Impacts des mesures de préservation des sites naturels exceptionnels

Le massif de la Sainte-Victoire : une fréquentation départementale, marquée par la saisonnalité

     Les premières enquêtes de fréquentation, réalisées à la demande du Syndicat intercommunal du massif Sainte-Victoire, avaient déjà souligné l’origine départementale de la grande majorité des visiteurs, le poids important des Aixois parmi eux de même que les variations saisonnières de la fréquentation du massif (Richez & Nectoux, 1996). Depuis la disparition des activités agropastorales traditionnelles, ce massif est devenu, pour les populations environnantes, un « grand espace de loisirs périurbains », d’accès libre et gratuit dont la fréquentation et caractérisée par une surreprésentation des catégories socioprofessionnelles supérieures — phénomène observable dans d’autres espaces naturels protégés, mais amplifié ici par la proximité d’Aix-en-Provence (Richez & Nectoux, 1998). En 2009-2010, la réalisation d’une nouvelle étude a été confiée au groupement ÉOLE — TRACE TPI pour actualiser les données récoltées en 1994-1995 et déceler d’éventuelles évolutions dans l’origine, le profil et les pratiques des visiteurs. Cette étude comportait trois volets distincts : comptages aux portes d’entrée pour évaluer quantitativement la fréquentation à partir des comptages de véhicules ; enquêtes cartographiques auprès des visiteurs pour repérer les différents itinéraires de randonnée ; enquête par questionnaire auprès de 1 004 visiteurs (7 points d’enquête). La fréquentation globale des espaces naturels de la montagne Sainte-Victoire, entre le 1er avril 2009 et le 30 mars 2010, a été estimée à 927 000 visites, soit plus qu’en 1995 (725 000 visites). Cette fréquentation demeure marquée par une forte saisonnalité : le printemps et l’automne représentent environ 60 % de la fréquentation annuelle ce qui nous a conduits à choisir le début de l’automne comme période d’enquête. La fréquentation estivale est modérée, mais réelle (145 000 visites environ) en dépit d’un risque d’incendie élevé. Les disparités journalières restent très fortes et largement tributaires des conditions météorologiques avec des pics de fréquentation notables pesant sur les capacités d’accueil des aires de stationnement. Concernant la répartition de la fréquentation aux portes d’entrée : elle est assez équilibrée entre le nord (47 %) et le sud (53 %) et beaucoup plus déséquilibrée entre l’ouest (74 %) et l’est (26 %). Les visiteurs de la montagne Sainte-Victoire sont des Français, avec une proportion plus importante d’hommes que de femmes. Les retraités sont la CSP la plus représentée (26,9 %), devant les cadres et professions intellectuelles supérieures (25,3 %) et les employés (21 %). Une large majorité (70,5 %) sont des habitués du site, vivant pour la plupart à proximité de la montagne, en région PACA ou dans le département des Bouches-du-Rhône (67 % des visiteurs). Pour leur venue sur le site, ils utilisent principalement un véhicule individuel (90,3 %). La plupart viennent en groupe, en famille ou entre amis, pour pratiquer la randonnée ou la promenade. Ils restent en moyenne sur le site entre 3 à 4 h.
• Gavarnie — Mont Perdu : une fréquentation encore mal connue En 2012, à la demande du Syndicat mixte du Pays des vallées des Gaves, le Cabinet TRACES TPI/Éole établit une première évaluation des circulations des clientèles dans les « grands sites » des Hautes-Pyrénées, dont celui de Gavarnie. L’objectif de l’étude est de dégager une stratégie d’action pour favoriser la circulation de la clientèle intersites. Ce travail complète l’étude de fréquentation réalisée par le Parc national des Pyrénées entre le 15 juin et le 15 septembre 2011 qui recensait 269 000 visites par la route d’accès à Gavarnie. La période d’enquête à Gavarnie (294 questionnaires), comprise entre le 1er juillet et le 31 août 2012, comporte deux volets : enquête profil, enquête cartographique. La structure de l’enquête, très classique en termes de marketing (profil des séjours, mode d’anticipation de la décision, mode de connaissance de l’existence du site, etc.) ne comporte quasiment aucune information sur les pratiques de découverte ou sur l’activité effectuée sur place, à Gavarnie ou dans le site exceptionnel. Tout au plus apprend-on que 40 % des visiteurs enquêtés vont également vers Troumouse 39 %, donc voient deux sites. En parallèle de cette démarche d’enquête, en avril 2010 et avril 2011, à la demande du Comité régional du tourisme Midi-Pyrénées et afin de mesurer la qualité et la satisfaction des visiteurs des « grands sites Midi-Pyrénées », BVA a mis en place un dispositif d’enquête dans 21 sites régionaux parmi lesquels figure Gavarnie. Les visiteurs étaient invités à remplir une carte-réponse en indiquant leur adresse de messagerie électronique. Ils recevaient en retour un lien pour répondre à un questionnaire sur Internet, dans les 15 jours environ suivant leur visite. 918 courriels ont été envoyés à des visiteurs du site de Gavarnie ayant correctement rempli le coupon réponse, 280 ont été remplis en ligne dont 244 par des Français, 36 par des étrangers. Les résultats de l’étude BVA montrent que 51 % des visiteurs sont venus à Gavarnie en raison de la renommée du site, 31 % de ces visiteurs y restent la journée (16 % seulement la demi-journée), 57 % ont préparé leur visite, 92 % y ont fait une randonnée pédestre ou des balades à pied, 80 % observé la flore ou la faune. Les visiteurs du site du Cirque de Gavarnie constituent un public relativement jeune (tout comme celui des sites de tourisme actif et de nature en général) ce qui serait peut-être à nuancer et à mettre en relation avec le mode d’administration de l’enquête choisi. Les profils de visiteurs sont plutôt diversifiés avec une part importante des catégories socioprofessionnelles « élevées », mais aussi d’employés et de retraités ; ces derniers sont plus présents hors saison. Comme pour l’ensemble des sites de tourisme actif et de nature, la visite du site du Cirque de Gavarnie s’effectue principalement en couple (encore plus le fait des retraités). La visite en famille, moins fréquente que sur l’ensemble des sites de tourisme actif et de nature, mais en phase avec ce que l’on observe sur la région, se développe particulièrement auprès des 35-44 ans et des catégories moins élevées. Les enfants de moins de 18 ans sont relativement présents sur ce site (près d’un tiers), nettement plus que sur l’ensemble des sites étudiés (proportion néanmoins en phase avec celle observée sur l’ensemble des sites de tourisme actif et de nature). Le Cirque de Gavarnie attire une clientèle non négligeable de visiteurs fidèles, notamment durant l’hiver, comme sur l’ensemble des sites de tourisme actif et de nature en général. Le Cirque bénéficie d’une renommée importante, supérieure à celle que l’on observe en général sur les sites de tourisme actif et de nature où les conseils et recommandations de parents et amis constituent l’outil de connaissance majeur, relégué ici en seconde place. Les étrangers sont davantage utilisateurs de guides, de cartes routières et d’Internet. Ce site est visité à la fois dans un but de découverte, mais aussi dans le cadre de la pratique d’une activité, caractéristique des sites de tourisme actif et de nature, plus soutenue ici. Autre caractéristique, le Parc National des Pyrénées attire une proportion non négligeable de ces visiteurs. La visite du site a suscité, dans près de deux cas sur trois, une recherche préalable d’informations, principalement via le site Internet du « grand site régional » et les OTSI. Sur place, la visite s’effectue pour la majorité des visiteurs à l’aide de cartes routières ou touristiques ou d’une documentation diffusée localement (pratique néanmoins moins développée à Gavarnie que dans l’ensemble des sites de tourisme actif et de nature et que dans la région). Les trois quarts des visiteurs utilisent des supports d’information lors de la visite, cette proportion est inférieure à ce que l’on observe ailleurs. Cette enquête montre qu’en 2011 le Cirque de Gavarnie capitalise « 72 % d’image positive » sur la qualité d’accueil dans les lieux de visite, l’entretien du site, en matière de propreté, mais également au niveau de l’aménagement des espaces naturels, la circulation piétonne, les circuits de visites proposées. En priorité, les améliorations que les visiteurs disent devoir être entreprises portent sur l’accueil des restaurateurs, des commerçants et des habitants ; l’accès, le stationnement, la signalisation des parkings, leur capacité, l’adaptation des espaces publics aux personnes en situation de handicap ; les touristes demandent un accès en transport en commun ; l’information touristique sur le site (informations sur les monuments, sur l’environnement, au départ des parkings, signalétique des lieux de visites, balisage des chemins de balade) ; le fonctionnement du site et plus particulièrement l’intérêt culturel des visites et leur prix, les jours et heures d’ouverture des sites ; les jardins et espaces verts et le fleurissement des espaces publics ; la diversité des restaurants et leur qualité ; les activités et animations proposées sur le site ; enfin, certains équipements sont à revoir, comme le tri  sélectif, les aires de détente et la présence de poubelles. Les enquêtes menées sur les trois sites, avec des méthodes, des objectifs et un niveau de détail variables, donnent cependant des indications précieuses sur l’origine géographique et le profil des visiteurs. Elles demeurent toutefois assez silencieuses sur leur ressenti et leur perception du « Grand site ». Or, c’est la connaissance de ces dimensions que l’enquête par photo questionnaire souhaitait précisément approfondir.

Un « Grand site » : « un site que l’on doit voir et qui est exceptionnel » !

     À la question ouverte « Qu’est-ce qu’un grand site, pour vous ? » – que nous avions intégrée pour évaluer le degré de connaissance de la marque grand site de France —, aucun interlocuteur n’a répondu en évoquant précisément ce label. Certains, peu nombreux, ont répondu en mentionnant un autre label dont ils se souvenaient parfois vaguement avoir entendu parler ou avoir lu une indication à son propos. Moins de 9 % des 348 modalités de réponses relevées font référence à un « label » ou, plus largement à la notion de « patrimoine ». C’est à Gavarnie que ses références sont les plus nombreuses, peut-être du fait de l’empilement de différentes figures de protection en un même lieu. Les visiteurs les évoquent, mais sans réellement en connaître la réalité mêlant confusément parc national, parc naturel régional, site classé ou patrimoine mondial. Ce sont ces deux derniers labels qui semblent les plus connus du grand public tandis que le label « Grand site de France » demeure totalement méconnu des visiteurs, même à la Dune du Pilat ou à la Sainte-Victoire en dépit de l’affichage dont il fait l’objet. Si les panneaux retiennent aussi peu l’attention alors qu’ils sont devenus omniprésents dans les sites naturels ouverts au public, cela interroge quant à leur intérêt. Malgré leur méconnaissance des labels, les visiteurs se sont efforcés de répondre à la question. Seulement un peu moins de 8 % des répondants s’avouent incapables de répondre à la question. La plupart ont donc tenté de proposer une définition du « Grand site ». Ce sont ces définitions que nous avons analysées en procédant à leur catégorisation en sept groupes selon le thème évoqué :
– singularité des paysages,
– notoriété,
– nécessité ou réalité de la préservation,
– caractère naturel, voire sauvage,
– taille importante,
– dimension patrimoniale associée à un classement ou une labellisation,
– évocation de lieux emblématiques des merveilles du monde (Machu Picchu, Niagara, Pyramides d’Égypte), de France (Mont-Saint-Michel cité trois fois, gorges du Verdon) ou du territoire (cirques de Troumouse et d’Estaubé).
Les réponses faisant parfois référence à plusieurs thèmes, c’est pourquoi le nombre total d’occurrences (348) excède le nombre de répondants (259).

Quelques points perçus négativement par les visiteurs

     Les motifs de mécontentement sont divers, mais beaucoup tiennent au caractère payant du parking à la Dune du Pilat, mais surtout à Gavarnie. L’analyse par contexte des réponses à la question « Qu’avez-vous le moins aimé durant votre visite ? » permet de faire apparaître les mots de plus forte occurrence : à Gavarnie, le parking payant figure très nettement en tête ; à la dune du Pilat, il est cité aussi, mais loin derrière « le monde », « la foule ». À la Sainte-Victoire, ce sont les « déchets » qui apparaissent comme la principale cause d’insatisfaction. Dans les trois sites, la fréquentation excessive est également mentionnée parmi les désagréments. Enfin, concernant l’offre commerciale, les avis divergent même si un relatif consensus semble se dégager autour d’une offre modérée et bien intégrée.
• Les commerces : point trop n’en faut ! Tout d’abord, il convient de noter que les commerces ne sont jamais cités parmi les choses les moins aimées par les visiteurs. Ce n’est donc pas l’aspect qui, spontanément, capte le plus leur attention. Ce n’est que quand ils sont directement questionnés sur l’offre commerciale que certains formulent une opinion à son sujet. Même si la qualité de l’offre commerciale présente dans un site contribue certainement à forger l’image touristique de celui-ci, force est de constater que c’est rarement explicité par les visiteurs. Ainsi, à Gavarnie où les friches commerciales sont pourtant nombreuses, aucun visiteur ne les a mentionnées. Certes, ils ont traversé le village, mais les yeux rivés sur l’objectif de la visite, le cirque, sans guère s’attarder à observer l’espace bâti. La quasiabsence de touristes en séjour à Gavarnie, parmi l’échantillon enquêté, explique peut-être cela. Deux visiteurs seulement ont mentionné le village parmi les éléments les moins appréciés, mais sans rien dire des commerces : « Je n’ai pas aimé l’accès goudronné (cette route ne va pas avec un grand site) et le village est sans cachet, c’est pas un beau village de montagne » (G 84), « Je n’ai pas aimé le sentiment d’abandon du village, on ne peut même pas boire de l’eau propre » (G 73). Ce « sentiment d’abandon » est vraisemblablement lié à la présence de commerces fermés de longue date, aux devantures décaties et aux façades en très mauvais état, et au maintien, à leurs abords, d’espaces non bâtis, au revêtement goudronné éventré et envahis par les mauvaises herbes, anciennes zones de stationnement pour bus et de parcage des montures, aujourd’hui délaissées. Il a été accusé, au cours de l’été 2016, par les problèmes d’alimentation en eau potable qu’a connus la commune : du fait d’une contamination bactériologique, l’eau courante avait été déclarée impropre à la consommation. Un comble pour une commune touristique, en pleine saison ! Dans l’ensemble, l’utilité des commerces est reconnue par les visiteurs. Ils sont utiles pour se restaurer et « acheter des souvenirs » : « On est bien accueilli et c’est très bien signalé, car on ne connaît pas les lieux ; les commerces, c’est utile et il y en a pas mal. Pour les enfants, c’est bien » (DP 23) ; « oui c’est très bien les commerces sont pratiques et il y a juste ce qu’il faut » (DP 39). Cependant, ils sont parfois considérés comme nuisibles. En effet, les commerces sont, pour certains, en nombre excessif : « Il y a trop de commerces » (DP 9) ; « Il y a trop de commerces, ça enlève du charme » (DP 11) ; « Les commerces il y en a beaucoup c’est étonnant d’en voir autant d’ailleurs » (G 1). Cette assertion est toutefois à nuancer, car d’autres trouvent que les commerces sont en nombre suffisant, voire réduit : « Les commerces, il y en a peu et c’est bien ! » (DP 17). Ce qu’il convient, c’est de maîtriser l’extension de l’offre commerciale de façon à préserver un équilibre entre préservation du site et services aux visiteurs : « S’il y en a plus, je crains que l’offre commerciale ne s’étoffe et alors le site perdra son charme et son authenticité » (DP 25). Ces commerces ont pu aussi être jugés incompatibles avec le caractère naturel des lieux « Pas besoin d’une offre commerciale ici, car ça dénature le site » (DP 1) : « Alors ça ! Il y aurait à redire entre le péage pour venir et les trop nombreux commerces » (DP 51). À Gavarnie comme à la Dune du Pilat, la qualité des produits proposés a parfois été interrogée. Lors de la phase-test du questionnaire, en avril 2015, un couple nous a confié ne pas avoir vraiment d’avis sur l’offre commerciale présente à la Dune du Pilat, car elle ne présentait à leurs yeux aucun intérêt : « On a pas d’avis, on ne s’y arrête pas ! ça serait artisanal on se serait arrêté, mais les fringues de marché, ça n’a aucun intérêt ! Il faudrait des produits régionaux, des choses un peu plus locales. Je comprends, c’est touristique, mais ces produits…, j’ai la même chose près de chez moi ». Cependant, les commerçants interrogés à la Dune du Pilat affirment avoir tenté d’introduire des produits locaux dans leur gamme, mais avoir échoué, car les prix proposés ne correspondaient pas au budget moyen que les visiteurs d’un tel site étaient disposés à consacrer à l’achat de souvenirs ou à une restauration de qualité supérieure. À Gavarnie, une boutique de produits artisanaux est ouverte durant la belle saison, à la sortie du village, sur le chemin du cirque (figure 46). Elle ne vend que des objets fabriqués par des artisans du Sud-ouest, mais éprouve des difficultés économiques, en cette période de crise.  De façon plus générale, les avis des visiteurs sur les commerces ne reflètent guère les opinions formulées par les commerçants. À la Dune du Pilat, la faible rotation des commerces, l’ancienneté d’implantation sur le site (la plupart des commerçants sont présents depuis les années 1990) et l’absence d’activité complémentaire, commerciale ou autre, témoignent de la relative bonne santé économique des commerçants. D’ailleurs, lors de l’enquête, plusieurs ont volontiers reconnu que leur chiffre d’affaires augmente régulièrement. Ils bénéficient d’une saison touristique assez étendue avec une période d’ouverture allant de février à octobre — les boutiques de souvenirs ouvrent également les jours fériés et durant les vacances scolaires — et, durant la haute saison, ils proposent une amplitude horaire d’ouverture étendue (de 10 h à 20 h voire 21 h). Les conditions de travail ne sont pas toujours faciles du fait de ces rythmes effrénés en haute saison touristique, mais aussi de la relative précarité de leurs installations commerciales. En effet, leur activité commerciale s’inscrit à la croisée du commerce sédentaire et du commerce non sédentaire : les surfaces de vente sont réduites (20 à 25 min 2 s pour les souvenirs, un peu plus pour la restauration), les bâtiments sont constitués de structures légères, en bois, difficiles à chauffer l’hiver, très vulnérables aux intempéries et rendant donc les commerces largement tributaires des conditions météorologiques. Faute de place, les capacités de stockage de marchandises sur place sont limitées ce qui contraint les commerçants à monter et démonter leurs étals en « terrasse », tous les jours, et à transporter quotidiennement des produits de leur domicile à leur lieu de travail. La dureté du métier a parfois été évoquée par quelques commerçants, même si globalement, les points positifs l’emportent. Implantés sur le site dans leur quasi-totalité avant la création du Syndicat mixte de gestion de la grande Dune du Pilat (SMGDP), tous les commerçants reconnaissent l’amélioration de leurs conditions d’exercice depuis 2007. Ils approuvent l’action entreprise par le SMGDP qui a conduit à une « mise en ordre » du site, à sa sécurisation — plusieurs commerçants ont évoqué les vols dont ils étaient victimes autrefois ayant d’ailleurs conduit à la mise en place d’un service nocturne de vigiles privés —, à une nette amélioration de son entretien et de son attractivité, favorable donc à l’activité commerciale. À Gavarnie, aucun visiteur ne semble en effet avoir pris la mesure de la crise du système commercial local. Cette crise daterait, selon les commerçants interrogés, des années 1990. Elle intervient précisément au moment où s’effectue la labellisation UNESCO. Cette reconnaissance internationale n’aurait eu aucun effet sur la fréquentation des commerces et ne serait pas parvenue à endiguer l’érosion de la clientèle dont se plaignent la plupart des commerçants, à l’exception du propriétaire de l’hôtellerie du cirque qui jouit, lui, d’une position privilégiée de monopole. La crise décrite par la plupart des commerçants de Gavarnie est autant économique que sociale. Être commerçant à Gavarnie a cessé d’être une sinécure et beaucoup éprouvent désormais des difficultés à vivre de leur activité. Le système de transmission héréditaire des commerces qui prévalait jusque-là est en train de se rompre : faute d’héritier disposé à s’installer à Gavarnie, certains commerces ne trouvent pas de repreneur devenant des friches ou sont cédés — sous la forme de bail à 3, 6 ou 9 ans — à des repreneurs extérieurs (un jeune couple originaire du Gard a ainsi repris le restaurant les Cascades, tenu jusqu’en 2015, par l’actuel maire de Gavarnie-Gèdre ; un couple issu du nord de la France a repris l’Assiette au bord de l’eau). Les facteurs de cette crise sont multiples et imbriqués. Ils sont liés d’abord à la forte inertie d’un appareil commercial ayant vécu longtemps d’une « économie de cueillette » et ayant été incapable de se renouveler pour mieux s’adapter à une clientèle plus exigeante et volatile. Ils tiennent également à une perte d’attractivité de la commune du fait du déclin du tourisme lourdais dont Gavarnie était étroitement dépendante et des carences en matière d’aménagement de l’espace communal. Plusieurs commerçants ont insisté sur le fait que leur village était « laid » et souffrait d’un soin insuffisant apporté aux espaces publics. Quelques-uns se sont aussi plaints des effets négatifs du parking payant sur leur activité, effets relatifs toutefois, car beaucoup de visiteurs sont exemptés du péage (les touristes en séjour à Gavarnie, les excursionnistes venant en voyage organisé, etc.). Mais les clients des restaurants ne bénéficient pas de cette dérogation à la règle du paiement qui peut avoir des impacts négatifs sur le secteur de la restauration. Un visiteur nous a ainsi confié avoir renoncé à venir au restaurant à Gavarnie, à cause du coût du parking : « La dernière fois, on avait dit, une fois arrivés sur Gavarnie “On va au resto, il y en aura pour 150 euros ‘. Et là, on a vu le parking payant. Alors on est parti ailleurs. Vous voyez, on peut être con, pour 4 euros ! » (G 30).
• Le parking payant : une mesure impopulaire Le parking payant est indéniablement une mesure impopulaire, surtout quand elle n’est assortie, comme à Gavarnie, d’aucune forme d’explication ou de sensibilisation du public. Dans les deux sites où le stationnement est payant, cette mesure est décriée par bon nombre de visiteurs : « Nous, ça nous a gênés que le parking soit payant. Tout devient payant maintenant » (DP 61). Le caractère payant du parking y est assimilé à un péage pour l’accès à un site naturel considéré comme appartenant à tous. Il est mentionné parmi les points les moins aimés et évoqué également dans les remarques relatives aux aménagements : « Les péages ne doivent pas avoir lieu dans un site naturel » (DP 48) ; « Ah oui ! Le péage ! C’est quand même pas super, les sites naturels ne doivent pas être aussi chers pour les familles » (DP 49). Toutefois, c’est à Gavarnie qu’il suscite les réactions les plus vives, en octobre tout comme en pleine saison : « Je trouve ça scandaleux que le parking soit de 4 euros ! Vous imaginez en pleine saison le fric qu’ils se font ! C’est un espace public, c’est du racket ! » (G 1). Acceptable pour un espace culturel comme un musée, la tarification de l’accès à un espace naturel est rejetée au nom du caractère supposé public de ce dernier : « Ça m’emmerde tout de même que le parking soit payant, c’est pas un musée non plus ! » (DP 54) ; « C’est décevant de voir des infrastructures ici, on a l’impression de voir un parc d’attractions ! C’est pratique, mais c’est payant… Devoir payer pour visiter un site naturel c’est gênant ! » (DP 14). Enfin, en période de très forte affluence, la capacité des parkings est jugée insuffisante : « Le parking est insuffisant en termes de places, il n’y avait plus de place. C’est très juste, mais on comprend qu’il faut limiter [la capacité] » (DP 5) ; « C’est dommage que le parking ne puisse pas accueillir tout le monde, ils devraient adapter et connaître en fonction de la période les places [nécessaires] » (DP 67) ; « On a trouvé le parking pas assez grand alors qu’il est payant, il pourrait être mieux organisé » (DP 65).
• « Le monde », la fréquentation excessive La fréquentation massive, si elle est perçue comme une manne par les commerçants rencontrés, est jugée négativement par plusieurs visiteurs et figure parmi les points les moins appréciés durant la visite. C’est à la Dune du Pilat, mais aussi à Gavarnie, en période estivale, que la fréquentation a été jugée la plus dérangeante : « L’aménagement, ça me semble pas mal pour les commerces, mais il y a trop de monde » (DP 52) ; « On trouve que tout est très bien, mais le seul défaut c’est le monde présent sur le site du coup on vient plus tard » (DP 56) ; « J’ai trouvé que tout était trop petit par rapport à la foule qu’il y a. C’est bondé dans tous les commerces et dans le parking et à l’extérieur, il y a des bouchons » (DP 79). L’afflux de visiteurs rend l’accès au site, le stationnement et même la déambulation au sein de l’aire d’accueil difficile : « Le monde sur la route, c’est toujours un problème quand on va sur le bassin » (DP 40) ; « J’ai trouvé ça bien signalé, mais il y a un monde impressionnant ; donc ça bouchonne depuis plusieurs kilomètres avant la Dune ! » (DP 53) ; « Le monde, particulièrement sur la route ; même à 4 heures, il y a du monde encore qui vient à la Dune » (DP 56). Il contribue également à dégrader quelque peu l’expérience de visite du site naturel en tant que tel : « Ah ! Le monde bien sûr ! C’est assez gênant de voir qu’on est les uns sur les autres sur un si grand espace » (DP 45) ; « Le monde trop important ! Il faut vraiment s’éloigner si tu veaux te poser au calme » (DP 52). Bien qu’avertis, les visiteurs demeurent surpris par l’affluence : « C’est quand même impressionnant autant de monde sur une Dune ! » (DP 54) ; « Le monde, je ne pensais pas que c’était aussi bondé, même à cette période » (DP 42). « Le monde », « l’afflux de gens, partout » ont souvent été mentionnés parmi les éléments les moins aimés à la Dune du Pilat surtout, mais aussi, dans une moindre mesure, à Gavarnie : « Peut-être l’afflux, on est hors saison et je trouve qu’il y à déjà du monde alors j’n’imagine pas l’été, ça doit être fou avec trop de monde » (G 2) ; « L ’affluence, ça enlève du charme » (G 67). Cependant, cette foule est tolérée par des visiteurs venus en haute saison et conscients d’en faire partie : « Les gens sont nombreux, mais c’est normal, on est en août » (DP 18) ; « Le monde, mais je suis un des touristes » (DP 8). L’affluence est donc perçue comme un phénomène « normal » pour un site renommé : « Comme toujours le monde, mais ça fait partie du site » (DP 41). À la Sainte-Victoire, la foule a été moins évoquée, peut-être parce que l’enquête a été réalisée en automne, hors périodes de vacances scolaires, en dehors des pics de fréquentation ; elle a toutefois été associée au non-respect du site et à la présence de « déchets sur les chemins d’accès ». Ces observations négatives ou nuancées ne semblent toutefois pas affecter la qualité de l’expérience de visite, la vue panoramique au sommet de la Dune, de la montagne Sainte-Victoire ou face au cirque de Gavarnie apparaissant à la majorité comme une récompense faisant oublier les désagréments antérieurs.

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Table des matières

INTRODUCTION
1— UNE METHODE DE RECHERCHE HYBRIDE 
1.1. DES ENQUETES QUALITATIVES
1.1.1 L’ENQUETE ETHNOLOGIQUE AUPRES DES HABITANTS DE GAVARNIE
1.1.2. L’ENQUETE PAR ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS AUPRES DES COMMERÇANTS DE 3 SITES
1,2.… A L’ENQUETE PAR PHOTO-QUESTIONNAIRE
1.2.1. LES APPORTS DES ENQUETES DE FREQUENTATION CLASSIQUES
• La Dune du Pilat : une fréquentation nationale et en hausse
• Le massif de la Sainte-Victoire : une fréquentation départementale, marquée par la saisonnalité
• Gavarnie — Mont Perdu : une fréquentation encore mal connue
1.2.2. L’ENQUETE PAR PHOTO-QUESTIONNAIRE
• La mise à l’épreuve du questionnaire : phases-tests
• Le photo-questionnaire : un outil pour mieux appréhender les perceptions de l’espace naturel
• Une assez grande diversité des répondants
2. LA RECONNAISSANCE DU CARACTERE « EXCEPTIONNEL » DES SITES RETENUS POUR L’ENQUETE 
2.1. UN « GRAND SITE » : « UN SITE QUE L’ON DOIT VOIR ET QUI EST EXCEPTIONNEL » ! 
2.1.1. UN SITE UNIQUE ET EXTRA ORDINAIRE
2.1.2. UN SITE RENOMME
2.1.3. UN SITE IMMENSE, PROTEGE OU A PROTEGER
2.2. DES SITES EXCEPTIONNELS RECONNUS COMME DES ELEMENTS PATRIMONIAUX A INTEGRER AU DOMAINE PUBLIC 
2.2.1. UNE NETTE PREFERENCE POUR UNE PROPRIETE PUBLIQUE DES SITES EXCEPTIONNELS
2.2.2. UNE PROPRIETE PUBLIQUE POUR UNE GESTION PATRIMONIALE ET « DESINTERESSEE »
2.2.3. UNE NETTE INCLINAISON POUR UNE PROPRIETE PUBLIQUE AUX MAINS DES COLLECTIVITES TERRITORIALES
• La commune : les avantages de la proximité
• « Le Département, c’est local, mais pas trop ! »
• La région, une « grosse structure » aux capacités financières importantes
• Des binômes de collectivités territoriales pour plus d’efficacité !
2.3. UN LIEU HORS DES ATTEINTES DU TEMPS : SEULS « LES ABORDS CHANGENT » 
2.3.1. UNE INEGALE SENSIBILITE AUX CHANGEMENTS SELON LES SITES
2.3.2. UNE PERCEPTION DES CHANGEMENTS « AUX ABORDS DU SITE » PLUS QUE SUR LE SITE LUI-MEME
2.4. UNE PREFERENCE DES VISITEURS POUR LES GRANDS PAYSAGES NATURELS « EMBLEMATIQUES » 
2.4.1. À LA SAINTE-VICTOIRE : UNE ATTIRANCE POUR LES PAYSAGES « PITTORESQUES »
• Les photos 3 et 4 : des vues plébiscitées
• Les photos 6 et 7 : des appréciations plus nuancées
• La photo 5 : des appréciations divergentes, entre convivialité et excès d’aménagement
• La photo 8 : la vue la moins appréciée
• Les photos 1 et 2 : des photos mal classées, mais appréciées
2.4.2. À GAVARNIE, UNE PREFERENCE POUR LES PAYSAGES DE CIRQUES
• La photo 2 : « c’est 100 % naturel, que de la montagne ! »
• Les photos 9, 7 et 6 : une montagne plus aimable ?
• Les photos 4 et 10, des photos en position intermédiaire
• Les photos 12, 11 et 1 : des photos mal aimées
2.4.3. À LA DUNE DU PILAT, UNE PREFERENCE POUR LA VUE SUR L’OCEAN
• La photo 6, une vue « essentielle »
• Les photos 1, 2 et 8 : des photos « moins belles, naturelles et authentiques »
• La photo 3 : un escalier utile, mais peu esthétique
3. UNE EXPERIENCE DE VISITE GLOBALEMENT SATISFAISANTE 
3.1. UN TRES HAUT NIVEAU DE SATISFACTION 
3.2. QUELQUES POINTS PERÇUS NEGATIVEMENT PAR LES VISITEURS 
• Les commerces : point trop n’en faut !
• Le parking payant : une mesure impopulaire
• « Le monde », la fréquentation excessive
3.3. UNE LIMITATION DE L’ACCESSIBILITE TOURISTIQUE MAL PERÇUE 
• Des sites perçus comme peu ou pas menacés
• Des mesures de maîtrise de la fréquentation rejetées
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE DU LIVRABLE 2
ANNEXES

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