Le climat
Située dans la partie nord du Sénégal, la communauté rurale de Darou Khoudoss a un climat de type sahélien. Mais en fonction de sa position géographique c’est – à – dire de sa proximité avec l’océan, elle appartient au domaine climatique sahélien côtier (Sagna, P., 2007). Ce dernier est caractérisé par l’alternance de deux saisons annuelles : une saison humide concentrée sur trois mois (juillet, août et septembre) et une saison sèche qui dure les autres neuf mois. Elle est sous l’influence d’un climat exceptionnel dont l’élément dominant et déterminant est l’alizé maritime provenant de l’anticyclone des Açores. En effet, avec ses 65 Km de côtes, une bonne partie de la communauté rurale est sous l’influence de l’alizé maritime stable. Ce vent souffle dans le sens Nord à Nord- est, de décembre à avril. La présence de la brise marine explique donc l’atténuation des températures qui tombent jusqu’à 22°C en période froide. En plus, le rideau de filaos large de 100 m sur 65 Km de long destiné à protéger les cuvettes contre l’avancée des dunes blanches, contribue beaucoup à la régulation en baisse des températures. Les températures basses sont aussi enregistrées avec l’alizé qui souffle dans la zone de décembre à mars. On note cependant une évolution des températures de mai à juin (35 à 37°C) avec l’arrivée de l’harmattan de direction Est – ouest qui se caractérise par de l’air chaud et sec. La mousson qui est originaire de l’anticyclone Sainte Hélène dans l’atlantique Sud est constituée d’air chaud et humide. Elle est de direction Sud-Est / Nord-Ouest et les perturbations qu’elle provoque entraînent les pluies dès le mois de juillet. Ces dernières sontfaibles et extrêmement irrégulières et se concentrent sur trois mois. A cela s’ajoute aussi le fait que Darou Khoudoss s’inscrit entre les isohyètes 400mm et 300m et que les heures d’ensoleillement varient entre 10 et 13 heures selon les saisons. Dans la deuxième partie de notre plan, nous reviendrons d’une manière plus détaillée sur les données climatiques.
Les étapes du peuplement
Le village de Darou Khoudoss qui a donné son nom à la communauté rurale a été constitutionnellement érigé en village le 28 décembre 1962. Ces premiers occupants étaient des sérères. Ils s’activaient dans l’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce et quelquesuns travaillaient dans l’usine comme manœuvres journaliers. Les ressources végétales étaient riches et variées. Les sols étaient abondants et fertiles du fait de leur richesse en phosphate. Il y avait aussi beaucoup de points d’eau et le premier puits construit en 1963 par l’usine de Taïba qui se trouvait dans l’actuel marché de Darou Khoudoss. Cependant, il est important de signaler que l’emplacement actuel du village de Darou Khoudoss est différent du site originel. En effet, le site originel de Darou Khoudoss se situe à trois kilomètres de l’actuel site, plus précisément dans l’usine de Taïba. Selon certains, c’était Serigne Touba qui avait indiqué à Serigne Mor Diouf Diatté l’actuel site constitué de Darou Khoudoss, Darou Mboye, Darou Aliou, Darou Minam et Darou Diouf. Cependant, d’autres avancent et c’est la thèse la plus répandue, que Taïba n’était plus propice à une vie paisible à cause de la présence des ICS. Alors, les populations ne se sentant plus en sécurité et dépossédées de la plupart de leur terre de culture par les ICS, ont préféré quitter Taïba pour s’installer à Darou Khoudoss. Lors de nos enquêtes aussi, la plupart des chefs de villages que nous avons rencontrés nous ont fait savoir que l’emplacement actuel de leur village n’est pas le site originel du village. La plupart des villages de la zone de Darou Khoudoss ont été selon toujours les chefs de villages que nous avons rencontrés délocalisés à cause des ICS. En effet, Treize villages (13) qui se trouvaient sur le site actuel des ICS ont été délocalisés et relogés aux alentours du village de Darou Khoudoss. Il s’agit de : Keur Mor Fall, Santhiou Dakkhar, Santhiou Wakkhal, Mérina Fall, Tanhim, Ngaye Diagne, Diobasse, Niangué, Thissé, Cherif Samb, Ngaye Ngaye, Ndoyéne et Keur Magor qui est dans la commune de Mboro.. A ceux – là s’ajoutent les villages qui sont sur le point d’être déplacés c’est – à – dire ceux qui sont directement liés aux exploitations et les villages les plus éloignés (environ 2km du site d’exploitation). Cependant, d’autres facteurs ont été à l’origine de la « délocalisation » et de la formation ou de la création de certains villages. Il s’agit essentiellement de la sécheresse et dans une certaine mesure, la construction de certaines infrastructures comme les routes qui ont entraîné le déplacement de certaines populations. En effet, au niveau de Darou Khoudoss nous constatons une forte concentration de l’habitat autour des routes goudronnées. La sécheresse a entraîné aussi le déplacement et la formation d’autres villages. L’étude des différentes étapes du peuplement de la communauté rurale de Darou Khoudoss nous montre d’abord que les sérères sont les premiers occupants Darou Khoudoss. Deuxièmement, la formation de la plupart des villages de la CR Darou Khoudoss s’est faite au gré de trois facteurs essentiels à savoir : les ICS dont l’exploitation du phosphate a entraîné le déplacement de certains villages, la sécheresse dont les effets détruisent le seul moyen de subsistance des populations, et enfin, la construction de certaines infrastructures.
L’industrie
Darou Khoudoss n’est pas, comme on serait tenté de le croire, une communauté rurale à vocation essentiellement agricole. En effet, en plus de ses énormes potentialités agro – sylvo – pastorales, elle abrite une industrie extractive qui, dans un passé très récent, était considérée comme le fleuron de l’économie sénégalaise. Il s’agit des Industries Chimiques du Sénégal (ICS). Implantées dans la zone depuis des décennies, les Industries chimiques du Sénégal jouent un rôle important au niveau économique et social à Darou Khoudoss. En effet, il existe d’importantes carrières de phosphate exploitées par les ICS dans la communauté rurale. Ainsi, beaucoup de jeunes travaillent à l’usine qui est souvent sollicitée par les acteurs locaux (ASCgroupements – GIE) pour un appui financier ou matériel. D’ailleurs, l’importance de cette activité industrielle est à la base de la prolifération des sociétés de sous – traitance travaillant avec l’entreprise. Même si de nos jours l’usine se remet difficilement d’une crise dont les conséquences ont été désastreuses, force est de reconnaitre que les ICS demeurent un atout de taille pour le développement économique de la zone. Cependant, le poids économique de cette industrie extractive ne saurait faire passer sous silence le passif écologique et sanitaire des ICS. En effet, les populations de la communauté rurale de Darou khoudoss subissent de plein fouet les impacts négatifs de l’exploitation minière des Industries chimiques du Sénégal. Les activités extractives entrainent une perte inestimable des moyens de subsistance des communautés ainsi que les conséquences dévastatrices sur le plan environnemental et sanitaire. Cette opposition entre les impacts négatifs qui ne laissent personne indifférent et les retombées économiques des ICS au niveau de la communauté rurale ont poussé d’aucuns à parler des ICS comme d’un « mal nécessaire » (Sascha Kesseler et Victor Tine 2004). Dans les années à venir, Darou Khoudoss devra aussi compter sur les retombées économiques du projet zircon de la grande côte. En effet, une convention minière a été signée entre l’Etat du Sénégal et la Société Mineral Deposits Limited (MDL) en vue de l’exploration et/ou de l’extraction de minéraux lourds dans la zone des Niayes dans le cadre d’un projet dénommé « Projet Zircon Grande Côte ». Et trois des quatre sites du projet se trouvent dans la zone de Darou Khoudoss. Etant donné que les mêmes causes produisent les mêmes effets, une étude d’impact a été réalisée afin d’inscrire le projet dans une perspective de durabilité environnementale et sociale. Dans le rapport final provisoire de cette étude d’impact, il est clairement dit que ce projet aura certes un impact globalement positif, mais les répercussions négatives sur l’environnement ne seront pas négligeables (voir le rapport final provisoire de novembre 2005). Dans tous les cas, l’avenir nous édifiera sur les éventuels impacts de ce projet sur le milieu naturel de Darou Khoudoss. Les énormes potentialités minières de Darou Khoudoss ont donné naissance à des industries extractives qui sont à la fois des atouts pour le développement industriel mais malheureusement aussi des obstacles au développement agricole.
Les facteurs naturels
L’extrême vulnérabilité des sols de la communauté rurale de Darou Khoudoss face à l’érosion résulte essentiellement de l’action combinée des facteurs naturels. Cependant, parmi ces facteurs, les plus déterminants sont la nature sableuse du sol et l’influence du climat et de la végétation sur les sols.
La nature sableuse du sol : il est généralement admis que le phénomène d’érosion se manifeste là où le matériau du sol est suffisamment fin et meuble pour être arraché et transporté. Or, la quasi-totalité des sols du Sénégal sont sur formation sablo – argileuse particulièrement exposée au transport (Fall. R. D. 1995). La zone des Niayes qui abrite notre secteur d’étude ne fait pas figure d’exception, au contraire elle se singularise. En effet, le long du littoral nord sénégalais se caractérise par une succession de dunes d’âge, de texture et de couleurs différentes depuis la côte jusqu’à l’intérieur des terres. D’après les travaux de (Sall. M. 1982) et (Michel. P. 1973), elles ont été mises en place au cours de l’évolution morphoclimatique du Quaternaire qui, de nos jours, laisse entrevoir trois systèmes dunaires prédominants. Il s’agit essentiellement :
– Des dunes rouges fixées qui ont été mises en place durant les périodes désertiques correspondant à la régression ogolienne entre 20 000 et 12 000 ans BP. Elles constituent l’unité géomorphologique dominante de la région du littoral Nord.
– Des dunes jaunes semi – fixées qui ont été mises en place lors de la petite phase sèche à 7 500 ans BP.
– Des dunes blanches vives qui ont été mises en place par la mer. C’est après la régression marine intervenue au maximum du Nouackchottien (4000 ans BP) que s’amorce leur mise en place. La dérive littorale Sud a présidé à la formation des cordons sableux successifs qui assurent la régularisation de la côte Nord. C’est le système le plus récent, il borde la plage et est le moins stabilisé. Il continue de s’engraisser par l’apport des sables de la haute plage. Les données pédologiques résultant de ces formations du Quaternaire sont à l’origine d’une grande variété de sols au niveau du littoral nord Sénégalais en référence aux travaux de Maignien (1965), de Peirrerabarreto (1962), Adams et al., 1965, Michel (1973) et Zante (1984). Par extrapolation, on peut dire sans risque de se tromper que la situation de Darou Khoudoss du point de vue géomorphologique n’est pas étrangère à celle des Niayes. D’ailleurs, dans la communauté rurale, ces trois systèmes dunaires ont donné naissance à plusieurs types de sols constitués d’un matériel sableux. Mais pour plus de simplicité, nous les avons regroupés en 4 types de sols. Il s’agit des sols ferrugineux tropicaux non lessivés appelés sols Diors, des sols sablonneux marins du littoral et des sols argilo – sableux et sablo – argileux des cuvettes et bas-fonds. Contrairement aux sols des bas – fonds, cuvettes ou Niayes, les sols dunaires à savoir les sols Diors et les sablonneux marins couvrent la majeure partie de la surface de Darou Khoudoss. En d’autres termes, ces sols sableux sont largement répandus dans notre zone d’étude et représentent 70%. Ainsi, avec un pourcentage élevé de sable, ces sols sont très instables et facilement transportables. Ils sont donc particulièrement sensibles à l’érosion hydrique mais aussi et surtout éolienne. Cependant, les sols sablonneux marins marqués par une intense dynamique éolienne posent le plus grand problème. En effet, d’après Sall (1982) ils continuent de s’engraisser par l’apport des sables de la haute plage qui progressent vers l’intérieur menaçant ainsi de recouvrir des terres à vocation agricole et pastorale. Si l’utilisation des Niayes est possible et économiquement intéressante, leur survie est liée à la fixation des dunes vives dont l’évolution est pratiquement nulle car dépourvus de matière organique et pauvres en éléments minéraux.
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Table des matières
Introduction générale
Problématique
Méthodologie
Première partie : Présentation de la communauté rurale de Darou Khoudoss
Chapitre I : Le milieu physique
Chapitre II : Les aspects humains
Chapitre III : Les aspects économiques
Deuxième partie : La problématique de l’érosion dans la communauté rurale
Chapitre I : Facteurs de l’érosion
Chapitre II : Les conséquences de l’érosion
Chapitre III : Les stratégies de lutte
Troisième partie : Les impacts des stratégies de lutte contre l’érosion
Chapitre I : Les impacts écologiques
Chapitre II : Les impacts économiques
Chapitre III : Les impacts sociaux
Conclusion générale
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