Impacts et enjeux de la reutilisation des eaux usees dans la culture maraichere

Situé à l’ouest du continent Africain, le Sénégal a une position qui lui permet d’avoir des conditions favorables à une diversification des écosystèmes (terrestre, fluvial et marin) et des espèces. S’inscrivant dans cette zone géographique, les Niayes constituées de dunes et de dépressions sont propices au développement du maraîchage . Appelées aussi « poumons maraîchers du Sénégal », les Niayes présentent un écosystème qui favorise l’épanouissement de beaucoup d’espèces végétales. Au sein de cet immense espace vert, on peut distinguer les Niayes de Dakar. C’est une zone caractérisée par une nappe d’eau souterraine peu profonde (0,5 à 5 m de profondeur) qui repose sur une loupe d’eau salée . Elle englobe la commune de Cambérène, située à 13 km de Dakar entre 14°46’15’’ de latitude nord et 17°25’51’’de longitude ouest. Cette zone a des avantages et des atouts majeurs pouvant permettre au Sénégal d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, avec la production de fruits et de légumes. Elle constitue un véritable pôle de productivité agricole car bénéficiant d’un micro climat très favorable aux cultures maraichères (60 % de légumes frais consommés dans la capitale proviennent de l’agriculture urbaine et péri urbaine de la région de Dakar) . De plus, la zone des Niayes possède un réseau routier interurbain et intra-urbain permettant de la relier à la capitale (grand marché urbain de consommation) en des temps relativement courts, sans avoir besoin de transport réfrigéré plus coûteux, ou en l’utilisant sur une courte distance. Malgré tous ces avantages, les Niayes constituent un espace vulnérable du fait de la position superficielle de sa nappe dont la qualité de l’eau est inadaptée à la culture maraîchère. Face à cette situation, les maraichers ont tenté de trouver une alternative. En effet, Ils arrosent leurs parcelles soit avec de l’eau de « céane » mélangée aux usées traitées, soit avec des eaux usées traitées uniquement, qui présenteraient plusieurs atouts. En ce qui concerne le site retenu dans le cadre de notre étude, il y est observé depuis quelques années l’usage de ces deux sources d’eau pour irriguer les parcelles.

Les maraîchers, réutilisant les eaux usées traitées, exploitent des domaines relativement petits, comparés à ceux qui réutilisent les céanes mélangés. Les explications fournies pour justifier cette pratique sont de deux natures. D’une part l’usage des eaux de céanes s’expliquerait par le fait qu’avec la sécheresse, les mares sont jugées trop salées pour faire du maraîchage. C’est pourquoi certains y ajoutent des eaux usées déjà traitées pour atténuer la teneur en sel. Par ailleurs à cause de la perméabilité des sols de la zone, l’épandage des eaux usées pour l’irrigation, l’utilisation des fumiers organiques pour l’amendement des parcelles et l’utilisation importante de produits phytosanitaires peuvent provoquer la contamination chimique et microbiologique des eaux de « céanes », des légumes produits, et par conséquent exposer la population à des risques sanitaires.

D’autre part la réutilisation des eaux usées se justifierait par sa teneur en matières fertilisantes, car le maraîchage est normalement un système de culture qui demande un apport régulier et obligatoire en engrais. Cette exigence du maraîchage mais aussi et surtout la salinité de la nappe phréatique, expliqueraient le recours aux eaux usées traitées, qui sont riches en éléments fertilisants.

Problématique

A l’image de certaines villes africaines, l’agglomération de Dakar (Sénégal) connaît, depuis plusieurs décennies une explosion urbaine. La population de Dakar est passée de 2 592191 habitants en 2010 à 2 703203 habitants en 2012 et est estimée à 3 000 000 en 2014 . Parallèlement, la population de la commune d’arrondissement de Camberène a une croissance soutenue. Aussi bien à Dakar qu’à Cambérène, le taux d’accroissement moyen est estimé à 0,4% entre 2010 et 2012 et 0,11% entre 2012 et 2014 . Cette croissance démographique continuelle fait que d’énormes quantités d’eaux usées sont quotidiennement rejetées dans le milieu naturel sans aucun traitement.

Parallèlement dans ces pôles urbains en expansion, la demande en nourriture croît sans cesse occasionnant l’essor de l’agriculture urbaine et périurbaine, qui fournit selon les estimations 60% des légumes, soit 39000 tonnes . L’agriculture urbaine exerce une forte pression sur une nappe phréatique déjà polluées (Niang, 2002). Ainsi, pour répondre à la demande continue et croissante en eau de l’agriculture, les maraîchers réutilisent les eaux usées, une alternative intéressante. Celles-ci constituent selon Niang (1999), une ressource qui continue d’augmenter avec la croissance démographique. De plus, les eaux usées contiennent des nutriments qui accroissent les rendements agricoles (Cairncross, Duncan, 1991). C’est pourquoi Seck, M (1993) pense que les caractéristiques physico-chimiques et biochimiques des eaux usées améliorent la productivité agricole. D’autres avantages sont également liés à la réutilisation des eaux usées. En effet, l’analyse de l’impact des eaux usées sur le maraîchage montre une économie d’eau et d’intrants (Niang, 1999). De ce point de vue, la réutilisation des eaux usées traitées devient une nécessité et doit faire partie intégrante de la stratégie de mobilisation de ressources disponibles à Dakar et dans sa banlieue. Cette réutilisation constitue une alternative aux rejets dans les milieux récepteurs. Mais, face au déficit du système d’assainissement, certains maraîchers réutilisent directement les eaux usées brutes. Cette pratique comporte des risques sanitaires surtout si elle se fait sans traitement. C’est pourquoi, il est nécessaire de mettre en place des stations d’épuration.

Les ressources hydrauliques

La morphologie des Niayes de Dakar laisse entrevoir l’existence d’anciennes vallées fluviatiles exoréiques perpendiculaires à la côte. On peut constater, néanmoins, la présence de nombreux lacs, notamment dans la région du Cap-Vert, qui furent occupés par la mer durant la transgression du nouakchottien (exemples : Mbawan, Tanma , etc.). Présentement, bon nombre de ces lacs ont perdu de leur envergure et de leur importance. Vers le nord, notamment, dans la région des Niayes centrales et septentrionales, n’existent actuellement que des mares temporaires, largement tributaires de la pluviométrie. La dégradation persistante des conditions climatiques fait que les écoulements de surface deviennent de plus en plus sporadiques. Ainsi, les ressources en eau dans les Niayes proviennent essentiellement de la nappe phréatique des sables du quaternaire qui était d’une importance capitale par ces multiples usages . Aujourd’hui, elle est pratiquement inutilisable du fait qu’elle est polluée par les eaux usées domestiques issues des égouts.

D’après les auteurs (Akpo. Y 2006, Dieng. M 2008 et Faye 2010), nous avons :
– Des sols minéraux bruts, caractérisés de dunes vives. Ils se particularisent par leur pauvreté ou l’inexistence d’horizons humifères ;
– Des sols ferrugineux tropicaux non lessivés, constitués de dunes rouges et occupent la majeure partie de la région des Niayes. Ils sont pauvres en matière organique et sont à l’origine de l’érosion éolienne et hydrique. Ils abritent des cultures vivrières, notamment le mil et l’arachide, et servent de zones de parcours pastoraux ;
– Des sols minéraux à pseudo Gley (Sol rouge et compact, imperméable, formés d’argile, de sels et de fer, formant des taches verdâtres, jaunâtres ou grises), dominent dans les Niayes. Ils sont riches en matières organiques et sont d’un grand intérêt dans la production agricole, particulièrement maraîchère.

La végétation et la faune

Les Niayes se trouvent dans un milieu dominé par une végétation de type sahélosoudanien. Cette dernière se particularise par une bande de filao plantée tout au long des Niayes pour la fixation des dunes semi-mobiles. Cependant, cette végétation a subi une dégradation avancée qui a conduit à la disparition de nombreuses espèces. La faune, dominée par les oiseaux, compte des centaines d’espèces concentrées au niveau des réserves et des parcs. Il y a également d’autres espèces comme des singes, des serpents, des varans, …

LES PARAMETRES CLIMATIQUES

Ces données sont des moyennes mensuelles recueillies à la station de Dakar Yoff. Elles nous ont été fournies par l’ANACIM, qui est une source d’information fiable. Toutefois les données sont lacunaires. La série part de 1981 à 2011, elle s’étend sur une période de trente années (30ans).

Les vents
La circulation éolienne est analysée à partir des données moyennes mensuelles du vent, de 1981 à 2011, à la station de Dakar Yoff. Huit directions (N, NE, E, SE, S, SW, W, NW) sont identifiées. Les vents à la station de Dakar Yoff sont donnés par 4 quadrants (Cf. Tab.1) :
➤ Les vents de secteur nord soufflent toute l’année. Ils dominent la circulation d’octobre en avril, période de saison sèche, avec des vitesses assez fortes (Cf.Tab.2). La vitesse maximale (5,5m/s) est atteinte durant cette période. Ils sont observés aussi pendant la saison pluvieuse qui s’étend de juin à août, avec des vitesses de faibles valeurs ;
➤ Les flux du secteur N à E, sont présents en saison sèche, de novembre en avril, avec des vitesses assez fortes ;
➤ Les flux du quadrant N à W sont observés toute l’année avec des vitesses assez élevées par moment (en saison pluvieuse et juste après). Ils sont présents aussi entre novembre et avril avec de faibles vitesses ;
➤ Les flux du quadrant S à W, interviennent uniquement de juillet à septembre, avec des vitesses relativement faibles par rapport à la moyenne annuelle.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Problématique
Objectif général
Objectifs spécifiques
Hypothèses
Méthodologie
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
I- LE MILIEU PHYSIQUE
I-1 La géomorphologie
I-2 Le relief
I-2-1 Les dunes
I-2-2 Les dépressions
I-3 L’hydrologie et les ressources hydrologiques
I-4 La pédologie
I-5 La végétation
II- PARAMETRES CLIMATIQUES
II-1 Les vents
II-2 La vitesse des vents
II-3 Synthèse sur la situation éolienne
II-4 Les températures
II-5 L’humidité relative
II-6 L’évaporation
II-7 L’insolation
II-8 La pluviomètrie
II-9- Synthèse sur le climat
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES
I- Historique du village
II- Population
II-1 Structure de la population
II-2 Répartition des types de construction
II-3 Evolution de la population
II-4 Répartition spatiale de la population
II-5 Répartition ethnique et religieuse
III- SECTEURS D’ACTIVITES ET INFRASTRUCTURES
III-1 Les secteurs d’activités
III-1-1 Le commerce
III-1-2 L’elevage
III-1-3 L’agriculture
III-2 Infrastructures scolaires et sanitaires
III-2-1 Les infrastructures scolaires
III-2-2 Les infrastructures sanitaires
III-3 Synthèse
CHAPITRE III : PARAMETRES SOCIAUX ET PROCESSUS DE REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES DANS LA CULTURE MARAICHERE
I- Aspects sociaux de la réutilisation des eaux usées traitées dans la culture maraîchère
I-1 Les maraîchers
I-2 Hétérogénéité de la population concernée
I-3 Synthèse sur les aspects sociaux de la réutilisation des eaux usées traitées
II- Processus et coûts financiers de la réutilisation des eaux usées traitées
II-1 Processus de réutilisation des eaux usées traitées
II-1-1 Origine des eaux usées
II-1-2 Type des eaux usées réutilisées
II-1-3 Phases d’épuration des eaux usées
II-1-4 Mode de collecte des eaux usées épurées
II-1-5 Méthodes d’usage des eaux usées traitées
II-1-5-1 Outils utilisées pour arroser les parcelles
II-1-5-2 Techniques utilisées et leur efficacité
II-1-5-2-1 Technique d’arrosage la plus utilisée
II-1-5-2-2 Technique la plus efficace
II-1-5-3 Conclusion sur les processus de réutilisation des eaux usées traitées
II-2 Coûts financiers de la réutilisation des eaux usées traitées
II-2-1 Accès aux eaux usées traitées
II-2-2 Qualité des eaux usées épurées
II-2-3 Niveau de satisfaction des usagers par rapport à l’usage des eaux usées traitées
II-2-4 L’accès au sol
II-2-5 Le financement de l’activité
II-2-6 Méthode d’écoulement de la récolte
II-2-7 Coût de production pour une campagne
II-3 Synthèse
CONCLUSION GENERALE

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