [Mme J] ; « Fallait que je fasse beaucoup appel à l’équipe et c’était difficile de les appeler tout le temps. Donc c’est vrai que les premiers jours ça a été dur. » [Mme L]. Madame B évoque surtout la déception : « Je ne savais pas qu’on ne pouvait pas s’occuper de son enfant après la césarienne […] J’étais déçue, j’ai pas aimé du tout ». Pour Madame G et Madame E, il s’agit plutôt d’un sentiment de ne pas être à la hauteur : « Je ne pouvais pas trop faire ce que je voulais, surtout les premiers jours. […] On se sent rabaissée parce qu’on n’est pas capable de s’occuper de son bébé. » [Mme G] ; « On est maman, on a envie … c’est un moment qu’on a attendu, on a envie de faire plein de choses, de profiter de son bébé et on est diminuée, on est très très diminuée. […] Y’a des choses que j’ai pas pu faire parce que j’avais mal. Je voulais le porter, je pouvais pas parce que j’avais mal. » [Mme E].
Sept femmes sur 12, soit un peu plus de la moitié, nous ont fait part des difficultés ressenties les premiers jours, dans les soins à apporter au nouveau-né. Nous pouvons nous demander si ces difficultés n’ont pas un lien avec une éventuelle douleur. En effet, pendant les 48 heures qui suivent une césarienne, la douleur est considérée comme forte, en l’absence de traitement, car elle est à la fois somatique, liée à la cicatrice utérine et viscérale, liée aux tranchées : « La douleur était forte ça faisait vraiment mal, ça tirait. » [Mme B] ; « Je m’attendais pas à souffrir autant. Je trouve que la douleur est extrêmement importante. » [Mme E]. Sa prise en charge, comme pour toute chirurgie, est donc impérative. De plus, les sentiments de déception et de frustration évoqués plus haut peuvent venir majorer les douleurs somatiques. {28}{30}
À noter que parmi les 12 femmes interrogées, neuf ont pu bénéficier d’un système sous-cutané, péricicatriciel, diffusant un anesthésiant. Parmi ces neuf femmes, sept ont mis en avant un soulagement efficace de la douleur ainsi qu’une bonne prise en charge : « C’était vraiment supportable [la douleur]. » [Mme G et L] ; « C’est pas ce que je retiendrai de ma césarienne, la douleur. » [Mme A] ; « Ça a été la douleur » [Mme C] ; « J’ai eu un peu de douleur quand même mais ça allait. » [Mme F] ; « J’ai été épatée de pouvoir être debout aussi vite. » [Mme I] ; « J’avais pas mal. J’étais mieux que ce que je croyais. » [Mme K].
La douleur reste avant tout une notion très subjective. En effet, chacun ressent et supporte la douleur à sa façon. Malgré une prise en charge adéquate de celle-ci, il existe néanmoins quelques difficultés les premiers jours, dans les gestes quotidiens et les soins à apporter au nouveau-né. Ces difficultés sont souvent exprimées par les femmes, sous forme de frustration et peuvent donc influencer le vécu de manière plutôt négative.
Le rôle du personnel soignant est primordial, par son aide, son soutien et son écoute. En effet, il paraît important dans ce cas de dédramatiser la situation, de bien soutenir la mère et de la rassurer, en expliquant qu’il est normal d’avoir des difficultés les premiers jours, que c’est le cas pour la plupart des femmes. Ce réconfort leur évite ainsi une certaine culpabilité. L’information pourrait être apportée peu de temps après la naissance, quelques heures après l’arrivée dans le service de suites de naissance par exemple.

À long terme

L’urgence : un souvenir marquant

Dans de nombreuses maternités, dont le CHU de Caen, un code couleur est mis en place afin d’estimer le délai entre la décision de césarienne et la naissance, selon le degré d’urgence. Ce délai est compris entre une heure (code vert) et moins de 15 minutes (code rouge). En cas d’extrême urgence, il est donc nécessaire de faire naître le bébé rapidement, ce qui est susceptible de provoquer chez la maman un sentiment d’angoisse, voire de panique. {8}
Parmi les 12 femmes interrogées, huit ont évoqué spontanément la rapidité, entre la décision de réaliser une césarienne et la naissance de leur enfant ; « Ca va tellement vite qu’on a le temps de rien dire et … » [Mme A] ; « Au moment où j’ai entendu césarienne, ça a été à une vitesse… » [Mme C] ; « Ca peut aller très vite et quand faut y aller, faut y aller. » [Mme D] ; « La façon dont tout le monde débarque, vous sentez que… […] Ça va vite … ça va extrêmement vite. » [Mme E] ; « Ca a été vite, ils m’ont vite passée avec le brancard et on est passé directement en salle [de césarienne]. » [Mme G] ; « En fait, on ne dit pas que la césarienne c’est très rapide, c’est d’un seul coup. » [Mme H] ; « J’ai surtout le souvenir de la vitesse. Ce qui m’a le plus surprise, c’est la rapidité avec laquelle il est sorti de mon ventre. Je pensais pas que ça prenait aussi peu de temps à faire une césarienne. Mais … c’est trois minutes à tout casser non ? J’étais impressionnée. » [Mme J] ; « Sur le moment, c’est vrai que c’est allé très vite. » [Mme L].
Au total, les termes se rapportant au champ lexical de la vitesse apparaissent 12 fois. Cette répétition témoigne d’un élément très marquant pour les femmes. La rapidité est susceptible d’augmenter l’incompréhension de l’évènement, c’est pourquoi il serait envisageable de l’évoquer en anténatal. Cela permettrait probablement aux femmes d’être moins envahies par la panique à cet instant et de mieux comprendre ce qui se passe autour d’elles.

Quel ressenti après plusieurs mois ?

Notre étude a été réalisée à distance de l’accouchement, dans l’objectif, entre autres, d’évaluer si la césarienne avait un impact psychologique à long terme. De nombreuses études ont mis en évidence la césarienne comme facteur de risque de dépression du post-partum voire, dans de rares cas, d’un état de stress post traumatique. {10}{21}{26}
Plusieurs femmes mettent en avant un sentiment d’amertume toujours présent : « Je pense que c’est pas encore complètement digéré. […] J’ai encore pas mal de regret. » [Mme A] ; « Le souvenir douloureux ne s’est pas encore estompé. » [Mme E] ; «Un peu de regret forcément » [Mme F] ; « C’est mitigé parce qu’il y a de la joie, parce que c’est le jour où notre enfant est né et en même temps […] pour moi c’est le pire jour… » [Mme H] ; « Ca me bouleverse toujours autant […] mais il y a … une petite frustration quand même. » [Mme J].
À l’inverse, d’autres femmes gardent un bon souvenir de leur accouchement et ne ressentent aucune émotion négative : « C’est toujours émouvant comme pour les autres accouchements. J’ai pas de tristesse ou de déception. » [Mme D] ; « Finalement, ça s’est bien passé quand même » [Mme G] ; « J’avais retenu tous les évènements de ce qui s’était passé autour de moi dans la salle et j’en garde un bon souvenir » [Mme I] ; « J’ai pas mal vécu les choses. Je pense que pour l’accouchement, on a été bien accompagné. […] Au final, je suis plutôt contente qu’ils aient pris cette décision » [Mme L].
Dans le cas de Madame B, après un premier accouchement traumatique avec utilisation de forceps, la césarienne est apparue comme beaucoup plus douce et surtout moins douloureuse sur le moment : « C’était mieux que pour le premier. Vraiment, ça s’est super bien passé. […] Mon accouchement par césarienne était mieux. ». {10}
L’accouchement s’inscrit encore comme un évènement douloureux pour cinq femmes sur 12, ce qui représente un peu moins de la moitié. Bien qu’il ne soit pas possible de généraliser ce constat à partir d’un échantillon de seulement 12 personnes, notre étude montre que la césarienne en urgence est susceptible de laisser des souvenirs douloureux voire traumatiques, même plusieurs mois après.
Il pourrait être intéressant de réinterroger toutes ces femmes dans quelques mois, afin de savoir si leur ressenti reste toujours le même ou si au contraire il a évolué ou régressé.

Une seule césarienne

Après une césarienne se pose la question de la voie d’accouchement pour une naissance future. Dans le cas d’un utérus unicicatriciel, à l’exception d’une cicatrice corporéale, l’accouchement par voie vaginale est envisageable et même recommandé par le CNGOF et l’HAS, plutôt qu’une césarienne programmée. {2}{4}
D’après l’enquête périnatale nationale, réalisée en 2010, 51% des femmes porteuses d’un utérus cicatriciel auront une césarienne programmée avant travail. Les 49% restantes tenteront un accouchement par les voies naturelles. Parmi elles, 75% accoucheront par voie vaginale, les autres auront une césarienne pendant le travail. Au final, 36,5% des femmes avec un antécédent de césarienne accoucheront par voie basse. {6}{7}
Certaines femmes seront en demande d’un futur accouchement par les voies naturelles, tandis que d’autres préfèreront recourir à la césarienne programmée. Elles l’envisageront pour des raisons de facilité ou parce qu’elles ne voudront pas revivre un accouchement long et difficile, voire traumatisant, conclu par une césarienne en urgence. {24}
Néanmoins, dans la majorité des cas, les femmes sont plutôt en demande d’un accouchement par voie basse. Dans notre étude, aucune ne souhaitait d’emblée une césarienne programmée pour une naissance future : « Si tout va bien, j’aimerais accoucher normalement … pour connaître cette sensation. » [Mme C] ; « J’espère que pour le 2ème, il passera par voie basse, j’aimerais bien. » [Mme F] ; « J’aimerais mieux accoucher normalement la prochaine fois. » [Mme G] ; « J’aimerais bien pas de césarienne […] J’aimerais au moins essayer de faire un accouchement normal. » [Mme H] ; « J’aimerais bien tester quelque chose de naturel. » [Mme I] ; « Plutôt normalement si c’est possible. » [Mme K] ; « J’aimerais mieux accoucher par voie basse quand même la prochaine fois. » [Mme L].

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Table des matières

Introduction
1. Historique, évolution et complications
2. Psychologie et césarienne
3. Objectifs et hypothèses
Matériels et méthode
1. Choix de l’étude
2. Constitution de l’échantillon
3. Réalisation de l’étude
4. Recueil et exploitation des données
Résultats
1. Caractéristiques générales
2. Présentation des femmes interrogées
Madame A
Madame B
Madame C
Madame D
Madame E
Madame F
Madame G
Madame H
Madame I
Madame J
Madame K
Madame L
Analyse et discussion
1. Critiques de l’étude
1.1. Points forts
1.2. Points faibles
2. La césarienne comme issue possible de la grossesse ?
2.1. Représentations de l’accouchement
2.2. Représentations de la césarienne
2.3. Peu d’informations ?
3. Une naissance chamboulée
3.1. Quand la décision est prise …
3.2. Importance de communiquer avec la patiente
3.3. La nécessité de réexpliquer
3.4. Le conjoint : une présence importante
4. Après la naissance
4.1. Le sentiment de ne pas avoir accouché
4.2. Entre déception et nécessité
4.3. Quelques difficultés à s’occuper du bébé
5.1. L’urgence : un souvenir marquant
5.2. Quel ressenti après plusieurs mois ?
5.3. Une seule césarienne
6. Propositions
6.1. En parler un peu plus via un groupe de parole ?
6.2. Encourager systématiquement la présence du père au bloc opératoire
6.3. Revoir le même gynécologue-obstétricien en visite post-natale
6.4. Discuter autour de la cicatrice
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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