Introduction générale
Les phénomènes d’érosion hydriques qui datent depuis très longtemps et continuent à semer la peur chez les populations victimes et à inquiéter toute l’humanité. Si l’augmentation des besoins humains est la conséquence d’une croissance démographique démesurée, les pressions exercées sur l’environnement constituent en somme une explication valable pour justifier l’aggravation de cette situation. Au Sénégal, cette question a été toujours d’actualité dans les études de recherche et dans le cadre de la gestion de l’environnement. La connaissance approfondie de ce phénomène a entrainé une prise de conscience des autorités nationaux et structures internationaux à organiser des conférences dont celle tenue au Mexique en 2010 et à établir des politiques de gestion environnementale avec la mise en place du MEPN (1993), le projet du CONSERE (1995), l’INP, le CSE, le GRNE, l’IRD (1997), l’ORSTOM, et le PAFS. En effet, n’est-il pas aussi épargné par ces processus le terroir de Sinthiou Maléme qui est caractérisé par de fortes pluies et une végétation très menacée où l’érosion hydrique a provoqué de nouvelles formes dont le ruissellement et le ravinement. Ces processus sont le fruit de la combinaison de plusieurs facteurs qui favorisent leur apparition dans ce milieu naturel et qui contribuent activement à les accentuer. C’est ainsi que le ruissellement et le ravinement trouvent leur importance dans le fait que les facteurs physiques aggravés par les actions de l’homme nécessitent une étude d’ensemble et une analyse particulière. Les facteurs humains résultent des pratiques culturales, le surpâturage, l’expansion des cultures, des habitations et la fragilisation du couvert végétal. Ces phénomènes érosifs ont de réels impacts dans la vie socio-économique et l’environnement de ce milieu à travers différentes conséquences qui ont bouleversées le fonctionnement des activités et des ressources naturelles. A la suite des impacts majeurs infligés aux ressources pédologiques par la perte des terres et aux populations par la chute de l’agriculture. C’est alors qu’est nait une situation de prise de conscience locale des populations marquée par des actions de luttes. Cellesci bénéficiant du soutien de l’Etat et des ONG, se manifestent par la mise en place d’une diversité de solutions. Ces dernières visent à simplifier ces phénomènes dans le cadre d’un développement durable de cette commune. Ces méthodes paysannes recourues dans cette lutte contre ces processus présentent des impacts sur les ressources hydriques, pédologiques, sur la biodiversité et le cadre de vie des populations.
Les feux de brousse
Les feux de brousse quant à eux constituent dans ce terroir un facteur très fréquent et très déterminant de destruction des sols. Selon certains résidents, ces feux de brousse sont pour la plupart causés par les éleveurs ou bergers peulhs (1 à 3 fois/an). C’est le cas dans les villages de Sinthiou faring, Demba Missirah, Sinthiou Mayel, de Thiorobougou peulh…où les habitants ont tous montré que l’effet de ces feux de brousse intensifie le ruissellement en supprimant tous les obstacles (végétaux) qui réduisaient la vitesse et la force destructive du ruissellement. De multiples facteurs peuvent résulter de ces feux et sur cette lancée, Brookman. Amissah (1980) confirmait que « l’ampleur des feux de brousse peut modifier la composition de la végétation et détruire l’écran protecteur des sols ». Les feux de brousse entrainent une diminution du couvert végétal et une forte dégradation des sols de ce milieu (CSE, Tambacounda, 2005). C’est pourquoi, ces feux ont beaucoup approfondi le ruissellement par l’effet splash dans ces espaces qui y sont victimes. Selon nos enquêtes, des feux de brousse sont produisent deux fois en 2002 et 2013 à Padah Peulh (plus 500 ha). Ces villageois confient que, les effets du ruissellement étaient plus déplorables durant ces années que pendant celles sans feux. Ils montrent que ce facteur favorise le déclenchement du ruissellement. Car les parcelles ravagées par les feux allumés volontairement ou involontairement sont souvent en risque de dégradation avancée soit par ruissellement soit par ravinement.
Le déboisement ou la déforestation
Les enquêtes que nous avons menées auprès des populations de Sinthiou Maléme révèlent que la déforestation avait atteint son paroxysme pendant les années 2000. La déforestation qui est une perte de la biodiversité végétale en relation avec l’extension des terres de culture contribue largement à la disparition des formations végétales et de l’empiétement des sols et des réserves de forêt (Gomgninmbou. A, 2010). En effet, 28% des personnes interviewées pratiquent le déboisement dans la localité. Et selon un agent des eaux et forêts trouvé à Dialacoro, dans chaque village de la commune plus de 20 arbres sont coupés presque dans chaque saison sèche. Le bois de chauffe demeure pour ces populations la principale source d’énergie. Il est aussi employé dans la majorité des localités que nous avons visité pour les constructions aussi bien par les éleveurs (enclot, abris provisoire ou nourriture du bétail en saison sèche) que par les villageois. La destruction des arbres et arbustes dans le but d’en faire du bois ou pour obtenir des terres augmente également la fragilisation et la destruction du sol (Hénensal, 1987). De telles pratiques se sont soldées dans ce terroir par une diminution du couvert végétal et une accentuation des phénomènes de ruissellement notamment dans les villages de Sinthhiou Demba, de Touba Fall, Licounda et de Thioro Gallo. La disparition de la végétation dans les espaces agricoles alourdie les actions de l’érosion hydrique(P. Michel, 1969). Toutefois, la place qu’occupe la médecine traditionnelle dans ce terroir est inégalée du fait qu’elle provoque le déracinement et l’enlèvement des tiges des arbres. Sur ce, elle handicape la croissance végétale protectrice du sol contre l’action des eaux courantes (Faye. D, 2012). Par exemple dans les villages de Mayel Dibi, Guiringara et de Sinthiou Balla où nous avons rencontré des parcelles où les arbres étaient victimes de ces pratiques. Certains de ces espaces vides sont devenus le siège des eaux de ruissellement et les autres ont évolué en de véritables ravins par la concentration des eaux.
Le ravinement
Le ravinement est une manifestation fréquente quoi que non irrémédiable du ruissellement dans des milieux à sols profonds ou à pentes abruptes comme à Sinthiou Maléme où sont rencontrées des pentes très sensibles au ravinement. Grâce au réseau de la Gambie représenté par la vallée du Sandougou et ses affluents qui passent par plusieurs localités dans les villages de Sinthiou Maleme, Mayel Dibi, Licounda peulh, Guiringara, Padah peulh, Sinthiou faring et de Sinhiou Demba accentue les larges ravinements de terre. La brutalité, l’importance et la fréquence des averses et les charges en particules érosives font une diversité de réseau de ravin (Boudou Boudou et Saré Faring). Les plus grands creusements de ravin ont été retrouvés à Sinthiou Demba avec un ravin profond de 2,5 mètres, 4,3 m de large et long de 1,5 km. Mais d’autres surfaces sont largement ravinées par les eaux de ruissellement à Licounda avec des ravins qui mesurent 145m de long, 3,7m de large et 2,5 m de profondeur. Les habitants de ces villages rappellent que ces ravins s’élargissent de plus en plus durant chaque hivernage. Dans des milieux comme Guiringara, Sinthiou Mayel et Sinthiou Faring situés dans des dépressions, nous avons constaté des creusements de ravin profonds et larges par les eaux de crue. A Thiorobougou, nous avons trouvé un ravin très long qui quitte le village (en amont) vers les champs se trouvant au Sud (en aval) au niveau des bas fonds. Il est long de 278 m, large de 2,1m et profond de 1,7m. Comme à Demba où nous avons noté des ravins profonds avec la formation de microfalaises.
Les impacts au niveau des eaux
A Sinthiou Maléme, les effets du ruissellement sont très dangereux sur la pérennité des ressources hydriques qui sont souvent menacées. La forte concentration des particules arrachées du sol par le ruissellement altère la qualité de l’eau. Après une forte averse les eaux des marigots de Licounda Peulh, Mayel Dibi et Sinthiou Maléme deviennent troubles. L’altération des eaux du cours d’eau a un impact sur certaines activités des femmes comme la lessive et la vaisselle surtout dans les localités dépourvues de forage. La population se sert de ces eaux pluviales pour certains besoins hydriques comme à Sinthiou Dialigue, Sinthiou Demba, Saré Gayo alors que ces eaux sont contaminées. Le ruissellement dans cette commune est accompagné par une accumulation importante de sable qui déstabilise les réserves des eaux pluviales. Le réchauffement de la température de l’eau et l’augmentation de l’évolution des bactéries provoquent le tarissement précoce des eaux des exutoires et de la détérioration de la qualité des eaux par eutrophisation. Cela a comme conséquence l’augmentation du niveau de certain lit surtout dans le secteur de Licounda Peulh. Ces phénomènes ont entrainé une stagnation des eaux, favorisent leur pollution, la diminution de la capacité de rétention et de la disponibilité de la réserve des eaux de surface. Ce qui aboutit à la contamination des nappes phréatiques peu profondes, l’assèchement précoce des eaux superficielles comme les mares et une Coloration par altération des eaux.
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Table des matières
Introduction
Synthèse Bibliographique
Problématique
Méthodologie
Recherche documentaire
Travail de terrain
Traitement de données
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU MILIEU
Chapitre I : Cadre physique
Chapitre II : Cadre humain
DEUXIEME PARTIE : FACTEURS ET MANIFESTATIONS DU RUISSELLEMENT
Chapitre I : Les facteurs
Chapitre II : Les manifestations du ruissellement
TROISIEME PARTIE : IMPACTS, STRATEGIES ET IMPACTS DES METHODES
Chapitre I : Les Impacts du ruissellement et du ravinement
Chapitre II : Les méthodes de luttes
Conclusion générale
Bibliographie
Annexes
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