Impacts socio-economiques des maladies animales

IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DES MALADIES ANIMALES 

Evaluer l’impact socio-économique d’une maladie animale permet de quantifier en valeur monétaire les pertes liées à cette maladie sur une filière d’élevage. Cette évaluation de l’impact socio-économique constitue la première partie de la science de l’économie de la santé animale, l’analyse économique étant la deuxième partie. L’économie de la santé animale est l’application de l’économie sur les questions de la santé animale (12). C’est une science basée sur une approche multidisciplinaire utilisant des informations techniques relatives à la production animale, à l’épidémiologie et aux méthodes économiques. Aussi, une maladie qui ne perturbe pas la transformation des ressources n’est pas considérée dans l’économie de la santé animale .

Economie et production animale 

L’économie est une science sociale qui traite de la production des biens, et par conséquent de celles de la richesse (15). Afin de mieux établir une évaluation dans la santé et la production animales, il est important d’avoir une connaissance du milieu socio-économique sur lequel la production animale prend part. La figure 1 représente les dominantes chaines de valeurs de la production animale à partir de l’exemple de la filière bovine. Dans la production animale, plusieurs acteurs participent pour réaliser un cycle de production. Le schéma explique qu’entre deux acteurs, un bien ou un service est échangé par de la monnaie. D’autres acteurs qui ne sont pas représentés dans ce schéma peuvent intervenir dans cette chaîne, il s’agit des intermédiaires, des transporteurs, des services financiers. La production animale ne fournit donc pas que des produits pour satisfaire les besoins, elle offre des emploies et constitue une source de revenu à différent niveau social. Les maladies animales constituent un barrage au bon déroulement du cycle.

Les maladies ont une cascade d’effets sur la production des animaux affectés et chaque maladie cause individuellement des effets décrits presque graves sur la productivité globale des animaux .

Les maladies animales entrainent des troubles sur les animaux et quelques fois sur la santé humaine quand il s’agit de zoonose. Ces troubles perturbent la chaîne de valeurs de production et engendrent de ce fait des impacts sociaux et des pertes économiques. Pour faire face aux effets des maladies, l’homme adopte des comportements. Ces comportements concernent la maîtrise de la maladie, à savoir la prévention des maladies, leur surveillance, le traitement des animaux atteints ou des hommes malades, et les compensations et assurances des victimes.

Coût d’une maladie

Quand une maladie est introduite au sein d’un troupeau, elle peut avoir des conséquences aussi bien directes qu’indirectes . En économie de la santé animale, ces conséquences sont évaluées en valeur monétaire. Le coût total d’une maladie est donc la somme des coûts directs et des couts indirects de la maladie.

Coûts directs d’une maladie

Le coût direct d’une maladie animale est le manque à gagner perçu par l’éleveur. Il est lié directement à la maladie. Ce sont des pertes de productions qui s’expliquent par des produits attendus mais non obtenus, attribuables aux maladies (18). Ce coût est défini par la mort des animaux, la baisse de la productivité (perte de poids, retard de croissance, avortement, diminution de la production laitière), la dévalorisation des produits de l’élevage (lait mammiteux, cuir).

Pour évaluer le coût direct d’une maladie, il est nécessaire de savoir l’ampleur de la maladie par l’épidémiologie. L’épidémiologie, définie par Mac Mahon et Rush, est la science qui étudie la fréquence et la distribution d’un problème de santé dans les populations humaines ou animales, dans le temps et dans l’espace ; ainsi que les déterminants de cette fréquence et de cette distribution. Plus particulièrement, c’est l’épidémiologie descriptive qui est utilisée dans l’évaluation du coût direct. Elle renseigne sur la morbidité et la mortalité à partir des paramètres épidémiologiques suivants :
– Prévalence : c’est une proportion qui rapporte le nombre de malade (anciens et nouveaux cas) à un nombre de sujet. Elle peut être obtenue soit directement au sein d’une population soit à partir d’un échantillon de cette population.
– Létalité : c’est la proportion qui rapporte le nombre d’individu mort au nombre de malade.

Coûts indirects des maladies animales 

Les conséquences économiques des effets indirects des maladies animales sont fortement importantes pour la société car elles concernent aussi bien l’éleveur que d’autres groupes . Les coûts indirects regroupent :
– Le coût de la maîtrise de la maladie par le traitement des animaux malades, la prévention de la maladie ou la surveillance de la maladie ;
– Le coût de la santé humaine par le traitement des malades, la perte de main d’œuvre, le décès ;
– Les autres coûts comme la restriction aux meilleurs marchés ou perte d’opportunité, le manque à gagner des autres acteurs.

Evaluation d’impact et analyse économique

La détermination du coût de la maladie est effectuée soit avec un objectif descriptif, soit pour avoir un état de départ dans la mise en œuvre d’un programme de prophylaxie. L’analyse descriptive vise la détermination, sur le plan économique, de l’importance d’une maladie dans un élevage, un groupe d’élevage ou dans le troupeau national. Elle permet la comparaison de la situation avec et sans la maladie, et la détermination des programmes de santé prioritaire à partir de la comparaison de différentes maladies. Pour une analyse économique plus spécifique de la maladie, plusieurs méthodes sont possibles. Le choix de la méthode utilisée est influencé par un certain nombre de facteurs à savoir la nature du problème, la complexité du système impliqué, la disponibilité des données sur le problème, la disponibilité des ressources et le choix du décideur (20). Parmi les méthodes les plus utilisées, on peut citer comme exemples :
– L’analyse budget partiel qui compare la situation sans intervention et la situation avec intervention
– L’analyse coût bénéfice qui compare le coût et le bénéfice des stratégies de lutte contre les maladies au-delà d’une année.
– L’analyse des coûts/avantages fondée sur l’actualisation des avantages et des coûts découlant de la mise en œuvre d’un projet dans le temps, et sur la comparaison de la valeur actualisée des coûts à la valeur actualisée des avantages
– L’analyse coût/efficacité dont l’objectif est d’obtenir des produits souhaités à moindre couts.

D’autres méthodes comme la minimisation des coûts, la méthode du seuil de rentabilité, la méthode par arbre de décision sont également utilisées dans la prise de décision de programme de lutte.

Table des matières

INTRODUCTION
I. IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DES MALADIES ANIMALES
I.1. Introduction
I.2. Economie et production animale
I.3. Coût d’une maladie
I.3.1. Coûts directs d’une maladie
I.3.2. Coûts indirects des maladies animales
I.4. Evaluation d’impact et analyse économique
II. FASCIOLOSE, ASCARIDOSE ET TUBERCULOSE BOVINES
II.1. Fasciolose bovine à Fasciola gigantica
II.1.1. Définition
II.1.2. Symptômes
II.1.3. Diagnostic
II.1.4. Epidémiologie
II.1.5. Méthodes de lutte
II.2. Ascaridose des veaux
II.2.1. Définition
II.2.2. Symptômes
II.2.3. Diagnostic
II.2.4. Epidémiologie
II.2.5. Méthode de lutte
II.3. Tuberculose bovine
II.3.1. Définition
II.3.2. Symptômes
II.3.3. Diagnostic
II.3.4. Epidémiologie
II.3.5. Méthode de lutte
MÉTHODOLOGIE
I. Site d’étude
I.1. Aperçu général sur Madagascar
I.2. Caractéristiques socio-économique
I.2.1. Population
I.2.2. Économie et secteur agricole
I.3. Caractéristiques de l’élevage bovin
I.3.1. Filière viande
I.3.1.1. Zone d’élevage
I.3.1.2. Races à viandes
I.3.1.3. Importance socio-économique
I.3.2. Élevage laitier
I.3.2.1. Zone d’élevage
I.3.2.2. Système de production
I.3.2.3. Performance laitière
II. Période d’étude et durée de l’investigation
III. Population d’étude
III.1. Critères d’inclusion
III.2. Critères d’exclusion
III.3. Échantillonnage
III.3.1. Échantillon
III.3.2. Mode d’échantillonnage
IV. Définitions opérationnelles
IV.1. Paramètres épidémiologiques d’une maladie
IV.2. Paramètres zootechniques d’une maladie
IV.3. Animal sain
IV.4. Animal malade
IV.5. Bovin mâle adulte
IV.6. Bovin femelle adulte
IV.7. Veau
IV.12. Examen coprologique
IV.13. Inspection sanitaire des viandes
V. Critères de choix des maladies étudiées établis par la DSV
VI. Collecte de données
VI.1. Documentation
VI.2. Collecte de prix
VII. Calcul des coûts des maladies
VII.1. Coûts directs des maladies
VII.2. Coûts indirects des maladies
VII.3. Applications numériques
VIII. Proposition de hiérarchisation des maladies selon les montants des coûts de leurs impacts socio-économiques
VIII.1. Critères
VIII.2. Classification
VIII.2.1. Maladies bovines de l’étude
VIII.2.2. Maladies bovines étudiées par rapport à d’autres maladies
RÉSULTATS
I. Cheptel bovin étudié
I.1. Effectif du cheptel
I.2. Composition du cheptel
I.3. Taux d’exploitation du cheptel
II. Maladies étudiées
III. Informations
III.1. Données documentaires
III.1.1. Paramètres de la fasciolose bovine
III.1.1.1. Épidémiologiques
III.1.1.2. Zootechniques
III.1.1.3. Maîtrise
III.1.2. Paramètres de l’ascaridose des veaux
III.1.2.1. Épidémiologiques
III.1.2.2. Zootechniques
III.1.2.3. Maîtrise
III.1.3. Paramètres de la tuberculose bovine
III.1.3.1. Épidémiologiques
III.1.3.2. Zootechniques
III.1.3.3. Maîtrise
III.1.4. Paramètres retenus pour l’étude
III.1.4.1. Épidémiologiques
III.1.4.2. Zootechniques
III.2. Prix
III.2.1. Par catégorie des bovins vivants
III.2.2. Par unité de carcasse et d’organe
III.2.3. Litre de lait
III.2.4. Anthelminthiques
IV. Montant des maladies
DISCUSSION
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME
ABSTRACT

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