Dรฉfinitions de lโIDE
ย ย En vue dโune รฉtude sur les IDEs, des auteurs et certains organismes notamment internationaux ont tentรฉ de dรฉfinir ce quโest vraiment ce type dโinvestissement. Pour pouvoir comprendre ce que cโest en rรฉalitรฉ, nous nous sommes permis de citer ces divers dรฉfinitions qui nous permettons de les rรฉsumer et dโen sortir une certaine gรฉnรฉralitรฉ sur la notion dโIDE.
1. Dโaprรจs le FMI : Dans la sรฉrie des dรฉfinitions donnรฉes par le FMI5 (Fonds Monรฉtaire International), deux concepts sont ร considรฉrer pour bien dรฉfinir les IDEs : les capitaux dโinvestissements directs et les agents รฉconomiques concernรฉs qui sont essentiellement les firmes multinationales ou FMN. Pour le premier, nous entendons par investissement direct, les investissements rรฉalisรฉs par une entitรฉ rรฉsidente dโune รฉconomie (lโinvestisseur direct) dans le but dโacquรฉrir un intรฉrรชt durable dans une entreprise rรฉsidente dโune autre รฉconomie (lโentreprise dโinvestissement direct). La notion dโintรฉrรชt durable a son importance dans cette dรฉfinition dans la mesure oรน elle induit des caractรฉristiques spรฉcifiques dans la recherche des dรฉterminants, et elle signifie tout simplement lโexistence dโune relation de long terme entre lโinvestisseur direct et lโentreprise, et si lโinvestisseur exerce une influence significative sur la gestion de lโentreprise. Par ailleurs, sont considรฉrรฉs comme IDE la transaction initiale (participation au capital social de lโentreprise ou actions) et aussi toutes les transactions ultรฉrieures entre les deux parties (bรฉnรฉfices rรฉinvestisโฆ). Une entreprise dโinvestissement direct quant ร elle est une entreprise dotรฉe ou non dโune personnalitรฉ morale, dans laquelle une entitรฉ non rรฉsidente dรฉtient au moins 10% des actions ordinaires ou des droits de vote (dans le cas dโune entreprise constituรฉe en sociรฉtรฉ). Ce sont (i) les filiales (50% du capital dรฉtenu par une entitรฉ non rรฉsidente), (ii) les entreprises affiliรฉes (entre 10% et 50%) et enfin (iii) les succursales (100% des actions dรฉtenues par une entitรฉ non rรฉsidente).
2. Dโaprรจs lโOCDE : Selon lโOCDE (Organisation de Coopรฉration et de Dรฉveloppement Economique) : ยซ LโIDE est une activitรฉ par laquelle un investisseur rรฉsident dans un pays A obtient un intรฉrรชt durable et une influence significative dans la gestion dโune entitรฉ rรฉsidente dans un pays B. Cette opรฉration peut consister ร crรฉer une entreprise entiรจrement nouvelle (investissement de crรฉation) ou, plus gรฉnรฉralement, ร modifier le statut de propriรฉtรฉ des entreprises existantes (par le biais de fusions et dโacquisitions). Sont รฉgalement dรฉfinis comme des investissements directs รฉtrangers dโautres types de transactions financiรจres entre des entreprises apparentรฉes, notamment le rรฉinvestissement des bรฉnรฉfices de lโentreprise ayant obtenu lโIDE, ou dโautres transferts en capital. Ces derniers incluent notamment les prรชts accordรฉs par une maison-mรจre ร sa filiale implantรฉe ร l’รฉtranger ยป.
3. Autres dรฉfinitions de lโIDE : Une autre dรฉfinition retenue par lโOMC (Organisation Mondiale du Commerce) et la CNUCED (Confรฉrence des Nations Unies pour le Commerce et le Dรฉveloppement) est que lโIDE est ยซ lโaction dโun investisseur, basรฉ dans un pays donnรฉ (pays dโorigine), qui acquiert des actifs dans un autre pays (pays dโaccueil), avec lโintention de les gรฉrer ยป. Selon HUGONNIER(1997) lโIDE peut รชtre dรฉfinit comme ยซ un investissement rรฉalisรฉ par une entreprise ou institution financiรจre non rรฉsidente ou par une entreprise rรฉsidente sous contrรดle รฉtrangรจre, au moyen de la crรฉation ou de lโextension dโune entreprise filiale ou dโun succursale ou au moyen de prise de participation dans une entreprise nouvelle ou dรฉjร existante ยป. Selon la Banque de France, ยซ les investissements directs sont des investissements internationaux par lesquels des entitรฉs rรฉsidentes d’une รฉconomie acquiรจrent ou ont acquis un intรฉrรชt durable dans une entitรฉ rรฉsidente d’une รฉconomie autre que celle de l’investisseur. La notion d’intรฉrรชt durable implique l’existence d’une relation ร long terme entre l’investisseur direct et la sociรฉtรฉ investie et l’exercice d’une influence notable du premier sur la gestion de la seconde. L’investissement direct comprend ร la fois l’opรฉration initiale entre les deux entitรฉs et toutes les opรฉrations financiรจres ultรฉrieures entre elles et entre les entreprises du mรชme groupe international ยป.
La typologie des FMNs
ย ย Selon Charles-Albert Michalet, il existe plusieurs types de stratรฉgie des FMNs :
๏ FMN ร stratรฉgies dโapprovisionnement ou primaires, avec intรฉgration verticale en amont ร lโรฉtranger.
๏ FMN ร stratรฉgie de marchรฉ, avec intรฉgration verticale en aval ; production sur le lieu de vente avec des filiales relais produisant les mรชmes produits que la sociรฉtรฉ mรจre ; la production ร lโรฉtranger est un substitut aux exportations.
๏ FMN ร stratรฉgie de rationalisation de la production : pour tirer parti des coรปts de production plus faibles et des รฉconomies dโรฉchelle dues ร la forte spรฉcialisation des filiales ateliers ; sโinstaure alors une dรฉcomposition internationale des processus productifs ou DIPP ; le marchรฉ local dโimplantation a peu dโimportance.
๏ FMN ร stratรฉgie technico-financiรจre : glissement des IDEs vers les nouvelles formes dโinvestissement : sous-traitance, alliances entre firmes, brevets, licences, dรฉgagement de la production et engagement dans la R&D, fourniture de services, participations minoritaires, activitรฉs de services ; forme plus conglomรฉrat.
๏ FMN ร stratรฉgie globale : production et vente simultanรฉment sur les divers marchรฉs mondiaux
Concurrence monopolistique
ย ย Cette thรฉorie est basรฉe sur le concept de la concurrence imparfaite et rรฉsulte du modรจle microรฉconomique nรฉo-classique. Elle a รฉtรฉ dรฉveloppรฉe par Kindleberger pour expliquer le phรฉnomรจne de multinationalisation des firmes reposant sur le principe gรฉnรฉral des avantages monopolistiques. Pour lui, il est indispensable que la firme possรจde un avantage monopolistique sur ses concurrents extรฉrieurs, avantage liรฉ aux imperfections de la concurrence, sur le marchรฉ des facteurs de production ou celui des biens, voire sur les deux simultanรฉment. Les diffรฉrentes imperfections retenues par lโauteur permettent dโidentifier les raisons pour lesquelles la firme devient multinationale :
๏ท dispose dโun avantage sur les entreprises locales ;
๏ท bรฉnรฉficie dโun avantage sur les firmes localisรฉes ร lโรฉtranger ;
๏ท exploite cet avantage au moyen dโun investissement direct รฉtranger.
Selon Kindleberger, il faut distinguer entre la condition nรฉcessaire ร lโinvestissement ร lโรฉtranger, qui doit rapporter davantage ร la firme quโun investissement dans le pays dโorigine et sa condition suffisante : la firme doit possรฉder un avantage monopolistique sur les entreprises รฉtrangรจres. Parce quโune firme produisant ร lโรฉtranger est dรฉsavantagรฉe par rapport aux firmes domestiques. Les sources de dรฉsavantage sont multiples : relative mรฉconnaissance des pratiques juridiques, des usages, des goรปts des consommateursโฆ Lโavantage monopolistique constitue donc le contrepoids de la faiblesse liรฉe ร la nationalitรฉ. Il prend naissance, selon toujours Kindleberger dans trois catรฉgories dโimperfections de la concurrence :
๏ท les imperfections de la concurrence sur le marchรฉ des biens (diffรฉrentiations des produits) ;
๏ท les imperfections sur le marchรฉ des facteurs de production (techniques de production brevetรฉes ou inaccessibles ร dโautres firmes) ;
๏ท les รฉconomies dโรฉchelle.
Les imperfections du marchรฉ de biens et des facteurs de production permettent donc aux entreprises dโexploiter ses avantages spรฉcifiques qui sont par exemple la propriรฉtรฉ de la nouvelle technologie, les sources de financement, le savoir-faire, les รฉconomies dโรฉchelle, etc. Kindleberger avance que la firme rรฉalisant un IDE doit possรฉder un avantage sur les concurrents et pouvoir le transporter ร lโรฉtranger et par ailleurs, les firmes locales ne doivent pas lโacquรฉrir.
La thรฉorie basรฉe sur les avantages spรฉcifiques
ย ย La premiรจre question des chercheurs a รฉtรฉ de se demander comment une firme, sโimplantant ร lโรฉtranger et subissant les coรปts de dรฉlocalisation de sa production, peut rester compรฉtitive face aux entreprises locales qui produisent sur leur propre marchรฉ. La thรฉorie basรฉe sur les avantages spรฉcifiques a soulignรฉ lโimportance de disposer de ressources distinctives pour envisager lโIDE. Selon le chef de file de ce courant thรฉorique, Hymer, lโexistence dโindustries oligopolistiques implique que les firmes proposant des produits diffรฉrenciรฉs vont investir ร lโรฉtranger en vue dโรฉlargir leurs marchรฉs. Les avantages intangibles qui alimentent lโeffort de diffรฉrenciation se rapportent ร la dรฉtention dโun savoir faire distinctif susceptible de gรฉnรฉrer un avantage compรฉtitif pour lโentreprise aux dรฉpens de ses concurrents รฉtrangers. Porter affirme justement que le recours ร lโIDE dรฉpend de lโatteinte dโun avantage concurrentiel ร lโรฉchelle nationale. Dans cette optique, certains auteurs ont spรฉcifiรฉ la nature de ces avantages spรฉcifiques, en lโoccurrence Knight et Nakos et Brouthers21. Pour eux, il sโagit de ressources intangibles qui recouvrent la technologie utilisรฉe, lโexpertise en adaptation technologique des produits, la renommรฉe de la marque, la culture dโentreprise, la perspicacitรฉ et la clairvoyance managรฉriale, les informations stratรฉgiques ร la disposition de lโentreprise et lโadรฉquation des techniques de marketing et de distribution.
Le capital
ย ย Le facteur capital a diverses formes selon la littรฉrature รฉconomique, selon les classiques par exemple, le capital foncier (ressources naturelles) et le capital technique (machines) รฉtaient les sources de richesse. Dโaprรจs les Nรฉoclassiques, le capital fait partie intรฉgrante de la fonction de production. Le capital physique ou technique comprend le capital circulant et le capital fixe. Les nรฉoclassiques mettent lโaccent sur le capital fixe qui comprend les biens dโรฉquipement durable, les bรขtiments et les logiciels. Ce capital fixe dรฉpend du niveau dโinvestissement et mesure par un agrรฉgat : la Formation Brut de Capital Fixe ou FBCF. Il existe une corrรฉlation entre lโaccumulation de ce capital fixe et le rythme de la croissance. Dโune part, lโaugmentation de la quantitรฉ de capital dans une รฉconomie, autrement dit le stock de capital fixe provoque une hausse de la production, dans ce cas, lโinvestissement est un facteur de croissance. Dโautre part, lโaccroissement de la production et de la demande incite les opรฉrateurs รฉconomiques ร acquรฉrir de nouveaux รฉquipements, c’est-ร -dire ร investir. Dans ce cas, cโest lโinverse, car cโest la croissance qui explique le rythme de lโinvestissement. Lโinvestissement agit, en effet, ร la fois sur lโoffre et la demande des biens et services. Sur la demande, il agit en augmentant la demande de biens dโรฉquipement, qui accroit la demande globale et ainsi la production. Cette production nouvelle se traduit en nouvelle embauche et crรฉe รฉventuellement des emplois. Les nouveaux salariรฉs vont accroรฎtre leur consommation qui se traduit par une hausse de la demande qui accรฉlรจre la croissance รฉconomique (multiplicateur keynรฉsien). Sur lโoffre, lโinvestissement accroit les capacitรฉs de production de lโentreprise, qui peut se traduire aussi par de nouvelle embauche de travailleurs supplรฉmentaires. Il permet aussi lโacquisition de nouvelles machines plus performantes. Le progrรจs technique incorpore dans ces nouvelles machines accentueront lโefficacitรฉ de lโinvestissement et permettront lโaccroissement de la productivitรฉ et de la compรฉtitivitรฉ, et/ ou la diminution du temps de travail. Toujours en termes dโoffre, il est ร remarquer que la croissance extensive rรฉsulte de lโamรฉlioration des facteurs de productions utilisรฉs cโest ร dire la productivitรฉ. Lโaccroissement du produit doit alors รชtre proportionnel ร celui des facteurs utilisรฉs. Tandis que, la croissance intensive quant ร elle sโexplique par lโaugmentation des quantitรฉs des facteurs de production utilisรฉs (capital et travail). Autrement dit, lโaccroissement du produit doit รชtre plus que proportionnelle ร celle des facteurs de productions utilisรฉs. De ce fait, la croissance ne peut dรฉcouler seulement du capital, le facteur travail y tient aussi un rรดle important.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LES DIFFERENTES APPROCHES THEORIQUES SUR LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS
Chapitre I : Gรฉnรฉralitรฉs sur les investissements directs รฉtrangers et les firmes multinationales
Section I : Dรฉfinitions et concepts des investissements directs รฉtrangers et des firmes multinationales
A. Dรฉfinitions de lโIDE
1. Dโaprรจs le FMI
2. Dโaprรจs lโOCDE
3. Autres dรฉfinitions de lโIDE
B. La Firme multinationale (FMN)
1. Dรฉfinition de la FMN
2. La typologie des FMNs
C. Caractรฉristiques de lโIDE
D. Les diffรฉrents types dโinvestissement direct รฉtranger
1. Investissements directs รฉtrangers verticaux
2. Investissements directs รฉtrangers horizontaux
Section II : Les thรฉories ร la base des motivations des investisseurs รฉtrangers
A. Concurrence monopolistique
B. La thรฉorie basรฉe sur les avantages spรฉcifiques
C. La thรฉorie basรฉe sur lโinternalisation
D. La thรฉorie basรฉe sur les coรปts de transaction
E. Le paradigme รฉclectique ou le paradigme OLI
Conclusion
Chapitre 2 : Analyse thรฉorique de lโinvestissement direct รฉtrangerย
Section I : Approches thรฉoriques de lโimpact des IDEs sur la croissance รฉconomique
A. Notion sur la croissance รฉconomique
1. Dรฉfinitions de la croissance รฉconomique
2. Les facteurs de la croissance รฉconomique
a. Les facteurs primaires
b. Les structures favorables ร la croissance รฉconomique
B. Diffรฉrents thรฉories de lโinvestissement direct รฉtranger
1. Thรฉories nรฉoclassiques
2. Thรฉorie de la croissance endogรจne
Section II : Les impacts des investissements directs รฉtrangers
A. Les impacts positifs de lโIDE
1. Au niveau microรฉconomique
2. Effets sur les variables macroรฉconomiques
B. Les impacts nรฉgatifs de lโIDE
1. Selon lโรฉcole de dรฉpendance
2. Selon certains auteurs
Conclusion
DEUXIEME PARTIE : IMPACTS DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS DANS LES PED: CAS DE MADAGASCAR
Chapitre 3 : Les facteurs explicatifs des investissements directs รฉtrangers
Section I : Rรฉalitรฉs pour les pays en dรฉveloppement
A. La part des PED dans la rรฉpartition mondiale de lโIDE (entre 1970 et 1993)
B. Stratรฉgies dโinvestissement direct รฉtranger dans les pays en dรฉveloppement
1. Stratรฉgie commerciale
2. Stratรฉgie industrielle
3. Stratรฉgie financiรจre
Section II : Les facteurs dโattraction des investissements directs รฉtrangers
A. La stratรฉgie dโattraction des IDEs recommandรฉes par MIGA
B. La privatisation
Conclusion
Chapitre 4 : Etude de cas pratique dans lโanalyse des impacts de lโIDE ร Madagascar
Section I : Situation de lโรฉconomie et de lโinvestissement direct รฉtranger ร Madagascar
A. Cadre politique et environnement รฉconomique
1. Situation รฉconomique de Madagascar
2. Situation politique
B. Situation de lโIDE ร Madagascar
1. Evolution des investissements directs รฉtrangers
2. Place de lโinvestissement direct รฉtranger dans lโรฉconomie malgache
3. Cadre juridique des investissements
a. Foncier
b. Le GUIDE
c. Les Mines
d. Code des investissements
4. Atouts et handicaps de Madagascar au niveau incitatif de lโinvestissement รฉtranger
a. Les principaux atouts de Madagascar
b. Les principaux handicaps de Madagascar en 2011 et 2012
Section II : Effet de lโinvestissement direct รฉtranger ร Madagascar en 2004 ร 2012
A. Effets de lโinvestissement direct รฉtranger sur la productivitรฉ ร Madagascar
B. Effets de lโinvestissement direct รฉtranger sur le capital humain, la croissance รฉconomique, lโemploi et la rรฉduction de pauvretรฉ ร Madagascar
1. Effets de lโinvestissement direct รฉtranger sur le capital humain et la croissance รฉconomique
2. Effets de lโinvestissement direct รฉtranger sur lโemploi et la rรฉduction de pauvretรฉ ร Madagascar
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
Tรฉlรฉcharger le rapport complet